Et oui, dans ma vie il n'y a pas que le HPDM. Voilà ma seconde fic originale qui est en quelque sorte la suite de la première (Un truc vraiment con), néanmoins, il n'y a pas besoin de la lire pour comprendre celle-ci. Un grand merci à m0uwa qui a corrigé cette fic à la vitesse de l'éclair! *** Tout est étrangement silencieux, étouffant. Sans un regard pour lui, elle se lève du lit défait et va allumer la chaîne Hi-fi dans le salon. Les murmures des paroles s’emmêlent au lourd silence. La musique l’empêche d’hurler, elle se concentre sur les mots. So nows the time to draw the line back home And to take a chance to make the whole thing last Can I ask you to stay, no.... Elle fixe un instant le parc qui s’étend devant ses fenêtres, enviant les passants qui sont à mille lieux de son malheur. Ou de son bonheur. La colère se mêle à la joie, ses larmes n’ont pas choisi leur camp et refusent de couler. C’est donc les yeux secs qu’elle rejoint la chambre et se rassied sur le lit aux draps rouges. *** Sans avoir regardé sa montre, il sait qu’il est là depuis plus d’une heure. Une heure qu’il se tient assis sur le rebord de la fenêtre, face à elle. Une heure qu’il a frappé à cette porte, tremblant d’émotion. Dans toute sa candeur, elle est venue lui ouvrir en chemise de nuit. Un truc rouge à dentelle. Elle est superbe, mais je ne le lui ai pas dis. Elle a tellement changé. Son visage est moins rond, plus adulte, son nez fin surplombe une fine bouche rouge. Ses cheveux sont très longs, bruns. Je me les rappelais plus clairs. Elle a ouvert un peu plus sa porte et s’est effacé pour le laisser entrer. Sans un mot. Seul son regard reflétait son étonnement. Enfin je crois, je n’ai pas pu le soutenir plus longtemps, il y avait aussi de l’amertume. Alors je suis juste entré et j’ai attendu.Doucement la porte s’est refermée et elle est passée devant moi.Elle a saisi mon visage entre ses mains et a planté son regard inquisiteur dans le mien, cherchant probablement des réponses qu’elle n’y trouverait jamais. - Je suis désolé. J’ai murmuré. Je n’aurais probablement pas du dire ça. Elle a froncé les sourcils et s’est dirigé vers ce que maintenant je sais être sa chambre. *** « Je suis désolé. » J’aurais du lui répondre « Moi pas. Tu peux repartir » ou « Ne le sois pas, tu m’a manqué, maintenant tu es là. » J’aurais pu lui dire mille et un mots, mais je n’ai rien su lui répondre. Et c’est assise sur mon lit que je le regarde depuis un long moment. Il est tellement grand aujourd’hui, l’enfant a laissé sa place à un bel adulte mais on se regarde sans se voir, il ne me connaît plus. L’inconnu qui me fait face m’intrigue par son mutisme. Je n’ai jamais tellement parlé, c’était toujours lui. Alors j’attends de savoir pourquoi il est là. Pourquoi maintenant ? Après tout ce temps. Le silence me pesait trop, je suis allée mettre de la musique, de toute façon c’est ce que j’allais faire avant qu’il n’arrive. Turn m’envoute avec Close your eyes. Fermer les yeux, me laisser aller, oublier cette situation grotesque. Ce serait si facile. Juste fermer les yeux et tout oublier. *** Un jour je te dirais pourquoi je ne reviens qu’aujourd’hui. Dès que je le saurais. Aujourd’hui je veux seulement te retrouver, alors que je sais que tu n’es plus la même. Je suis pourtant sûr que l’on peut se réapprivoiser. Nous l’avons fait une fois, envers et contre tous, pourquoi pas deux ? Le bruit des draps qui se froissent sous son corps me ramène à la réalité, dans cette chambre inconnue. Elle vient de s’allonger, les yeux fermés, les bras de chaque côté de sa tête, je l’entends soupirer. Ses longues jambes, toujours au bord du lit, se décroisent pour plus de confort probablement. - Pourquoi pas deux fois ? *** Mes yeux sont à peine fermés que de nouveau j’entends sa voix. Sa belle voix, celle que je n’ai jamais connue. Enfant, il n’avait pas celle-ci. L’autre était moins grave, plus enfantine. - Pourquoi pas deux fois ? Je souris. La musique y est peut-être pour quelque chose, ou sa voix alors, ou ses mots que pourtant je ne comprends pas. Je ne veux pas l’effrayer alors je reste allongée, j’ouvre juste les yeux, fixant son ombre qui danse sur le plafond. - Pardon ? Peut-être bien que c’est moi que je ne veux pas effrayer. *** Je crois que mon cœur a loupé un battement, ça fait mal. Tant pis. - Tu te souviens ? On avait réussi à s’apprivoiser. Tellement vite, c’était tellement bon. Pourquoi pas deux ? Reviens moi, reviens nous. Aide moi à reconstruire notre monde. Ca me manque tellement. Tu me manques tellement. Les vannes sont ouvertes. Je dois me concentrer pour m’arrêter, pour respirer. *** Son souffle est court, son ombre figé au plafond. Et moi je suis bloquée sur ce lit, je m’empêche de me relever, d’hurler un « oui » de joie. Mes doigts serrent avec force les draps, il n’aurait pas dû revenir, il aurait dû m’oublier. Moi j’avais presque réussi. Un chuchotement sort d’entre mes lèvres. - C’est impossible, il est trop tard. Je sais que ce que je vais dire le démolira, mais je me briserais aussi le cœur alors ça ne compte pas. Je ferme les yeux devant la douleur qui de nouveau m’enserre le cœur. - J’avais réussi à t’oublier tu sais. Pas tout a fait, mais presque. Je n’avais plus mal au cœur, à peine un pincement. A peine une pensée. C’est devenu facile tu sais. Juste ne pas y penser. Pourquoi pas deux fois ? Je dis non, parce que j’étais l’ombre de moi-même. Un corps avec un trop plein de douleur. Pas deux fois. Je le refuse. *** Egoïste, je le suis certainement. Egoïste d’avoir voulu retrouver ce bonheur perdu bêtement. Idiot d’avoir cru qu’elle me pardonnerait, et me sauterais au cou. Encore une fois je la fais souffrir, je voudrais prendre ses mains, desserrer ses doigts et y glisser les miens, je voudrais la blottir contre moi et lui demander pardon. Je voudrais lui dire que je l’aime mais je ne peux plus. Alors une dernière fois je serais égoïste. - Tu as raison. Ma voix tremble et je me sens con. Ses doigts se détendent et caressent le tissu rouge. Sa poitrine se soulève dans un soupir. *** - Je sais. Non, j’ai tord. Je suis égoïste. Je ne veux plus souffrir, mais je ne veux que tes bras. Je ne veux plus pleurer mais ta voix me manque déjà. Je ne veux plus frissonner de froid quand tu es absent et pourtant ta peau me manque. Tant pis pour moi, tant pis pour nous. Ma peau se fait brûlante sur ma cuisse. Si je me relève lentement c’est pour mieux m’accrocher aux draps, ultime rempart à ma folie puisque ma raison s’est fait la belle dès que sa main eut touché ma cuisse. Onze ans que je n’ai pas été aussi près de son visage, onze que je ne respire plus son parfum, onze ans que ses mains calleuses ne m’ont plus touchées. Onze ans que je l’attends. Son baiser me surprend par sa douceur. Je l’imaginais plus brutal, plus vif. Mais je ne l’imagine plus, je le ressens. Je suis le mouvement des lèvres, je soupire sous ses assauts. Quand sa langue caresse enfin la mienne, je retrouve mes rêves. Le baiser se fait plus dur. Le ballet s’enflamme et me chavire car je sais que ce premier baiser sera le dernier. Alors je sers les draps pour m’empêcher de le retenir, je l’embrasse plus fort pour m’empêcher de le supplier, je garde mes yeux clos pour retenir mes larmes. Quand le souffle nous manque, le ballet cesse et je me rends compte que tout est à nouveau silencieux. Ma bouche entrouverte contre la sienne, mon front collé au sien, je savoure la fin. Ses mains quittent mes cuisses et le froid m’envahie, sa bouche quitte la mienne. Je suis glacée, mes larmes luttent contre mes paupières. Un fugace instant, sa chaleur me revient, son visage contre le mien, ses mains dans mes cheveux. Puis plus rien, juste un courant d’air, une porte qui claque et mes larmes qui gagnent. |