Je te suis du coin de l'oeil. C'est pareil tous les matins. Café mocha. Grand. Avec chantilly, s'il vous plaît. Tu vas t'asseoir – la table de gauche, sous les escaliers, c'est la tienne. Il est sept heures quarante cinq du matin. Il n'y a pas grand monde à cette heure et les meilleures tables sont vides – tu sais, celles qui ont la vue sur le lac- mais tu prends toujours la même, parce que c'est la tienne.
Dans quelques secondes tu vas tourner la tête, légèrement vers la droite, et tu regarderas dehors par le petit bout de fenêtre. Le soleil commence a sortir. La serveuse passe te voir comme chaque jour – même si c'est service au bar, à croire que tu n'es pas une exception que pour moi. Elle te pose l'éternelle question – Encore quelques minutes pour une deuxième? - et tu lui réponds exactement la même chose qu'hier, avant hier et il y a un an – Non, je vais être en retard sinon. Mais merci beaucoup. Le ciel s'éclaire un peu plus. Tu prends ton sac. Tu laisses un pourboire. Tu pars.
Et moi, je reste ici à me demander quand est-ce que j'aurais enfin le courage d'arrêter d'être juste un spectateur pour être finalement acteur et te demander enfin si je peut t'inviter pour un autre café...
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