Disclamer : Ces personnages m'appartiennent ! (J'allais vous faire un disclamer à J.K.R ^^')
Ante Scriptum : Une fiction originale pour le concours 'Huis clos'. Je ne sais pas si elle colle bien avec le thème mais dès que j'ai vu l'intitulé du concours j'ai pensé à ça. J'ai eu beaucoup de mal à retranscrire exactement ce que je voulais et il reste quelques points insatisfaisants mais j'espère néanmoins que ça vous plaira. Enjoy :)
Lunatic
Les enfants sont débordants d'imagination. Ils savent s'amuser avec un bout de bois, le faisant passer d'un fusil à une baguette magique, ils peuvent rire et pleurer pour la même chose sans savoir pourquoi, ils ont le pouvoir de donner vie à des animaux en peluche et d'être le nouveau héros du monde entier.
Ils savent jouer tout seul, il peuvent parler tout seul pendant des heures, ils savent être seul sans être angoissé par l'absence de leurs parents.
Oui, la plupart des enfants sont seuls à un moment de leur vie, mais ça n'est pas un problème. Tristan Natels, lui, n'est jamais seul, et c'est un problème.
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Monsieur et madame Prescot avaient obtenu la garde de leur neveu après le décès du frère de madame Prescot et de sa femme, les Natels. Ils étaient morts dans un accident de la route, six mois auparavant, à la veille de Noël quand les routes, enneigées et dangereuses, étaient source de deuil, et laissant derrière eux un petit garçon âgé de trois ans et demi. Tristan.
C'était un enfant très sage qui riait aux éclats quand son oncle Tom lui faisait faire des bonds dans les airs et qui pleurait à grosse larme quand il se faisait mal. Comme tous les enfants du monde, il s'amusait souvent à faire du thé à ses amis les peluches et à l'occasion à ses parents de substitution. Mais la plupart du temps, il parlait à son ami imaginaire : c'était lui qui avait le plus bu de thé dans toute la maison en compagnie de Tristan.
Madame Prescot entra dans la chambre de son neveu adoré avec un sourire aux lèvres.
-Qu'est ce que tu fais Tristan, demanda t-elle avec une voix douce.
Tristan s'arrêta de parler dans le vide et de boire sa tasse, vide également, pour lui répondre.
-Je bois le thé avec Tristan.
-Mais c'est toi Tristan, dit madame Prescot en fronçant les sourcils.
Tristan explosa de rire.
'C'est vrai tu as raison !'
-Pourquoi est-ce que tu ris, demanda sa tante d'un air perplexe.
-Tristan dit que tu ressembles à une souris quand tu fronces les sourcils, expliqua t-il en riant.
Madame Prescot hésita entre rire ou s'indigner mais finalement son neveu repartit dans son monologue ne faisant plus attention à elle. Elle tourna les talons et sortit de la chambre, plutôt déboussolée de constater que l'enfant parlait de lui à la troisième personne du singulier. Peut être avait-il entendu ça dans un gag à la télévision... Elle s'en convaincu et alla faire à manger, effaçant totalement cet épisode de sa mémoire.
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-Il a dix ans !
-Et alors ? C'est encore un enfant, il peut parfaitement avoir un ami imaginaire si ça lui chante !
-Tu sais très bien qu'il s'agit d'autre chose Tom. Tout à l'heure encore dans la voiture il a mis ses mains devant mes yeux alors que je conduisais !
-Ce sont des blagues de gamins, répliqua monsieur Prescot.
-Il a dit que c'était ''Tristan'' qui lui avait assuré que ce serait drôle si on avait un accident !
Tom contempla sa femme un instant. Elle paraissait stressée et anxieuse.
-Je t'assure qu'il faut que nous allions voir un psychologue. Peut être qu'il est traumatisé par la mort de ses parents...
-Il n'avait que trois ans !
-Écoute, il commence à me faire un peu peur, avoua t-elle.
Monsieur Prescot souffla et reprit :
-Je ne pense pas que cela soit nécessaire, mais puisque tu insistes...
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Madame, monsieur,
Après avoir étudier le cas de Tristan Natels votre neveu, pendant un an, j'en arrive à la conclusion douloureuse, et entendez bien que j'en suis désolé, de la schizophrénie.
Cette maladie, comme vous le savez surement, est d'ordre psychique : elle divise (shizen : fendre) généralement l'esprit (phrenos) en deux. Votre neveu est à un stade où son autisme n'est pas encore très fort : son rapport avec le monde extérieur paraît relativement normal, sauf en ce qui concerne les quelques incidents que vous m'avez communiqué. Cependant, il arrivera un moment où sa paranoïa sera tellement forte qu'il attentera sans doute à sa vie ou à celle d'autrui. La schizophrénie est à prendre très au sérieux. Ainsi, je vous propose de consulter un autre médecin en lui communiquant mon diagnostique et vous pourrez décider de ce qu'il convient le mieux à faire pour l'enfant. Pour ma part, je pense qu'il serait bon de le placer dans un institut spécialisé le plus tôt possible afin qu'il soit pris en charge de manière efficace.
Avec tous mes regrets, je reste à votre entière disposition pour plus d'informations.
Docteur Pierre Piair.
PS : Je vous envoie une brochure de l'établissement où j'exerce, il serait peut être bon que je continue à suivre mon patient une fois interné.
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-Mais tante Cathy, je ne veux pas aller là bas ! Tu avais dis qu'on avait juste à parler avec le docteur pour qu'il puisse nous guérir !
Madame Prescot repensa à la première fois où elle avait dit à son neveu qu'il allait devoir aller chez un psy. À l'époque, elle n'avait pas eu le courage de lui dire qu'il n'y avait pas de 'nous', qu'il n'y avait que lui qui irait chez ce psychologue.
-Je sais Tristan, mais tu n'es pas guéri, donc il faut faire autrement, tu comprends ?
-Non !
Le petit garçon s'enfuit dans sa chambre et s'écroula sur son lit.
'Je ne veux pas aller là bas !'
'Je sais. Mais au moins on sera toujours ensemble...'
'Mais je ne verrais plus Cathy et Tom...'
'Je ne te suffis pas ?'
'Mais si mais si', dit-il très vite. 'C'est juste que je suis un peu triste de devoir partir d'ici.'
Tristan s'approcha de lui et s'installa à ses côtés pour le prendre dans se bras. Il enfoui sa tête dans son cou et pleura quelques larmes en pensant que demain, ils allaient devoir quitter cette maison et partir dans un ''institut spécial avec plein d'autres enfants''. Il n'aimait pas les autres enfants. Ils étaient méchants avec lui parce qu'il était le seul à voir Tristan. Tristan avait dit qu'ils étaient jaloux.
**
-Tristan tu ne peux pas frapper tes camarades comme tu l'as fait hier.
-C'est elle qui a commencé ! Elle a bousculé Tristan sans lui demander pardon !
Ça faisait maintenant quatre ans et demi que Tristan Natels était interné dans cet hôpital et il n'était toujours pas guéri.
-Où est-il en ce moment ?
-A côté de moi, répondit-il sur le ton de l'évidence.
-Bien. Est -il toujours avec toi ?
-Oh vous n'allez pas recommencer ! Je vous l'ai dit au moins cent fois !
-Réponds à la question Tristan.
-Oui, déclara t-il excédé.
-Même quand tu allais encore à l'école ?
-Bien sûr que oui, s'indigna t-il. Il ne me quitte jamais.
-Mais où s'asseyait-il ? Restait-il debout toute la journée ?
-Mais non, il était assis sur ma chaise et moi sur ses genoux.
-Je vois... Et quand tu vas prendre une douche, il t'accompagne ?
-On se lave toujours ensemble.
-Mmhh... n'as tu jamais eu envie de lui cacher des choses ?
Le silence s'installa dans le bureau du psychologue. Tristan fronçait les sourcils et il se tourna vers la droite.
'Je ne sais pas, avoua t-il. Je ne veux rien te cacher', reprit-il aussitôt, 'mais je ne me suis jamais poser la question.'
Le docteur Piair eu un petit sourire satisfait : il mettait enfin le doigt sur quelque chose qui gênait le jeune homme. Il se doutait bien que Tristan, comme n'importe quel personne de son âge, allait commencer à montrer de la résistance à ce qu'il connaissait. On appelait ça, la crise d'adolescence. Et ce que Tristan Natels connaissait le mieux, c'était son ami imaginaire, son double, sa partie névrosée. Peut être qu'il allait enfin commencer à renier ce deuxième Tristan. Sans doute fallait-il encore le titiller un peu.
Le docteur Piair nota scrupuleusement sur son agenda qu'à son prochain rendez vous avec Tristan, il faudra lui expliquer ce qu'est l'intimité. Il marqua également en gros le mot UNIQUE pour qu'il se souvienne aussi de lui parler un peu de l'unicité de chaque homme. Ça allait sans doute ébranler quelque chose au plus profond de son jeune patient s'il se rendait compte une bonne fois pour toute qu'il n'était pasnormalpuisqu'il n'était pas ''unique''. Après tout, les dernières études sociologiques montraient que chaque homme, et à plus forte raison, chaque adolescent, recherchait la normalité pour pouvoir se fondre dans la masse et s'épanouir, alors pourquoi un ado schizophrène ne rechercherait-il pas cette normalité à tout prix ?
Le docteur Piair referma son agenda en souriant de satisfaction et fit signe à Tristan que la séance était terminée et qu'il pouvait partir.
**
'Je ne suis pas comme toi !'
Il explosa de rire.
'Bien sûr que si ! Nous sommes un', ajouta t-il.
Il se rapprocha.
'Sauf que je suis plus fort que toi, je nous protège des autres', déclara t-il d'une voix dure. 'Ils veulent juste nous séparer, donc il faut les tuer. Tu n'es pas d'accord ?'
'Non ! Ce n'est pas ce que je veux ! Tu... tu n'existes pas', asséna l'autre.
'Tu crois vraiment que je n'existe pas', demanda t-il sur un ton affligé. 'Ouvre les yeux, je suis juste là', cria t-il en le poussant fortement contre le mur.
'Je... pourquoi veux tu leur faire du mal ? Ils ne sont pas méchants avec moi...'
'Ils veulent que tu me tues', s'exclama t-il avec colère.
'C'est faux ! Ils veulent juste que je sois ''normal'' !'
'Nous sommes normaux', dit-il d'une voix doucereuse.
L'autre le regarda avec des grands yeux plein de crainte et d'appréhension.
'Pourquoi pensent-ils que je suis anormal ?'
'Parce qu'ils sont tout seul... C'est eux qui ne sont pas normaux. Les hommes veulent-ils être seuls ? Non', répondit-il immédiatement, 'ils cherchent tout le temps et depuis toujours à fuir cette solitude. Qui croient-ils tromper avec leur ''amour''', demanda t-il d'un ton méprisant. 'Les gens se permettent de juger les autres en fonction de leur ''trouvaille''. Ils veulent savoir si ils sont bien normaux, si ils ont trouvé la ''bonne personne''. Parce que l'homme ne peut pas vivre seul. Nous sommes déjà deux pour toujours. Nous sommesdéjànormaux.'
L'autre lui fit un sourire et se détendit alors qu'il avançait toujours vers lui. Il le pris dans ses bras et lui murmura encore :
'Nous sommes un. C'est pour ça qu'il faut tuer les autres, ils ne le voient pas, ils sont jaloux', cracha t-il.
L'autre hocha la tête en se rapprochant de lui.
'D'accord...'
Il sourit.
'Je nous protège ne t'en fait pas.'
'Que dois je faire ?'
'Il faut que nous sortions d'ici. Je ne supporte plus d'être enfermé, je ne supporte plus ces médicaments qu'ils nous font prendre, ils nous tuent.'
L'autre frissonna.
'Ouvres la porte. Il y a un gardien devant, assommes le avec cette lampe. Un coup sec et violent sur le crane... Il mourra peut être', dit-il avec satisfaction.
L'autre prit la lampe d'une main tremblante et il posa sa main sur la sienne pour raffermir sa prise.
L'autre ouvrit la porte et frappa. Fort.
Il sourit.
Il prit l'autre par la main et le tira en avant vers la sortie. Il fallait se dépêcher.
Il sorti le premier.
L'autre le suivi.
'Ça y est ! Nous avons réussi !'
Il explosa de rire et l'autre le regarda fasciné. L'autre rit à son tours. Tous les deux paraissaient déments. Fous peut être. Aliénés.
**
-Je ne comprends pas monsieur Natels, nous avions fait des progrès non ? Je croyais que vous ne vouliez plus blesser personne.
-Il m'a dit que vous essayiez de nous séparer, de le tuer !
-Mais non, mais non... Vous voulez un bonbon ? Ça vous calmera peut être.
-Il m'a dit qu'il ne voulait plus de ça !
-Je vois... Pourquoi ne le nommez vous pas ce ''il'' ? Savez vous comment il s'appelle ?
-Tristan.
-Monsieur Natels, c'est vous Tristan. ''Il'' n'existe pas, ''il'' est le fruit de votre imagination, vous le savez non ?
-NON !
-Il faut que vous vous débarrassiez de lui monsieur Natels, ainsi vous pourrez sortir d'ici.
'Tu vois il veut que tu me tues ! Je te l'avais bien dit !'
'Tu as raison. Je peux nous protéger aussi, ne t'en fait pas. Je sais ce que je dois faire.'
Il sourit en regardant l'autre frapper et frapper encore le professeur Piair.
Il regarda le sang couler sur le plancher.
Ses mains étaient rouges maintenant, mais qu'importe ? L'autre avait compris.
Ils étaient uns.
**
'On ne te fera plus jamais de mal maintenant.'
'Comment ?'
'C'est moi qu'ils voient désormais, ils ne peuvent plus t'atteindre.'
Le jeune homme soupira de soulagement et sentit un poids qu'il ignorait porter s'envoler de ses épaules. Sa respiration se fit douce et calme. Il pensa avec bonheur qu'il n'allait plus être enfermé dans cet hôpital psychiatrique, qu'il était libre et qu'il n'aurait plus à répondre aux questions ridicules du docteur Piair. Tristan l'avait libéré.
'Je t'ai libéré c'est vrai. Mais moi, je suis toujours enfermé dans cet horrible endroit. Il faudra que tu m'aides, d'accord ?'
'Bien sûr Tristan, je ne peux rien te refuser tu le sais.'
Il lui sourit gentiment et Tristan hocha la tête d'un air grave.
'Tu ne peux plus m'abandonner de toute manière', répondit-il. 'Tu es en moi comme j'étais en toi.'
Il se sentit heureux d'être avec Tristan : il n'avait besoin de personne d'autre finalement.
'Nous sommes un', dit-il, comprenant enfin pleinement ce que Tristan lui disait toutes ces années.
Fin et point final : .
Post Scriptum : J'espère ne pas vous avoir tous perdu ! En me relisant je me rends compte qu'il n'est pas super facile à comprendre. Cela dit, c'était aussi un peu le but. ^^ N'hésitez pas à me demander si vous voulez des précisions, toutes les remarques sont les bienvenues :) Le titre signifie ''aliéné'' en anglais et bien sûr j'ai joué avec le caractère ''lunatique'' du personnage. Vous l'avez compris, cet OS traite de la schizophrénie : deux personnalités sont enfermées dans un seul corps. Il n'y a pas plus ''huis clos'' non ? ;p En revanche, pour l'aspect 'Noël et fêtes de fin d'année' je l'ai un peu passé à la trappe... Enfin cela dit il est mentionné donc j'ai bon n'est-ce-pas ? :p
LBB |