Désaliéné.

 Auteur : haniPyanfar.

Merci à JKR pour les personnages principaux et à Artoung pour le cadre de l'histoire.

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Septième partie.

Flash Back.

Excellente, l'idée des bus de Wilkinson ! Personne au Ministère n'avait remarqué le déplacement collectif de nombreux sorciers. Les rats eux-mêmes n'avaient rien soupçonné. Les enfants et les amis des combattants continuaient les préparatifs de fête comme si de rien n'était, même s'ils avaient le ventre tordu d'angoisse.

La file de véhicules s'était fondue dans la noria des cars de touristes venus célébrer par avance la prochaine équinoxe : des Japonais, des étudiants en voyage scolaire, une chorale celtique en costume folklorique ... Sur place, ils avaient admiré comme tout le monde les énormes pierres en se demandant si quelques sortilèges n'avaient pas aidé à leur transport et à leur installation.

Mais ils n'étaient pas là pour le monument, tout grandiose qu'il soit. La nuit avait été longue et au petit matin, tout s'était passé selon le plan prévu. A l'extérieur du manoir, les gardes, peu nombreux, avaient été neutralisés, le rez-de-chaussée silencieusement investi. C'était à Harry de jouer. Il avait emprunté une robe de sorcier et une écharpe de Griffondor et il avait emporté deux talismans dans sa poche de poitrine : le gallion de l' A.D. et le morceau du miroir de Sirius.

Georges lui avait donné le petit flacon de Felix Felicis. En fait, il l'avait obligé à le prendre. Harry n'en voulait pas mais il avait cédé quand Tonks lui avait dit :

« Il le faut Harry. Tu dois distraire Voldemort pendant un bon moment pour que nous puissions envahir une partie du manoir sans nous faire surprendre. Bois tout le flacon juste avant de crier son nom. Ta chance sera de trouver de bons arguments pour prolonger la discussion. Ne te montre pas. Parle ! Déplace-toi comme je t'ai montré et si tu rencontres des difficultés, ne fais rien qui puisse te mettre en danger. Nous sommes là pour ça. Compris ? »

Il avait suivi les ordres, c'était le moins qu'il puisse faire pour les aider. Il s'était avancé sur la pelouse en priant pour que la cape de son père le protège. Il avait peur. Tout le monde avait peur. Mais c'était son job, son fardeau. Le premier appel avait été plutôt faiblard, le deuxième était déjà plus assuré.

« Tom Jedusor ! TOM JEDUSOR ! »

Instantanément, le premier étage du manoir s'était illuminé. Quelques secondes plus tard, les fenêtres s'étaient garnies de têtes et « Sa Seigneurie Lord Voldemort » était apparu sur le balcon de la chambre centrale dans toute sa gloire. Derrière lui, baguette en main, se tenaient ses deux plus fidèles Mangemorts, Bellatrix Lestrange et Peter Pettigrow. Le bras d'argent du Rat luisait sous la pleine lune.

« Harry Potter ! avait dit la voix sifflante avec une nuance de triomphe. Je ne t'attendais pas si tôt ! Mais je te souhaite la bienvenue. Tu me manquais. La fête n'aurait pas été complète sans toi ! Apprête-toi à souffrir puis à mourir !

Et c'était là que le plan du Phénix avait montré ses faiblesses. Pour une raison inconnue, Voldemort attendait sa visite. Le cœur de Harry cognait comme un tambour. Mais son cerveau, affuté par la potion de chance, tournait à plein régime.

--Mourir ? Je n'en ai pas l'intention ! C'est toi qui vas mourir, et de ma main !

--Te voilà bien présomptueux jeune coq ! ... Je ne le vois pas, descendez et saisissez-vous de lui, il doit se cacher quelque part, ajouta-t-il pour ses complices.

Pendant ce temps, Harry s'était déplacé, courbé en deux et baguette pointée en avant, comme Tonks l'avait enseigné à tous les attaquants. Il vit avec stupeur les deux Mangemorts sauter par-dessus la balustrade du balcon et atterrir gracieusement sur la pelouse. Ainsi, il n'y avait pas que Voldemort qui pouvait voler. C'était une surprise.

Il était assez loin d'eux pour relancer la conversation. D'ailleurs ils étaient occupés à fouiller les bosquets. Il lança d'une voix forte :

--Tu m'attendais ? En quel honneur ? Toi aussi tu donnes une fête ?

Et il se déplaça de nouveau, frôlant de la main les branches tombantes d'un saule pleureur et attirant ses poursuivants de ce côté alors qu'il s'élançait en sens inverse.

--Absolument ! Mais dans quelques jours seulement, quand tous tes amis les soi-disant Résistants seront raflés et envoyés dans une nouvelle prison que j'ai fait construire spécialement pour eux, encore plus au Nord qu'Azkaban. Il y fait nuit six mois par an et des Détraqueurs féroces et affamés les y attendent.

Harry s'arrêta pile devant un massif de rosiers en boutons. Bellatrix et Pettigrow fonçaient vers le saule. Mais le jeune homme n'en avait cure. Ce qu'il entendait était tellement imprévu, tellement énorme qu'il était cloué sur place. Il espérait que Georges et les autres entendaient aussi cette conversation. Ils avaient échappé au pire. Mais la partie venait à peine de commencer. Il fallait tenir.

--Trop tard Tom ! Ils sont à l'abri ! Il y a des traitres parmi tes propres amis Mangemorts. Nous savions pour la rafle.

--Et moi je sais pour les traitres ... Yaxley ! Dolohov ! Allez chercher mes vaillants Chevaliers !

Pendant que Bellatrix et Pettigrow battaient les buissons à droite, Harry s'était silencieusement déporté sur la gauche. Il y eut du remue-ménage dans la chambre de Voldemort et de là où il était, Harry vit avec consternation les quatre Poudlardiens espions apparaître derrière le Lord Noir. Ils étaient enchaînés et un sortilège les empêchait de crier mais ils essayaient tout de même de se débattre.

--Alors, qu'en dis-tu, jeune blanc-bec ? Je sais tout sur ceux qui s'opposent à moi, ceux-là et les alliés de ton roi Georges. Ils ne m'échapperont pas ... Emmenez-les dans le cachot du manoir, je m'occuperai d'eux plus tard, siffla-t-il aux deux Mangemorts qui entraînèrent rudement leurs prisonniers ... Et maintenant à nous deux ! Où te caches-tu ?

Il fit un grand geste du bras et un vent puissant balaya le parc. Les robes de ses deux lieutenants claquèrent mais la cape se drapa autour de Harry, continuant à le dissimuler aux yeux de ses poursuivants. Cependant, le souffle révéla des formes étendues plus loin, au fond du parc, les gardes stupéfixés et désarmés par la première vague d'assaut. Voldemort plissa le front au-dessus de ses yeux rouges.

--Montre-toi, vaillant Griffondor ! Je vois que tu t'es battu pour arriver jusqu'ici. Quatre gardes mis hors de combat ! C'est du beau travail, tu remontes dans mon estime. Ce sera amusant de te faire mourir. Mais avant, je dois récupérer quelque chose, quelque chose qui m'appartient et que tu possèdes sans le savoir.

Harry était déconcerté. Rien ne se passait comme prévu sinon que Voldemort discourait selon son habitude. Les gens puissants éprouvent toujours le besoin de pérorer et de plastronner pour montrer leur force et leur ruse. Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire ? En même temps, plus cela durait, mieux c'était pour ses amis. Le Maître des Ténèbres ne semblait pas soupçonner que le manoir tout entier était attaqué. Pensait-il que Harry avait agi seul ?

--Je n'ai rien qui t'appartienne, Tom Jedusor, répondit-il, attirant de son côté les regards scrutateurs des Mangemorts.

Et selon les instructions reçues, il se rapprocha du mur de la maison, juste sous le balcon. Bientôt, la porte-fenêtre s'ouvrirait et il pourrait rejoindre les autres à l'intérieur. Il n'avait aucune envie d'affronter Voldemort seul. Il essayait de calculer le temps restant, la Felix Felicis serait encore active pendant un bon moment. Autant en profiter.

--Oh si ! reprit la voix sifflante Et ce vieux fou de Dumbledore t'en a sans doute parlé mais tu n'as pas fait attention. Aucune jugeote ces Griffondors ! On fonce sans réfléchir, comme toi cette nuit ! Qu'es-tu venu chercher ici ? ... Mais je m'impatiente ! Montre-toi ou je croirai que tu es un couard, comme ton père qui s'est sauvé dès qu'il m'a vu en vous abandonnant, toi et ta mère. J'ai dû l'abattre dans le dos comme un lâche qu'il était !

--MON PERE N'ETAIT PAS UN LÂCHE !

Harry avait crié puis il se rendit aussitôt compte que Voldemort le provoquait exprès pour qu'il se montre. Il se déplaça rapidement. Gagner du temps ... Bellatrix était toute proche, folle de rage. Et soudain, le rez-de chaussée s'illumina à son tour. Par les fenêtres, Harry put voir plusieurs Mangemorts aux prises avec les assaillants. Il y avait des cris et des traits de lumière rouges ou verts.

Bellatrix et Pettigrow tournèrent ensemble la tête vers les combats. Au même moment, Dolohov entra dans la chambre de Voldemort et cria :

--Nous sommes attaqués ! Ils sont nombreux !

Voldemort eut l'air surpris mais il se reprit très vite et releva la manche de sa robe. Il posa la pointe de sa baguette magique sur sa Marque Noire, appelant ainsi des renforts. Il ne semblait pas inquiet le moins du monde. Au contraire, il souriait.

--Alors, tu n'es pas venu seul, petit cachotier ! Tu as réussi à entraîner quelques écervelés dans ta folle expédition ! Combien êtes-vous ? Dix ? Quinze à tout casser ? C'est très bien ! Mes troupes vont capturer tes imprudents amis. Cela leur évitera du travail pour plus tard. Maintenant, montre-toi ! ... Vous, dit-il en s'adressant aux deux Mangemorts, arrosez le parc, faites-le sortir de son trou !

Les sortilèges se mirent à fuser dans tous les sens. Bien sûr, il était hors de question que Harry réponde. Il s'accroupit, le dos contre le mur. Les deux autres ne pensaient pas qu'il se réfugierait sous le balcon, si près de leur Maître. Ils s'éloignaient en direction de la clôture. Soudain, il y eut d'autres sortilèges au coin de la maison. Neville et Théodore, délivrés de leurs chaînes et tenant en main des baguettes dérobées aux Mangemorts vaincus, arrivaient à la rescousse de Harry. Bellatrix et Pettigrow se tournèrent immédiatement vers eux. Le combat commença, avec autant de hargne d'un côté que de l'autre.

Et puis, comme prévu, à côté du jeune sorcier toujours blotti sous sa cape, la porte-fenêtre donnant sur le petit salon s'ouvrit et quelqu'un murmura :

« Viens Harry ! C'est bon ! Tu peux monter à l'étage par le passage secret, la voie est libre ! »

Enfin quelque chose qui fonctionnait dans le plan de combat ! Harry, soulagé, allait suivre ce sage conseil quand la voix de Voldemort résonna de nouveau, froide et puissante :

« Tu te caches toujours, chien galeux ? Ta mère, la Moldue, aurait honte de toi ! Elle n'a pas hésité à m'affronter, elle ! C'est dommage que j'aie été obligé de la tuer ! Elle avait du courage ! La protection de l'amour maternel ! Tu ne méritais pas son sacrifice ! Pour la dernière fois, montre-toi ou demain, le peuple sorcier tout entier saura qu'il a eu tort de mettre son espoir en toi. J'arrive, misérable cloporte et sache qu'à cause de ta couardise, tous les Griffondors raflés seront mis à mort. Inutile d'encombrer Azkaban 2 avec de la vermine !

Et le Maître des Ténèbres prit son envol, atterrissant en douceur sur la pelouse, baguette brandie. Il regarda autour de lui et ne vit pas son adversaire. Il marcha à grands pas dans le parc, lançant des flammes rouges vers toutes les possibles cachettes. Soudain, derrière lui, une voix retentit.

--Je suis là, Tom Jedusor.

Ils se retrouvèrent face à face, Lord Voldemort dans sa superbe robe noire à parements verts, brodée d'une guirlande d'étoiles d'argent et Harry portant les couleurs rouge et or de Griffondor. Sa cape était à terre et avait sous les rayons de lune des reflets iridescents.

D'instinct, ils n'avaient pas pointé leurs baguettes l'un vers l'autre. Leurs bras faisaient avec leur corps un angle de 45 degrés. Ils ne voulaient pas combattre tout de suite, mais parler, chacun pour une raison personnelle. Ils se regardèrent sans bouger. Puis Voldemort eut un mince sourire.

--Tu es si prévisible, Potter ! Vois-tu, c'est ce courage, cette folle intrépidité qui me plaît chez toi. Il y a autour de moi tant de flatterie et de bassesse ! Je vais être magnanime. Si tu me fais allégeance en me rendant ce qui m'appartient, je ne te tuerai pas. Je te renverrai dans cet hôpital pour Moldus où tu te morfondais depuis trois ans. Le peuple sorcier croira que tu es réellement fou et ne te fera plus confiance. Mais tu auras la vie sauve. Qu'en dis-tu ?

--Vous reconnaître comme Maître ? Jamais ! Mais quelle est donc cette chose que je détiens ? J'accepte de vous la rendre, je ne veux rien avoir à faire avec vous. Avec une contrepartie bien sûr !

--J'étais sûr que nous pourrions nous entendre ! Trois ans d'enfermement, ça fait réfléchir n'est-ce pas ? Mais un instant Potter. Je tiens à ce que notre ... petit arrangement demeure secret. Ne bouge pas, je vais tracer autour de nous un cercle de silence et de protection. Nous pourrons discuter en toute tranquillité. »

Bellatrix, Pettigrow, Neville et Théodore continuaient à se battre à l'angle de la maison. Soudain, ils disparurent, les deux premiers poursuivant les deux autres qui reculaient pour les attirer sur le côté de la maison. A l'intérieur, les combats continuaient, on entendait les cris confus des sortilèges. Harry espérait que les renforts appelés par Voldemort n'étaient pas plus nombreux que les assaillants mais il ne pouvait rien faire. Juste le travail qui lui était assigné, tenir Voldemort éloigné de la bataille.

Le Maître des Ténèbres traçait autour d'eux un grand cercle, qui englobait la pelouse, les massifs de fleurs et une partie du soubassement de la maison abritant les caves, sans aucun endroit pouvant servir de cachette. Dès que le cercle fut clos, ce fut le silence. Ils étaient seuls dans un espace à eux réservé. Cette fois, Harry parla le premier. Il fallait faire durer ...

« Je ne veux pas retourner dans l'hôpital moldu. Je préfère m'exiler loin de l'Angleterre. Vous n'entendrez plus parler de moi. Vous pourrez même me faire surveiller si vous voulez ! Je suis fatigué de me battre. La prophétie m'est tombée dessus mais moi, je n'ai rien demandé. Si vous me dites ce que c'est, je vous rendrai votre bien. L'échange est équitable, qu'en dites-vous ?

L'abandon du tutoiement ne passa pas inaperçu aux oreilles attentives de Voldemort. Ainsi le petit morveux se montrait accommodant. Mais c'était peut-être une ruse. Il fallait avancer prudemment.

--Peut-être. Mais ce que je cherche n'est pas matériel. Vois-tu, depuis le soir d'Halloween où je suis allé rendre visite à tes parents, tu possèdes en toi une parcelle de mon esprit. Une toute petite parcelle, mais ça m'ennuie qu'elle soit en ta possession. Tu vas devoir me laisser la reprendre sans résistance.

Harry était stupéfait. Il savait de quoi Voldemort voulait parler ! Il y avait sa cicatrice et c'était là qu'il avait mal quand le Lord Noir se mettait en colère. C'était cela qui permettait à leurs esprits de communiquer ! Bien sûr que Dumbledore lui en avait parlé ! Il l'avait mis en garde contre cette connexion entre leurs deux cerveaux !

Mais c'était donc plus qu'un simple lien. Harry faillit avoir un haut-le-cœur ! Il avait un morceau de Voldemort en lui ! Même si c'était immatériel, c'était quand même une horreur ! ... Combien de temps lui restait-il ? ... Il reprit :

--Vous voulez parler de ce qui est caché sous ma cicatrice ? De ce qui s'est incrusté là quand votre Avada a ricoché sur le bouclier protecteur de ma mère ?

--Tu as bien compris Potter, je t'avais sous-estimé. Oui, c'est de cela qu'il s'agit. Je n'étais pas préparé à cet évènement quand j'ai voulu t'éliminer. Et la perte de ce tout petit fragment de mon esprit a bien failli me tuer, moi. Voilà pourquoi il faut que je le récupère.

--Comment allez-vous faire ?

--C'est très simple. Je poserai ma baguette sur ta cicatrice et je prononcerai un « Accio ».Je ne peux le faire qu'en entrant en contact avec ton front sinon je risque d'attirer aussi une partie de ta cervelle. Ce serait dégoûtant non ?

--Me croyez-vous assez stupide pour vous faire confiance ? Je connais très bien le sortilège que vous utiliserez !

--Tu ne m'as pas bien compris, Potter. Si je prononçais un Avada, je me tuerais en même temps que toi.

--Je ne vous crois pas, vous avez dû prendre des précautions. Dumbledore disait que vous aviez divisé votre esprit en plusieurs morceaux et que vous les aviez disséminés partout pour les mettre à l'abri. Il avait appelé ça des Horcrux.

--Le vieux fou t'en avait parlé ? D'accord, il avait raison. Très intéressant, ce sortilège de magie noire ! Il permet de se rendre immortel. Mais c'est de l'histoire ancienne. Ces précautions sont maintenant inutiles. Tout le pouvoir est entre mes mains. J'ai récupéré tous mes fragments d'esprit. Il ne me manque que celui que tu détiens. Je ne peux le reprendre de force. Sinon, il risque d'être détérioré ou même détruit.

 --Ce ne serait pas une grande perte !

--Si j'étais toi, je ne ferais pas la fine bouche. C'est lui qui te tient en vie. Tu aurais dû mourir dans cet accident causé par un Moldu ! Tu as résisté grâce à lui. Et finalement, j'avais décidé de te laisser dans cet hôpital, avec ce petit Horcrux bien à l'abri dans ta tête..J'avais régulièrement de tes nouvelles. Ton évasion a changé la donne. Je veux reprendre mon bien et tu vas me laisser faire.

--Pas si vite ! Vous dites que vous avez récupéré vos autres Horcrux. Prouvez-le moi !

--Quel enfant tu fais, Potter ! Enfin, je veux bien accéder à ta demande. Tu m'amuses, décidément. Mes troupes ont dû faire tes amis prisonniers. Nous avons tout notre temps. Alors, il y avait mon carnet secret que tu as détruit toi-même et une bague de Salazar Serpentard, volée par Dumbledore.

--Retrouvée et détruite.

--C'est tout de même du vol. Un médaillon, volé, lui, par un de mes Mangemorts qui l'a payé de sa vie. Le monde est plein de mécréants !

--Détruit lui aussi.

--En effet ! Du coup, j'ai repris les autres. Une coupe appartenant à Helga Pouffsouffle placée dans un coffre à Gringotts et le diadème de Rowena Serdaigle que j'avais caché à Poudlard.

--Ça fait cinq. C'est tout ?

--Non, tu es le sixième mais c'était involontaire.

--Dumbledore en avait compté sept. Il pensait à Nagini qui est plus proche de vous que n'importe lequel de vos Mangemorts.

--L'idée de transférer une parcelle de mon esprit dans mon animal de compagnie ne m'est pas venue. Nagini n'a d'ailleurs pas besoin de ça pour être immortel. Il l'est déjà par magie. Aucun homme ne peut le tuer. Les anneaux de son corps peuvent étouffer n'importe quel gaillard, même le plus robuste. Son venin est un poison lent qui transforme petit à petit toute personne qui le reçoit en reptile et ses écailles sont si dures qu'aucune arme ne peut les transpercer.

--Justement ! Il est invulnérable, indestructible, puissant et rusé, c'est un réceptacle parfait.

--Nagini est un serpent, Potter, un animal. Il ne peut accueillir une parcelle d'esprit humain.

--Les Animagus et les Loups-Garous le peuvent pendant leur transformation.

--En voilà assez Potter ! Cette discussion a assez duré. Je te rappelle le sort que je peux réserver à tous tes amis Griffondors. Vas-tu me laisser faire ?

Ils étaient immobiles, face à face, dans ce cercle qui les isolait du monde. A quelques mètres d'eux, la bataille se poursuivait, encore indécise. Mais de plus en plus de jeunes Mangemorts se laissaient piéger par la Poudre d' Obscurité.

La technique de Tonks faisait merveille. La position que prenaient les attaquants dès qu'ils avaient lancé la Poudre était avantageuse. On l'appelait l' Archer accroupi. Aveuglés, les ennemis jetaient des sortilèges en tous sens mais à la hauteur de la poitrine et d'en bas, avec la lumière des bougies noires, on pouvait facilement viser et les désarmer d'un Expelliarmus.

Le corps à corps tournait décidément à l'avantage des assaillants. Le rez-de-chaussée était conquis. Par l'escalier secret, on pouvait atteindre ceux qui se réfugiaient au premier étage ou dans les greniers et les mansardes. La cave posait problème mais la supériorité en nombre en viendrait à bout.

Les partisans de Voldemort étaient aussi déconcertés par l'absence de leur chef. Où était le Maître des Ténèbres ? Pourquoi ne venait-il pas à la rescousse ? Déjà les Hiboux de la Victoire étaient prêts à partir pour le Ministère et le Chemin de Traverse, sous la surveillance de Dobby.

Et pendant ce temps, les deux adversaires se jaugeaient et réfléchissaient à toute vitesse. Pour Harry, dans quelques minutes la Felix Felicis ne ferait plus effet. Voldemort, lui, sentait qu'il s'était fait piéger quelque part mais il voulait gagner face à Potter.

Dans son monde d'orgueil et de domination hautaine, il ne pouvait accepter d'être défié par un petit jeune homme sans envergure, même si une prophétie prédisait sa victoire. Il était Lord Voldemort, Seigneur absolu du monde sorcier. Il s'attaquait à présent au monde moldu et il en serait aussi le Maître. Et il était immortel de part le Horcrux installé en Nagini.

Ainsi Dumbledore avait deviné ! Bougre d'homme ! Il avait fait de Potter son héraut, son homme-lige, son successeur. A travers lui, il le narguait par delà la mort. Mais dès qu'il aurait récupéré sa parcelle d'esprit en Potter, il le tuerait. Les prophéties sont sans valeur, surtout quand elles sont prononcées par une voyante de pacotille ! Il vaincrait, c'était écrit !

Justement, Harry pensait aussi aux paroles de Trelawney. « L'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit. » Et un trait de lumière traversa son esprit. C'était exactement la situation qu'il était en train de vivre. De toute façon, dès que Voldemort aurait récupéré son Horcrux, il le tuerait c'était certain. Alors, mourir pour mourir, autant entraîner l'autre à sa suite.

« L'un devra mourir de la main de l'autre. » Le Lord Noir lui avait donné la clé de l'énigme sans le vouloir. Il suffisait qu'il détruise le Horcrux de son front et qu'il meure en même temps et la prophétie serait réalisée. « Car aucun ne peut vivre tant que l'autre survit. » C'était limpide ! Comment faire ? Voldemort s'impatientait.

Harry ferma brièvement les yeux. Le sort en était jeté. Il allait mourir. Et la seule image qui lui vint, ce fut un visage aux cheveux très blonds et aux yeux gris. Une seconde. Il rouvrit les yeux, assura sa main sur sa baguette et dit avec aplomb :

--Je vais le faire moi-même. Prenez ma main droite et tenez ma baguette en même temps que moi. Je prononcerai le Accio et vous récupérerez votre Horcrux. Je vous laisse une chance de tenir votre parole et de me laisser la vie. Lord Voldemort se parjurera-t-il ?

--Non, tu seras libre mais tu disparaîtras loin d'ici.

--Bien.

Ils firent chacun deux pas. La main blanche et glacée du Maître des Ténèbres se referma sur celle, douce et tiède, du Griffondor. La pointe de la baguette se posa un peu brusquement sur une cicatrice en forme d'éclair et la bouche de Harry s'ouvrit sur un A. Mais ce qui en sortit ne fut pas «Accio ». Ce fut « Avada Kedavra ».

Le jeune homme fut projeté en arrière dans une lumière verte et Voldemort hurla de rage. Mais il ne mourut pas. Il tourna sur lui-même, semblant chercher quelqu'un. Il appela :

« Nagini ? Nagini, où es-tu ? »

Il répéta son appel en fourchelangue mais il n'obtint pas de réponse et le serpent ne parut pas.

o – o – o - o

La bataille se terminait. Plusieurs policiers de la Brigade avaient déjà désertés. Le groupe de Léonor Kirsinsky les avait stoppés à la grille. Des Mangemorts tentaient d'arriver dans le salon pour se sauver par la cheminée.

Sur le côté de la maison, Théodore avait acculé Pettigrow dans un angle du mur. Le Mangemort, affolé, voulut se changer en rat et disparaître mais le Serpentard l'avait déjà vu faire. Il savait que le bras d'argent se transformait plus lentement que le reste. Il visa et lança l'Avada juste à temps. L'éclair vert envoya l'animal en l'air. Il retomba sur le dos, mort.

Neville se battait comme un dément contre Bellatrix, elle-même déchaînée. Les sortilèges rouges, violets, verts, se croisaient, rebondissaient, se percutaient. Et puis, un Sectum Sempra toucha la fidèle groupie de Voldemort au bras droit. Il se couvrit de sang et retomba sans forces le long de son corps.

Neville hésita un court instant puis il revit ses parents et sa grand-mère Augusta, morts deux ans auparavant, les uns après les autres. Bellatrix le regardait avec des yeux exorbités. Il lança l'Avada et resta là, bras ballants, tête basse.

A l'intérieur, Sylvius Faucett se jetait en rempart devant Georges, attaqué avec traitrise par un Mangemort en fuite. Il tombait sans un cri, comme plusieurs autres avant lui. Zacharias Smith courait partout comme un feu follet. Aucun sortilège nesemblait pouvoir l'atteindre et pourtant lui ne ratait aucun de ses coups. Le parc à l'extérieur, les couloirs, les escaliers et les pièces à l'intérieur, du haut en bas, étaient remplis de morts, de blessés, de prisonniers.

A la cave, dans une petite cellule dont le soupirail s'ouvrait sur le jardin, Narcissa Malfoy étouffait sous le poids de Nagini enroulé autour d'elle. Le serpent la mordait de plus en plus souvent. Il fallait que ça se termine. Le cercle tracé par Voldemort englobait l'étroite fenêtre de sa cellule. Le Lord Noir savait toujours où allait son âme damnée. Elle avait entendu ses paroles :

«Aucun homme ne peut tuer Nagini. Il est immortel. Ses écailles sont si dures que les armes ne peuvent les transpercer ... »

Si ! Sous la gueule, là où la peau était fine et moins protégée. Et elle n'était pas un homme ! Elle était une femme ! Une Malfoy à qui on avait tout pris ! Même le langage ! Elle avait entendu Voldemort appeler son serpent. Il avait dressé la tête. Elle avait saisi dans son corsage le poignard des Black qui ne la quittait plus. Et elle avait frappé. De toutes ses forces. Elle agonisait lentement, le souffle perdu, écrasée par le poids de l'énorme bête. Et la porte s'ouvrit sur des hommes à la baguette tendue ...

o – o – o – o

Harry ne savait pas où il était. Dans un endroit blanc et brumeux. Puis le brouillard se dissipa lentement et il vit ... Il était au Département des Mystères, dans la salle de la Mort, en haut des gradins. En bas, il y avait l'arcade et le voile noir qui ondulait. Il entendait des murmures et aussi des reniflements et des sanglots. On aurait dit un enfant qui pleurait.

Il descendit les marches. C'était normal de se trouver là puisqu'il était mort. Et puis l'espoir le prit. Sirius ! Il allait revoir Sirius ! Mais quand il arriva en bas, il se rendit compte qu'il y avait effectivement un enfant qui pleurait à petit bruit, un garçon aux yeux et aux cheveux noirs, au teint pâle.

Harry avait l'impression de le connaître. Il avait déjà vu ce visage mais plus âgé, plus ... Tom Jedusor à l'orphelinat moldu ! L'enfant était Lord Voldemort quand il était tout jeune ! Harry tendit la main pour tenter de le consoler mais une voix connue l'arrêta :

« Non Harry. Tu ne peux pas le toucher, c'est une ombre, une illusion, même s'il a l'air réel. Comme moi d'ailleurs.

--Sirius !

La voix de Harry résonna dans l'amphithéâtre vide. C'était bien son parrain, avec ses abondants cheveux retombant sur ses épaules, ses yeux marrons et son sourire chaleureux. Il se tenait devant le voile et le retenait encore d'une main. De l'autre, il fit signe à Harry de ne pas s'approcher et alla s'asseoir à côté de l'enfant sur le dernier gradin.

--Je suis mort ? questionna Harry avec dans la voix une note d'espoir.

--Pas encore. En fait tu es entre deux mondes. Ici, c'est encore le domaine des vivants. D'ailleurs, lui non plus n'est pas mort. C'est juste une partie de quelqu'un, de son esprit, qui est ici et qui pleure. Un petit bout d'enfance. Ce n'est pas un état agréable. Il ne sait pas ce qu'il doit faire. Repartir ou passer avec moi derrière le voile dans le monde des morts.

--On peut repartir d'ici ?

--Oui, si on connaît le chemin. Toi, tu le connais Harry, pas lui.

--Mais je peux rester si je veux.

--Tu le peux Harry. Tu as lancé un Avada, j'en reconnais la trace. Il a atteint cet esprit. Pour le moment, le sortilège s'est arrêté. Il peut continuer sa route et tuer quelqu'un d'autre ou il peut stopper sa course. Contre qui l'as-tu lancé ?

--Contre moi, Sirius. C'est le seul moyen de tuer Voldemort. Cette parcelle de son esprit était incrustée sur mon front. En me tuant, j'espérais le tuer aussi. D'après ce que je vois, il n'en a rien été. J'ai fait cela pour rien.

--Ce n'est pas sûr, Harry. Tu n'es pas une ombre, donc l'Avada ne t'a pas atteint. Tu peux remonter les gradins et partir. Tu te retrouveras vivant au moment où tu as jeté le sortilège.

--Et je devrai de nouveau affronter Voldemort, car c'est lui qui était en face de moi.

--Oui Harry c'est ainsi. Tu as le choix. Tu as beaucoup de chance, tu sais ! Rares sont ceux qui arrivent ici et qui ne franchissent pas le voile.

--C'est à cause de la Felix Felicis, sans doute ... J'aimerais rester ...

--Mais tu dois repartir.

--Il faut que quelqu'un le tue. Et je voudrais tant que ce ne soit pas moi. Je n'ai jamais tué personne Sirius.

--Je sais Harry. Tout se sait dans le monde des morts. Courage Griffondor ! As-tu laissé chez les vivants quelqu'un que tu aimerais revoir ?

La question prit Harry de court. Oui sans doute ! Il aimerait revoir Malfoy mais à quoi bon ? Le blond ne l'aimait pas.

--J'ai l'impression que j'ai touché juste, sourit Sirius. Va Harry ! Un jour nous nous retrouverons.

Il se leva et se dirigea vers l'arche. Le petit garçon le suivit en reniflant.

--C'est bon signe Harry ! La mort de son enveloppe corporelle est proche. Il a choisi de passer le voile.

--Adieu Sirius ! Non, au revoir. Moi aussi, je vais peut-être revenir. »

Il attendit que l'homme et l'enfant aient disparu puis il remonta les gradins en soupirant. Son épreuve n'était pas terminée. Il ouvrit les yeux. Il était étendu dans l'herbe, le front ouvert. Un peu de sang suintait de la blessure.

Voldemort lui tournait le dos. Il sifflait en fourchelangue le nom de Nagini. Ainsi, il avait menti. Il y avait bien un Horcrux dans son serpent. C'était pour cela qu'il était encore vivant. Harry se releva d'un bond.

« Tom Jedusor ! cria-t-il.

Le Lord Noir se retourna d'un bloc et ils furent de nouveau face à face.

--Tu m'as menti, Tom Jedusor. Dumbledore avait raison. Nagini est ton dernier Horcrux.

Soudain, le Maître des Ténèbres entra dans une fureur monstrueuse. Deux fois ! Deux fois ce rien-du-tout avait reçu un Avada en plein front. Deux fois il s'en était sorti sans dommage ! Il était là, tranquille, à lui faire des reproches, à lui, le plus puissant de tous les sorciers du monde ! Ce Sang-Mêlé ! Cet avorton de Rang Inférieur ! Cette saloperie de Griffondor trop chanceux pour être honnête ! Ce ... Cet ...Voldemort écumait de rage !

Mais ça ne devait pas se terminer comme ça ! Impossible ! Jamais deux sans trois, disait l'adage ! Il l'aurait, cette fois, il l'aurait ! Mais pour ce dernier coup, le coup fatal, il viserait son cœur, à ce Véracrasse. Il le ferait exploser comme une grenade trop mûre qu'on écrase !

--AVADA KEDAVRA ! hurla-t-il.

Il y eut deux explosions presque simultanées. La première, violente, dévasta le salon et les pièces avoisinantes, tuant un Mangemort et en blessant deux autres ainsi qu'un Résistant. Une pincée de Poudre de Cheminette lancée malencontreusement dans une giclée de Poudre d 'Obscurité et cela fit un grand BOUM !

La seconde explosion claqua comme le bruit d'un chêne frappé par la foudre et cassé net. BLAM ! Le cercle de protection installé par Voldemort se brisait d'un coup sec. Plusieurs spectateurs qui n'avaient pu s'approcher du lieu du duel regardaient avec stupeur le corps du Maître des Ténèbres s'écrouler en arrière au milieu d'un massif de fleurs, droit et raide, avec une effrayante lenteur.

Sous la force du sortilège, Harry avait été projeté assez loin sur la pelouse. Le sang commençait à sourdre et à tacher de rouge le tee-shirt blanc qu'il portait sous sa robe de sorcier. Sa poche de poitrine était déchirée et fumait.

Le gallion de l' A.D. rangé à l'intérieur avait fondu et dessinait juste au-dessus du cœur un rond écarlate Le miroir de Sirius avait éclaté en mille minuscules morceaux qui s'étaient incrustés dans la peau, tout autour du cercle brûlant.

Harry avait sur la poitrine l'empreinte d'un soleil pourpre entouré de nuages amarante. Mais il vivait encore. L'Avada de Voldemort n'avait pu l'atteindre. Il avait été lancé pendant les ultimes secondes de la Felix Felicis. Et les deux objets magiques avaient fait office d'écran.

Le gallion représentait toute la ferveur qui avait entouré Harry pendant ses cours de Défenses contre les Forces du Mal au temps d'Ombrage. Le miroir contenait toute l'affection de Sirius pour son filleul. C'étaient des talismans d'amour et avec en plus beaucoup de chance, ils avaient protégé le jeune sorcier, brave jusqu'au sacrifice.

L'Avada avait frappé le morceau de verre avec une violence inouïe, projetant brutalement le jeune homme en arrière. Et c'était justement cette force meurtrière qui avait tué net le plus puissant sorcier du monde. Le rayon de lumière verte, réfléchi par .la surface du miroir, était retourné avec la même force vers celui qui l'avait lancé ... Et Nagini, le dernier Horcrux qui aurait pu sauver son Maître, Nagini venait d'être poignardé par Narcissa Malfoy.

Les yeux grands ouverts, un air d'absolue surprise sur le visage, Lord Voldemort était mort. Définitivement et complètement mort. Le Phénix et ses alliés pouvaient crier Victoire.

Plus tard, on raconta beaucoup de fables à propos de ce duel fantastique. Aucune n'approchait de la vérité. Ils furent peu nombreux à la connaître. Hermione et Ron, les amis fidèles, Georges et bien sûr Fred, son alter ego; Sirius au royaume des morts et Dumbledore sans doute. Chacun se forgea sa légende. Harry resta modeste. Il assura toujours qu'il avait eu de la chance. Même à son âme-sœur, quand il l'eut trouvée, il n'en parla pas ... ou à peine ... un petit peu ...

o – o – o - o

Cinq jours après la Victoire.

Tous les prisonniers portant la Marque des Ténèbres avaient été envoyés à Azkaban 2 sauf les blessés les plus atteints qui avaient pris place dans le quartier VIP de l'autre prison, mais avec moins de confort que les anciens locataires, rentrés enfin chez eux. Un médicomage et deux guérisseurs les soignaient.

Tous attendaient leur procès pour être fixés sur leur sort. Il était hors de question de traiter de la même façon les Mangemorts criminels et les collaborateurs occasionnels qui n'avaient pas de sang sur les mains. La Justice sorcière avait retrouvé son vrai visage. Il n'était plus question d'utiliser les Détraqueurs pour les interrogatoires. D'ailleurs, ceux du niveau 10 avaient été désintégrés au cours de la bataille

Dolorès Ombrage était l'une des rares peisonnières envoyées à Azkaban 2. Luna avait pu témoigner de toutes les mauvaises actions que la femme en rose avaient accomplies, quand elle faisait la pluie et le beau temps dans l'administration sorcière. Elle avait une cellule pour elle toute seule mais les nouveaux Détraqueurs adoraient rôder autour. Ils lui arrachaient ses bons souvenirs et ne lui laissaient que les plus horribles. Finie la vie en rose !

Le Ministre de la Magie avait été destitué et remplacé provisoirement par Robin Funestar, une Langue de Plomb du Département des Mystères qui n'avait rien à se reprocher, et qui au contraire avait aidé la Résistance autant qu'il le pouvait. C'était un homme simple et discret, le personnage idéal pour une période de transition.

Une élection démocratique était prévue pour l'automne, quand les plaies les plus cruelles seraient refermées. En ce moment, les tensions étaient encore vives entre ceux qui avaient souffert et ceux qui avaient seulement détourné la tête pour ne rien voir. Il fallait laisser les esprits s'apaiser avec le temps. Les anciens VIP poussaient Amos Diggory à se présenter à l'élection. C'était un homme sévère et intègre. Il ferait un excellent Ministre !

Bien entendu, les lois iniques sur le Rang et le Sang avaient été abrogées et la Déclaration Sorcière Universelle sur la liberté, l'égalité et la fraternité avait repris sa place prépondérante. Ceux qui s'étaient enrichis en profitant de leur emploi ou de leur position avaient été sommés de rendre l'argent mal acquis. Gringotts avait fourni les preuves de différents trafics. Dans leur domaine, les gobelins étaient intransigeants et pointilleux.

Le Chemin de Traverse était de nouveau joyeux et animé. La boutique de Farces et Attrapes des frères Weasley allait bientôt rouvrir ses portes. Georges avait retrouvé son jumeau avec une émotion visible. Il avait fait savoir qu'il ne voulait aucun honneur particulier et qu'il était surtout heureux que la guerre soit finie. Maintenant, il voulait juste rire et faire rire de nouveau. Les gens l'adoraient.

La Gazette du sorcier avait été purgée des journalistes trop complaisants. Elle donnait enfin des informations vraies sur ce qui se passait dans le monde sorcier. Les typos avaient eu leur heure de gloire quand ils avaient lancé la Une annonçant la mort du terrible Lord Noir. Le Directeur du journal était au niveau trois d'Azkaban 1 avec d'ailleurs William Montague - le père - convaincu de trafics divers. Le fils essayait de se faire embaucher dans un théâtre.

Sorcière Hebdo s'intéressait beaucoup aux membres de l'Ordre du Phénix et ses journalistes assiégeaient Sainte Mangouste pour avoir des nouvelles des blessés, en particulier de Harry Potter. Mais les médicomages étaient fermes sur ce point. Aucune interview avant sa guérison complète ! Par conytr, l'idylle entre Théodore Nott, ancien Serpentard et Ginny Weasley, la sœur du roi Georges, avait fait la couverture du premier numéro d'après-guerre. La presse people reprenait ses droits.

Il y avait aussi cette histoire romantique entre Remus Lupin, un Loup-Garou, et Nymphadora Tonks, celle qui avait entraîné les Résistants au combat. Il avait été blessé gravement en défendant des Moldus ! Et elle était Métamorphage ! Rien que du croustillant ! Les lectrices avaient besoin de rêve. Elles allaient A-DO-RER !

o – o – o – o

Remus était à Sainte Mangouste et Tonks veillait sur lui. La plupart des blessés légers de la bataille étaient guéris. Il ne restait que les plus gravement atteints. Harry Potter était parmi eux. La plaie de son front s'était refermée et la cicatrice en forme d'éclair avait disparu. Par contre, il avait une nouvelle marque au milieu de la poitrine.

Le sortilège Accio avait été très utile. D'abord pour extirper le gallion fondu qui avait laissé près du cœur un trace indélébile, une sorte d'anneau doré d'où partaient quelques courtes lignes ondulées. Ça ressemblait vraiment à un soleil et Harry était content qu'au moins cette marque soit invisible sous ses vêtements.

Mais la rumeur s'en était répandue et la Gazette avait titré : « Après un éclair au front, le vainqueur de Lord Voldemort porte l'astre du jour sur la poitrine ! » Quand Fred et Georges, de nouveaux réunis, avaient montré l'article à Harry, ils avaient beaucoup rigolé et ils avaient ajouté :

«Allez mon vieux ! Encore deux ou trois mages noirs à éliminer et tu auras toute la panoplie : la lune, les étoiles ...

-- ... Et pourquoi pas une comète ! »

Harry avait ri jaune. Même avec les potions pour calmer la douleur, l'opération lui avait fait un mal de chien ! Et ce n'était pas fini ! Il fallait aussi enlever un à un les minuscules morceaux de miroir incrustés dans sa chair. Il en apparaissait chaque jour de nouveaux ! Les guérisseurs en étaient au six cent quarante deuxième et il en restait encore quelques-uns de ci de là.

Augustus Pie, le médicomage qui avait tenté autrefois de soigner Arthur Weasley à la manière moldue, disait en plaisantant qu'à cause de Voldemort, il y en aurait sûrement six cent soixante six. Tout le monde osait prononcer le nom du Lord Noir maintenant. La peur revenait quelquefois par bouffées mais elle s'évanouissait vite. C'était si bon de revivre !

On avait abondamment célébré la victoire. Finalement, les préparatifs qui avaient camouflé la préparation de l'attaque surprise avaient servi à quelque chose ! Il y avait eu des feux de joie, des farandoles, des bals. Et comme les Moldus fêtaient aussi l'équinoxe de printemps, tout cela était passé inaperçu.

Harry avait seulement vu quelques feux d'artifice par la fenêtre de sa chambre. Il se sentait encore très fatigué et ne quittait guère son lit. Heureusement, on le laissait tranquille. Il avait eu très peu de nouvelles de l'après bataille. A sa première visite, juste avant de redevenir seulement le jumeau de Fred, le roi Georges lui avait donné les noms des tués, devenus pour le peuple sorcier des héros.

Harry avait été très triste pour Colin Crivey. C'était une mort si injuste ! Le petit blond attendait sur le Chemin de Traverse l'arrivée du hibou qui annoncerait la victoire. Il avait couru porter la nouvelle aux typos résistants de la Gazette et devant le journal, en sortant, il avait croisé la route de deux Mangemorts en fuite ... Il était mort heureux, le sourire aux lèvres. Mais il était si jeune ...

Georges avait ensuite parlé à Harry de Narcissa Malfoy et de la mort de Nagini. Harry avait alors compris pourquoi le grand serpent, le dernier Horcrux, n'était pas venu au secours de son Maître. Il l'avait expliqué à Georges et celui-ci avait paru très embarrassé. Il y avait un problème avec la famille Malfoy. La mère était à Sainte Mangouste, le fils avait disparu ...

Harry avait senti son cœur s'accélérer. Il espérait avoir des nouvelles de Draco. Il n'osait en demander. Mais il fut déçu. Il fut ensuite surtout question de Lucius. Qu'allait-on faire de lui ? Son ralliement à la Résistance avait permis la victoire mais si on lui reconnaissait le statut d'espion et qu'on le libérait, il allait devenir une cible pour les quelques Mangemorts encore en cavale.

Le conseil de la Résistance devrait se pencher sur le problème. Peut-être que cette histoire avec Nagini allait arranger les choses. En attendant, Lucius avait demandé à rester en prison, à Azkaban 1 tout de même. Il n'était même pas au courant pour la nouvelle prison !

On avait appris à l'occasion de sa découverte que de nombreuses personnes, des Nés Moldus et des Sangs Mêles arrêtés par la Brigade ou par les Mangemorts, avaient travaillé à sa construction. De la main-d'œuvre corvéable à merci, des sorciers réduits à l'esclavage !

Et ce n'était pas tout ! Plusieurs innocents internés, des elfes, des gobelins et d'autres créatures magiques étaient forcés de travailler dans les fabriques et les ateliers des grands Mangemorts, qui gagnaient ainsi leur fortune en employant des ouvriers sans les payer et en leur fournissant juste le minimum vital !

Ces nouvelles avaient bouleversé le monde sorcier ! .Les gens étaient indignés par ces pratiques barbares La plupart les ignoraient. D'autres les soupçonnaient et maintenant que leurs yeux se dessillaient, ils avaient honte de les avoir tolérées. Mais à l'époque, la presse était au service du Maître des Ténèbres et la peur était partout. Enfin, le cauchemar était terminé et on pouvait se sentir de nouveau fier d'être sorcier.

Le cauchemar était terminé ... Pas pour tout le monde. Certains seraient hantés longtemps encore par des souvenirs horribles. Harry était de ceux-là. Le jour, ça allait. Les guérisseurs étaient aux petits soins pour lui et ses amis lui rendaient visite. Hermione et Ron avaient été parmi les premiers. Le jeune roux avait eu plusieurs crises de désespoir quand il était à Azkaban mais la jeune fille avait toujours gardé confiance. Elle l'aidait à se réadapter à la vie normale.

Cela prendrait du temps. Ron consultait régulièrement un psychomage, de même que Harry qui restait traumatisé par les évènements de ces derniers mois. Il rêvait souvent qu'il était de retour au E.Jones Hospital et qu'il était peut-être fou. Ou alors, il cherchait à s'évader et se retrouvait bloqué dans un labyrinthe comme pour la dernière l'épreuve de la Coupe de Feu. C'était toujours très angoissant.

Le pire était quand il revoyait Voldemort, soit dans le cimetière où le Lord Noir était redevenu lui-même et qu'ils s'étaient pour la première fois battus en duel. Soit dans le parc Malfoy, quand il avait ôté sa cape et qu'il s'était trouvé seul face au Maître des Ténèbres. C'étaient de mauvais rêves et Harry s'éveillait parfois dans un cri, malgré les potions de sommeil que lui donnaient les médicomages.

Parfois cependant, pas souvent, les rêves étaient agréables mais il peinait à s'en souvenir. Il était bien, quelqu'un le tenait dans ses bras. C'était doux et il avait chaud. Il entendait des murmures mais ce n'était pas Sirius derrière la tenture noire. Quelqu'un disait « Je t'aime » et Harry ne savait pas si c'était lui ou l'autre personne qui prononçait ces mots. Il ne reconnaissait pas la voix. Il ne savait même pas si c'était une fille ou un garçon et il ne cherchait pas à le savoir. Il se blottissait juste dans le rêve.

o – o – o - o

Cette nuit-là, Harry cauchemardait. Voldemort était face à lui, vêtu d'une longue cape. Il le fixait de ses yeux rouges flamboyants. Il donnait en fourchelangue un ordre à Nagini, le serpent rampait sur le sol et s'approchait de lui. Il s'enroulait autour de sa poitrine et l'étouffait lentement en sifflant. Harry ne pouvait ni bouger, ni crier. Cette fois c'était sûr, il allait mourir.

NON ! Il avait hurlé et dans un violent soubresaut, il avait repoussé les draps et la couverture qui s'étaient entortillés autour de son corps pendant son sommeil.. Il avait haleté pendant un petit moment puis sa respiration s'était calmée. Encore un mauvais rêve ! Pourtant il entendait encore quelque chose, sans doute la machine qui veillait sur lui la nuit. Il ouvrit les yeux en soupirant. Un veilleur de nuit allait arriver. Il avait encore dérangé tout le monde.

Il faillit hurler de nouveau. Il y avait quelqu'un à côté de son lit, une forme humaine debout portant une cape noire ... Voldemort ... Il était de retour ... Il ne mourrait donc jamais ! ... Il lui parlait ... en fourchelangue ... Il disait ... Pourquoi prononçait-il de façon distincte le nom de Draco ? ... Il suppliait qu'on aille le chercher ... chez les Moldus ... à l'hôpital ...

Harry se dit qu'il n'était sans doute pas sorti de son rêve. C'était ça, il rêvait encore. Ou c'était une ombre, une illusion; comme dans la Salle de la Mort au Ministère. Ou bien il devenait vraiment fou ... Il referma les yeux en soupirant. Il sentit alors qu'on lui tapotait l'épaule ...Un fantôme ne tapote pas ... Voldemort non plus, il lui aurait plutôt lancé un Doloris ... Bizarre ...

A ce moment, la lumière s'alluma dans la chambre et la voix du veilleur de nuit retentit :

« Madame Malfoy ! Qu'est-ce que vous faites ici ?

Harry se redressa d'un bond. La silhouette près de lui, c'était la mère de Draco. Il reconnaissait son fin visage. Elle portait sur sa longue robe de nuit une cape noire sans doute empruntée à une guérisseuse. Il y avait au revers l'os et la baguette croisés. Le gardien l'avait saisie par le bras et tentait de l'entraîner mais elle se cramponnait au montant du lit et ... elle parlait en fourchelangue.

« SSSauvez-le ! Le Seigneur des Ténèbres l'a fait enfermer chez les Moldus. Dans cet hôpital où vous étiez prisonnier ! Draco ! Mon fils ! Je vous en supplie ! Faites quelque chose ! »

--Lâchez-là, dit Harry au gardien très embêté. Vous voyez bien qu'elle ne me veut aucun mal.

Puis il ajouta en sifflant à son tour :

--Parlez, je vous comprends. Je vous écoute. »

Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas parlé la langue des serpents qu'il hésitait un peu mais la conversation sifflée se déroula sans trop de problème, sous les yeux étonnés du gardien qui se demandait quoi faire. Narcissa montra ses bras encore marqués par les morsures de Nagini.

Elle tenta d'expliquer que le venin que le serpent injectait dans ses veines était une sorte de drogue et qu'elle était plus ou moins en cure de désintoxication. L'explication en fourchelangue n'était pas facile. C'était très dur, ajouta-t-elle, mais elle pouvait supporter. Tandis que Draco, tout seul, là bas chez les Moldus ...

Elle recula et rougit un peu en disant cela. Harry avait dû ressentir la même souffrance pendant les trois ans de son enfermement ... Mais le jeune homme savait qu'une mère était capable de tout pour sauver son fils, même de s'enfuir de sa chambre d'hôpital en pleine nuit, d'errer dans les couloirs jusqu'à le trouver, lui, et de supplier son ex ennemi de lui venir en aide.

Et puis c'était pour Draco ... Soudain, Harry réalisa que dans ses beaux rêves, c'était le jeune blond qui le tenait dans ses bras. Etait-ce lui aussi qui disait « Je t'aime » ? Il rougit à son tour et ils restèrent un moment face à face, silencieux, perdus chacun dans leurs pensées. A ce moment, Augustus Pie arriva, alerté par la lumière dans la chambre de Potter. A partir de là, tout fut facile.

Le médicomage avait l'habitude des Moldus. Il se rendit au E.Jones Hospital, expliqua vaguement au Directeur que la famille Malfoy avait été victime d'un grave accident, qu'il la représentait et qu'il n'avait pas pu venir plus tôt. Grâce à un léger sortilège de confusion, il sut se montrer convaincant.

Le Directeur ne demandait d'ailleurs pas mieux que de le croire. Le malade en question était une charge pour les finances de l'hôpital et normalement, on aurait déjà dû le transférer chez les malades trop pauvres pour payer ... « Et vous savez ce que c'est docteur, nous n'avons pas les moyens, le personnel est surchargé, il n'y a pas de chambres individuelles .... Une clinique privée ? Ah très bien très bien ... »

Draco Malfoy était donc au quatrième étage de Sainte Mangouste et sa mère qui était au premier à cause de ses morsures allait le voir tous les jours. Georges, mis au courant, avait envoyé un hibou à Azkaban 1 pour prévenir Lucius du transfert de son fils. On lui devait bien ça ! Tout allait donc mieux pour les Malfoy, sauf que Draco était toujours dans le même état.

Guérisseurs et médicomages recherchaient un sortilège ou une potion susceptibles d'aider à sa guérison. mais ils se heurtaient à un mur. Il faisait trop beau dans le cerveau du jeune homme pour qu'il ait envie de sortir de sa béatitude. Augustus, toujours féru des remèdes moldus, pensait qu'il faudrait au malade un choc émotionnel assez fort pour détruire ses défenses. Il chercha et il trouva : Harry Potter.

Le Serpentard et le Griffondor se haïssaient, c'était un refrain connu. Peut-être qu'une rencontre entre les deux ennemis ... Surtout quand on savait que Malfoy avait été l'infirmier gardien de Potter à l'époque de Voldemort ! L'entrevue serait peut-être explosive ! Le médicomage ne savait pas que Harry grillait d'impatience à l'idée de revoir Draco mais qu'il n'osait pas le demander. Ça semblerait un peu bizarre, non ?

Il accueillit la proposition d' Augustus Pie avec une grimace qui dissimulait assez bien un grand sourire et il monta à son tour au quatrième étage. Las ! Le beau blond, installé sur son lit, le dos soutenu par des oreillers, ne broncha pas. Merlin qu'il était beau ! Son visage était si paisible, encadré par ses cheveux d'un blond si pâle ... Mais ses yeux gris étaient vides ...

L'après-midi passa. Harry parla un peu avec Narcissa, la pauvre femme ne pouvait communiquer qu'avec lui. Quand il partit, le cœur gros, il prit dans ses mains la main de Malfoy et la serra. Il promit de revenir tous les jours et il tint parole. Le temps passa, les semaines, un mois puis deux. Il n'y avait aucune amélioration.

Harry était guéri, tous les blessés avaient quitté Sainte Mangouste. Madame Malfoy parlait de nouveau un peu le langage humain, avec une étrange voix haute et sifflante. Mais elle avait gardé la possibilité de parler en fourchelangue. Les procès avaient commencé et Lucius avait écopé d'une peine assez légère. Le fait que sa femme ait tué Nagini avait joué en sa faveur. Il serait libre l'année prochaine.

Les tensions s'apaisaient entre sorciers, on préparait les élections et sur le Chemin de Traverse, les boutiques débordaient de marchandises de toutes sortes. Le nouveau balai de compétition, le « Soleil d'or », trônait dans la vitrine du Paradis du Quidditch. Harry Potter en était le parrain et la moitié des bénéfices allait à une œuvre s'occupant des orphelins de guerre. Le magasin des jumeaux Weasley ne désemplissait pas.

La rentrée se préparait à Poudlard. Minerva MacGonagall en serait la directrice. Les deux Carrow, les Mangemorts, étaient à Azkaban 2. Il fallait recruter de nouveaux professeurs en DCFM et en Etude des Moldus. En Histoire de la Magie aussi car Binns avait rejoint définitivement le monde des morts..

Sybille Trelawney était réintégrée, mais elle avait annoncé qu'elle allait revoir son enseignement de fond en combles. Enfin, Argus Rusard était revenu avec Miss Teigne, le concierge qui l'avait remplacé buvait et il avait des manières déplorables devant les élèves. On n'avait toujours aucune nouvelle d"Hagrid.

Severus Snape était à Azkaban 1 Il portait la Marque des Ténèbres et il avait suivi toutes les directives du Ministère concernant l'enseignement à Poudlard. Il était très sévère et les élèves le craignaient, en particulier les Griffondors. Bien entendu, il avantageait toujours les Serpentards et laissait les Carrow leur enseigner la magie noire et la supériorité du Sang Pur. .

Mais c'était un homme étrange que Severus Snape ! Il préparait tous les mois la potion Tue-Loup pour Remus Lupin et la lui faisait parvenir par Horace Slughorn. C'était lui qui avait suggéré à MacGonagall d'envoyer les élèves exclus de Poudlard dans d'autres écoles. Il s'était servi pour cela de ses relations de Grand Maître des Potions.

Et il avait fermé les yeux sur le trafic des bougies noires qui arrivaient à Poudlard, mélangées au bougies ordinaires et étaient réexpédiées à la Résistance. Sans doute y avait-il eu d'autres occasions où il avait joué double jeu mais personne n'était au courant, même si le Phénix s'en doutait. Il serait prochainement jugé mais avec une certaine indulgence.

Ce fut en parlant de Poudlard avec Ron et Hermione que Harry eut tout à coup une idée. Pourquoi ne pas aller y faire un tour avant la rentrée avec Draco ? Il avait essayé beaucoup de choses pour ranimer l'esprit du Serpentard mais sans succès. Seulement c'était toujours à Sainte Mangouste. Il fallait peut-être en sortir !

Le soin que le Survivant prenait de Malfoy n'avait pas échappé aux yeux fouineurs des journalistes people. Pourquoi le Vainqueur de Voldemort se souciait-il tant d'un fils de Mangemort qui lui avait toujours pourri la vie ? Il y avait eu plusieurs articles défavorables. Les lecteurs étaient soi-disant choqués !. Mais Harry s'en fichait. Il avait décidé de ramener Draco à la vie et il réussirait ! Foi de Griffondor !

Il organisa le voyage en voiture magique. Il eut un mince espoir quand le soir ils arrivèrent en vue du château illuminé. Draco semblait intéressé. Cette visite était une bonne idée car l'image qu'il voyait rejoignait vaguement ses rêves intérieurs. Il dormit dans son ancien dortoir, Harry occupant le lit de Zabini.

La grande Salle n'éveilla en lui aucun intérêt. Elle était vide et n'était agréable que quand les élèves l'animaient de leurs rires et de leurs bavardages. Ce fut la même chose pour les longs couloirs et les salles de cours. Même le cachot des potions fut visité avec indifférence. Minerva MacGonagall les reçut dans son bureau. Le portrait d'Albus Dumbledore fit un clin d'œil à Harry et lui souffla d'aller plutôt dans le parc.

Le Griffondor entraîna donc le Serpentard à l'extérieur. Il le tenait par le poignet, son camarade le suivait docilement, avec toujours l'air aussi « ailleurs ». Harry touchait très peu Draco. Il ne se sentait pas le droit de le tenir par la main, par les épaules ou par la taille. Il l'aimait, c'était un fait, mais ce n'était pas réciproque. Il n'aurait jamais osé l'embrasser. Tout juste s'il caressait ses cheveux pour les remettre en ordre. Il n'avait pas oublié comme Malfoy était soigneux de sa personne.

Ils marchèrent lentement dans le parc le long du lac puis ils passèrent devant le saule cogneur et arrivèrent non loin de la cabane d'Hagrid. Elle avait l'air abandonnée. Et soudain, il y eut un grand cri qui fit s'envoler tous les oiseaux du voisinage. « Harry ! » Sortant en courant de la Forêt Interdite, le demi-géant, hirsute, son manteau en peaux de taupe flottant derrière lui, se précipitait vers eux, les bras ouverts. .

Le jeune homme lâcha la main de Draco et resta cloué sur place. Hagrid l'attrapa comme il l'aurait fait d'un fétu de paille et le serra sur son cœur. De grosses larmes ruisselaient sur ses joues et se perdaient dans sa barbe. Harry disparaissait à moitié dans cette étreinte pourtant amicale. Et une voix coléreuse s'éleva brusquement derrière eux, la voix agressive et caractéristique de Malfoy.

«Qu'est-ce que vous faites ? Vous allez l'étouffer !

Une main blanche avait attrapé la manche du manteau et tentait de desserrer un bras épais comme un jeune tronc d'arbre. Surpris, Hagrid relâcha Harry qui s'éloigna un peu en toussant. Sa poitrine se soulevait avec difficulté mais il regardait Draco avec des yeux exorbités.:

« Vous avez failli le tuer ! ajouta le jeune blond

Et il attira Harry contre lui dans un geste protecteur. Il caressa ses cheveux doucement. A leur tour, les yeux verts se remplirent de larmes. Harry se laissa aller et s'appuya franchement contre Draco. Il était si heureux et si fatigué en même temps ... C'était de cette façon que l'infirmier Malfoy calmait le malade Potter à l'hôpital moldu. Enfin, Draco était de retour dans le monde réel.

Immobile tel un rocher, Hagrid regardait la scène sans comprendre. Il arrivait à Poudlard à la fin d'un long périple, après avoir appris par une tribu de botrucs que Harry Potter avait gagné son duel contre Voldemort et que le monde sorcier était en paix. Il brisa l'espèce d'enchantement qui enveloppait les deux sorciers enlacés.

« Malfoy ! Qu'est-ce que tu fous ici ?

Draco sembla se réveiller brutalement. Il tenait toujours Harry dans ses bras mais son regard de nouveau habité parcourait les environs, le parc, l'école au fond, la cabane, et Hagrid qui le dépassait de toute sa taille. Harry le sentit chanceler. Il le rattrapa au moment où il allait tomber.

«Qu'est-ce que je fais ici, répéta le blond paniqué. Pourquoi je suis à Poudlard ? Où est l'hôpital ?

Ce fut à Harry de le prendre dans ses bras et de le soutenir. Il lui murmura :

--Tout va bien Draco, je t'expliquerai. ... Hagrid, ajouta-t-il à l'adresse du demi-géant, viens avec nous au château, Minerva MacGonagall est là, elle sera contente de te revoir.

Les heures suivantes furent chargées en révélations mais Draco était si épuisé par son retour parmi les vivants qu'il s'endormit très vite dans l'un des fauteuils du bureau. Hagrid ne se lassait pas du récit de la bataille. Ce qui le surprenait le plus, c'était le rôle joué par Georges. Harry dut tout lui raconter par le menu.

Ce ne fut que le lendemain, après une nuit sans cauchemars, que Draco et Harry purent de nouveau se retrouver seuls pour s'expliquer. Draco était mal à l'aise. Ici, à Poudlard, il y avait entre eux tout un passé d'affrontement et pourtant, il avait l'impression que ça n'aurait pas dû se passer comme ça. Il avait entrevu autre chose. N'y avait-il pas eu une période où lui et Potter étaient amis ? Ou avait-il rêvé ?

Ils étaient assis au bord du lac, sous le saule pleureur et Draco avait de cet endroit deux souvenirs bien différents. Un jour, ici même, il avait insulté Potter et ses deux amis avec ces injures crues et violentes qu'il affectionnait autrefois. Un autre jour, au même endroit, il avait fait réviser à Harry un cours de potions et ils avaient ri et plaisanté ensemble. Quel souvenir était le bon ? Il commençait à réaliser qu'il avait vécu pendant trois mois une existence irréelle, dans un monde inventé de toutes pièces.

Il se souvenait aussi avec un pincement au cœur des trois années où il avait été l'infirmier gardien de Potter par ordre de Voldemort. Il avait rempli sa mission avec constance. Il est vrai que lui et sa famille étaient menacés du pire par le terrible Lord Noir. Il était secrètement heureux que Potter l'ait tué, même s'il ne l'avait pas dit ouvertement.

Quel monde préférait-il ? Celui où il était ami avec Potter ou celui où ils étaient ennemis ? Draco Malfoy ne savait plus quoi penser. Il avait posé des questions, appris beaucoup de choses en particulier sur le sort de ses parents. Et sur le fait que Potter l'avait fait sortir de l'hôpital moldu et qu'il était venu le voir tous les jours à Sainte Mangouste.

Une fois, il y avait si longtemps, Potter lui avait dit qu'il l'aimait. Est-ce qu'il avait fait ça par ... amour ? Il regarda attentivement le jeune homme brun maintenant silencieux à ses côtés. Beau ? Non. Agréable, oui, chaleureux aussi. Quelqu'un qu'on avait envie de prendre dans ses bras. Quelqu'un qu'on pouvait aimer. Une aura claire. Une belle personne. Le Potter de ses beaux souvenirs.

Harry ne se posait pas autant de questions. Il était à la fois très heureux et très triste. Heureux parce que Draco était sorti de son état catatonique et triste parce que bientôt le blond n'aurait plus besoin de lui. Il allait reprendre le cours de sa vie. Il n'avait pas fait parler de lui pendant les trois ans où Voldemort avait régné en Maître. Il n'avait aucun crime à son actif. Il ne serait sans doute pas inquiété.

Alors Harry profitait juste de sa présence. Aussi fut-il surpris quand après un long moment de silence, Malfoy se leva et lui tendit la main pour l'aider à se relever à son tour. Il garda sa main dans la sienne et le regarda droit dans les yeux.

« Potter, dis-moi, après toutes ces années, qu'aimerais-tu me dire ? Que tu me hais comme autrefois en ce lieu ? Ou que tu m'aimes comme tu me l'as dit une fois chez les Moldus ?

Harry eut l'air un instant désemparé. Il détourna la tête. Malfoy tenait toujours sa main et ce contact était doux ... Oh et puis, qu'importait ! Il pouvait dire la vérité. Cela n'avait plus d'importance. Il en avait marre de lutter. Si Malfoy voulait se moquer, autant qu'il le fasse pour quelque chose. De toute façon, il avait rempli sa mission et il allait partir. Rien ne le retenait ici. Alors il leva les yeux et répondit :.

--Que je t'aime, Malfoy, mais ne le dis à personne. J'ai réussi à cacher ce sentiment pendant des années, ce n'est pas pour l'étaler maintenant au grand jour.

--Mais alors, tu es gay, Potter !

--Jamais de la vie ! J'aime les filles. Je les préfère même un peu rondelettes, avec de quoi promener mes mains sur leurs fesses et dans leur corsage. Mais toi, Malfoy, c'est autre chose. Toi, tu es ma préférence. S'il ne devait rester qu'une seule personne à aimer sur terre, je souhaiterais de tout mon cœur que ce soit Draco Malfoy. Et toi qui aimes-tu ?

--Personnellement, j'ai un petit faible pour les grandes brunes, le genre de Cho Chang si tu vois ce que je veux dire. Quand tu les prends dans tes bras, elles plient comme des lianes. Très agréable pour la danse. Mais vois-tu, je viens de découvrir quelque chose.

--Quoi ? Tu es homo ?

--Impossible, Potter ! J'ai toujours été hétéro. Mais il y a pas très loin de moi un beau brun qui pourrait me pervertir. J'aime les filles mais je te préfère, toi. C'est une sorte d'attraction, une attirance, quelque chose d'irrésistible. Et justement je ne résiste pas. Sinon, comment expliquer que j'ai tellement envie de t'embrasser ?

--Ne le dis pas Malfoy, fais-le. Ça fait un moment que je me demande si tes lèvres sont aussi douces qu'elles le paraissent.

Ils se rapprochèrent. Ils ne souriaient pas. Ils ne badinaient plus. Deux regards, un gris, un vert, se croisaient, guettent une approbation ou peut-être un recul. Leurs corps se touchèrent, leurs bras s'enroulèrent. C'était lent, comme s'ils craignaient de briser un moment rare en allant trop vite. Les lèvres de Malfoy capturèrent enfin celles de Harry.

Oui, elles étaient douces, un peu sucrées. Le souffle qui s'en échappait s'interrompit quand la bouche se fit plus possessive. Sous le soleil d'or gravé sur sa poitrine, le cœur de Potter palpitait. Autour d'eux, les branches retombantes du saule furent agitées par une brise légère. C'était un instant magique.

Puis le baiser se fit plus passionné. Harry en avait tellement rêvé ! Il entrouvrit la bouche et la langue de Draco se faufila à l'intérieur. Ils étaient maintenant soudés l'un à l'autre et les mains se crispaient sur des épaules ou sur une taille flexible. Ils avaient fermé les yeux. C'était Malfoy. C'était Potter. Deux hommes et pourtant aucun des deux n'avait la sensation d'être homo. Ils avaient seulement trouvé chacun leur moitié d'orange.

Ils se séparèrent à regret quand le souffle leur manqua. Ils avaient tous les deux les joues rouges et un air mi heureux, mi embarrassé. Ce fut Draco qui réagit le premier.

« Ça ne durera pas, Potter. Tu en as bien conscience. Nous sommes trop différents.

--Je m'en fous, Malfoy. Je n'ai jamais pu faire de projets d'avenir. J'ai toujours vécu dans le présent. Alors, je prends ce qui vient. Je prends avec bonheur ce que tu m'offres. Je me donne en retour jusqu'à ce que tu me dises de partir. Ça te convient ?

Draco était surpris. C'était dit si simplement ... Ah oui ! L'esprit Griffondor ! Un Serpentard aurait tourné autour du pot ! Pas Potter. Derrière les lunettes rondes, les yeux verts le fixaient avec une franchise déconcertante. C'était troublant. D'autant qu'ils étaient beaux, ces yeux ! Draco ne l'avait jamais remarqué. Ils éclairaient le visage levé vers lui. Un air d'attente

--Ça me convient tout à fait Potter. Et si un jour je t'insupporte, tu peux me jeter toi aussi. Pas de prison, pas de chaînes !

--C'est parfait. Dis-moi, pour le baiser, on peut recommencer ?

Ils recommencèrent. Beaucoup. Souvent. Longtemps.

o – o – o – o

Trois ans plus tard.

« Harry ! Lève-toi, il est presque midi et le défilé est à deux heures. »

Draco sortait de sa chambre, vêtu seulement d'un élégant pantalon noir, les cheveux légèrement humides. Il arrivait visiblement de la salle de bain et tenait en main une chemise de soie blanche qu'il entreprit d'enfiler.

Un grognement répondit à son conseil. Harry était étendu sur le ventre au milieu de son lit, les deux bras passés sous l'oreiller, les cheveux ébouriffés, les yeux clos. Il était nu et le drap ne couvrait que ses fesses, interrompant la ligne creuse de sa colonne vertébrale et le rendant plus désirable encore.

Sa peau était dorée, conséquence de leur dernier séjour sur une île polynésienne, pour les besoins d'une pub vantant les mérites d'un gel douche et d'un déodorant. « Drake-Harry » était le duo publicitaire vedette d'un grande marque de cosmétiques pour hommes. Le Blond le plus sexy et le Brun le plus ténébreux du moment faisaient un malheur dans le milieu frivole de la publicité et de la mode.

« Debout Harry ! Tu sais que Cho n'aime pas attendre. Et ce n'est pas poli vis à vis d'une dame d'arriver en retard à un rendez-vous. »

Harry se retourna sur le dos et ouvrit les yeux. Le tatouage doré qui faisait se pâmer les filles quand on le voyait sur une de ses photos brillait doucement sur sa poitrine. Il prit un air boudeur.

« Cho ! Toujours Cho ! Qu'est-ce que tu lui trouves, à cette grande planche à pain ?

--C'est notre agent Harry, et le meilleur qui soit, tu le sais bien. Rappelle-toi quand nous sommes arrivés à Paris il y a deux ans. Nous voulions commencer une nouvelle vie. Elle nous a pris en main et nous a tout de suite trouvé du travail dans sa branche. Son agence de mannequins et de modèles est renommée dans toute l'Europe. C'est une femme d'affaires hors ligne.

--D'accord ! Mais elle te regardait avec des yeux de chat guettant une souris imprudente. J'avais peur d'elle. On aurait dit qu'elle voulait te croquer tout cru !

--Jusqu'à ce qu'on découvre qu'elle préférait les filles. A propos, il y aura peut-être au défilé cette petite blonde dodue que tu avais repérée la semaine dernière. Tu pourrais lui faire un brin de cour. La firme cherche une jeune fille dans son genre pour figurer dans notre prochaine pub. Les paparazzi seront à l'affut. Il vont vous mitrailler..

--Elle s'appelle Mandy. Et elle n'est pas dodue, elle a juste les rondeurs qu'il faut là où il faut. Mais je crois que les photographes vont surtout s'intéresser à Cho. Elle tient à faire son entrée dans le Grand Salon aux bras des deux jeunes hommes les plus « classe » du moment. Tu as bon goût, elle est magnifique.

--Elle tient surtout à faire la couverture de Vogue si tu vois ce que je veux dire. Allez, Harry. Lève-toi ou je serai encore obligé de m'occuper de toi au dernier moment pour que tu sois prêt à l'heure.

--Ce que j'aimerais, c'est que tu t'occupes de moi, là, tout de suite.

--On n'a pas le temps.

--Juste un câlin !

--Non, je te connais. Après ce sera la course.

--Un baiser alors ! Juste un baiser !

Le blond soupira. La veille, ils avaient fait une petite fête intime. Après un souper aux chandelles, ils avaient bu du champagne, assis sur le tapis devant la cheminée de leur salon. Puis d'un commun accord, ils avaient frappé leur coupe sur la pierre et fait le vœu de partager autant d'années que de morceaux de cristal brisé. Il y en avait pas mal et en souriant, ils avaient échangé une bague toute simple qu'ils portaient maintenant à l'annulaire.

Bien entendu, avait raillé Draco, c'était encore une idée romantique de son Griffondor de compagnon. Mais il en était secrètement heureux. Lui et Harry se disaient rarement des mots d'amour et jamais en public. Mais ils s'aimaient chaque fois qu'ils en avaient envie. Ce soir-là particulièrement, ils s'étaient totalement donnés l'un à l'autre.

Il s'approcha du lit. Le regard en coin de Harry était irrésistible. Le brun le savait et il en jouait quand il en avait l'occasion. Pas trop souvent. Draco était susceptible et il était dangereux de le prendre à rebrousse-poil. Mais aujourd'hui, tout allait bien. Ils avaient encore fait l'amour au petit matin, ils avaient déjeuné et puis ils s'étaient recouchés dans les bras l'un de l'autre.

Ils ne dormaient pas dans le même lit. Harry bougeait beaucoup, conséquence de ses années de jeunesse difficiles. Draco avait tendance à prendre toute la place, habitué qu'il était à dormir seul dans son grand lit à baldaquin. Ils avaient donc chacun leur chambre et ils respectaient l'espace vital et la liberté de l'autre. Ils avaient vite compris que le lien qui les unissait était tout à la fois fort et fragile. Il fallait l'entretenir par beaucoup d'amour et le ménager par encore plus de prévenance.

Si cela avait semblé facile pour Harry, c'était plus difficile pour Draco. Il n'avait jamais appris à ménager les autres. Mais après plusieurs disputes suivies de séparations plus ou moins longues et douloureuses, ils en étaient arrivés à un point d'équilibre. Ils ne pouvaient se passer l'un de l'autre. Autant faire chacun quelques concessions si cela pouvait faire plaisir à l'autre. Draco se pencha et posa ses lèvres sur la bouche tentante.

Harry l'attrapa par le cou et le fit basculer sur lui. Merlin, c'était trop bon ! Vivre l'instant présent, il l'avait toujours fait . Mais maintenant il osait espérer un peu en l'avenir. Le futur avec Draco, c'était possible. Ce serait même merveilleux. Il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour que cela réussisse. Il n'insista pas après le baiser et se leva avec un grand sourire.

Ce jour-là, ça faisait exactement trois ans et un jour que Draco Malfoy et Harry Potter s'étaient avoués leurs « préférences » sous un saule pleureur, dans le parc de Poudlard, après une longue période d'épreuves et de combats.

FIN

Note : L'idée que Voldemort ait fait enfermer Harry au E.Jones Hospital sous la surveillance de Malfoy pour protéger son Horcrux est de Artoung la Grande. C'était sous-entendu dans son O.S. Aliéné. J'ai également repris une partie de son histoire quand Hagrid serre Harry dans ses bras comme l'avait fait l'infirmier Georges L'épais.

Merci encore à notre reine des Drarry. Salutations à toi, Sérénissime.