- Tu vas bien ?
S’il allait bien ? Il n’en avait aucune idée. Sans doute, pourquoi cela n’irait-il pas? Il avait certes la bouche un peu pâteuse et l’esprit embrumé, mais il sentait une douce chaleur qui lui semblait rassurante. Il leva les yeux et son regard croisa celui d’un adolescent qui devait avoir environ son age.
Ses cheveux étaient aussi verts que les siens étaient roux. Ils étaient assez courts et se dressaient en petits pics à l’arrière de sa tête. Deux mèches lui tombaient sur les yeux. De grands yeux noirs, un peu en amande. Des yeux de chat !Un baggy noir tombait parfaitement sur ses hanches et un débardeur de la même couleur moulait ses abdos et ses épaules finement musclées. Sa peau était légèrement dorée. Un long manteau noir sans manches encadrait ses épaules. Sur son bras gauche, un tatouage représentait un félin. Il était impressionnant et inspirait le respect. Son regard inquiet le fit revenir à la réalité.
- Je crois que je n’ai rien de cassé.
À ces mots, un large sourire illumina le visage de l’inconnu et une petite fossette se creusa.
- Enchanté. Je suis Shirukane.
- Enchanté, je suis... heu … je suis…. Je ne sais plus !
- C’est rare que cela se produise mais il est vrai que parfois la procédure s’éternise tant que tu en perds tes repères, jusqu'à ton propre nom. À croire que nous ne sommes plus des êtres humains ! Je ne sais pas pourquoi tu es là, mais en tout cas ils devaient être vraiment pressés de se débarrasser de toi, si l’on en juge ta tenue.
Il eut un petit sourire. Le rouquin baissa les yeux et se rendit compte qu’il ne portait rien. Il eut un vif mouvement pour cacher son intimité des yeux de l’inconnu. Il séjournait dans un carton relativement grand, autour de lui se dressaient de hauts murs gris. Il se trouvait sans doute dans une impasse entre deux immeubles. Il y avait deux escaliers de secours qui arrivaient à sa droite. De l’autre coté, il découvrit une rue dans laquelle des hommes et des femmes en tenues strictes se pressaient. Cependant personne ne se bousculait et seul le bruit de leurs pas mêlé à un étrange sifflement parvenait à ses oreilles. Son regard se dirigea vers Shirukane. Un regard chargé d’incompréhension et de questions.
- Tu as l’air d’un chaton abandonné, dans ton carton. Heureusement que je t’ai trouvé. Je pense qu’il ne vaudrait mieux pas s’attarder ici.
Il ôta son manteau et le lui tendit.
- Tiens ! Enfile ça et suis-moi.
D’un pas incertain, toujours déboussolé, le garçon du carton suivit Shirukane. Ils passèrent près d’une sphère. On aurait dit une bulle de savon. Elle reposait sur une sorte de trépied évidé. En la regardant de plus près on pouvait voir des sacs-poubelles à l’intérieur, mais de manière inattendue une douce odeur régnait.
- Ce sont des Bullpoub. Celles-ci sont faites avec du savon de lait de parra. Ce sont de petits ânes. Ici nous les élevons uniquement pour leur lait.
Après avoir pressé un petit bouton, une porte en verre coulissa. Shirukane fit signe à l’autre garçon de le suivre. Ils longèrent un couloir gris avec une multitude de portes vertes, avec une plaque métallique sur chacune d’entre elles. Ils entrèrent. Devant eux se trouvait une vaste pièce. Trois grands canapés noirs au centre et une table basse sur laquelle Shirukane posa ses clefs. La pièce était rectangulaire à l’exception du plan qui leur faisait face, légèrement plus arrondi qui était en réalité une immense baie vitrée. À gauche se trouvait une cuisine américaine et à l’opposé une étrange machine « ronflait ». Ils montèrent à l’étage où se trouvait la chambre, les sanitaires ainsi que la salle de bain.
- Tu veux prendre une douche ? Après tout le temps que tu as dû passer enfermé…
Le jeune homme aux cheveux de feu était émerveillé, mais avait toujours l’esprit un peu embrouillé et se dit qu’une douche lui ferait le plus grand bien. Il accepta d’un hochement de tête. La salle de bain était dans des tons de blanc cassé. À sa droite, un immense miroir surplombait un lavabo encastré sur une plaque de marbre et devant se tenait un cube transparent, la douche, supposa-t-il. Il se débarrassa du manteau et entra dans le cube. Il tendit machinalement la main pour s’emparer du pommeau de douche et se rendit compte qu’il n’y en avait pas. Il essaya de sortir, mais n’y parvint pas. Il frappa contre les parois. Shirukane entra dans la pièce et fut pris d’un fou rire quand il comprit ce qui se passait. Il passa sa main et le cube s’ouvrit sans un bruit.
- J’avais oublié que tu étais un peu déstabilisé. Mais tu devrais quand même te souvenir des douches auto-lavantes.
- Je ne connais pas ces douches. Chez moi une douche a une arrivée d’eau. Là, je ne la vois pas et je ne vois pas comment cela pourrait être une douche !
- Ils vont vraiment chercher de plus en plus loin maintenant. Le principe de ces douches est qu’elles fonctionnent toutes seules. Il faut juste que tu l’alimentes en surfules. Les surfules sont des sortes d’algues-éponge qui absorbent toutes sortes de produits et les rejettent, par exemple pour nous laver sans gaspiller d’eau. Tu as juste à te tenir droit et elles viendront te nettoyer.
Après un dernier sourire, Shirukane partit chercher des habits et laissa donc le garçon prendre sa douche. Ce dernier se détendit et après quelques secondes de l’eau commença à ruisseler sur son corps. De minuscules petites boules jaunes et roses se mirent à parcourir son corps pour le laver. Cela le chatouillait un peu, mais ce n’était pas désagréable. En fait, c’était même très relaxant. Le séchage se fit de la même manière puis le cube s’ouvrit et il put en sortir. Shirukane lui apporta alors un bermuda kaki et un débardeur noir.
Quelques minutes après lui tendit une briquette et ils s’assirent dans les canapés. Ceux-ci étaient en peau velue. Ils étaient très confortables, doux, chauds et moelleux à souhait. Le rouquin regarda avec suspicion la briquette se demandant ce qu’elle contenait.
- C’est une sorte de lait, il est extrêmement riche en vitamine. On l’obtient en écrasant des racines. Ce qui est beaucoup moins coûteux prend moins de place et est moins polluant que d’élever des bêtes.Ce lait est un élément essentiel de l’alimentation des Woogins, la population autochtone.
- Mais où sommes nous au fait ?
- Nous sommes à l’ouest de la ville. Ici il y a surtout des bureaux, des centres de recherche et des enceintes scolaires. Il y a aussi quelques logements de fonction. Enfin, il y a un port. C’est là qu’ils t’ont déposé, non ?
- Non, je ne sais pas comment je suis arrivé, mais je ne me souviens pas avoir été déposé.
- Ah bon ? Mais que faisais-tu là-bas alors ?
- Je ne sais pas, je me souviens juste que je m’appelle Jeremy, j’ai 17 ans et j’habite en France. Le reste est encore très flou.
- Ça te dirait que je te fasse visiter la ville ? Je dois sortir, j’ai rendez-vous avec un ami. Si tu veux tu peux m’accompagner.
Jeremy accepta avec plaisir. Ils sortirent donc de l’appartement et se retrouvèrent dans le couloir de tout à l’heure. Ils prirent un ascenseur qui se trouvait à quelques portes de là. Un ascenseur tout en verre les emmena au dernier étage. En ce lieu, ils empruntèrent un petit escalier en colimaçon qui les mena sur le toit. Ce dernier était aménagé comme une serre et plusieurs bancs s’y trouvaient, permettant sans doute de se reposer ou de s’y asseoir pour lire calmement un livre. Le soleil était presque à son zénith. Jeremy en déduisit qu’il devait être onze heures. Shirukane émit une brève mélodie. Un sifflement identique à celui qu’ils avaient entendu précédemment se produisit, en même temps qu’une sorte de moto arrivait. Elle était noire avec d’importantes suspensions. En montant dessus, Jeremy se fit la remarque qu’il ne voyait pas la jauge de carburant.
- C’est un Weaver. Tu te demandes pourquoi il n’y a pas de jauge ? Tout simplement car c’est un nouveau modèle. Il se sert des vents et courants d’air chauds et froids. D’autre part une réserve d’air sous pression est placée sous les suspensions et est en permanence renouvelée.
D’une pression sur le guidon, le véhicule s’élança dans les airs. Jeremy s’agrippa à la taille de son guide. Devant eux s’étendaient d’immenses tours pour la plupart en verre. Les parois réfléchissaient la lumière de telle sorte que l’on ne pouvait pas voir ce qui se passait à l’intérieur. Ils longèrent un moment cette route de miroirs. Un vent tiède leur fouettait le visage, ce qui était plutôt normal pour un mois d’avril. Enfin le paysage changea. Ils avaient pris de l’altitude et à présent sous leurs pieds se profilaient une multitude d’habitations basses.
En voyant le regard presque choqué de Jeremy, Shirukane eut un petit rire.
- Bienvenue à la maison !
Et à ces mots, ils plongèrent vers la terre. Devant eux, comme des marshmallows, se dressaient de petites maisons de toutes les couleurs.
- Leur particularité est qu’elles sont toutes équipées de panneaux solaires. Il faut savoir également que ces maisons sont équipées d’un système de recyclage de l’eau et des détritus. Mais surtout, grâce à ses installations, notre ville produit assez d’énergie pour ne pas avoir besoin d’énergie nucléaire.
Dehors les habitants parlaient entre eux, lisaient sur des bancs et quelques weavers circulaient. Jeremy remarqua qu’il y avait des barrières pour réguler la circulation et que les conducteurs attendaient patiemment qu’elles se lèvent.
Ils bifurquèrent dans une petite rue sur la droite et Shirukane ralentit son Weaver. Ils descendirent devant une petite maison beige avec deux fenêtres. Un rosier sauvage montait contre un mur où se tenait une porte en verre teinté. Shirukane frappa de quatre coups brefs le battant et celui-ci s’ouvrit. Dans l’encadrement de la porte se tenait un homme d’une quarantaine d’années. Des rides creusaient son visage aux traits fatigués, mais quand il aperçut les visiteurs, un large sourire illumina sa figure. Il serra le petit doigt de Shirukane.
- C’est comme cela que l’on se salue ici.
Ils entrèrent dans la maisonnette. Les murs qu’on devinait blancs à l’origine, n’avaient à présent rien à envier à un panneau d’affichage. On entrapercevait une vieille carte cachée par tout un tas de prospectus aux couleurs vives et aux slogans accrocheurs qui vous conviaient à des expositions, ou à des manifestations en tout genre. Dans un coin, il y avait un bureau avec un ordinateur qui affichait toute une série de consoles. De hautes étagères remplies de livres et de dossiers tapissaient tout un pan. L’homme, qui s’appelait Frédéric, s’approcha de l’une d’elles pour attraper un CD. Il se mit sur la pointe des pieds pour atteindre la dernière étagère et, levant les bras, fit glisser sa manche et dévoiler une tête féline. Jeremy ne put retenir un petit cri quand il aperçut le tatouage de l’homme, similaire à celui qu’il avait vu sur Shirukane. Jeremy souleva la manche de Shirukane et traça avec son doigt le contour du fauve. Il inspirait la crainte, mais était d’une beauté à couper le souffle.
- Toi aussi…
Shirukane eut un bref rire, rauque, désabusé.
- Hé oui, nous avons tous la marque, comme du bétail. Mais du bétail à qui l’on aurait donné une chance de courir dans la nature.
Jeremy eut l’impression qu’un point essentiel était en train de lui échapper.
- Il n’a pas l’air d’être d’ici, reprit Frédéric. Ils l’ont amené quand ?
- Il n’a pas été amené. Il est arrivé.
- Ne me dis pas que tu l’as emmené ici sans lui avoir expliqué !
- Non, je n’ai pas encore eu le temps. Cela fait à peine quelques heures qu’il est parmi nous. Mais j’ai pensé que toi, tu pourrais lui fournir les renseignements dont il a besoin.
- Bien sûr ! Après tout, nous sommes sans doute les mieux placés pour lui expliquer.
Ils s’installèrent sur des caisses en bois.
- Ce tatouage est le symbole de notre appartenance aux Woogins. Toutes les personnes portant ce tatouage ont, un jour ou l’autre, commis des délits, été capturés et fait de la prison. Oh…nous n’avons pas commis de crimes impardonnables, nous n’avons tué personne. La plupart d’entre nous sommes là pour des histoires de trafic de stupéfiants ou de vol. Moi, par exemple, j’ai été arrêté il y a vingt ans. Étant récidiviste, j’aurais dû moisir en prison au moins quinze ans. Mais quelques mois après, on m’a proposé de faire partie d’une équipe-test.
Nous avons été choisis pour montrer que, même si dans le passé nous avions commis quelques délits, nous pouvions quand même nous intégrer dans une société. Nous devions habiter dans cette ville pour une durée de deux ans. Notre investissement serait notre clef de sortie. Notre groupe fonctionne sur le principe d’une démocratie coopérative, nous élisons tous les ans un groupe de délégués se chargeant de nous représenter et de créer des textes de lois pour nous aider à avancer. Les lois ne sont promulguées qu’après referendum. Notre pari est de faire une ville très écologique et économiquement durable et viable. Nous sommes bien sûr encadrés par la justice, cependant, depuis la création de l’île, aucune plainte n’a encore été déposée.
Cette ville représente la dernière chance que nous avons. Si elle dépérissait, cela montrerait que nous sommes incapables de vivre en société. Cette ville nous donne une seconde chance de faire des études, dans de bonnes conditions. Ici, nous sommes à égalité. Nous n’avons pas besoin de vendre de la drogue pour pouvoir payer nos études ou simplement vivre. Quand on arrive ici, on sait que l’on a déjà un emploi, une maison comme celle où tu te trouves, ainsi qu’un lopin de terre et une carte bancaire avec un avoir de 100 woogs dessus. Les personnes sont placées à des postes pour lesquels elles ont les compétences requises.
Personnellement, je m’occupe du centre artistique qui se trouve à quelques kilomètres d’ici. C’est une grande galerie à l’architecture en verre. Je suis chargé des expositions. Nous partons du principe que le don n’existe pas, que chacun est créateur. Nous croyons aux gens, à leurs capacités intellectuelles. Les œuvres sont renouvelées en permanence. Et si mon cadre de vie ne me plait pas, libre à moi d’en changer.
Au sud, le cadre est plutôt rural alors que l’Ouest et le Nord sont très urbanisés. L’Est de l’île est un peu à part car la région est montagneuse. C’est là que se trouvent les quelques troupeaux que nous avons. Cependant, la plupart de notre alimentation est constituée de racines, comme Shirukane a déjà dû te l’expliquer. Nous les broyons pour faire des jus, les écrasons pour faire une sorte de farine qui nous sert à faire des galetos, un pain à la mie très jaune. Nous cultivons également de l’orge. Mélangée avec du lait de vache et de la poudre de racine, elle donne une préparation liquide que nous faisons chauffer afin d’obtenir un flan dont nous sommes pour la plupart très friands. Nous essayons de vivre le maximum en autarcie.
- Mais vous ne faites jamais que commerce ? Vous ne pouvez pas tout cultiver ici, non ? Par exemple, vos vêtements, ils viennent d’ailleurs, non ?
Un rire secoua Frédéric.
- Bien sûr, nous faisons du commerce, nous avons même deux ports. Un sur la côte sud, le port Victoria, qui donne sur une mer portant le même nom et qui nous permet d’échanger des marchandises avec l’île voisine, Rubis. Le second port se situe sur la côte ouest. C’est par celui-là qu’arrivent les nouveaux résidents. Par ailleurs, près du port se trouve un local où sont délivrés les papiers permettant de séjourner ou d’habiter sur l’île.
- Mais si d’autres personnes veulent venir ? Elles le peuvent ?
- Bien sûr, cette île est ouverte. Certaines familles se sont même installées ici pour pouvoir être près de leurs enfants. Cependant, je suppose que notre fonctionnement est tellement novateur qu’il fait peur et dérange…. De fait, la majorité d’entre nous sommes prisonniers. Je dis prisonnier, mais en réalité je ne le suis plus, je ne me le suis même jamais senti ici. Il ne tient désormais qu’à moi de quitter cette île. Mais je m’y suis attaché et j’ai envie d’aider à se mise en place, afin qu’elle dure et que d’autres aient la chance de vivre ici plutôt que de croupir entre quatre murs. Ici, les gens sont chaleureux, peut-être parce que nous avons tous un point commun. Mais surtout parce qu’un jour où l’autre nous avons tous demandé de l’aide, en vain. À présent, nous nous épaulons.
Après ce long monologue, Shirukane et Jeremy prirent congé de leur hôte et rentrèrent.
- Et Frédéric? Sa famille ne lui manque pas trop ?
- Oh, non, je ne pense pas. Sur cette île, il a rencontré une jeune femme. Nous avions célébré leur mariage. Certes, ce n’est sans doute pas ce que tu imagines. Pour nous, les événements liés à l’état-civil ne donnent pas lieu à de fêtes. Nos seules fêtes sont pour célébrer les arts, les saisons, la poésie, la musique et l’écriture. Nous nous retrouvons pour festoyer, mais bien sûr nous ne touchons ni à l’alcool, ni à la drogue. Ceux-ci sont bannis de l’île… Mais je m’égare… Frédéric a eu trois enfants avec sa femme. Ils vont d’ailleurs à l’école de la rue d’à côté, la « free-school », où ils peuvent apprendre à leur rythme. Ils s’y font des amis et apprennent l’entraide.
- Mais, je n’ai pas vu beaucoup d’enfants dans les rues…
- Tu sais, l’île subit un brassage incessant et de nombreux détenus préfèrent construire leur vie ailleurs. Certains espèrent malgré tout reproduire ce modèle de vie ailleurs. Ils apprécient que nous ayons développé un mode de vie sain.
Toutes ces coutumes, toute cette organisation, tout cela avait fatigué Jeremy. Ils décidèrent donc d’aller se coucher. Frédéric dans son lit et Jeremy sur un des canapés. Allongé dans le noir, il réfléchissait à tout ce qu’il avait appris. Comment avait-il pu arriver en ces lieux ? Cela ne correspondait ni à son image ni à ses habitudes. Il avait l’habitude de vivre au jour le jour sans vraiment se donner une chance et se servait de la drogue pour oublier que la plupart de ses projets n’étaient qu’une suite d’échecs cuisants. Il se dit qu’il aimerait bien maîtriser un minimum ce qui lui arrivait. À chaque fois c’était la même chose, il sentait qu’il devait agir avant que cela ne lui retombe dessus, mais à chaque fois une sorte de paresse l’engourdissait. Il se souvenait de sa dernière fête, il avait bu et avait commencé à perdre le contrôle, mais il avait besoin de continuer. Et puis…plus rien…, il ne se souvenait de rien.
- Jeremy! Jeremy, réveille-toi! Il est déjà 11 heures.
Une femme d’une quarantaine d’année s’agitait frénétiquement devant son fils qui ne voulait pas se lever. Il ouvrit un œil et une violente lumière l’agressa. Il ferma immédiatement les yeux, une migraine le faisait souffrir horriblement.Puis il se rappela, les Woogins, Frédéric, les weavers… Et Shirukane ? Alors tout cela n’était qu’un rêve? Il avait du mal à le croire, tout cela lui avait semblé si réel. Il était à la fois triste et soulagé. Il se leva d’un pas traînant jusqu’à la salle de bain, se saisit du pommeau de douche et ouvrit l’eau froide. Cela lui apprendrait à trop boire. |