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Elise.
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Elle se tenait là, le visage ravagé par la pluie, ravagé par une inquiétude qui ne lui ressemblait pas. L'abri-bus était devenu trop étroit pour elle. Mal fagotée dans un t-shirt informe, son sac à dos posé maladroitement sur l'épaule, elle tenait de la main droite une pancarte qui indiquait Saint-Malo. Peu de voitures passaient par cette route. Les alentours n'étaient qu'étalages de paysages verts, où toussaient parfois quelques vieux tracteurs. On lui donnerait vaguement vingt ans. Ou peut-être deux ans de moins. Dans ses yeux bourgeonne tranquille une sorte de rage silencieuse, qui n'inspire rien, hormis une vague idée de sympathie polie. Avec son pouce en l'air et son short trop court, elle a tout l'air d'une pute et pourtant ça se voit, elle a peur. Et lorsqu'on a déjà touché un corps, lorsqu'on a déjà eu la force, le courage d'abandonner tout fragment de doute pour s'offrir à quelqu'un, on a plus jamais peur de rien. Ses tongues taille 38 s'enfoncent dans la boue, elle a des pieds de danseuse, et ses ongles sont maquillés d'une fine couche de saleté.
Alors qu'elle semblait perdre patience, une vieille Golf avec un A à l'arrière s'est arrêtée près d'elle, un garçon s'est penché pour ouvrir la vitre passager. Elle s'est penchée à son tour dans un bruit de cliquetis, a inspecté la bagnole. Pas de hache sur le siège arrière, ni de trace quelconque d'appartenance religieuse. Elle s'est assise avec son sac sur les genoux. Ce n'est que lorsque les tracteurs et les étendues d'herbes ont disparus de son champ de vision qu'elle s'est aperçue qu'elle avait oublié ses papiers sur le banc de l'abri-bus. Le conducteur - il avait les yeux bleus - lui a dit qu'à l'arrière, il y'avait ce qu'il fallait pour se réchauffer. Sous ses yeux, elle a jeté son vieux t-shirt par la fenêtre, révélant deux seins pas bien gros, à peine assez ronds pour tenir dans la main. Lui il a pas quitté les yeux de la route, a juste souri en rougissant un peu. Elle est passée à l'arrière sans plus rien sur le dos, s'est recouverte d'une épaisse couverture en laine, qui sentait la mer et la cigarette.
- T'es un marin ?
Sa voix semblait dire qu'elle n'avait pas ouvert la bouche depuis des mois. Ses cernes semblaient dire que le sommeil, elle ne savait plus bien ce que c'était. Le jeune, il a arrangé le rétroviseur pour voir son visage.
- Non. - Ta couverture sent les vagues. - Ca a une odeur, les vagues ? - Je sais pas. Peut-être. - Comment tu t'appelles ?
Elle a regardé derrière la vitre, le paysage avait changé. On était encore loin de Saint-Malo et pourtant, elle sentait déjà les roches sous ses pieds.
- Je sais pas. Peut-être. |
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Par Poka le 20 Août. 09 - 13:02 :
Chapitre 1
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J'aime beaucoup le peu qu'on connaît d'elle. Elise, c'est ça ?
J'ai du mal à critiquer le style des personnes que je lis, et je ne capte jamais les répétitions. J'ai juste un avis "bestial" sur ce que je lis, si je peux m'exprimer ainsi : le tout est de ressentir primairement.
Et j'aime, tout simplement. |
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How can I tell you that my heart burst when I see you ? |
Par Corps Etranger le 11 Juil.. 09 - 19:18 :
Merci.
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C'est le premier commentaire que l'on poste sur l'un de mes textes ici. Ça me fait vraiment plaisir, je pensais vraiment qu'ils ne plaisaient pas. Ton commentaire est constructif, et c'est ce que je préfère. Tu ne te contentes pas de me dire ce qui va. Effectivement, c'est mon défaut, j'ai une certaine tendance à utiliser les répétitions, parce que parfois je trouve que ça sert au texte. Mais pour la phrase que tu cites, tu as parfaitement raison, je tâcherais de corriger ça.
En tout cas, merci encore, je suis touché :)
P.S : http://verti-go.skyblog.com/ si cela peut t'intéresser. |
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Ca fout la merde, les souvenirs. |
Par Elwyn le 11 Juil.. 09 - 16:21 :
...
Chapitre 1
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Hello. Je viens de lire tes trois fics d'affilée et je dois dire que je suis agréablement surprise. Plus rien ne me paraissait vraiment correct sur Many ces temps-ci, mais je trouve que tes textes - certes loin d'être parfaits- ont du potentiel, de la vie, une force.
Pour commencer, tu as ton propre style, ce qui est agréable à la lecture : on n'a pas l'impression de lire une rédaction, comme c'est trop souvent le cas sur les sites de ce genre.
Et puis la mer, l'appel des vagues, Cassie <3, les dialogues *___*
Bon, il y a des détails qui me chiffonnent un peu, des passages trop mièvres à mon goût 'l'éternité de tes cils', des répétitions malvenues :
""n lui donnerait vaguement vingt ans. Ou peut-être deux ans de moins. Dans ses yeux bourgeonne tranquille une sorte de rage silencieuse, qui n'inspire rien, hormis une vague idée de sympathie polie."
-> vaguement/vague,
et vingt ans / deux ans de moins (tu aurais largement pu écrire simplement 'deux de moins', et ç'aurait bien mieux sonné, à l'oreille =] )
... Mais il y a quelque chose, indéniablement, qui me donne envie d'en lire davantage de toi. Aurais-tu un site, un blog où tu postes d'autres écrits ? Je serais curieuse d'en savoir plus, vraiment.
Je te souhaite une excellente continuation :)
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