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Une nuit sans lune
Par Liloola
Rimbaud - Verlaine  -  Drame  -  fr
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    Chapitre 1     1 Review    
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Une page blanche. Le curseur clignote en silence tandis que les doigts de l’écrivain tapotent le bureau avec impatience. Le bruit sourd est le seul perceptible dans la pièce plongée dans l’obscurité. De l’autre côté de la baie vitrée, la nuit remplie le vide. Après le balcon, l’immensité de la ville tente de se faire imposante. Les couleurs du soir ont gagné les rues et les noctambules commencent à sortir.

Dans un fauteuil de cuir blanc, un homme aux longs cheveux bruns contemple le ciel. Ses yeux sont pensifs et sont attitude nonchalante. Une voix brise le silence :

 

- Tu n’écriras jamais ce roman, Arthur.

- Je sais.

- Alors pourquoi ?

- Tu n’as pas besoin de le savoir.

Le premier se lève et va se placer derrière l’écrivain. Il passe se bras autour de lui, colle son torse à son dos pour atteindre le clavier et laisse ses doigts le parcourir. Aussitôt les mots naissent sur l’écran. Au fur et à mesure de leur apparition, le plus jeune lit en silence. Les phrases sont fluides. Les mots rêvent d’une nuit. Les lettres se font l’amour. Leur fruit est un délice.

Le brun se redresse, satisfait. Un sourire court sur ses lèvres. Toujours assis, l’autre homme secoue ses cheveux blonds cendrés. Les yeux toujours fixés à l’écran, il murmure :

 

- Tu es plus doué que moi.

- Oui.

- Alors pourquoi m’avoir fait croire le contraire ?

- Parce qu’une nuit sans lune fait perdre ses moyens aux hommes.

- Ça ne veut rien dire.

- Je sais.

Les lettres s’effacent les unes après les autres. Les mots s’envolent mais les phrases restent dans les cœurs. Une page blanche. L’écran s’éteint. Dans le noir miroir se reflète la moue boudeuse du dénommé Arthur. Le brun s’amuse. Son souffle va s’égarer dans la nuque du blond tandis qu’un de ses doigts se pose sur ses lèvres, barrant le chemin à ses protestations.

 

- Le talent c’est comme l’amour : éphémère.

- Je ne suis pas d’accord.

- Tu es jeune.

- Et toi marié.

- Et alors ?

Un léger rire franchit la bouche du brun, effleurant les oreilles de son ami avant de s’évaporer dans le silence.

 

- Le mariage symbolise l’amour éternel…

 

Sa voix n’est plus qu’un chuchotement que le vide rend bruyant.

- Si c’était le cas je ne serais pas là.
- …
- Tu voudrais que je ne sois pas là ?
- Non.
- Non quoi ?
- Je veux que tu restes.
- Je partirai.
- Je sais.

La tristesse drape de son voile les derniers mots d’Arthur. Un frisson le fait vibrer quand il sent des mains froides frôler son ventre. Une légère caresse sur ses hanches le fait tomber. Le vide l’aspire et lui vole sa conscience. Plus rien n’a d’importance. Seule les mains joueuses comptent.

Le brun sait qu’il a gagné. Encore. Sa bouche se pose sur le cou offert de son amant et ses gestes se font langoureux. Il remonte ses lèvres sur le visage enfantin et embrasse chastement les lèvres purpurines. Le blond se laisse aller dans les bras du plus vieux. Des soupirs lui échappent. Ses vêtements aussi. Ils tombent au sol en un bruissement doux. Aussi doux que leur échange devient passionné.

Les deux corps sont nus. En sueur. Enlacés. L’homme aux longs cheveux est au dessus de son amant, allongé sur le sol. Des mèches brunes se mêlent aux blondes. Différentes. Et pourtant si proches. Comme les deux amants. Ils font l’amour avec désespoir et passion. Avec envie et tristesse.

Soudain, le corps du blond s’arque et son dos se cambre. Ses yeux se perdent dans un ciel imaginaire. Ses lèvres laissent passer un souffle. Un mot. Un nom :

 

- Paul…

Le dénommé Paul sourit et se fond une ultime fois avec son amant avant d’atteindre les portes du paradis. Il s’écroule au sol et tend les bras où vient immédiatement se blottir le blond. Les souffles sont irréguliers. Les poitrines se soulèvent. Se frôlent. Se caressent. Le plus jeune relève la tête et croise les yeux calmes du brun. Il se grandit et pose sa bouche sur celle de son aîné. Celui-ci savoure le tendre baiser avec patience. Il sait comment tout va finir. Une larme roule entre leurs deux visages et va s’écraser sur le sol immaculé salit par leurs ébats. Les yeux du blonds pleurent. Son cœur aussi. Il se lève et va se rhabiller en silence. Le brun fait de même.

 

Il sont debout. L’un en face de l’autre. Un mètre les sépare. Tout les sépare.

- Je t’aime Paul.
- Je sais
- …
- Je dois rentrer.
- Ta femme t’attend.
- Oui. Je reviendrai demain soir.
- Non. Demain je ne serai pas là.
- Pourquoi ça ?
- Je sors avec des amis. On va en boîte. En boîte gay.
- Je suppose que c’est censé me rendre jaloux ?
- À toi de voir.
- Et après ? Tu vas te faire un mec jeune et sexy et tu reviendras me voir la queue entre les pattes !
- Non.
- Daigneras-tu un jour m’expliquer pourquoi sans que j’ai à te le demander ?
- Non. Mais je vais te le dire quand même, par bonté d’âme. Parce que, à défaut d’avoir du talent, j’ai un cœur, ce qui ne semble pas être ton cas. Je pars.
- Où ?
- Ailleurs. Loin. Tu m’étouffes.

Arthur plonge son regard dans celui de son amant et respire un bon coup avant de tourner les talons. C’est dur de se jeter dans le vide. On ne sait pas ce qui nous attend. Mais on sait que la mort est au bout.

Les lèvres du brun s’étirent en un rictus d’incompréhension. Son cœur lui fait mal. C’est la première fois qu’il se manifeste. Dans la pénombre de son âme, il sent que les quelques lumières qui l’éclairaient viennent de s’éteindre. La nuit l’envahit.

Une main se pose sur la poignée de la porte et appuie dessus. Le vide est là. Juste derrière. Il n’a qu’à avancer.
Une main se pose sur le métal froid d’une arme. La lumière s’échappe. Il doit la retenir. Une nuit sans lune fait peur aux hommes.

Le coup part au moment où le blond fait volte-face. Deux paires d’yeux s’agrandissent sous la surprise. Leurs larmes sont identiques. Aussi semblables que l’amour qui liait leurs cœurs.

Le corps du blond s’affaisse. Le brun range son arme et regarde la vie de son amant s’écouler à grand flots sur le carrelage froid.

Rien n’est impossible à qui aime. La peur du vide est un vertige bien moins agréable que l’amour. Mais la peur du noir peut faire faire des folies. Comme tomber amoureux d’un homme au moment de sa mort.

Dans sa cellule, Paul écrit. Les pages se noircissent de mots. Mais ce sont des mots graves. Des mots lumineux. Des mots qui sauvent de l’obscurité. Des mots dont le poids reste. Des mots qui s’appellent Arthur.

Dehors, derrière les barreaux, la lune ronde et pleine apaise les âmes de son sourire immaculé.

 
     
     
 
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