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Voici un texte que j'ai écrit après avoir rêvé aux souvenirs qui volent dans nos esprits, futiles et sans qui nous ne sommes rien...
Les souvenirs oubliés
J'ai un démon dans la tête qui dévore mes souvenirs et obscurcit mes sens.
Il est arrivé un soir et sa faim m'a submergé brusquement.
Depuis il s'empare chaque jour d'un morceau de ma mémoire et le ronge lentement.
Il commence par les plus récents, les indifférents heureux...
Alors j'oublie ce que je viens de faire et on dit que je me fais vieux.
Puis il s'attaque à d'autres cachés plus profondément,
Ceux qui sont incrustés dans les parois de mon esprit.
Il creuse tout autour, puis les prends délicatement.
Mais ils sont indispensables, ils sont ma survie...
Alors j'oublie où se trouve ma chambre, j'oublie de manger,
J'oublie ce que j'aime et ce que j'ai détesté.
Ensuite il se met à grignoter les souvenirs importants.
Les êtres chers et les amants.
Ceux sans qui je ne suis ni un vieillard, ni un enfant...
Ainsi j'oublie ton nom et ton visage.
Et je reste à regarder de vieilles images.
Petit à petit, il ne me reste plus que les réminiscences d'un ancien temps,
Des photos en noir et blanc.
Je vis avec ceux qui ont bercé mon enfance.
Ils sont morts depuis longtemps, mais maintenant, le manque me lance.
Quand je suis seul dans cette chambre froide et sans vie.
Entouré de personnes que je ne connais plus aujourd'hui.
Leurs pleurs déchirent la pièce et, sans savoir pourquoi,
Je me sens coupable.
Quand, entre deux sanglots, ils me crient « C'est moi ! »
Et quand ils parlent de cette maladie au nom imprononçable.
Et finalement, quand j'ai oublié jusqu'à mon nom,
Il me reste cette vieille comptine, cette chanson
Que fredonnait une voix douce et aimante
D'une personne inconnue qui me hante...
La maladie d'Alzheimer. Je trouve que c'est l'une des choses les plus effrayantes que nous pouvons vivre : oublier ceux que nous aimons et ne plus rien chérir jusqu'à sa mort...
Taion
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