J’habitais dans une petite maison située non loin d’Albi, je venais d’avoir 10 ans. C’est à cette époque que j’ai connu la peur.

Je venais de revenir des courses avec ma mère. Mon amie Marie m’attendait sur le pas de la porte. Depuis quelque temps déjà elle voulait me montrer son grenier : elle disait qu’il était magique. J‘étais trop grande pour croire ce genre de chose mais je voulais quand même voir si elle avait raison. Je rangeai les courses et partit chez elle. Arrivée chez elle je saluai brièvement sa mère et la rejoignis en face de l’escalier qui menait au grenier. Je ne saurais dire pourquoi mais cette trappe me fit frissonner.

Nous montions l’escalier quand soudain, tout doucement, dans un petit grincement, la trappe s’ouvrit. Nous montâmes les marches, passâmes la trappe, je me relevai et découvris un grenier…ordinaire. Marie quand à elle, avait des yeux effrayés, elle était comme clouée au sol et regardait dans un coin de cette grande pièce vide. Tout d’un coup elle me poussa violemment contre le mur et me cria :

« Aurore attention ! Il ne faut pas qu’il te touche sinon tu vas mourir ! Si j’avais su qu’il serait là aujourd’hui je ne t’aurais pas emmenée. Personne ne peut le voir à part quand on le connaît bien. Viens ! »

Elle m’emmena dans un petit recoin que je n’avais pas vu et qui devait être fabriqué de ses propres mains. Je découvris une vraie petite cabane, où il y avait de la nourriture, des affaires de rechange, des boussoles, des jumelles… Elle me donna un petit gâteau et commença à me m’expliquer :

-         Ici on est dans  "Everworld", le temps est ralenti, presque arrêté quand on entre ici. Je n’avais pas le droit de parler de cet endroit, Il me l’a interdit…

-         Qui "Il" ? Demandais-je avec impatience

-         C’est à cause de lui que je dois revenir ici. Gringe est le maître de cet endroit, je ne veux pas qu’il te fasse du mal. Ici nous sommes en sécurité mais tu dois croire en moi sinon tu pourrais mourir ! Maintenant il est tard, dormons.

Le lendemain, en me réveillant je ne vis plus le grenier mais... du vert. Marie n’étant pas là je décidai d’aller voir dehors. Quand je sortis je vis des arbres d’un vert pale, un ciel rouge sang nuageux, des fleurs noires et des créatures plus qu’étranges. Elles étaient noires avec par endroit de curieux signes rouges. Elles avaient des ailes, avaient le corps d’une fée et des ongles horriblement longs. L’une d’entre elles se retourna vers moi et me dévisagea avant de me tendre un petit sac rouge et un étui d’un bois que je ne connaissais pas.

« Voici un petit poignard et des fioles. C’est notre maîtresse qui avant de partir, nous a demandé de vous donner ceci. Je dois vous prévenir : elle n’est pas partie de son plein gré, Gringe l’a forcée à le suivre. Vous devrez aller la récupérer, mage. Nous vous attendions ici depuis longtemps. Maîtresse nous avait prédit votre arrivée. Le château est tout près, je vous accompagnerais. Je m’appelle Silas. »

Silas m’expliqua qu’il venait de l’espèce des sentinelles. A Everworld il y a trois créatures différentes : les humains, les sentinelles et les centaures. Au bout d’environ 2 heures de marche nous arrivâmes devant un château d’un blanc scintillant. Silas me laissa ici car curieusement il avait trop peur d’entrer. Je passai le pont et l’immense porte s’ouvrit mais contrairement à ce que je pensais il n’y avait pas une magnifique salle qui m’attendait. Ce n’était que du noir comme un trou qui pourrait m’aspirer à tout instant. J’étais figée,

aucun membre ne voulait bouger pour passer cet écran obscur. Je ne sus combien de temps je restai à observer cette porte menant vers la mort. Je me décidai enfin à passer malgré  plusieurs tentatives pour repartir chez moi. Je passai lentement la porte mais ne vit rien si ce n’est quelques trous de lumière

Je vis un escalier grâce à cette faible clarté. Je mis un pied sur la première marche quand tout à coup un cri strident qui me transperça les os et me fit reculer de quelques pas, retentit. J’attendis un moment mais un calme trop serein revint. Je grimpai les marches quatre à quatre en pensant que mon amie pouvait être en danger. A peine arrivée en haut, je sentis un poignard sur ma gorge. On me tira violemment et m’emmena vers une pièce quelque peu éclairée. Cependant avant même que j’ai vu quoi que ce soit, on me mit un bandeau sur les yeux. On m’assit sur une chaise, m’attacha puis on me laissa seule.

Par moment j’entendais la porte s’ouvrir puis plus aucun bruit ; cette angoisse de ne pas voir ce qu’on allait peut-être me faire, de sursauter à chaque petit bruit ou de n’entendre aucun son qui pouvait m’indiquer si quelqu’un était encore dans la pièce me faisait trembler. Les cris stridents se firent de nouveau entendre de plus en plus suppliants et de nouveau plus rien. Je sentis tout à coup une main se plaquer sur ma bouche et la lame glacée d’un couteau sur ma peau. Je voulais hurler, me débattre mais j’étais attachée et trop faible pour faire quoi que ce soit. La lame du couteau appuyait de plus en plus sur ma peau comme si on voulait qu’elle y rentre le plus lentement possible. Pourtant, contrairement à ce que je pensais, le couteau n’entra pas dans ma peau mais me libéra de mes liens puis le bandeau tomba.

Je découvris mon sauveur qui n’était autre que Marie. Elle était dans une robe noire avec quelques voiles bleu nuit. A peine m’avait-elle sauvée qu’elle me demanda de la suivre et partit en courant. Malheureusement, très vite nous tombâmes sur le maître des lieux, Gringe. Il tenait une hache à la main qu’il abattit sur la tête de Marie. Elle tomba dans un bruit sourd et une rivière pourpre coulait depuis sa tête. Gringe me regarda avec un sourire mauvais et répliqua :

« Bienvenu en Enfer mademoiselle. »

J’étais tellement effrayée que je sortis le petit poignard que Silas m’avait donné pour me défendre. Je le brandis et Gringe me rit au nez en voyant le si petit coutelas face à son immense hache. Il la brandit, je tremblais de tout mon corps en la voyant s’abattre sur mon épaule. Je fermai les yeux et quand je les rouvris quelques secondes plus tard mon épaule était intacte mais Silas était là, dos a moi et tenait la gigantesque hache dans une de ses mains.

« Partez mademoiselle, allez vous en ! Ne revenez pas ! »

Je ne me fit pas prier, je courus, traversai l’écran d’obscurité et les forêts et clairières jusqu’ à la maison de Marie. Là-bas je trouvai un mot qui m’indiquait comment sortir de ce monde.

« Aurore,

Si je ne suis pas revenue je veux que tu saches comment partir d’ici. Il te suffit d’ouvrir la trappe qui est dans le buisson juste à côté de ma maison.

Adieu,

Marie »

J’ouvris la trappe, passai ma tête pour regarder et je vis sa maison. Je me relevai pour descendre l’escalier. Derrière moi la trappe se ferma dans un grand bruit. La mère de Marie vint m’accueillir en larmes.

-Aurore, Marie….Marie…

-Désolé elle est…

-Morte ! Elle est tombée de l’escalier et elle s’est ouvert le crâne, ça fait bien une heure…c’est horrible ! C’est impossible.

-Alors c’était vrai…

Une personne sourit derrière la trappe.