Désaliéné.
Auteur : haniPyanfar.
Merci à JKR pour les personnages principaux et à Artoung pour le cadre de l'histoire.
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Sixième partie.
« Harry, vous admirez le portrait de mon ancêtre, la célèbre Cassandra ? Ses descendantes ont toutes des dons de divination, plus ou moins développés. Je reconnais que je ne suis pas la plus douée mais il m'est arrivé de faire des prédictions exactes. Ce n'est pas pour rien qu'Albus Dumbledore m'avait engagée à Poudlard ! L'ennui, c'est qu'à ces moments-là, j'entre en transe et ensuite je ne me souviens de rien.
Harry se trouvait dans le Hall de la maison et s'était arrêté devant un tableau représentant une petite femme assez dodue, assise sur un canapé. Ses mains posées sur ses genoux tenaient une baguette magique bizarre. Au lieu d'être droite, elle était légèrement spiralée. De temps en temps, elle la levait et des chapelets d'étoiles sortaient de la pointe. Elle ouvrait la bouche et prononçait quelques mots mais on ne les entendait pas.
--Ah, professeur, je vous cherchais, répondit Harry. Georges m'a dit que vous pourriez me parler de l'école justement ! Que se passe-t-il là bas et pourquoi êtes-vous partie ?
--Je ne suis pas partie Harry ! J'ai été renvoyée ! A la rentrée qui a suivi votre soi-disant décès, ON m'a fait savoir que les leçons de Divination étaient supprimées et ON m'a donné une heure pour déménager de la Tour Nord !
--Qui a osé ... Ah je vois ! Ombrage ! Elle ne vous a pas pardonné la scène avec Dumbledore !
--Cette horrible bonne femme ! Et je n'ai pas été la seule à être chassée, comme ça du jour au lendemain ! Le professeur Binns a dû s'enfuir, poursuivi par le Baron Sanglant, le fantôme de Serpentard. Et Argus Rusard a eu beau protester, il est Cracmol et indigne d'être le concierge de Poudlard ! Il est parti en pleurant avec Miss Teigne dans ses bras !
--Et Hagrid, professeur, où est-il ?
--Il n'a pas attendu son renvoi, Harry. Dès l'annonce de votre « mort », il est parti dans la Forêt Interdite avec Crockdur, son gros chien. Il sanglotait si fort qu'on l'entendait dans toute l'école . On ne l'a plus revu, personne ne sait où il est parti.
Harry n'osa pas demander des nouvelles de Graup, le géant. Sans doute en exil avec son demi-frère. Tout heureuse d'avoir un interlocuteur, Sybille Trelawney poursuivait son récit.
--Depuis que Severus Snape est devenu Directeur, Poudlard a bien changé ! Albus doit se retourner dans sa tombe ! Certains professeurs sont restés, plus par devoir que par envie. On ne pouvait tout de même pas abandonner les élèves dans de trop mauvaises mains. Les jeunes gens sont si influençables ! On flatte leur vanité en leur affirmant qu'ils sont supérieurs aux autres et certains finissent par le croire, dur comme fer. L'arrogance et le mépris s'apprennent aussi bien sur les bancs de l'école que dans la famille ! Heureusement le respect des autres et la tolérance aussi ! Minerva est la gardienne de nos traditions. Elle veille au maintien de nos valeurs. Les gens du Ministère n'ont pas osé s'attaquer à elle.
« Peut-être aussi que Snape a insisté pour qu'elle reste, ils faisaient tous les deux partie de l'ancien Phénix tout de même ! Et je sais maintenant pourquoi il a tué le professeur Dumbledore ! » pensait Harry.
--Pomona Chourave, Aurora Sinistra et Rolanda Bibine sont restées, elles-aussi. Et à la surprise de tous, Horace Slughorn. C'est un très bon Maître des Potions, même s'il fait un peu trop son avantageux ! Finalement, il s'entend très bien avec Severus Snape ! Ils préparent des potions ensemble et s'échangent des recettes. Celui qui a paraît-il posé problème, c'est Filius Flitwick !
--Comment ça, le professeur Flitwick ! C'est un excellent Maître des Enchantements !
--C'est la faute d'Ombrage et de ces saletés de lois sur le Rang et le Sang ! Pour plaire à sa patronne, un obscur employé du Ministère prétendait qu'un ancêtre de Filius était un Nain de la Montagne Noire, une créature non magique. Cela lui donnait un Rang trop bas pour enseigner à Poudlard ! Ce crétin a déchanté quand il lui est poussé une crête de coq sur la tête et des barbillons sous le menton ! Il ne pouvait plus pousser que des cocoricos ! Personne n' a rien osé dire ensuite !
--Et même si c'était vrai, quelle idée idiote de juger les gens non pas sur leur valeur propre mais sur leur famille ! C'est du Ombrage tout craché !
--Oh ! Elle a fait mieux encore ! Elle a fait nommer deux Mangemorts comme professeurs. Amycus Carrow est censé enseigner la Défense contre les Forces du Mal. En fait, il donne des cours de Magie Noire, en particulier aux Serpentards Sa sœur Alecto est chargé de démontrer la supériorité absolue des sorciers sur toutes les créatures non magiques. Vous n'imaginez pas les sottises qu'elle peut raconter sur les Moldus ! Mais ce sont aussi et surtout les espions du Ministère à Poudlard.
--Je les connais ! Ils étaient en haut de la Tour d'Astronomie quand Dumbledore est mort ! Avec Greyback et Snape ! ...Et Malfoy, aussi, hélas ! rajouta-t-il in-petto.
--Ce sont eux qui répandent ces idées d'un autre âge sur la supériorité des Sangs Purs ! continuait Sybille sans voir l'expression d'amertume sur le visage de Harry. Les Serpentards n'ont pas été difficiles à convaincre mais vous le croirez ou non, Harry, des élèves aussi brillants que des Serdaigles ou bien de simples Pouffsouffles en quête de reconnaissance se sont laissés embobiner ! J'ose espérer qu'il n'y a pas de Griffondors mais sait-on jamais !
--Pourquoi pas en effet ! Ils sont aussi sensibles à la flatterie que les autres !
--Mais le pire, ça a été pour certains élèves ! Bien entendu, les Nés Moldus n'ont pas reçu de lettres de rentrée. Croyant à un oubli, deux d'entre eux ont essayé de monter dans le Poudlard Express mais ils ont été arrêtés et des Détraqueurs se sont chargés de leur faire comprendre qu'ils n'étaient pas les Bienvenus ! Ils en ont heureusement été quittes pour une belle peur !
--Seuls les Sangs Purs peuvent aller à Poudlard ?
--Il en avait été question mais alors, il y aurait eu à peine une cinquantaine d'élèves. Donc les Sangs Mêlés de classe 1, pour employer leur vocabulaire, sont autorisés à fréquenter l'école. Entre nous, quand on pense que Voldemort lui-même est Sang Mêlé, c'est vraiment la moindre des choses !
--C'est encore plus moche que je ne pensais ! Et les autres, qu'est-ce qu'ils deviennent ?
--Curieusement, une semaine après la rentrée, les exclus ont reçu des lettres de Beauxbâtons en France, de Salem en Amérique, de Göteborg en Suède ou de Budapest en Hongrie les invitant à venir continuer leurs études dans leurs écoles de sorcellerie. Je ne sais pas qui est à l'origine de cette initiative mais c'est une riche idée !
--Tout le monde n'est pas aussi obtus que les sorciers d'Angleterre !
--Ils ne sont pas tous mauvais, Harry. Ils ont peur ! Nous essayons de leur redonner l'espoir. Et puis, vous êtes là maintenant !
Le jeune homme détourna la tête ...Encore !...Tout à coup, Cassandra, la sorcière du tableau, remua sa drôle de baguette et ouvrit la bouche. A la grande surprise des deux interlocuteurs, sa voix résonna haut et clair.
« Tais-toi, Sybille ! Tu lui fais peur à ce gamin ! Le roi Georges attend tout le monde au salon. Je prédis des mauvaises nouvelles ! »
Elle lança un bouquet d'étoiles rouges et se figea de nouveau dans le silence.
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Les visages étaient graves. Ils étaient neuf, réunis autour de leur chef, les résidents permanents du manoir Trelawney. La lettre que Georges tenait à la main et dont il venait de donner lecture, n'avait rien de réjouissant. Elle était signée Arthur Weasley et arrivait tout droit d'Azkaban. Le hibou messager grignotait du Miam Hibou sur la table basse d'un air épuisé, on avait dû lui recommander de faire diligence.
« Quand doit avoir lieu la rafle ? demanda Tonks.
--A la prochaine pleine lune, dans ... voyons voir, dans dix jours exactement.
--Cela doit avoir un rapport avec Greyback et sa troupe de Loups-Garous. Ils vont sûrement attaquer un lieu particulier. Attends ! La lettre parle de la ferme Moonie où vivent deux familles moldues qui ont chacune un enfant sorcier. Plusieurs de nos amis s'y cachent ! Et il y a au moins cinq ou six autres enfants ! C'est une cible toute désignée pour ces monstres !
--Ou alors le cabaret « La Lune Rousse », notre lieu de réunion dans la banlieue de Londres Greyback adore attaquer les Moldus par surprise.
Le fait que la rafle soit prévue pour la pleine lune semblait avoir marqué les esprits
--Peu importe le lieu désigné pour les Loups-Garous, reprit Georges avec fermeté. Il n'y a pas qu'eux. D'après la lettre, presque tous nos refuges sont connus de Voldemort.
--Sauf celui-ci, heureusement ! Mais qui a pu lui fournir tous ces renseignements ? Y a-t-il un ou plusieurs traitres parmi nous ?
C'était un grave soupçon et chacun cherchait dans sa tête qui, dans ses relations, était susceptible d'être un agent double.
--Mon père ne le précise pas. Son indicateur lui a seulement dit qu'il fallait se méfier des rats.
--Des vrais rats ? Mais ce ne sont pas des animaux magiques !
--Ils peuvent être soumis à un sortilège d'obéissance. Mais comme ils agissent en bandes, il leur faut un leader. Ce sont des animaux très hiérarchisés.
--Je sais ! s'écria Harry qui n'avait encore rien dit. La forme d' Animagus de Peter Pettigrow, un fidèle de Voldemort, c'est le rat. Son Maître lui a peut-être donné le pouvoir d'ensorceler ces sales bêtes. Il en a fait ses espions et communique avec eux ! Ça doit durer déjà depuis un certain temps. Les rats se glissent partout et on n'y prête pas attention sauf pour les chasser quand ils deviennent trop hardis !
Ils se regardèrent tous avec consternation. Les rats ! Ils n'avaient pas pensé à ça ! Voldemort savait s'entourer de toutes sortes de complices !
--En tous cas, dit Sibylle Trelawney après un lourd silence, ils ne viendront pas ici. Cassandra détestait les petites bestioles malfaisantes et il y a autour de la maison un sort qui les repousse. Elle ne supportait que les oiseaux et les insectes, les papillons et les coccinelles en particulier. Et les abeilles, mais pas les guêpes !
Cette remarque un peu décalée par rapport à la gravité de la situation eut le mérite de détendre l'atmosphère. Chère Sibylle, qui vivait dans son monde à part !
--Il faut prévenir tous nos amis pour qu'ils se mettent à l'abri !
--Oui mais il ne faut surtout pas alerter les rats. Au contraire ! J'ai une idée ! Nous allons détourner leur attention, leur faire croire que nous sommes insouciants et que nous préparons des fêtes pour l'arrivée de l'été. L'équinoxe est proche, les Moldus font des feux de joie à la Saint-Jean. Nous pourrions faire semblant de reprendre cette coutume, en parler beaucoup, inviter des amis et tout le monde pourrait s'enfuir juste avant la pleine lune.
--C'est une bonne idée, dit le roi Georges après un instant de réflexion. Nous allons voir si nous pouvons la mettre en œuvre. Mais c'est reculer pour mieux sauter. Je pense qu'il faut faire plus. Voldemort croit nous surprendre. C'est nous qui allons créer la surprise. Nous attaquerons les premiers !
--Tu parles sérieusement, Georges ? dit Tonks dont les cheveux roses reprirent tout à coup leur teinte naturelle, preuve qu'elle était attentive aux directives de celui que tous considéraient comme leur chef.
--Oui. Nous ne pouvons plus attendre. La seule chose qu'il faut savoir, c'est si nous sommes prêts à agir. Nous pensions avoir plus de temps pour tout mettre au point. Dix jours, c'est court mais nous pouvons y arriver. Notre plan est prêt et heureusement, nous n'en avons pas encore parlé aux autres. Les rats auraient pu en avoir connaissance. Mes amis, l'heure est grave. La bataille est proche. Que faisons-nous ?
Ils se regardèrent. Puis certains se tournèrent vers Harry. Il hocha juste la tête. Ce n'était pas à lui de décider mais il donna ainsi son accord. Les dés étaient jetés. Il allait probablement mourir mais il y avait peut-être une petite chance pour que les autres s'en tirent. Ils levèrent tous la main quand le vote fut demandé. C'était une décision qui semblait déraisonnable mais elle fut prise parce que quelquefois, c'étaient les idées folles qui brisaient les chaînes.
Juste avant de sortir, Harry demanda :
--Qui est la personne qui a donné ces renseignements à ton père ? Est-ce un proche de Voldemort ? Que fait-il à Azkaban ?
--Oui, ajouta Tonks. Tu ne nous as pas dit qui était à l'origine de ces révélations. Es-tu sûr qu'on peut lui faire confiance ?
Georges hésita un instant. Il n'avait pas donné le nom de celui qui trahissait son Maître. Il apparaissait dans la lettre grâce à un code de lettres soulignées, une astuce employée au cas où le courrier aurait été intercepté. Il se dit que le jugement des Résistants valait celui du Conseil VIP d' Azkaban. Il déclara !
--C'est Lucius Malfoy.
Etrangement, les renseignements étaient si précis et si vraisemblables que personne n'émit de doutes sur leur véracité après cette révélation. De tous les Grands Mangemorts attachés aux idées de leur Maître, Lucius Malfoy était peut-être le plus imbu de sa supériorité mais il était le seul à avoir assez d'orgueil pour trahir sans déchoir.
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Et pendant dix jours, ce fut l'effervescence. Les visiteurs se succédèrent au manoir. Ils n'utilisaient aucun moyen magique. Les uns prenaient le train ou le bus, d'autres faisaient du stop, certains arrivaient en taxi, comme Harry. Le jeune homme apprit ainsi que des Moldus étaient engagés à leurs côtés dans la lutte contre Voldemort car celui-ci s'attaquait aussi à leur monde.
« Le Premier Ministre Moldu est prévenu. L'Auror Duncan doit rencontrer demain le chef de leur police. Ils travaillent déjà ensemble sur les attaques de banque. Le département « Magie » de Scotland Yard nous propose un détachement d'une vingtaine d'hommes pour nous aider dans certains endroits moldus déjà sous surveillance. Nous leur avons dit de se méfier des rats. Ils ont d'abord ri puis ils ont lancé une campagne de dératisation dans leurs locaux. Ils ont exterminés une bonne centaine de ces sales bêtes ! »
« Mrs Figg vient d'arriver avec ses correspondants cracmols Sarah McFerlane et Arthus Gently. Ils demandent leurs consignes pour les transmissions par le téléphone moldu et les nouveaux mots de passe. »
« Poudlard nous envoie la dernière cargaison de bougies noires. En aurons-nous assez ? Où en sont les paquets individuels de Poudre d' Obscurité ? Oh ! Et bonne nouvelle ! A cet envoi était joint un petit flacon de Felix Felicis. Le professeur Slughorn s'excuse, il n'a pas pu en fabriquer plus. L'ambervilius est sévèrement rationné et contrôlé. Pour s'en procurer, il faut faire une demande écrite au Ministère. Mais Slug a pu en acheter un peu au marché noir. »
« Georges, nous avons une commande de trente crèmes canaris pour une fête d'anniversaire. On s'en occupe quand même ou on laisse tomber ? »
« L'Auror Fitzgerald a pu faire passer discrètement un petit mot à Luna. Le plan d'attaque du Ministère est au point. Ils seront trente. Ils demandent une grosse provision de Poudre à cause des Détraqueurs. C'est prévu, je crois ?
« Hannah Abbott a eu la bonne idée d'emmener Anthony Goldstein sur un terrain de foot pour lui passer les consignes. Ils faisaient semblant de flirter. Un rat les suivait mais les parents des enfants qui s'entraînaient sur la pelouse lui ont fait la chasse. Il n'a pas pu les approcher. Tout est prêt à Sainte Mangouste pour soigner les blessés. Au moins là; il n'y a pas de rats !
« Ça y est ! Colin a réussi à contacter le clan des typographes à la Gazette du Sorcier ! Dès qu'ils seront prévenus de l'attaque, ils bloqueront les machines. Ce sale torchon ne pourra pas paraître. Les journalistes vendus au Ministère ne pourront pas publier leurs mensonges ! Colin leur avait demandé de préparer une Une sur notre victoire ! Les typos ont refusé, par superstition. Mais ils seront prêts à tout relancer au moindre signe. »
«Rose a pu rencontrer Hermione à Gringotts ! Enfin ! Je commençais à désespérer ! Vous savez que deux policiers de la Brigade sont de faction devant la porte mais ils ne peuvent pas entrer. Alors, ils interrogent, fouillent et arrêtent tous ceux qui viennent à la banque ou qui en sortent. Mais Rose est maligne ! Elle les a roulés dans la farine !
--Excellente nouvelle ! ... Oh mais dis donc ! Tu rougis, Justin ! Y aurait-il anguille sous roche entre toi et la petite Zeller ? Faut dire qu'elle est mignonne ! Comment elle a fait pour tromper les valets du Ministère ?
-- Vous êtes cons les mecs ! Enfin ... Rose est apprentie serveuse au Chaudron Baveur. Elle est arrivée à la banque avec un gros sac de toile plein de noises et de mornilles. Elle a prétendu que c'étaient ses pourboires et qu'elle allait ouvrir un compte. Les policiers lui ont volé chacun dix mornilles mais ils l'ont laissé passer. Après c'était facile. Elle a donné le mot de passe et un gobelin l'a conduite auprès de Granger.
--J'espère qu'elle va bien ! Ron ne nous pardonnerait pas s'il lui arrivait quelque chose !
--Oh, il paraît qu'elle est un peu pâle à force de vivre sous terre mais elle fait dire qu'elle participera à l'attaque sur le Chemin de Traverse. Elle se joindra à ceux qui s'occuperont de la Poste et des hiboux. Par contre, les gobelins ne nous aideront pas. Ils défendrons seulement Gringotts, à l'aide de leur dragon s'il le faut.
--C'est déjà ça ! Voldemort sera bientôt à cours d'argent. Or l'argent est le nerf de la guerre.
--Oui mais il lui reste les banques moldues. Heureusement la police anglaise est prévenue. Elle mettra peut-être le grappin sur les Mangemorts qui les pillent.
--Que Merlin t'entende !
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Harry assistait éberlué à toute cette agitation. Le manoir ressemblait à une ruche ! Cassandra devait être ravie de ses nouvelles abeilles. Et puis, il y eut la réunion concernant l'attaque du QG de Voldemort. Georges déroula sur son bureau un parchemin avec un plan du manoir Malfoy. C'était l'œuvre de Dobby, ancien elfe de maison de Lucius. Le dessin était un peu malhabile mais précis.
« Nous devons adapter notre plan d'attaque au nouveau lieu de résidence de Voldemort. On dirait qu'il se méfie. C'est sans doute pour ça qu'il ne reste jamais longtemps au même endroit. Mais d'après notre informateur, il a fait venir auprès de lui ses plus fidèles Mangemorts. Ils sont onze sur place plus les quatre de Poudlard qui ne combattent théoriquement pas. Il y a aussi des gardes qui patrouillent jour et nuit autour de la maison.
--A part Voldemort, ceux-là ne nous poseront pas trop de problèmes. Nous serons plus nombreux qu'eux et nous profiterons de l'effet de surprise. Combien d'autres doivent arriver au matin ? ?
--Au minimum une centaine, des Mangemorts de moindre importance et des policiers de la Brigade. Ils viendront le jour même de la rafle pour prendre leurs ordres. Apparemment Voldemort ne veut pas divulguer son plan secret. Il craint les fuites.
--Ses craintes sont confirmées. Il faut espérer que ce n'est pas une ruse de sa part. Il croit tenir Lucius Malfoy par ses menaces sur sa famille et il ignore qu'Azkaban fait de la résistance.
--Ou il fait semblant de l'ignorer !
Voyant que la discussion s'égarait, Georges intervint de cet étrange ton de commandement qui lui était venu naturellement quand il avait décidé de relever l'Ordre du Phénix de ses cendres.
--Mes amis, soyons positifs ! Avançons ! Nous avons deux problèmes à gérer en priorité : parvenir au manoir Malfoy sans nous faire repérer et empêcher ensuite toute fuite, que ce soient des personnes alliées de Voldemort ou des hiboux porteurs de messages. Pour cela, nous avons déjà Dobby qui sait où est la volière et comment la fermer hermétiquement. Quelles sont les solutions pour les autres points ?
--Rebecca Montgomery, la sœur des jumelles et du gamin qui a été mordu par Greyback, travaille au service des Cheminettes. Elle propose de bloquer la sortie par les cheminées actives du manoir, celle du salon et celle de la chambre de Lucius Malfoy qui est devenue celle de Voldemort. Quoique lui, ça ne le gênera pas beaucoup puisqu'il peut voler. Ses troupes pourront entrer mais elles seront clouées sur place sans pouvoir repartir.
--Elles arriveront par le salon, dit Brian Connaly, un ancien Griffondor d'une trentaine d'années Ça m'étonnerait que les Mangemorts de peu d'importance osent déranger leur Maître. Mon groupe peut guetter leur arrivée et les surprendre quand ils sortiront des flammes. Mais attention ! La Poudre d' Obscurité ne fait pas bon ménage avec la Poudre de Cheminette. Il y a risque d'explosion.
--Il nous faut tout de même prévoir une issue de secours. Au cas où ...
--Rebecca propose d'ouvrir une sortie par la chambre de Draco Malfoy. Elle est au premier étage comme celle de son père. Nous serons les seuls à le savoir. Les Mangemorts ne passeront pas par là, Au contraire, ils descendront plutôt au rez-de-chaussée.
--Très bien ! Sur le plan, cette chambre est au bout du couloir, en face d'un passage secret révélé par Dobby. Tous ceux qui attaqueront le manoir devront connaître son emplacement. Rebecca agira-t-elle seule ou lui faut-il de l'aide ? Est-ce dangereux pour elle ?
--Elle dit que non, la nuit, son étage est désert mais ceux qui attaqueront le Ministère doivent savoir où est son bureau et lui prêter main forte en cas de besoin. De toute façon, elle est décidée à agir. La perte de son frère a été cruelle pour toute sa famille.
--Elle n'est pas la seule à être dans la peine. Qu'en est-il du transplanage, reprit Georges. Qui s'en occupe ?
--Le nôtre ou celui des Mangemorts ?
--Finissons-en d'abord avec le manoir. Nous savons qu'un sortilège empêche de transplaner depuis la maison et le parc. On ne peut le faire qu'à l'extérieur de la propriété. Il faut un groupe à la grille d'entrée mais aussi plusieurs personnes disséminées le long du mur qui n'est pas très haut. Quelques fuyards pourraient tenter leur chance de cette façon à la fin de la bataille.
--C'est mon job, dit Léonor Kirsinsky, une Serdaigle au visage anguleux et aux lunettes carrées. Nous sommes quinze. Cinq devant le portail, dix autour. Ça devrait suffire. Mais nous n'agirons pas si c'est Voldemort qui sort. C'est la consigne.
--Parfait. Mais le cas a peu de chance de se présenter. Lui peut transplaner ou voler ou disparaître si ça lui chante. Il ne prendra pas la peine de passer par une porte. Mais j'espère qu'il sera vaincu avant. Occupez-vous de toutes les autres personnes qui tentent de fuir. Il ne faut pas que l'attaque soit connue avant la victoire.
--Ou la défaite !
--Ouh ! Le rabat-joie ! Le V que tu dessineras sur ton bras le jour de la bataille, qu'est-ce qu'il veut dire à ton avis ?
--Ne me dis pas que tu as fait ton testament ! Qu'est-ce que tu me lègues ?
--Oh oui ! Moi je veux ton exemplaire hors série des Contes de Beedle le Barde !
--Et moi ta photo de l'équipe des Canons de Chudley dédicacée par tous les joueurs !
--Et moi ...
--Stop ! Un peu de sérieux s'il vous plaît ! Le point suivant est : comment arriver sur place sans se faire remarquer, ni par les gardes du manoir, ni surtout par les guetteurs du Ministère qui détectent tous les mouvements magiques suspects. Nous devons arriver le plus près possible de la maison et nous sommes nombreux. Wilkinson, c'était quoi ton idée ?
--Nous voyagerons à la moldue, dans des autobus.
--Ça ne paraîtra pas bizarre, plusieurs de ces machins les uns derrière les autres, sur une route de campagne, en plein Wiltshire ?
--Non parce que j'ai découvert quelque chose de très intéressant. Le manoir Malfoy est situé tout près d'un haut lieu magique : le cercle de pierres de Stonehenge. Les Moldus y vont en excursion, en bus justement. Nous ferons comme eux. Une fois arrivés à destination, nous resterons groupés dans le cercle et de là, nous transplanerons de nuit devant le manoir. Le lieu est tellement rempli de magie qu'on ne nous remarquera même pas.
--Ah très bonne idée !
--Nous arriverons ici, sur la gauche de la maison, du côté extérieur du mur. D'abord deux d'entre nous pour voir si la voie et libre et stupéfixer les gardes s'il y en a. Puis tous les attaquants par petits groupes. Ne sachant pas d'où nous venons, les guetteurs du Ministère croiront que ce sont les troupes de Voldemort qui le rejoignent avec un peu d'avance.
--Excellent ! Quelqu'un a-t-il quelque chose à ajouter sur les propositions qui viennent d'être faites ? Nous en reparlerons bien sûr avant le jour J ... Personne ? ... Alors, passons à l'attaque en elle-même. Tonks ? ...
Georges savait proposer sans imposer. Et son principal talent était de bien connaître ses adjoints et de déléguer les responsabilités aux bonnes personnes. Son titre n'était pas usurpé. Il était le roi Georges et le serait jusqu'à la fin de cette foutue guerre.
Pour que naissent en lui ces nouvelles aptitudes auxquelles sa jeunesse insouciante ne l'avait guère préparé, il avait fallu la brutale rupture du lien fusionnel qui l'unissait à son jumeau. Il avait découvert le déchirement, la solitude, il avait failli succomber au désespoir et puis la rage lui était venue, avec la force et l'envie d'agir.
Il avait découvert son individualité, sa personnalité, et il en avait fait une arme. Une arme pour vaincre, pour revivre, pour un jour retrouver Fred, son double et sa moitié, pour être libre de nouveau, libre de rire et de faire rire, d'être insouciant et créatif à la fois, d'être même parfois irresponsable, d'avoir ce grain de folie qui caractérise les génies quels qu'ils soient et d'où qu'ils viennent, pour redevenir Georges tout simplement.
Harry assistait à tout ce déploiement de stratégie en spectateur muet. Qu'aurait-il pu dire ou faire qui n'ait déjà été envisagé et décidé par d'autres, bien plus qualifiés que lui ? Il n'était qu'une pièce rapportée mais il espérait tout de même faire partie du grand Projet qui se dessinait petit à petit sous ses yeux. Il fut malgré tout surpris quand son nom fut prononcé pour la première fois.
«Harry ? Harry, tu rêves ? On en est à la deuxième vague d'assaut, celle dont tu fais partie.
--Heu oui, oui, je vous écoute Georges. J'étais juste admiratif devant votre plan. Dites-moi ce que je dois faire.
--Nous attaquerons à l'aube, au moment où la surveillance se relâche toujours un peu. Nous neutraliserons d'abord les gardes de l'extérieur. Les grands Mangemorts devraient dormir . Ceux du rez-de-chaussée seront vite hors d'état de nuire si tout se passe comme prévu. Il faudra ensuite nettoyer l'étage et peut-être les mansardes. Ton rôle sera de distraire Voldemort.
--Hein ? Et comment ?
--Tu l'appelleras. Tu seras dans le jardin, juste en face de sa chambre, caché sous ta cape d'invisibilité. Là, sur le plan. Tu utiliseras un Sonorus et tu crieras son nom. Tous les Mangemorts de l'étage seront réveillés en même temps que lui et ils se précipiteront tous à la fenêtre. Lui te cherchera de ses yeux rouges.
--Il me verra peut-être. Il est si puissant qu'une simple cape d'invisibilité ne sera peut-être pas suffisante.
--Si c'est le cas, il sera trop surpris pour te tuer sans te parler d'abord mais cela n'arrivera pas. ... Aie confiance Harry, d'après ce que tu m'as dit, ta cape ne t'a jamais trahi.
--Bien sûr, Georges, et puis ce n'est pas la première fois que je me trouve en face du Seigneur des Ténèbres. Ça devient une douce habitude.
Harry avait l'impression qu'un filet d'eau glacée coulait dans son cou et le long de son dos. Le silence dans la salle de réunion était d'une qualité particulière, profond et pourtant parcouru de frémissements. Ce que Georges demandait à Harry était d'une telle gravité, cela représentait un tel danger ... Tous en avaient intimement conscience.
--Les Mangemorts se précipiteront dehors pour te chercher. Sans doute Bellatrix Lestrange, Peter Pettigrow et quatre ou cinq autres selon le nombre de chambres. Nous les attendrons de pied ferme. Je ne suis pas sûr que Narcissa et Draco Malfoy soient dans le lot. Ils sont en disgrâce comme Lucius.
--Vous allez les tuer ? Tous ? Ce ne sera pas une attaque mais une boucherie !
--Il n'est pas question de tuerie, Harry. Nous voulons les désarmer, les bâillonner, puis les immobiliser. Ensuite, nous les enfermerons dans les cachots du manoir jusqu'à ce que le groupe des Aurors ait terminé le nettoyage du Ministère. Les alliés de Voldemort doivent être jugés et condamnés pour les crimes qu'ils ont commis. Ils iront à Azkaban, Harry et crois-moi, ce ne sera pas dans le quartier VIP !
--Bien. Et qu'est-ce que je fais ensuite ? Je crie à Voldemort de venir faire joujou avec moi dans le jardin ? Un petit duel peut-être ? Ou des pâtés de sable ?
--Non, Harry. Attire-le dans le parc si tu peux mais c'est aux combattants chevronnés de capturer Voldemort. Nous serons vingt à l'attendre, avec tous un Avada au bout du bras. Lui mourra, tu peux m'en croire ! Il a fait trop de mal et il peut en faire encore beaucoup. Nous nous sommes entraînés pendant des mois. Nous avons étudié tous ses sortilèges. Il ne nous échappera pas.
Les choses ont beau être prévues dans leurs moindres détails, il est rare qu'un grain de sable ne vienne pas détraquer n'importe quel plan bien conçu. Ce jour-là, ce fut le courage, plus, la témérité folle d'un petit jeune homme qui changea le cours des choses. On est Griffondor ou on ne l'est pas !
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A la fin de la bataille.
Ils avaient vaincu. Mais il y avait un prix à payer. Des morts, des blessés dans les deux camps. Beaucoup. Des prisonniers. Nombreux.
Le Ministère était tombé. Sept tués parmi les Aurors. Mais tous les Détraqueurs présents dans les sous-sols avaient été désintégrés.
De nombreux blessés sur le Chemin de Traverse et Colin Crivey, tombé le sourire aux lèvres devant la Gazette du Sorcier.
Hermione Granger, attaquée par trois policiers de la Brigade, blessée par un Sectum Sempra, le deuxième ! sauvée par des gobelins en colère.
Remus Lupin, tuant Greyback à la ferme Moonie après qu'il eût mordu l'un des enfants moldus qui en était mort. Remus, attaqué sauvagement par trois autres Loups Garous, réussissant in extremis à les enfermer dans un filet indestructible avant de s'effondrer, grièvement blessé.
Les simples sorciers, pourtant craintifs au départ, soudain débarrassés de leur peur, aidant les attaquants partout où ils étaient en difficulté. Quelques actes de vandalisme, quelques vengeances hâtives, quelques sortilèges de trop ... La tyrannie avait duré si longtemps !
Des actions d'éclat, des ralliements de dernière minute, des douleurs, du sang et des larmes. La journée finissait dans un ciel rouge mais avec des cris de joie ...
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Au manoir Malfoy, au moment où le soleil se levait dans toute sa gloire, la bataille s'était terminée dans le silence. Le Maître des Ténèbres, le sinistre Lord Noir, était étendu dans un massif de fleurs qui faisaient autour de lui un somptueux tapis. Mort. Définitivement.
En face de lui, Harry Potter était couché sur l'herbe verte, les yeux clos, le front ouvert, une tache de sang s'élargissant lentement sur sa poitrine. Il vivait encore. Un peu. Il fallait l'emmener de toute urgence à Sainte Mangouste.
Bellatrix Lestrange avait été blessée puis achevée avec hargne par Neville Londubat. Théodore Nott avait eu raison de Peter Pettigrow. Sylvius Faucett était mort en héros, en protégeant Georges d'un des derniers Mangemorts. Zacharias Smith s'en tirait sans une égratignure. Ils étaient du bon côté finalement.
De la fumée noire sortait en grosses volutes par les fenêtres du salon. En voulant s'échapper avec de la poudre de Cheminette, un Mangemort avait provoqué une explosion qui l'avait tué net et qui avait endommagé une grande partie du rez-de-chaussée. Le manoir Malfoy lui aussi avait souffert.
Les rescapés, le visage noirci, les vêtements déchirés, les yeux hantés par des images douloureuses, se rassemblaient dans le jardin. Les deux paons blancs de Lucius Malfoy regardaient la scène avec indifférence. L'un d'eux déploya tout à coup les plumes de sa queue en un superbe éventail. La vie reprenait son cours.
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Wilkinson, le Pouffsouffle qui avait eu la bonne idée des autobus, sortit de la maison et s'approcha de Georges. Il lui murmura quelque chose à l'oreille.
« Quoi ? Nagini ? Oui, nous avons été surpris de ne pas le trouver dans la chambre de son Maître ... Dans un cachot ? Avec Narcissa Malfoy ? Elle l'a tué ?
--D'un coup de poignard porté sous la gueule, là où les écailles sont moins épaisses. La pointe de l'arme a traversé la tête et elle est ressorti entre ses deux yeux. Mais ce n'est pas le plus étrange. Le serpent était enroulé autour de la femme et l'étouffait presque. Et ...
--Vous n'arrivez pas à la libérer ?
--Si, nous l'avons fait. Nous avons dû nous y mettre à trois, cette bête est drôlement lourde. Mais le pire, ce sont les blessures sur les bras de Madame Malfoy. Apparemment Nagini avait l'habitude de la mordre et de se régaler de son sang.
--Envoyez-là à Sainte Mangouste avec nos blessés. Nous devons bien ça à son mari.
--Attends Georges, ce n'est pas fini. Elle parle mais à part le nom de son fils, on ne comprend pas ce qu'elle dit.
--Comment ça, on ne comprend pas ? De toute façon, son fils n'est pas au manoir. Nous avons fouillé partout. Il doit être planqué ailleurs.
-- Je ne crois pas, vu son air paniqué. Voldemort a dû l'enfermer quelque part. Mais où ? C'est le mystère. Parce que tu sais quoi Georges ? A force d'être mordue par Nagini, elle ne parle plus qu'en fourchelangue !
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A suivre, prochain chapitre avec le duel Harry / Voldemort et des nouvelles des Malfoy.
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