Bateau, sous l'Eau...
Disclamer: Propiétaire de ce texte, merci de bien vouloir me demander l'autorisation de le publier sur quelque site ou blog que ce soit. Genre : Esprit torturé, crise d'angoisse. Couple : Non Personnage : Expérience personnelle Commentaire: Deuxième fiction originale, qui n'est en soit pas réellement une fiction puisque très largement inspirée d'un moment particulièrement déplaisant dans ma vie. Mais qui sait, peut-être que vous vous y retrouverez également. _______________________________________________________________________ Sombre, sombre, petit bateau. Sombre, sombre, garde la tête sous l'eau.
Laisse donc les vagues te briser les os. Il n'y a rien qui puisse te retenir là haut. Tu t'étouffes. Tu veux crier mais aucun son ne sort de ta gorge traitresse. Ton larynx se compresse de lui-même et l'air ne veut plus entrer.
Tu tousses. Espérant naïvement que ça y changera quelque chose. Tes poumons te brulent et tu penses qu'ils vont exploser sous la pression.
Tu pleures. Encombrant inutilement ta seule autre opportunité de respirer. La douleur devient insoutenable et bientôt tu sais que tu vas sombrer.
Tu paniques. Dans un effort désespéré, tu engouffres tes doigts dans ta bouche, griffant au passage des amygdales, meurtrissant ta luette.
Tu vomis. L'odeur acre de la bile te pique le nez et les disgracieux régurgitements te font honte, mais tu as ouvert un passage.
Tu inspires. Difficilement, péniblement, douloureusement. Tes voies respiratoires sont incandescentes et tu as besoin de boire.
Tu inspires, encore. Ta cage thoracique se soulève et tu as peur de laisser échapper toute cette vie de peur de ne plus jamais la retrouver . Il faut pourtant remettre la machine en marche.
Tu expires. Et tes mains tremblent. Et tes épaules tremblent. Et tu sais ce qui va se passer. Tout recommence.
Sombre, sombre, petit bateau. Sombre, sombre, garde la tête sous l'eau.
Laisse donc les vagues te briser les os. Il n'y a rien qui puisse te retenir là haut. Tu suffoques. Tes maigres forces ne sont plus suffisantes. Lutter n'est plus possible mais tu ne veux pas laisser tomber. Tu essayes en vain de nager.
Tu angoisses. Tu crains que cette deuxième vague soit celle de trop, tu n'as pas pris assez d'oxygène pour y résister . Tu vas à coup sur te faire emporter.
Tu vibres. Chaque passerelle de ton corps est secoué, crispé. Tu ne contrôles plus rien et tes yeux sont exorbités. Cette fois ci tu vas y passer.
Tu hurles. Ou du moins tu le veux mais tu ne peux qu'ouvrir et fermer mécaniquement la mâchoire, nouveau spasme machinal de ton calvaire. Tu as des crampes et tu ne peux même plus barboter.
Tu divagues. Des tâches sombres dansent devant tes yeux et elles ne sont pas les bienvenues. Elles ne t'avaient pas manqué.
Tu baves. Le trop plein de salive coule de tes lèvres ouvertes dans ton cri silencieux, tu ne peux plus déglutir. Ta gorge est définitivement obstruée. Tu vas assurément te noyer.
Tu abandonnes. Et tu n'y peux rien. Ton corps, dans une dernière tentative, se contorsionne dans tous les sens mais tu ne sens déjà plus la souffrance. Tu es en train de couler.
Tu disparais. Tes yeux se révulsent et tes mains crispées lâchent prise. Les eaux sont plus forte que ta pauvre carcasse et elles ont gagné. Ca y est, tu as sombré.
Tout est terminé.
Sombre, sombre, petit bateau. Sombre, sombre, garde la tête sous l'eau.
Laisse donc les vagues te briser les os. Il n'y a rien qui puisse te retenir là haut. Tu te sens bien, flottant dans l'inconscient. L'eau est tiède.
Tu aimerais y rester, dans ce cocon de tranquillité. L'eau est douce.
Tu n'as ni poumons enflammés, ni membres atrophiés. L'eau est apaisante.
Tu ne ressens plus la douleur, tout n'est qu'océan de douceur. L'eau est ta maison.
Tu te réveilles soudain et tu ne veux pas de cette fin. L'eau est malsaine.
Tu brises brusquement tes chaines et ta volonté se déchaine. L'eau est piège.
Tu refais miraculeusement surface et la réalité te fait face. L'eau veut voler ta vie.
Tu craches, tousses, hurles et enfin, respires, tu as évité le pire. L'eau s'est asséchée.
Sombre, sombre, petit bateau. Sombre, sombre, garde la tête sous l'eau.
Laisse donc les vagues te briser les os. Il n'y a rien qui puisse te retenir là haut. Tu y as échappé.
Pourtant l'eau continuera de te harceler.
Un jour, tu le sais, tu finiras par succomber.
A moins que quelqu'un puisse te repêcher.
_______________________________________________________________________ Merci Titou d'être si souvent allé à la pêche. Je t'aime. Clélia K.♥ |