Je n’aime pas les larmes. Elles sont obscènes. Il n’en existe que deux sortes : les larmes que versent les enfants – et parfois les adultes – lorsqu’ils font un caprice. N’as-tu jamais vu, sur le chemin de traverse, un gamin en train de brailler aux pieds de sa mère, qui refuse de lui acheter le tout nouveau modèle de scrutoscope, ou autre gadget du même genre ? A chaque fois que mes oreilles sont écorchées par ces geignements, je prie pour que la mère cède, histoire de calmer les braillements de son gamin, et c’est ce qu’elle fait, le plus souvent. Mais certaines résistent, et je leur en veut, car ensuite, toute la journée, résonne dans ma tête les échos de la colère de l’enfant. Ces larmes-là me révoltent ; elles ne sont qu’un outil de manipulation, afin d’obtenir ce que l’on désire. Je n’ai moi-même jamais eu à en faire usage, mais il est vrai que mes parents m’ont toujours offert énormément de cadeaux, avant même que je n’en aie envie. Un moyen de pallier à leur manque d’affection, j’imagine. L’argent est si utile… Il existe aussi les larmes de joie.Si les larmes des caprices d’enfant me révoltent, celles-ci me dégoûtent. Elles sont, paraît-il, le signe d’une joie tellement immense qu’elles ne peuvent s’exprimer par les voies normales, comme les sourires et les rires. Les gens sont si peu pudiques ! Ils se sentent obligés, par leurs larmes qu’ils trouvent si belles, d’hurler à la face du monde leur bonheur. Ils n’ont aucune retenue. Je n’ai jamais pleuré de joie. Mais toi, Potter ! Tu me déconcerte. Tu ne semble pas faire un caprice, et d’ailleurs, que pourrais vouloir de plus que ce que tu as déjà ? Tu es un héros, adulé du monde sorcier, tu as de très bons amis, tu as de l’argent et un avenir radieux devant toi, maintenant que tu es débarrassé de l’ombre de Voldemort. Mais tu es loin d’avoir l’air heureux. Alors, Potter, si ce n’est ni par envie, ni par bonheur… Pourquoi tu pleures ? D.M. Malefoy, es-tu prétentieux au point de penser me connaître mieux que je ne me connais moi-même ? Et, à ma connaissance, je ne pleure pas. Ni aujourd’hui, ni jamais. Je te défie de me surprendre un jour avec de l’eau sur mes joues, de l’eau roulant de mes yeux. C’est tout simplement impossible, vu que je ne pleure pas. H.P. Oui, je te connais mieux que tu ne te connais toi-même, et j’ose penser que tu me connais aussi. Toutes ces années passées à t’observer, à chercher tes points faibles, à savoir dès le premier coup d’œil comment tu te sens, et comment t’attaquer pour te faire mal… Je te connais, Potter. Je te connais d’une manière bien étrange, c’est vrai, mais je te connais. Et, fort de cette connaissance, je t’ affirme que tu pleures. C’est vrai, il n’y a pas de larmes dans tes yeux, ni sur tes joues. Mais tu pleures. C’est vrai que tu souris souvent, en ce moment. Mais tu pleure. C’est vrai que tu as tout ce dont on pourrait rêver. Mais pourtant, Potter, tu pleures !! Je ne comprends pas. D.M. |