Désaliéné.
Auteur : haniPyanfar.
Merci à JKR pour les personnages principaux et à Artoung pour le cadre de l'histoire.
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Cinquième partie.
Neville.
La baguette de Harry sauta dans sa main. Mais de l'autre côté de la grille, le jeune homme à la cape noire semblait toujours aussi perplexe. Il regardait de tous côtés, comme s'il cherchait quelque chose ou quelqu'un. Il appela :
«Luna ? Luna ? Tu es là ? »
Cette fois, ce fut à Harry d'être surpris. Puis en un éclair il comprit. Autrefois, Luna et Neville avaient été les seuls à conserver leur gallion magique, les seuls à répondre à son appel quand les Mangemorts avaient envahi Poudlard par l' Armoire à Disparaître. Et ils continuaient à correspondre de cette manière. « L'appelé » transplanait là où se trouvait « l'appelant » et lui avait sans le vouloir « appelé » Neville.
Celui-ci ne connaissait sans doute pas le QG de l'Ordre, c'est pourquoi il paraissait si étonné de se retrouver tout seul en pleine campagne. Harry ne savait plus quoi faire. Avait-il révélé au Mangemort le lieu secret où se réunissait la Résistance ? ... Fallait-il l'empêcher de repartir ? ... Devait-il lui jeter un sort pour l'immobiliser ? ... Pour le faire taire à tout jamais ? ...
Allait-il devoir tuer son ex-ami Griffondor ? ...Et d'ailleurs, la barrière magique qui protégeait la maison laisserait-elle passer le sortilège ? ... A tout hasard, Harry tendit son bras armé de sa baguette mais la voix paisible de Georges s'éleva derrière lui.
« Non Harry, c'est inutile. J'ignore comment Neville est arrivé ici mais ce n'est pas un ennemi. Au contraire. Je vais sortir pour lui parler. Il n'y a aucun danger. D'ailleurs Tonks est prévenue. Elle sait quoi faire en cas de problème. Ne te montre pas. »
Georges murmura un « Alohomora », la chaîne se tendit et la grille s'entrouvrit à peine. Le jeune homme se glissa dehors et le portail se referma. Neville avait reculé et tenait sa baguette magique en main. Il la rangea dès qu'il vit à qui il avait affaire. La stupeur se lisait sur son visage.
« Toi ici ? Mais j'ai atterri où ? Qui m'a appelé ?
--Chut Neville ! Viens ! »
Ils s'éloignèrent de la grille en discutant. Harry ne les entendait pas puis il ne les vit plus. Un long moment passa. Tonks était arrivée, Harry l'avait mise au courant de l'apparition inopinée de Neville. De surprise, ses cheveux avaient viré au vert. Puis Georges revint. Seul.
« Neville est parti, il valait mieux qu'il ne te voit pas. Sur sa demande, je lui ai jeté un très court sort d'amnésie. Voldemort est un legilimens hors pair. Il ne doit pas savoir où est allé son « Chevalier ». Comment l'as-tu contacté ?
Un peu gêné, Harry sortit de sa poche la pièce magique. Georges se mit à rire.
--Alors comme ça, tu avais conservé le vieux gallion de l'AD ? Tu jouais avec ou quoi ? Neville a cru que Luna avait quelque chose à lui communiquer. Les gens du Ministère s'agitent beaucoup en ce moment. Ton évasion a provoqué des remous . Maintenant, ce sont eux qui ont peur !
--Luna ? Mais Mrs Figg m'a dit qu' Ombrage en avait fait son esclave personnelle !
--Oui, c'est vrai. Elle est courageuse, tu sais ! Elle mériterait d'être à Griffondor ! Elle supporte jour après jour les avanies de cette vieille truie pour nous aider. C'est notre espionne là-bas. Elle entend tout, elle copie tout ce qui peut nous intéresser, elle repère les gens qui dénoncent les autres, les collaborateurs trop empressés auprès des gens bien placés. Elle sait prendre un air si innocent, si évaporé ! Personne ne s'en méfie ! On la croit folle ! Mais elle est maligne ! Neville est en contact avec elle grâce au gallion d'Hermione ! Alors évite de t'en servir !
--Je suis désolé, je ne savais pas ... Mais tout le monde semble croire que Neville est un vrai Mangemort. C'est un secret ? Et les trois autres ? Smith, Faucett ... Et Nott ? Ils sont vraiment les disciples du Lord Noir ? Il vaudrait mieux que je sache certaines choses, ça m'éviterait de faire des conneries.
--Bien sûr Harry. Mais tu as tant à apprendre. Marchons un peu, nous pourrons discuter sans être entendus. Tonks, je crois que Colin t'attend pour les affiches. Je te verrai tout à l'heure.... Je vais te révéler la vérité à propos de Neville et des trois autres, reprit Georges, nous ne sommes que deux à la connaître, Tonks et moi. Tout le monde doit croire dur comme fer qu'ils ont rejoint l'autre bord. Si l'un des nôtres se faisait prendre par la police, il pourrait trahir le secret sous l'effet du Veritaserum ou plus grave, sous la torture.
--J'imagine les conséquences pour nos camarades. Ce n'est pas que je n'aime pas Serpentard, mais qu'est-ce que Nott vient faire là-dedans ? Il n'est pas pour V .... pour le Maître des Ténèbres ?
--Ici, sous la protection du dôme, tu peux l'appeler Voldemort sans risque. En fait, ce qui a tout déclenché, c'est une histoire d'amour toute bête. Heu ... Harry, quels sont tes sentiments actuels pour Ginny ? Tu n'en as pas beaucoup parlé. Tu as toujours un certain penchant pour elle ?
--Oh ! Bien sûr, je l'aime beaucoup, c'est comme une petite sœur. Tu comprends, pendant ces trois années ...
--Pareil pour elle. Elle te croyait mort. Elle a beaucoup pleuré tu sais ! Et puis l'oubli est venu. L'oubli et Nott. Au début, ils se voyaient en secret et puis un jour, il est venu me voir. Il voulait se joindre à nous et se proposait comme espion. Cela faisait un moment que Voldemort cherchait à recruter des jeunes de Poudlard. Nous avons mis au point ce ralliement des quatre Maisons. Faucett et Smith étaient d'accord.
--Mais pourquoi Neville ? Je ne l'aurais jamais cru capable de ça ! Attention, je ne doute pas de son courage mais sa présence n'a pas alerté Voldemort ou du moins son ennemie Bellatrix Lestrange ?
--Si sans doute ! Surtout au début ! Mais cette garde d'honneur venant de Poudlard flattait « sa Seigneurie » ! Même s'il restait sur ses gardes ! C'est pourquoi j'ai dû jeter un Obliviate sur Neville. Mais pour que tu comprennes bien la situation, il faut revenir en arrière, quand tout le monde te croyait mort. Cette nouvelle avait démoralisé tous ceux qui essayaient de résister à la montée en puissance de Voldemort et de ses partisans.
--Je n'arrive pas à y croire ! Je ne suis rien, Georges ! Je n'ai aucun pouvoir particulier. C'est toi qui incarnes la Résistance, pas moi !
--Harry, tu es une sorte de symbole et les symboles ne sont pas censés mourir bêtement au bord d'une route. Or une page entière de la Gazette était consacrée à ton enterrement et même Voldemort déplorait en privé ta disparition brutale. Pendant plusieurs mois, le peuple sorcier a été plongé dans la désolation. Et ça a été pire pour Neville. Sa mère s'est éteinte à Sainte Mangouste et son père l'a suivi de peu.
--Je suis désolé. Je sais qu'ils avaient perdu la raison à cause de Bellatrix Lestrange et de ses Doloris. Je les ai vus une fois à l'hôpital. C'est très triste pour Neville.
--Ce n'est pas tout. Sa grand-mère, Augusta Londubat, est tombée malade. Le chagrin sans doute. Neville s'est occupé d'elle avec dévouement mais elle est décédée six mois après la mort de son fils. Neville s'est retrouvé seul et sans espoir. Comme beaucoup d'autres jeunes sorciers, il a cherché à s'étourdir. Il s'est mis à boire, à fumer des joints, à fréquenter les mauvais lieux.
--Neville ? C'est à peine croyable !
--Si, c'est vrai, Il faisait partie d'une bande de fêtards insolents et bagarreurs. Des jeunes appartenant aux quatre Maisons. Oui, l'alliance que Poudlard n'avait pas réussi à faire se réalisait dans les soirées arrosées et bruyantes, Griffondors, Serdaigles, Pouffsoufles et Serpentards mêlés. Du moment qu'on était Sang Pur bien entendu ! Les gens en avaient peur mais Voldemort les considérait, paraît-il, avec indulgence. Il faut bien que jeunesse se passe, disait-il.
--Ça l'arrangeait bien en plus ! Personne pour s'opposer à lui !
--Comme tu dis ! Faucett et Smith étaient dans le lot et Neville n'était pas le dernier à lever le coude. Les Serpentards plastronnaient, Goyle, Crabbe, Zabini et Nott étaient dans le coup ... Tiens, ça me fait penser qu'on ne voyait plus Malfoy à cette époque ! Il avait pratiquement disparu. Il restait sans doute cloîtré dans son manoir avec ses parents.
« Il me surveillait à l'hôpital ! pensa Harry. Il devait me maudire ! »
--C'est à cette époque qu'ont commencé les rafles; continuait Georges. La Brigade du Ministère arrêtait et interrogeait n'importe qui. Ils n'étaient pas tendres avec les gens qu'ils interpelaient dans la rue, comme ça, sans raison particulière. « Toi, tu as une tête de Né Moldu ou de Sang Mêlé. Allez, suis-nous, on t'embarque. » C'était leur technique.
--Répandre la terreur !
--Oh ! Ça marchait bien. Les gens n'osaient plus sortir de chez eux. Le Chemin de Traverse était presque désert. Mais un jour, Neville est revenu sur terre. D'après ce qu'on m'a raconté, les policiers de la Brigade s'en étaient pris à Luna qu' Ombrage avait envoyée faire une course chez l'apothicaire. Ils l'entouraient, ils se moquaient d'elle, ils la brutalisaient. Neville s'est jeté sur eux comme un fou furieux. Il paraît qu'ils ont détalé comme des lapins. Après ça, Neville n'a plus été le même, ou plutôt, il est redevenu lui-même.
--Il a toujours eu un faible pour Luna.
--Quelque temps après, Nott m'a contacté. Quand j'ai su pour lui et Ginny, j'étais fou furieux moi aussi. Mais tu connais Nott. Avec son air de ne pas y toucher, il est habile. Un vrai Serpentard ! Son idée m'a convaincu. Mais bien sûr, tout s'est passé en secret. Voilà comment nous avons quatre espions dans l'entourage de Voldemort et une espionne au Ministère
--Tu veux dire que Neville et les autres portent sur leurs bras la Marque des Ténèbres ? C'est horrible !
--Non Harry, et c'est heureux !. Ils ont demandé comme une faveur à avoir un signe rien que pour eux. C'est Nott qui en a eu l'idée. Il est très bien finalement, ce Serpentard. Et tu sais quoi Harry ? Voldemort a tatoué lui-même sur leurs bras notre signe à nous, la lettre V en majuscule. Il a cru que les quatre voulaient l'honorer en portant son initiale mais pour nous, V veut dire Victoire ! Et ils ont aussi obtenu de ne participer à aucun combat. Leur unique but, disaient-ils, était .de faire éclater la grandeur de Sa Seigneurie. Les flatteries, ça marche toujours . . »
Un peu plus tard, quand Harry se retrouva seul dans la petite chambre sous les toits qu'il partageait avec Dean Thomas, il repensa aux dernières explications de Georges. Il n'avait guère eu affaire à Nott à Poudlard. Il s'en souvenait comme d'un garçon mince, au teint pâle et aux cheveux très noirs. Peu bavard, taciturne même. Qu'est-ce qui avait bien pu plaire en lui à Ginny ? Enfin, l'attirance entre deux personnes était souvent mystérieuse. N'était-il pas lui-même attiré par Malfoy ?
Malfoy ... Non, ne pas y penser ...
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E. Jones Hospital, Londres.
Draco Malfoy était sagement assis sur une chaise droite, jambes croisées, les bras posés sur les accoudoirs, dans une minuscule chambre à la fenêtre grillagée. On aurait dit un jeune Prince sur son trône. Il restait là parce que dans les couloirs, il aurait été trop vulnérable, trop beau aussi. Il portait un vêtement bleu tout simple. Ses cheveux blonds encadraient joliment son visage, ses lèvres s'étiraient en un fin sourire mystérieux et ses yeux gris grands ouverts étaient vides. Il ne bougeait pas, il ne disait rien. Draco Malfoy avait perdu l'esprit.
Ce n'était nullement la faute de Lord Voldemort. Le lendemain de la « crise » qu'il avait faite; quand il avait compris que Harry Potter s'était évadé de l'hôpital, l'infirmier modèle s'était platement excusé de son esclandre de la veille. Il y était obligé s'il voulait sortir de là ! Il avait vu ce que l'enfermement avait fait d'un certain Griffondor, son ennemi le plus cher.
Il avait dit d'un air contrit très bien imité que ce n'était pas sa faute, qu'il avait pété un plomb parce qu'il était très fatigué en ce moment et qu'il avait eu de mauvaises nouvelles de sa famille. Il était désolé de s'être ainsi donné en spectacle. Lui, un sorcier ! Complètement stupide ! Il avait tout simplement besoin de vacances.
Comme il avait toujours été un employé sans histoire, et comme on ne pouvait pas enfermer tous les illuminés qui se prenaient pour Nostradamus ou pour la Reine, -- vous imaginez la taille de l'asile ! -- le médecin-chef lui avait accordé un congé en lui prescrivant des petites pilules rouges, bleues et vertes à prendre pendant quelques jours. Draco avait repris ses affaires dans son armoire du vestiaire, il avait pesté en constatant qu'il lui manquait de l'argent et ses tickets de métro – Potter ? -- puis il s'était dirigé vers la sortie.
Malheureusement, les deux déments qui essayaient souvent de s'évader de l'hôpital, avaient fait ce jour-là une nouvelle tentative. En fait, ils n'étaient pas plus fous que vous ou moi ! C'étaient de vulgaires criminels qui voulaient échapper à leur jugement et à de lourdes condamnations en se faisant passer pour des malades mentaux. Ils avaient presque réussi leur coup ! Mais les surveillants les avaient bloqués dans le sas où pour son malheur, Draco se trouvait déjà. Ne pouvant s'enfuir, fous de rage, les deux malfaiteurs s'étaient jetés sur lui et l'avaient frappé à coups de pieds et de poings.
Trop surpris pour réagir, Draco avait encaissé un tabassage en règle avant que les gardes ne parviennent à le sortir de là. Il avait récolté des ecchymoses un peu partout sur le corps et derrière la tête, une énorme bosse qu'il s'était faite en tombant violemment au sol. Apparemment, ce n'était pas grand chose. C'était au tour du personnel de l'hôpital de s'excuser. Mais ce n'était pas tout.
Georges « L'épais », son ancien collègue, s'aperçut très vite que quelque chose clochait. Draco Malfoy ne bougeait pas, ne parlait pas. Il semblait « ailleurs ». L 'infirmier reconnut immédiatement les symptômes : le jeune homme était en état de choc psychologique et son état demandait des soins urgents. On le garda à l'hôpital. « Pour quelques jours », pensait Linda Cheppers, l'infirmière en chef. Quelques jours qui se prolongèrent.
Draco Malfoy ne sortait pas de son état catatonique. Il avait perdu le contact avec la réalité. L'impact avait été trop fort. Il était déjà en état de stress en entrant dans le sas car il pensait à ses parents sur qui Voldemort avait dû se venger, à sa mère sans doute attaquée de nouveau par Nagini, à ce qu'il allait devenir maintenant. La violence des deux déments avait eu raison de lui. Draco Malfoy était entré dans un autre monde.
Mais contrairement à ce que le personnel de l'hôpital pensait, il ne vivait pas un horrible cauchemar. Au contraire. Il avait rejoint une sorte de pays enchanté où il recomposait le passé à sa guise. Depuis trois ans, le présent ne lui apportait que des malheurs. Le futur n'était que brouillard. Il avait trouvé dans ses souvenirs un refuge ensoleillé et il s'y sentait bien.
Il avait onze ans et il faisait son entrée à l'école des sorciers Dans le Poudlard Express, il avait remarqué un jeune garçon aux cheveux bruns en bataille et aux lunettes rondes. Il avait tout de suite éprouvé pour lui de la sympathie. Il lui avait souri et l'autre lui avait répondu. Un joli sourire et des joues rougissantes ...
Il s'appelait Harry Potter et il était célèbre mais ce n'était pas pour cela que Draco recherchait son amitié. Il y avait eu entre eux une attirance immédiate, un lien qui d'emblée se créait. Ils n'avaient malheureusement pas été envoyés dans la même Maison. Lui allait à Serpentard comme toute sa famille et « Harry » -- ça avait tout de suite été « Harry » – était envoyé à Griffondor. Dommage !
Le garçon brun avait eu une petite moue en entendant le nom de sa Maison, à croire .qu'il était déçu. A cette époque, Serpentards et Griffondors se détestaient et se faisaient la guerre au détour des couloirs. Mais ça n'avait pas empêché leur relation de se nouer et de grandir au fil du temps. Ils se retrouvaient en cachette des autres dans le parc ou dans les nombreux recoins secrets du château.
Draco aidait Harry à faire ses devoirs de potions. Le pauvre Griffon n'y comprenait rien et le professeur Snape était très sévère avec lui. « Monsieur Potter, votre célébrité ne vous donne pas le droit d'ignorer les propriétés du bézoard ! » Comme si cela avait de l'importance ! Draco le consolait et .lui faisait répéter ses leçons.
Par contre, c'était Harry le meilleur en vol sur balai. Il avait tout de suite été engagé comme attrapeur dans l'équipe de Quidditch de sa Maison. Draco était un peu jaloux, alors Harry lui montrait des figures acrobatiques et ils jouaient le soir à se lancer un souaffle un peu raplapla ou à s'envoyer à grands coups de battes quelques vieux cognards à bout de souffle.
Dumbledore, qui déplorait les rivalités entre les Maisons, les considérait avec bienveillance. Ils avaient chacun d'autres camarades qui se chamaillaient sans cesse. Blaise Zabini ne pouvait pas sentir Ron Weasley et Pansy Parkinson et Hermione Granger se crêpaient souvent le chignon. Mais Théodore Nott discutait volontiers avec Neville Londubat.
Et puis ils avaient grandi. Draco avait eu très peur pour Harry pendant le Tournoi des Trois Sorciers et Harry avait « sauvé » Draco de Mimi Geignarde, la fantômette des toilettes des filles, qui lui faisait des avances jusque dans la salle de bain des préfets. Et puis, petit à petit, ils avaient tous les deux senti leur amitié se transformer.
Harry le premier avait avoué à Draco qu'il l'aimait, c'était un pur Griffondor, il fonçait avant de réfléchir. Et la dernière image que le jeune homme blond voyait avec netteté, c'était lui, tenant dans ses bras un beau brun qui se cramponnait à ses épaules, ses cheveux en bataille lui chatouillant le nez et ses magnifiques yeux verts le fixant avec ...
Là il y avait quelque chose de bizarre parce que dans cette dernière vision, Harry le regardait avec tristesse et même avec reproche. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Alors il effaçait vite cette image et recommençait la belle histoire en y ajoutant sans cesse de nouveaux détails agréables.
Perdu dans un monde irréel et merveilleux, Draco Malfoy n'avait nulle envie de revenir sur terre. Alors il faisait scrupuleusement tout ce que les femmes et les hommes en blanc lui demandaient : « Il est l'heure de se lever monsieur Malfoy ! ... Faites votre toilette et n'oubliez pas de vous brosser les dents comme hier ! ... Mangez Draco ! Vous devez reprendre des forces ! ... Prenez vos cachets et dormez bien ! Faites de beaux rêves ! »
Ça, ils n'avaient pas besoin de lui dire ! Ses rêves étaient peuplés de lui avec Harry ... lui, tenant Harry serré dans ses bras ... lui; embrassant des lèvres douces ... Enfin ça, il n'en était pas sûr ... Harry et son sourire à damner Morgane elle-même, Harry et ses yeux brillants comme des émeraudes, Harry et son doux parfum de menthe fraîche, le corps mince et chaud de Harry contre le sien ... Oh oui ! Ses nuits étaient encore plus belles que ses jours.
Draco Malfoy était un malade modèle. Le service de psychiatrie de l'hôpital en prenait bien soin. De toute façon, c'était obligé. On n'avait trouvé aucun renseignement sur lui à l'adresse qu'il avait indiquée au secrétariat de l'hôpital. Quelques affaires, des livres, un chat noir qui avait pris la fuite, un hibou qui s'était envolé par la fenêtre dès qu'on avait ouvert sa cage, pas de papiers, rien ...
Son père, Lucius Malfoy, le représentant de la fameuse « Fraternité des jeunes accidentés de la route » avait disparu et d'ailleurs cette association était totalement inconnue des services administratifs. S'il n'y avait pas eu ces chèques qui payaient les soins de Harry Potter, lui aussi mystérieusement envolé, le directeur de l'hôpital aurait pu croire qu'il avait rêvé. Il est vrai qu'il n'était plus sous Imperium et avait repris tous ses esprits.
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Environs de Brighton, sud de l'Angleterre.
Harry était venu voir Georges dans son bureau. Tonks, qui le secondait efficacement quand elle arrêtait de jacasser, était souvent présente. Ils avaient entrepris tous les deux de combler pour Harry le trou noir de trois années d'absence. C'était des conversations à bâtons-rompus, les sujets venaient d'eux-mêmes et s'enchaînaient au fur et à mesure.
Le lieu de travail du Roi Georges était à son image. Parfaitement organisé. Dans la gémellité Weasley, Fred était le cerveau bouillonnant qui invente, son frère était celui qui mettait les idées en forme. Ils se complétaient parfaitement. Ce n'était pas un hasard si leur magasin de farces et attrapes sur le Chemin de Traverse avait eu tant de succès !
Il était fermé maintenant. L'époque n'était soi-disant plus à la rigolade. Mais leurs produits se vendaient encore « sous le manteau » à des prix tout à fait raisonnables. Bon, disons déraisonnables mais c'était si bon de rire !. Georges avait eu le temps de sauver le stock avant que des Mangemorts ne viennent piller la boutique après la rafle de sa famille. L'argent gagné servait à la Résistance. Et certains produits étaient d'une grande utilité.
Harry apprit ainsi une étonnante propriété de la Poudre d' Obscurité du Pérou, celle qui aveuglait totalement les personnes présentes dans le lieu où on la lançait. C'était ce qui avait sauvé Georges lors de l'arrestation de toute sa famille. Une simple farce préparée avec Fred. Il était dans leur chambre quand les policiers de la Brigade avaient débarqué en force au Terrier, accompagnés de Détraqueurs.
« C'était environ un an après ta disparition. Il y avait eu des troubles. Les gens en avaient assez d'être harcelés par la fameuse Brigade Inquisitoriale que le Ministère avait créée sur les conseils de cette empoisonneuse d'Ombrage. Alors, le Ministre avait fait paraître un décret interdisant toute réunion de plus de trois personnes, par crainte de manifestations ou de complots.
--Sauf évidemment quand c'étaient les réceptions ou les bals donnés en l'honneur de « Sa Seigneurie » Lord Voldemort ! avait glissé Tonks.
--Nous avions organisé un repas de famille pour l'anniversaire de Percy qui s'était enfin réconcilié avec papa. Il ne manquait que Charlie, resté en Roumanie. Fleur et sa fille n'étaient heureusement pas encore arrivées. Bien sûr, nous étions plus de trois. Ça a servi de prétexte pour nous arrêter tous et essayer de nous faire prononcer le serment de fidélité aux nouvelles « Lois concernant le Rang et le Sang ». En fait un serment d'allégeance à Lord Voldemort qui en était l'instigateur.
--Les lois sur les classes de sorciers et l'exclusion totale des Nés Moldus !
--Quand les Détraqueurs et les policiers m'ont cherché pour m'emmener avec les autres, je tenais en main un sachet de Poudre d' Obscurité. Je l'ai jeté en l'air. Les sorciers ont réussi à trouver la sortie en tâtonnant mais le Détraqueur qui était avec eux n'a pas bougé. Je le sentais tout proche; pourtant je n'entendais pas son souffle rauque et je n'avais pas froid. J'ai allumé une bougie spéciale que Fred avait inventée pour éclairer dans le noir et j'ai vu le Détraqueur complètement paralysé. Je l'ai bousculé pour pouvoir sortir de la chambre et alors ...
--Oh écoute ça Harry ! C'est merveilleux !
--Le Détraqueur s'est désintégré ! La Poudre d' Obscurité avait sur lui un effet stupéfiant, il s'est effrité comme un gâteau sec qu'on écrase et il a disparu ! J'en suis resté baba ! Je ne pouvais plus bouger tellement j'étais surpris par cette découverte. Du coup, les policiers sont partis avec toute la famille mais sans moi. Il n'est revenu que maman et Ginny. Les autres avaient été envoyés à Azkaban.
--Faire passer une vilaine action pour une bonne, c'est devenu la spécialité de notre Ministère de merde ! « Sa Seigneurie » est trop magnanime pour envoyer des femmes de Sang Pur en prison ! Elles doivent rester à la maison et se consacrer au ménage. Elles sont faites pour ça ! Non mais tu te rends compte Harry ! »
Tonks était si furieuse que ses cheveux étaient rouge écarlate ! Le jeune homme était sidéré ! Faire disparaître les Détraqueurs ! Ces abominables suceurs d'âmes ! C'était merveilleux en effet !
--Mais Georges, pourquoi tout le monde rigole quand on parle d'Azkaban ? Ça doit être horrible pour tes parents !
--Ça l'a été Harry. Les premiers mois. Même s'ils étaient enfermés dans un quartier que Voldemort appelait VIP pour se moquer d'eux, les Sangs Purs étaient traités comme les autres prisonniers, froid, mauvaise nourriture et Détraqueurs. J'ai réussi à avoir des nouvelles et j'ai appris que Fred en particulier était au bord de la dépression. Il ne supportait pas notre séparation.
--Tu sais que Georges a failli se laisser arrêter pour le rejoindre ? Mais finalement, il s'est montré à la hauteur de la situation. On ne l'appelle pas le Roi Georges pour rien. Il a agi comme un chef responsable des autres, comme un souverain. Il avait déjà formé un noyau de résistance avec des anciens de Poudlard. Il a ressuscité l'Ordre du Phénix. La plupart des anciens Membres avaient été arrêtés, certains torturés, d'autres tués. J'étais en cavale. Remus se cachait dans des marécages ...
--Remus ! Personne ne m'en a parlé ! Où est-il ?
--En sécurité ! dit Tonks avec un air de profond soulagement. En dehors des nuits de pleine lune, il essayait de rallier d'autres loups-garous de sa connaissance à notre cause. Seulement, Greyback faisait aussi de la propagande pour son Maître. Remus s'est fait repérer. Il a été attaqué il y a six mois par des Rafleurs, des chasseurs de primes du Ministère ! Des sorciers payés pour rechercher les « déviants » comme ils les appellent. Il a pu s'échapper mais il a été blessé assez gravement. Je l'ai retrouvé mais je ne savais pas comment le soigner.
--Tu lui as sauvé la vie Tonks.
--Oh c'est juste une idée qui m'est venue comme ça. Je savais que les blessures des animaux guérissent plus facilement et plus vite que les blessures humaines. J'ai dit à Remus de prendre sa forme d' Animagus.
--Tu lui as dit de se transformer en loup ? C'était dangereux.
--Pas pour moi, je l'aime tant ! Il m'aime aussi mais il ne veut pas l'admettre. Mais non, l' Animagus de Remus n'est pas le loup comme on pourrait le croire, c'est le chat ! C'est antérieur à sa morsure. Il a suivi mon conseil. Il s'est transformé, il a léché ses blessures, il s'est soigné tout seul. L'ennui, c'est qu'il est encore trop faible pour reprendre définitivement sa forme humaine.
--Il est ici ? J'aimerais tant le voir ! Un chat ! Il doit être adorable !
--Non. Au moment de la pleine lune, ça pourrait être dangereux pour le voisinage. Il vit chez une charmante vieille dame moldue qui l'a pris en affection. C'est plus prudent. Si jamais il redevenait brusquement humain, il pourrait être attrapé de nouveau. Les Rafleurs le recherchent. Sa tête est mise à prix, mille gallions
--Et les nuits de pleine lune ?
--Il s'isole pour se transformer Mais il prend la potion Tue-loup qu'on lui envoie par hibou. Je ne sais pas qui la fabrique. Snape ou Slughorn sans doute. Tu demanderas à Trelawney de te raconter pour Poudlard. Mais pour en revenir à Azkaban, on a eu de la chance. Kingsley Shacklebolt y a été envoyé avec deux autres Aurors « pour surveiller les prisonniers et prêter main forte au Directeur ». En fait, il est en exil. Pas assez de loyauté envers le Ministère. Pas assez de soumission envers « Sa Seigneurie » !
--Personne ne le soupçonne d'être membre de l'Ordre. ?
--Heureusement non ! Ce que voient les gens du Ministère, c'est sa couleur de peau. Ce sont des racistes ! Cho Chang et les sœurs Patil ont été arrêtées à plusieurs reprises, mais elles sont Sang Pur, ça les protège pour le moment. Enfin, Cho est tout de même partie en France. Je crois qu'elle est devenu mannequin ou quelque chose comme ça. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Les mannequins, ce sont les espèces de statues qui présentent les vêtements dans les vitrines non ?
--Tonks ... Laisse-moi finir pour Azkaban, tu papoteras après, soupira le Roi Georges. Rassure-toi, Harry. Ma famille et toutes les autres personnes injustement emprisonnées ne sont plus en danger. Grâce à l'arrivée de Kingsley, il y a eu du changement là-bas ! Ça s'est fait progressivement, un avantage accordé, puis un autre et ainsi de suite. Montague, le Directeur, est corruptible. Pas franchement mauvais mais il aime l'argent et il a deux faiblesses : le whisky pur feu et son fils.
--Celui que vous aviez coincé dans l' Armoire à Disparaître ?
--Oui. Il se prend pour un grand écrivain moldu, William Cheik en Spire, je ne sais pas qui c'est ... Les prisonniers VIP ont alors bénéficié de plus de confort, plus de liberté. Ce n'étaient pas des malfaiteurs après tout ! Ensuite, ils n'ont plus eu à supporter les rondes de Détraqueurs. Mon père s'est même débrouillé pour en désintégrer quelque-uns. Mais l'idée de génie, ça a été la création de la fabrique de bougies.
--Hein ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
--Hé oui, Harry ! Les sorciers s'éclairent encore à la bougie. Moi, je suis pour qu'on passe à l' éclectricité mais ...
--Tonks ! ... Il fallait absolument donner quelque chose à faire à Fred sinon il serait vraiment devenu fou à lier. Et je ne l'aurais pas supporté. Alors, par l'intermédiaire de Kingsley, je lui ai demandé de monter cette affaire. Et il l'a fait ! ... Avec Percy, Bill et pas mal de complicités extérieures. Ils ont mis Montague dans le coup. Une grosse partie des bénéfices est pour lui alors il ne dit rien au Ministère.
--Mais le mieux Harry ! Le mieux, tu ne devineras jamais !
--Hmm ... Les VIP ne font pas que des bougies ordinaires. A ce propos, c'est Azkaban qui fournit maintenant tout l'éclairage de Poudlard et Merlin sait qu'il y a de quoi faire ! Ils fabriquent aussi notre arme principale, la bougie qui sert à voir dans l' Obscurité de la Poudre. C'est Fred qui en est l'inventeur. De temps en temps, quand Montague père cuve son whisky et que le fils se prend pour Cheik machin, les VIP font un petit extra. Ils travaillent pour la Résistance !
--Pour nous Harry ! On a déjà reçu trois caisses pleines de ces trucs magiques. On s'en servira le jour de l'attaque !
--Vous allez attaquer Voldemort et ses partisans ?
--NOUS allons les attaquer Harry ! Maintenant que tu es là ...
--Tais-toi, Nymphadora ! ... Tiens, je vois Lavande qui nous fait signe depuis le parc. Les hiboux sont arrivés à la volière. Tu veux bien aller chercher le courrier ? J'attends des nouvelles de mon père ... Elle est un peu exubérante, ajouta Georges quand la jeune Auror fut sortie après avoir fait virer ses cheveux au mauve pâle, mais c'est elle qui nous entraîne au combat et crois-moi, elle ne nous ménage pas. C'est un vrai chef !
Il ne pouvait pas ne pas remarquer l'angoisse apparue sur le visage de Harry. Le jeune homme avait peur. Bien sûr, il craignait de ne pas être à la hauteur du rôle que tous voulaient lui voir jouer. Trois années que eux résistaient à l'air libre ! Trois années que lui avait passées dans une prison bien pire qu' Azkaban ! Il ajouta doucement :
--Harry, je sais que c'est dur pour toi ! Ne t'inquiète pas, cette attaque n'est pas pour tout de suite. Imagine seulement que tu es une étoile parmi toutes celles qui brillent dans le ciel et que tu scintilles juste un peu plus fort que les autres pour nous montrer le chemin. C'est tout ce qu'on te demande ...»
« Pour le moment, pensa-t-il avec tristesse quand Harry eut quitté son bureau, toujours aussi désemparé. Pour le moment ... »
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Harry s'était retiré dans la petite chambre qu'il partageait avec Dean Thomas. Il regardait pensivement le sac à dos qui contenait tout ce qu'il possédait au monde avec sa baguette magique et sa cape d'invisibilité. Il se disait qu'il devrait peut-être se procurer quelques ustensiles de toilette et des vêtements neufs ... En envoyant un message à Hermione par l'entremise des Gobelins, pour lui donner accès à son coffre à Gringotts peut-être ?
Mais sa tête était ailleurs ... Une petite étoile qui scintille ... Georges était poète à ses heures ! Mais ce n'était pas ce qui lui donnerait la force de faire face à son destin ! Ses amis, ses guides, ses protecteurs lui manquaient cruellement. Ron et Hermione, ses soutiens de toujours, Dumbledore, en qui il avait mis sa confiance, Remus qui lui avait appris tant de choses ...
Et Sirius, son parrain, qui aurait pu lui servir de père s'il n'avait pas disparu derrière le voile noir d'une vieille arcade au département des Mystères ... Sirius ... Lui était une étoile ! Il rayonnait comme un soleil, beau, gai, charmeur ... Sirius ! Comme il lui manquait ! Harry pensa tout à coup au morceau de miroir qu'il avait retrouvé dans la poche magique de son sac. Il le sortit et le tint au creux de sa main.
C'était un miroir à double sens. Il y en avait deux, le sien qui avait été cassé dans sa malle et celui que Sirius avait gardé pour lui. Ils étaient reliés par magie. Si son parrain avait été encore vivant, il l'aurait appelé, son visage serait apparu sur son morceau de verre et Sirius l'aurait vu, lui, dans son propre miroir. Ils auraient pu se parler, se sourire ... Ils auraient pu ... mais Sirius était mort ...
Harry caressa la froide surface de verre du bout des doigts et murmura : « Sirius ... » Aucun visage souriant n'apparut et Harry faillit se mettre à pleurer. Il était ridicule ! Il se conduisait comme un enfant ! Pourtant, à travers ses yeux brouillés, il ne pouvait s'empêcher de guetter quelque chose, une vague réponse à son appel. Mais rien ...
Et soudain ... Ce ne furent pas ses yeux qui reçurent une réponse mais ses oreilles. Il entendit des murmures ... Il les connaissait, ces voix chuchotantes qui venaient de derrière le voile, dans cet amphithéâtre où il s'était battu contre les Mangemorts ! Des voix qui lui parlaient, qui l'appelaient ... Les voix des morts ...
« Moi aussi, je les entends, avait dit Luna la rêveuse. » Est-ce qu'il devenait fou ? Est-ce que toutes ces années passées dans un hôpital moldu avaient endommagé gravement son cerveau ? C'était toujours mauvais signe quand on commençait à entendre des voix ! Ou alors ... Est-ce que c'était ... réel ? Il secoua la tête, se boucha l'une après l'autre les oreilles mais les voix étaient toujours là, l'une d'elle prononçait son nom et c'était la voix de Sirius !
Il tint le morceau de miroir à la hauteur de ses yeux, tremblant comme une feuille. Une image commençait à apparaître, pas un visage hélas, mais un voile en lambeaux qui ondulait comme si quelqu'un l'effleurait par derrière.
« Harry, répétait la voix, si basse qu'il la percevait à peine. Je suis là, je t'attends.
--Sirius ! Sirius ! M'entends-tu ? Je suis là moi aussi ! »
Mais la voix se contentait de répéter son nom. Et puis l'image s'effaça, les voix s'éloignèrent et cessèrent d'être audibles. Et Harry se retrouva la tête dans ses mains, moitié pleurant, moitié riant, un morceau de miroir tout à fait ordinaire posé sur ses genoux.
A suivre.
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