23 ans. J’avais donc, au final, vécu 16 ans d’ignorance, 2 ans de tristesse, et 4 ans d’une chose qu’on ne peut pas décrire ou même expliquer en deux, voir trois simples mots. Malgré le fait de me retrouver en l’instant seul, dans un endroit plus triste que n’importe quel cimetière, je ne regrettais rien. Pendant 4 ans j’avais su quelle était mon utilité dans le monde. Je n’devais pas me plaindre d’avoir eu une vie courte, quand certains vivent incroyablement vieux, sans jamais rien avoir connu réellement. Je pouvais encore sentir les derniers grains de sable qui s’étaient aventurés dans mes chaussures cet après-midi. Je sentais encore le soleil m’éblouir, et revoyais encore son sourire éclatant lorsque je m’étais plainte du vent. Ces moments là allaient me manquer, à vrai dire, ils me manquaient déjà; mais pour la première fois de ma vie, j’arrivais à être honnête envers moi-même, à me raisonner. Ma bague, encore agrippée fermement à mon doigt, avait triste mine. Une fine couche de boue recouvrait la partie en or, et son frottement contre ma peau m’avait amenée une cloque. Allais-je mourir toute seule jusqu’au bout, ou est-ce qu’au dernier moment quelqu’un me trouverait, mettant fin à la seule chose que j’ai toujours souhaité depuis ma naissance? Cette fois pourtant, il en faudrait beaucoup pour me retrouver. J’avais cherché l’endroit parfait, le moment parfait. Personne n’aurait idée de me chercher ici, et pas à cette heure aussi tardive; non, même pas lui . Les galets se faisaient de plus en plus durs au-dessous de moi. Le froid ne m’atteignait cependant plus, je ne ressentais plus ses mouvements, il ne me touchait plus. Des hauts le cœur me prenaient de temps à autre, mais ceux-ci étaient passés depuis maintenant quelques minutes. La lumière du phare, que j’avais tant de fois contemplée durant ses longues après-midi de balade, se faisait de plus en plus douce, de moins en moins violente. Le son des vagues, dans lesquelles cet après-midi encore nous nous baignons, n’arrivait plus à mes oreilles, se faisait vraiment distant. Des larmes perlaient aux coins de mes joues et pourtant, je ne m’en étais pas rendus compte avant que celles-ci n’échouent aux commissures de mes lèvres. Mon cœur avait beau ralentir de plus en plus au fil des minutes, il était encore capable de se serrer suffisamment pour me détruire mentalement. J’étais entrain de mourir, et ma peine n’était pas causée par ma santé défaillante, mais par la fin de ce bonheur qui m’avait accompagné durant ces dernières années. Mes yeux se brouillaient par les larmes, et par la nuit. La fatigue m’envahissait, me submergeait de tout son poids. Mes muscles se décrispaient et ma respiration se faisait de plus en plus lente. Mes dernières images furent donc pour lui. Lui qui émerveilla ma vie. Lui qui la brisa aussi, mais lui qui me permis de mourir, un sourire en coin greffé au visage, en repensant à tous les souvenirs que nous avions crées ensemble. |