Le dîner 2 : Ron découvrit la maîtrise de soi

Par Artoung

Je regarde la table que la jeune serveuse nous désigne, me demandant pourquoi elle est si grande. Nous ne sommes que cinq pourtant et il y a neuf couverts.

Je retiens un sourire, peut être qu’il y a des invités surprise. Hermione n’a rien voulu me dire, faisant croire qu’elle ne sait rien mais on ne me la fait pas à moi. Dans une semaine c’est mon anniversaire et je suis sûr que c’est pour ça que Harry nous a invité au Buffalunch – j’avoue qu’au départ j’étais sceptique mais c’est en fait très malin de la part de Harry de nous amener dans un endroit si…commun, il a cru pouvoir me tromper avec un tel stratagème mais c’est mal me connaître-.

-On attend des gens ? je demande innocemment à mon meilleur ami qui ne cesse depuis dix minutes de  jeter des coups d’oeils nerveux à la porte d’entrée.

Il hoche simplement la tête d’un air grave.

Faut pas qu’il s’inquiète, je suis sûr que la fête sera réussie, je ferai même semblant d’être surpris s’il le faut.

Je me demande qui il a pu inviter encore. Peut être le reste de ma famille ? Ginny est déjà là avec Neville qui a suivi le mouvement puisqu’ils sortent ensemble. Et ma Mione a mis une jolie robe que je me ferai  une joie de lui enlever dès qu’on sera rentrés…ça sera mon dernier cadeau à déballer en quelque sorte.

-Ron arrête de sourire bêtement ! lâche nerveusement Ginny à mon oreille. Dis-moi plutôt pourquoi Harry a tenu à ce qu’on vienne.

Comme si elle ne le savait pas ! Enfin, si ça peut lui faire plaisir, je joue le jeu.

-Aucune idée. Je me demande bien ce qu’il prépare !

Son regard suspicieux ne m’agace même pas. Vingt-trois ans ça se fête !

On s’assoit et je commence à étudier le menu spécial anniversaire.

Harry se lève presque immédiatement. Je le regarde se diriger vers un groupe de nouveaux venus et écarquille les yeux de stupeur, en lâchant même ma carte.

-C’est quoi ce bordel ? lance Ginny fort à propos en plissant les yeux.

-Qu’est-ce…qu’est ce que Harry fait avec eux ? je demande venant de comprendre que mon anniversaire surprise vient de tomber à l’eau.

C’est vraisemblablement pour une autre raison que Harry nous a demandé de venir.

J’ai un très mauvais pressentiment. Il  a convié les pires serpentards de l’humanité (déjà serpentard et humanité sont deux mots dichotomiques): Nott qui porte la dernière création de George, à mon grand étonnement. Parkinson qui s’est crue dans un défilé de haute couture et qui lève le nez dédaigneusement. Zabini qui regarde Harry comme s’il avait la lèpre. Et enfin le pire de tous…Malfoy…qui semble aussi à sa place dans le Buffalunch que Harry le serait dans une réunion de mangemorts.

-Pourquoi est-ce que Harry les a invités ? demande Neville un peu perdu.

Je ne lui réponds pas, je suis trop occupé à foudroyer Malfoy du regard. L’instant d’après

Harry et lui se serrent la main.

-Est-ce qu’il vient de serrer la main à Malfoy ? me demande Neville sous le choc.

-Oui et cette sale fouine en profite pour ne pas le lâcher, je grogne, je suis sûr qu’il est en train de lui broyer les phalanges.

-Il n’a pas l’air de souffrir, observe Hermione.

-Il ne veut pas faire ce plaisir à l’autre aristo ! je réplique.

-Tu crois qu’il les a invités ? Que ce sont eux qu’on attendait ? demande Ginny en fronçant les sourcils. J’adore Harry , entendons nous bien, mais passer la soirée avec Malfoy et sa bande, c’est trop m’en demander. Tu as vu comme ils le regardent ? On dirait qu’ils ont un gros paquet de merde sous le nez.

Je vois Harry serrer la main de Nott, tenter de saluer Blaise de la même façon mais se faire rabrouer. Ils se prennent pour qui ces serpents visqueux ? Harry en vaut dix mille comme eux.

-Ce sont eux la merde, je siffle, je devrais peut être y aller…

Je commence à me lever mais Hermione me retient.

-Laisse le se débrouiller, dit-elle lentement en fixant Harry du regard. Je crois que je commence à comprendre…

-Tu sais pourquoi  il les a fait venir ? s’exclame Ginny.

-Il a dit qu’il voulait nous annoncer quelque chose…Il nous invite au restaurant avec « eux »… Je crois que Harry a un nouveau pe…

-Ne finis pas cette phrase, je coupe en me sentant blêmir. Harry n’a rien de nouveau du tout !

-Merlin ! souffle Ginny soudainement déconfite en fixant les serpentards tour à tour.

Je fais de même alors qu’une angoisse sourde s’insinue en moi.

Hermione a forcément tort, Harry ne peut pas avoir un petit…(copain) parmi ce tas de chacals ambulants. Ce sont des hyènes assoiffées de sang et de pouvoir. Je les vois avancer vers nous et le dernier espoir que j’avais sur le fait qu’ils ne soient pas les autres invités de Harry s’envole avec mon appétit.

Hermione nous lance un regard entendu mais elle peut se le fourrer où je pense son regard, Harry ne peut pas sortir avec un de ses types !

-Vous vous souvenez de nos anciens camarades ? nous demande alors mon-meilleur-ami-qui-ne-peut-pas-sortir-avec-un-serpentard en montrant les nouveaux venus.

Malfoy touche son épaule et ma jambe droite commence à trembler sans mon consentement, ce qui m’arrive obligatoirement dès que je suis un peu nerveux et que la situation m’échappe et que Harry appelle les serpentards « camarades ».

-Pour s’en souvenir on s’en souvient ! lâche ma sœur avec hargne et je l’applaudis intérieurement.

Avec effroi, je vois Malfoy tenter de s’assoire à côté de Harry-qui-jamais-ne-me-ferais-le-coup-de-sortir-avec-Mal…-un serpentard ! Usant de ma rapidité légendaire de gardien de Quidditch (j’ai quand même gagné la coupe en sixième année !), j’attrape mon meilleur ami, comme je l’aurais fait d’un souaffle qui veut passer les buts (et non, Mal…aucun des serpentards ne marquera de but à l’intérieur de Harry-qui-de-toute-façon-prône-l’amour-platonique) et l’assoit d’autorité entre Neville et moi. Malfoy me jette un regard noir mais je n’en n’ai cure.

-Navré Harry, souffle Neville-alias-le-faux-frère-qui-se-tape-déjà-ma-petite-sœur-alors-il-ferait-mieux-de-se-la-fermer.

-Pas grave, soupire Harry en me regardant d’un air désolé.

Bon, en fait, c’est plus au dessus de mon épaule qu’il regarde mais le fait que Harry lance des regards d’excuse à Malfoy ne veut strictement rien dire.

-Je sens qu’on va passer une bonne soirée ! s’exclame soudainement Nott en se frottant les mains.

Alors que je jette un coup d’œil morne à ce type, quelque chose chez lui m’interpelle. Déjà, il porte un T-shirt confectionné par mon frère, qui annonce « Je jubile ». Ensuite, c’est le seul du lot qui sourit et je suis sûr qu’il est bien plus mignon que les deux autres (faudra que je demande à Mione pour confirmer ce fait). De toute façon Zabini et l’autre blondasse, même combat : Messieurs j’ai un balai dans le cul et j’en suis fier. Jamais Harry ne pourra tomber sous le charme d’un mec hautain et avec encore moins d’humour que Percy quand il est à fond.

La serveuse donne les cartes aux supers invités surprise mais j’ai déjà fait mon choix.

Je jette un coup d’œil sur ma gauche et surprend Malfoy entrain de grimacer à la vue du menu et demander du bout des lèvres un poulet fritte et mon choix se confirme.

Tout en bougeant un peu plus ma chaise contre celle d’Harry dans le but de gagner quelques centimètres de séparation entre la fouine et moi, je commande une bouteille de Wisky pur feu et un steak frites. Zabini qui vient de commander la même chose me jette un regard noir.

-Je n’amène qu’une bouteille alors ? demande la serveuse gentiment.

Zabini refuse tout net et ne peut s’empêcher de le faire avec mépris. De toute façon jamais je n’aurais partagé ma bouteille avec ce snobinard.

Nott sort une blague que j’ai du mal à comprendre mais je ris quand même pour le mettre à l’aise pendant que, bien entendu, Malfoy trouve malin de le rabaisser par une remarque blessante. Ça ne peut  -doit- être que Nott dont Harry est amou…attaché. Je confirme donc le fait que je trouve cette blague hilarante –même si je ne l’ai pas comprise mais c’est un détail que personne n’a besoin de savoir-.

-Et donc, intervient Hermione, vous devenez quoi ?

Elle n’est pas obligée d’être aussi polie avec eux, il faut toujours qu’elle en fasse trop. Seul Théo répond –les autres sont vraiment des crétins, et j’en ai marre que Malfoy passe vingt mille objets à Harry. Depuis qu’on est assis, ils se sont échangés au moins vingt fois leurs couverts et ça me gave de voir la main pâlichonne de l’autre tache passer devant moi.

-Moi, je suis rienfoutiste, annonce Théo en souriant aimablement.

Il explique, avec malice, qu’au ministère, une partie de la population, ne fait pas grand-chose, ce qui me fait rire, parce que il s’agit évidement d’un second degré, étant donné qu’ici nous travaillons presque tous au ministère. C’est une sorte de clin d’œil sur notre travail, ce qui est plutôt sympathique de sa part.

-Ron, par pitié, s’énerve ma sœur, arrête de lui lécher les pompes à ce gros nul avec ses blagues vaseuses.

-Je te trouve bien intransigeante, je siffle discrètement, il essaie juste de s’intégrer. N’est-ce pas Harry ?

Mon meilleur ami hausse les épaules.

-Tu te trompes de personne, marmonne Neville-qui-devrait-vraiment-se-la-fermer en jetant un rapide coup d’œil sur ma gauche.

Je fais semblant de ne rien avoir entendu et je suis soulagé de voir la serveuse revenir avec les plats volants derrière elle. Zabini, ce sale alcoolo, se jette sur le whisky pur feu, je résiste à l’envie de mordre la main de Malfoy –ça doit avoir un goût horrible- qui passe encore devant moi et je me sers un verre moi aussi. J’ai bien fait apparemment car la fouine prend la parole, annonçant à la ronde qu’il va enfin nous dire pourquoi il s’est incrusté ici ! S’il pouvait partir juste après ça serait cool. Je suis sûr que c’est Théo qui lui a demandé de venir pour avoir un soutient de serpentard lors de son annonce de sa légère aventure platonique avec Harry.  

D’ailleurs son T-shirt révélateur d’humeur clame qu’il est amoureux.

-Bon il accouche ! grogne Ginny irritée pendant que Harry –qui se sent obligé d’aider un ami de Théo- encourage la fouine à parler.

-Ma chérie ne t’énerve pas, tente Neville auprès de ma sœur.

-Je ne suis pas énervée ! Je veux juste qu’on en finisse et vite ! réplique celle-ci avec fougue.

L’instant d’après Malfoy annonce qu’il a deux choses à nous dire et enchaîne directement avec la première nouvelle : il est gay…comme Harry et Théo. D’ailleurs je vais aider ce dernier à faire aussi son coming-out.

-Et toi Théo ? Depuis quand sais-tu que tu es gay ? je questionne poliment.

-Ben écoutes, tu viens de me l’apprendre ! répond-il étonné –le pauvre il doit être gêné-

Hermione se tape la tête contre le plat de sa main. Neville a l’air mal à l’aise et jette des coups d’œil autour de lui, comme s’il cherchait un quelconque soutien.

-A quoi tu joues ? siffle mon meilleur ami. Laisse un peu Nott tranquille !

-Non mais t’es sur que t’es pas gay ! j’insiste pour le pousser à la confidence, ignorant le malaise de mon ami. En tous cas, tu ferais des victimes parmi les mecs, n’est-ce pas Harry ?

-Si je pouvais déjà faire des victimes sur la gente féminine, ça serait un bon pas en avant.

-Non mais tu sais, les filles c’est vachement surfait, l’amour viril ça reste unique.

-T’as qu’à te taper un mec et fous nous la paix, intervint Parkinson méchamment.

-Quand on aura besoin que tu l’ouvres on te fera signe, Parkinson ! réplique ma sœur.

Pendant qu’elles se disputent je reprends subtilement le fil de ma conversation avec ce cher Théodore.

-Tu sais on est entre amis, ou presque, je rajoute avec un regard noir pour Malfoy, alors tu peux en parler.

-Ron ! coupe mon meilleur ami agacé.

-Oui ?

-Arrête ce que tu es en train de faire. Nott n’est pas gay. Il n’y a que Draco et moi qui le sommes à cette table.

Sur cette bonne parole, je me sers un autre verre que je bois cul sec. Je sais bien, depuis le début que Nott n’est pas concerné par tout ça, mais j’ai tenté le coup. Il ne me reste plus qu’à attendre la vraie nouvelle de la soirée comme un condamné attend la pendaison. Je m’aperçois alors que Hermione me regarde avec compassion et j’aimerais tellement qu’elle se trouve à côté de moi à la place de Malfoy qui est actuellement en train de remettre ma sœur à sa place.

-Oh ! Il y a des salades sympas là bas ! s’exclame Neville soudainement en montrant le fond du restaurant dédié au libre service « légumes à volonté ». Je vais aller voir…

Je lui lance un regard noir alors qu’il se lève, fuyant la table. Je voudrais bien faire pareil, fuir ce resto, fuir la ville et pourquoi pas le pays si possible car Harry vient de s’éclaircir la gorge. Je sais qu’il va nous expliquer pourquoi Malfoy et lui sont les seuls gays à table et surtout pourquoi je dois me retenir de frapper Malfoy avec son morceau de poulet et lui faire avaler ses frites par les narines…Je veux mourir…Il faut que je trouve un moyen d’empêcher Harry de confirmer mes doutes, il ne faut pas qu’il  parle, s’il ne dit rien, alors je ne saurai rien et ce que j’ignore ne peut pas me faire du mal.

-Je dois vous parler aussi, annonce finalement Harry me mettant au pied du mur.

-Qui a vu la nouvelle expo d’art Moldu ? je demande lui coupant la parole.

C’est le seul truc qui me soit venu à l’esprit en si peu de temps mais un silence glacé accueille ma diversion désespérée. Zabini doit en être à son millième reniflement de mépris de la soirée et Harry me jette un regard lourd de reproche, je lui souris innocemment. Hélas, le sursis que j’avais gagné est de courte durée car la fouine reprend la parole et brise mon dernier espoir.

-Voilà, fait-il de son horrible voix traînante, Harry et moi allons vivre ensemble…

Vivre ensemble ?

Je n’écoute même pas la réponse de Parkinson…étant bien trop sonné pour ça.

Vivre ensemble !!!

J’avale un autre verre de Whisky pur feu.

Je me tourne vers mon meilleur ami qui en rajoute une couche en disant que ça fait plus d’un an qu’ils sont ensemble.

J’aimerais me servir un autre verre mais je vois les mains de Malfoy et de Harry s’unir devant moi.

Est-ce que j’ai le droit de planter une fourchette dans celle de la fouine ?

Zabini demande des infos à propos de l’expo mais là il s’y prend un peu trop tard pour enchaîner sur ma diversion : l’annonce est déjà faite. C’est le moment que choisit Neville pour revenir mais avisant l’ambiance tendue de la table, il repart aussitôt prétendant un oubli de tomate.

-Ron, reprend alors Harry en se tournant vers moi, je sais que ce ne doit pas être évident d’apprendre ça de but en blanc. Je…je voudrais que…

-Un an et demi, je souffle ayant peur de partir dans les aigus si je parle à haute voix, un an et demi et vous allez vivre ensemble toi et la f…lui !

-Oui, dit-il simplement.

-Je suis contente pour toi Harry, intervient Hermione, si tu es heureux, c’est tout ce qui compte, n’est ce pas Ron ?

-Un an et demi…

-Ça va Weasley on a compris, lâche Malfoy.

-Ce n’est rien Ron, s’interpose Ginny, Harry va vite se rendre compte qu’il fait une erreur. Malfoy...franchement !

-Quoi franchement !? embraye Parkinson avant que Harry ou l’autre peroxydé aient le temps de dire quoi que ce soit. C’est plutôt ton Potter qui devrait baiser le sol sur lequel marche Draco ! Et si je me souviens bien, tu t’es fait larguer par lui, il y a presque un an et demi…je me demande bien à quoi cette date peut correspondre ?

Je vois ma sœur se décomposer, Neville qui était revenu, plie en retraite. Elle est folle amoureuse de lui mais je pense que personne n’apprécie qu’on lui apprenne que son ex l’a largué dans le but d’aller batifoler avec quelqu’un du même sexe.

-Mais c’est qu’il commence à me courir sur le haricot le bouledogue ! s’écrie Ginny en se levant, plaquant ses mains sur la table. Tu ferais bien de te la fermer, toi qui te faisais appeler Madame Draco Malfoy à Poudlard ! Et bien grande nouvelle, ton hypothétique mari préfère bouffer des bites que des chattes! Pauvre tache !

Je ne savais pas ma sœur aussi vulgaire, je suis à nouveau sous le choc, les autres aussi du côté des gryffondors, tout le restaurant nous regarde. Même Neville au fond de la salle s’est retourné d’un air outré et fait à présent semblant de ne pas nous connaître. Je crois même qu’il s’installe tout seul à une table.  

Malfoy demande à Ginny de se calmer mais Parkinson veut se battre dehors avec elle. Avec une honte grandissante je les regarde sortir… j’espère que ça ne se voit pas trop que je suis son frère. Cela dit, maintenant qu’elles sont parties un autre grand silence gênant s’est installé et je me souviens avec horreur de ce que Harry vient de m’annoncer.

-Un an et demi…je croasse une nouvelle fois, j’aimerais dire autre chose mais c’est tout ce à quoi je peux penser.

J’aimerais que quelqu’un trouve un sujet de conversation pour me vider l’esprit. Je vois Nott prendre la parole et place alors tout mes espoirs en lui.

-Un an et demi ça en fait des parties de jambes en l’air ? lance-t-il. Je ne m’y connais pas trop mais ça m’intrigue. Comment ça marche au bout d’un an et demi de baise ? Vous avez encore besoin de lubrifiant ou ça passe tout seul ?

De…de quoi il parle ce monstre ? Lubrifiant ? Baise ? Partie de jambes en l’air ? Mais il s’est cru dans un porno ou quoi ? Je suis sûr que Harry n’a jamais rien fait d’intime avec la fouine.

Ils sont ensemble, ok, mais ils ont une relation platonique, c’est obligé.

Je sens le bras de Malfoy me toucher et sursaute d’horreur. Harry n’est pas comme ça. Il croit à l’amour pur et il est aussi innocent que le jour de sa naissance. Grand maximum,  ils se donnent la main et ça ne va pas plus loin. Il le faut si je veux sauvegarder ma santé mentale. Harry remet Nott –ce sale con- à sa place.

-Tu remarqueras que même Weasley n’a pas ri à ta blague, rajoute Malfoy, c’est dire si  tu es lourd Théo !

Ce n’est pas le seul à être lourd là.

-De toute façon, il n’y avait rien de drôle. Je sais bien que vous n’en êtes pas encore à ce niveau d’intimité.

Hermione ne me regarde plus et picole avec Zabini. Je crois qu’elle est aussi traumatisée par tout ça que je le suis. Mais j’ai décidé que je tiendrai le coup pour nous deux.

-Weasley tu crois qu’on enfile des perles durant les longues soirées d’hiver ? croit bon de rajouter Malfoy trouvant sûrement cela amusant.

Tout compte fait, je ne tiendrai peut être pas le coup longtemps.

-Je crois que tu enfiles autre chose que des perl…lâche Nott.

Mon dieu, c’est de pire en pire. Quand je pense que je voulais que ce soit lui le copain de Harry…Finalement à coté Malfoy est presque une affaire. 

La fouine pose un ultimatum à ses amis : soit ils acceptent la situation, soit ils virent. Je sens le regard de Harry posé sur moi et je suis très mal à l’aise. J’ai bien peur que le prochain ultimatum soit pour ma pomme.

Il doit y tenir à sa fouine pour vouloir vivre avec. Je sais qu’il tient aussi à ses amis mais pour ce soir j’ai eu ma dose. Il me connaît et je pense que pour l’instant on va en rester là…Je parie qu’il compte sur Hermione pour me faire mieux passer la pilule. Autant vous dire qu’il va falloir qu’elle soit très diplomate car je sens que je vais être chiant avec ça. Harry et Malfoy…qui n’enfilent pas des perles chez eux apparemment.

Après une pression sur mon épaule, Harry se lève annonçant à la ronde qu’il va voir ce que sont devenues les filles dehors. J’aimerais boire encore mais les deux bouteilles sont vides. Je soupçonne Zabini de m’avoir pillé la mienne. Je n’ai envie que d’une chose, rentrer chez moi…et pleurer.

Malfoy se lève aussi, annonçant qu’il part aux toilettes. Franchement, qu’est ce qu’on en a à foutre ? Il peut bien aller se noyer à coups de chasse d’eau, ce n’est pas moi qui bougerai le petit doigt.

J’observe d’un œil morne Zabini se battre avec Nott pour un digestif.

-Je veux rentrer ! je marmonne à Hermione.

Elle me regarde avec un doux sourire, se lève et vient s’asseoir à côté de moi. Zabini aussi se met difficilement debout, j’ai peur un instant qu’il vienne à côté de moi, mais heureusement il trace jusqu’aux toilettes. Il ne faut pas boire quand on est un petit joueur.

-ça va aller ? me murmure Hermione au creux de l’oreille en jouant avec mes cheveux au niveau de ma nuque.

-Parmi tous les mecs de la terre, il a choisi Malfoy, je souffle.

-Je sais, répond-t-elle, et s’il s’est donné tant de mal pour cette soirée c’est que Malfoy compte, tu ne crois pas ?

-Il…

-Relax Weasley, me coupe Nott me faisant sursauter. Ils sont amoureux, c’est une surprise certes, mais c’est plutôt pas mal d’être dans leur situation.

Lui par contre, s’est incrusté à la place de Malfoy.

-Mêle toi de ton cul, Nott, je grogne.

-Vous avez fini ? s’interpose alors la serveuse que je n’avais pas vu approcher –je crois que je n’aurais pas du boire autant ça émoustille mes sens.

-Oui, répond immédiatement Nott avec un grand sourire tout en fouillant dans la poche de la veste de Malfoy, je vous suis, pour la note.

Son T-shirt est revenu sur le mode « je suis amoureux » ce qui à l’air d’amuser la serveuse qui le conduit jusqu’à la caisse.

-Il est lourd celui là, je souffle heureux d’être débarrassé du boulet. On rentre ?

-On attend Harry pour prendre congé et on y va, d’accord ? répond Mione.

Je suppose que je n’ai pas le choix. Elle pose une main rassurante sur ma cuisse et avec son autre main qui masse doucement ma nuque, je pourrais presque m’endormir.

-Il n’y a plus personne ici ? lance la voix de mon meilleur ami, près de dix minutes plus tard.

Il est accompagné de la fouine et j’essaie de ne pas grimacer.

-On va y aller aussi, annonce Hermione, on voulait vous dire au revoir avant et vous remercier pour le repas…

-La politesse n’est pas perdue pour tout le monde, commente Malfoy en enfilant sa veste, c’est déjà ça.

Harry serre Hermione dans ses bras et lui murmure quelque chose à l’oreille.

-C’est normal, dit elle simplement et il la relâche.

-Et bien, bonne fin de soirée, proclame finalement Harry en me regardant dans les yeux.

Je hoche la tête silencieusement. Malfoy s’approche de lui et passe une main derrière sa tête en me fixant à son tour…et là je sais, même si je ne vois rien, je sais qu’il est en train de lui caresser la nuque exactement comme Hermione l’a fait avec moi un peu plus tôt et il est même possible qu’il y mette la même tendresse. Ça me fait un drôle d’effet. J’ai l’impression que les choses ne seront plus jamais les mêmes à présent.

-On…aimerait que vous veniez manger à la maison la semaine prochaine, reprend Harry, pour ton anniversaire Ron, une soirée tranquille à quatre, pour que vous appreniez à vous connaître avec Draco.

Ledit Draco ne bronche pas, même pas une remarque désobligeante et Hermione attrape ma main.

Alors je me dis que si cette sale fouine imbue d’elle-même est capable de faire des efforts pour Harry, alors moi, son meilleur ami si sympathique, je le peux aussi.

-C’est d’accord, j’accepte du bout des lèvres, on a qu’à faire ça.

Harry pousse un petit soupir de soulagement et me sourit avec reconnaissance. Je ne sais pas ce qui va arriver entre eux…Je ne pense pas que Malfoy le mérite mais je serai là pour Harry si ça tourne mal. Je ne l’ai jamais lâché…je vais pas le faire maintenant.

Et je sais que j’ai pris la bonne décision, quand sur le chemin qui mène à notre maison, Hermione me murmure qu’elle est fière de moi et qu’elle m’aime avant de m’embrasser d’une manière qui me réveille tout à fait.

Finalement, il se peut que la soirée finisse mieux qu’elle n’a commencé.

FIN

Voilà, c’est fini, on espère que ça vous a plu.