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au 31 Mai 21 :
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Sur le dos du Soleil
Par UberDrake
Originales  -  Romance  -  fr
One Shot - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     4 Reviews    
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Note: Cette histoire est déjà publiée sur Fictionpress. Je ne l'ai pas volée, elle est de moi, juste sous un autre pseudo (Evilie, pour ceux que ça intéresse). C'est une histoire en deux parties, qui peuvent être lues séparément sans aucun problème. Fin de la note, bonne lecture!

'Drake

Sur le dos du Soleil.

 

Maxence inhala profondément et recracha doucement la fumée qui avaitenvahi ses poumons. Il était 10 h 27 heure du lycée, 10 h 29 heure française, et c'était la première de la journée. Encore une fois, il venait de s'engueuler avec Amélie.

 

Cette dernière l'avait accusé de "vouloir diriger ma vie comme tu veux sans prendre en compte mes sentiments. Que tu l'apprécies pas ne changera rien, je l'aime et tant pis pour toi !". Et franchement, il se voyait mal lui courir après pour lui expliquer que s'il agissait comme ça, c'était dû à…

 

Un grincement l'arrêta là dans ses réflexions. Il tourna légèrement la tête pour observer le nouveau venu. Il tira une autre bouffée de sa cigarette avant de l'éteindre sur la semelle de sa chaussure pour la ranger dans son paquet.

 

Il se leva et descendit les quelques marches de l'escalier de secours. Il semblait à Maxence connaître le lycéen qui lui faisait face. Mais bon, avec sa mémoire sélective, ce pouvait très bien être aussi bien un serveur de kebab qu'un de ses camarades de classe.

Il le contourna et rentra dans le bâtiment sans un regard supplémentaire pour le garçon.

 

XXXX

 

Assis près de la fenêtre, Maxence observait les quelques élèves qui prenaient le soleil sur la pelouse du stade malgré le temps froid de ce début de février. Il renifla en voyant l'astre apparaître de derrière un nuage.

Il n'aimait pas le soleil, qui aveuglait ses yeux trop clairs.À choisir, il les aurait préférés bruns que gris. Il n'aimait pas non plus le gris, soit dit en passant, et abhorrait les journées pluvieuses.

Plissant les yeux, il remarqua un couple qui se promenait de l'autre côté du stade. Il détourna les yeux rapidement, sachant rien qu'à sa démarche que la fille était Amélie.

Il reporta son attention sur sa feuille au moment où son professeur de biologie l'interrogea. Il s'évita ainsi la réprimande de ce dernier, et les ricanements idiots des autres élèves de sa classe.

Peu l'appréciaient et lui n'en appréciait aucun.

Répondant correctement à l'interrogation, il put à loisir retourner à l'observation du stade, et constater la disparition du couple. La sonnerie de fin de cours retentit, provoquant un tohu-bohu de tous les diables. Il ramassa ses affaires et sortit de la salle, censurant énergiquement la boule de haine qui lui était montée à la gorge. C'est en bousculant un élève que Maxence se fit la réflexion que le garçon de l'escalier était, non pas un vendeur de kebab, mais bien un camarade de classe, et en plus de cela, ça lui revenait maintenant, son délégué de classe.

Il marmonna une excuse et se dépêcha de filer.

 

XXXX

 

Il ralluma péniblement son mégot de cigarette du matin à l'aide d'un vieux briquet qui crachait plus d'étincelles que de flammes. Levant les yeux au ciel, il se surprit à repenser une fois de plus à Amélie. Il grogna et jeta son mégot d'un geste rageur. Il ne réalisa qu'après coup ce qu'il venait de faire, et se détesta pour ça.

—Et merde…

Le bruit rouillé de la porte l'informa d'un dérangement imminent, Maxence n'avait aucune envie de bouger. Il n'aurait qu'à faire fuir le gêneur. Il alluma une nouvelle cigarette, neuve celle-ci, et jeta un regard en biais à l'intrus qui venait le perturber dans son auto-apitoiement.

—Tu ne devrais pas fumer. C'est dangereux pour la santé.

Maxence manqua de s'étouffer avec la fumée, surpris de l'audace du gêneur.

—La preuve : tu t'étouffes.

Maxence prit le temps de retrouver son souffle, de battre trois fois des paupières et de jeter un regard mauvais au garçon avant de demander d'une voixrauque :

—Pardon ?

—Tu devrais essayer les bonbons, ça marche mieux que les patchs et le seul risque que tu coures, c'est des caries. Ca vaut toujours mieux qu'un cancer.

Maxence resta sans voix, fixant son délégué un instant avant de répliquer d'une voix froide.

—Te sens pas obligé de faire ton boulot de délégué avec moi, je ne fais pas partie du troupeau.

Le délégué haussa un sourcil avant de ricaner.

—T'inquiètes. Apparemment mon speech moralisateur n'a pas marché, et je vais te dire, je m'en balance plutôt pas mal.

Maxence reprit une latte.

—C'est juste que tu pues la clope quand tu rentres en cours, et j'ai arrêté y'a un mois. Franchement, ça me fait chier que tu puisses fumer et moi pas.

Soufflant la fumée par le nez, Maxence tendit sa cigarette au délégué.

—Alors, te gêne pas, dit-il en se levant.

Il épousseta une poussière invisible sur son jean.

—Termine-la, et on sera deux à sentir la clope.

Il contourna le lycéen et descendit l'escalier mains dans les poches, en direction du stade.

Son délégué le regarda partir, la cigarette se consumant doucement dans sa main.

—Connard, va. marmonna-t-il en écrasant le mégot sur le sol.

 

XXXX

 

Posant son sac sur la pelouse, Maxence regarda autour de lui, appréciant l'absence de curieux et les quatre cents mètres de piste déserte. Il s'échauffa doucement, son casque vissé sur les oreilles.

Le fond et ledemi-fond étaient deux passes temps agréables. Mauvais en saut et en sprint, il préférait travailler l'endurance, histoire d'avoir son bac avec un peu moins de difficultés. Alors qu'il entamait son quatrième tour, et repensait au cours de littérature qu'il suivait optionnellement, une main sur son bras le força à s'arrêter.

Enlevant son casque, il se retourna pour voir à qui il avait à faire. Son sang se glaça en découvrant qui l'avait arrêté.

—Amélie ?

La jeune femme n'était pas sensée vouloir lui parler, ni même l'approcher, d'après ses dernières paroles. À moins que la phrase "je ne veux plus jamais te voir" n'ait pris un sens nouveau sans que Maxence soit mis au courant.

—Écoute, Maxence, je sais que j'ai été méchante ce matin, et que peut-être mes paroles ont dépassé ma pensée, mais je voudrais vraiment que tu fasses des excuses à Damien. Même si tu ne l'aimes pas, je…

Maxence renifla.

—Tu me demandes d'aller m'excuser auprès d'un type qui sous-entend, pour ne pas dire autre chose, que je suis un con fini doublé d'un mythomane ?

—Damien n'a pas dit ça!

—Ah ouais? T'étais pourtant bien là, t'aurai dû entendre.

—Il n'a pas dit ça!

—Mais le " t'approche plus jamais de nous fils de pute" celui-là, il l'a dit.

—Il s'est un peu emporté, mais ça veut pas

—Ton "espèce de menteur, tu dis ça par ce que t'es jaloux de mon bonheur !", c'est aussi une illusion auditive ?

—Max! T'as dis que Damien s'intéressait à moi uniquement pour…

—Coucher avec toi. Et qu'après il te larguerait pour une autre, et que ce type est un coureur. Oui, j'ai dis ça, et je ne compte pas m'excuser. C'est la vérité, demande autour de toi, déclara-t-il calmement.

—C'est faux! Il m'aime! Il me l'a dit! répliqua-t-elle, sa voix montant dans les aigus.

Maxence soupira et se dirigea vers son sac. Il était couvert de sueur, il commençait à avoir froid, et surtout, il luttait contre une irrésistible envie de frapper quelqu'un.

—Amélie, depuis combien de temps on se connaît ?

Elle se tut, surprise.

—Ça va faire cinq ans.

—Et lui, tu le connais depuis …?

—C'est pas pareil! C'est l'amour ! cria Amélie.

—Laisse-moi rire. Ça fait trois semaines.

Il la regarda droit dans les yeux et déclara doucement.

—Mais tu sais, que tu l'aimes, soit, j'aurais dis vas-y. Qu'il t'aime, ça, j'en doute, mais pourquoi pas. Le truc qui me met franchement hors de moi, Amélie, c'est que tu tiennes plus compte des mensonges d'un connard pareil plutôt que de mes conseils.

—Arrête de l'insulter! C'est toi le connard! Tu le connais même pas !

—Et j'en ai pas envie. Tu m'as demandé mon avis. Tu m'as demandé si je pensais que c'était une bonne idée de sortir avec, je t'ai dit non. Qu'il était pas bien pour toi, et tu m'as juste dit que je ne comprenais pas, et que je disais que des conneries.

—Tu peux pas comprendre! T'as jamais été amoureux !

Amélie venait de hurler. Hystérique.

Le regard de Maxence se fit froid, distant. Il détacha les mains de la jeune fille de son T-shirt.

—Ça, Amélie, tu n'en sais rien…souffla-t-il en ramassant son sac et en remettant sa musique en marche.

Il quitta le stade en la laissant seule. Il grimpa les escaliers d'urgence jusqu'au troisième étage. Il s'assit et sortit une cigarette. Il l'alluma et la laissa se consumer, pleurant silencieusement.

 

XXXX

 

Maxence avait décidé de quitter le lycée au plus tôt, et le meilleur moyen était d'avoir le bac du premier coup.

Il se mit à réviser intensivement, allant même jusqu'à demander à son père de lui payer un professeur particulier pour l'allemand, langue qu'il appréciait sans pour autant la maîtriser parfaitement. Même ses poses cigarettes dans l'escalier se voyaient raccourcies par de la chimie, de la biologie ou de l'histoire.

Lesmathématiques étaient la seule matière pour laquelle il refusait de travailler.

Ses professeurs se posèrent d'ailleurs des questions sur ce revirement spectaculaire. Même s'il n'avait jamais été un élève médiocre, Maxence n'était que très moyen dans la majorité des matières qu'il suivait. Seules la biologie et la littérature trouvaient grâce à ses yeux.

Son professeur principal se décida même à en parler à son délégué, agréablement surpris de noter pareils résultats, et espérant utopiquement en apprendre la raison.

C'est donc par une fin d'après-midi nuageuse sur les escaliers de secours, cigarette aux lèvres et fiches en mains, que Maxence fut de nouveau dérangé par le gêneur. N'ayant aucune mémoire des prénoms, il avait attribué ce surnom au garçon.

—Tu fumes toujours.

Maxence ne releva pas, trop occupé à assimiler les déclinaisons allemandes.

—Tu pourrais être poli et répondre.

—Tu pourrais être intelligent et te casser.

—Bon, pour la politesse, tu repasseras.

Maxence resta silencieux, tirant une latte de temps à autre.

—J'aurais une question à te poser. déclara finalement le délégué. Pourquoi tant d'acharnement?

Maxence fronça des sourcils devant une déclinaison particulièrement difficile.

—Acharnement à…? demanda-t-il distraitement, avant de se reprendre. Pas tes oignions.

—Perso, j'm'en fous. C'est juste le prof de chimie qui veut savoir, histoire de savoir quelle est la recette miracle qui fait bosser les élèves. Et d'ailleurs, t'as une faute de terminaison, là. dit le garçon en pointant une colonne sur la fiche de Maxence.

Surpris, ce dernier releva la tête un peu brusquement, faisant tomber un peu de cendres sur ses fiches.

—Putain de merde! Siffla-t-il en se relevant prestement.

Le gêneur se contenta de sourire narquoisement. Maxence lui glissa un regard irrité.

—Ça te fait rire?

—Plutôt. ricana le délégué.

Ce fut au tour de Maxence de ricaner. Il enleva la cigarette de sa bouche et souffla dans le visage du garçon.

—Et bien je connais un truc encore plus drôle… dit-il en ramassant ses affaires.

Le gêneur haussa un sourcil en toussant.

Maxence jeta sa cigarette sur les genoux du lycéen avec un regard narquois.

Ce dernier sursauta violemment et se leva, agitant les jambes pour faire tomber le mégot. Lorsqu'il écrasa la cigarette du pied, Maxence avait déjà disparu.

Connard.

 

XXXX

 

Maxence referma la fenêtre desa chambre, décidant qu'il avait assez aéré pour la journée. Son père l'appela du rez-de-chaussée, lui signalant que le repas était prêt.

—Alors, les études. J'ai vu ton bulletin, ce matin. Tes profs sont impressionnés. Au moins deux points de gagnés dans chaque matière.

Maxence se contenta d'acquiescer silencieusement.

—À part en maths. Tu plafonnes toujours à six et demi. Mais bon, c'est quand même bien…

Le repas se termina dans le silence, les deux hommes mangeant leurs tagliatelles sans dire un mot.

—J'ai croisé la mère d'Amélie hier. déclara son père en débarrassant. Je ne savais pas que tu ne lui parles plus.

Maxence ne répondit pas.

—Apparemment ça fait plus d'un mois. Je pensais que vous étiez très bons amis pourtant.

Le lycéen renifla et mit le reste de la vaisselle sale dans la machine.

—Divergence d'opinions.

—Et dire qu'à une époque, je pensais que vous alliez sortir ensemble…

Les mains de Maxence se figèrent, suspendues au-dessus du lave-vaisselle, avant qu'il ne réponde d'une voix un peu plus grave que d'habitude.

—N'importe quoi.

 

Une fois dans sa chambre, il alluma son portable et composa un numéro. Après trois sonneries, on lui répondit.

—Allô? Hugo? C'est Max. Tu peux me passer ton frère, s'il te plaît?

Il patienta un instant, le temps qu'Hugo trouve son frère.

Une voix enrouée lui répondit. Maxence soupira légèrement. Entendre la voix de Laurent lui faisait un peu de bien. Il lui donna rendez vous le lendemain soir et raccrocha sur un salut laconique.

 

XXXX

 

Maxence attendait depuis une bonne heure devant les grilles maintenant fermées du lycée. Laurent se faisait attendre. Il allait se décider à rentrer quand un bruit de moteur annonça l'arrivée de son ami.

—T'es en retard.

—Salut aussi p'tit con. Embouteillage, c'est pas ma faute.

Laurent prit le temps d'allumer une cigarette, avant de continuer.

—Alors c'est quoi le problème ? Un prof t'emmerde ?

Maxence secoua la tête et commença à lui parler d'Amélie. Laurent l'interropit en levant une main.

—Attends, laisse-moi réfléchir… C'est pas la nénette que t'avais ramené y'a deux ans ? Celle qu'est jamais revenue ?

Maxence acquiésça. Son ami l'incita à continuer son histoire.

—Disons qu'on est en froid…

—C'était pas ta copine ?

Se méprenant sur le sens du mot de Laurent, le lycéen repondit par l'affirmative.

—Elle t'a trompé ?

Maxence fit les gros yeux. Que racontait donc Laurent?

—Tu sortais bien avec elle, non ?

—Non!

Laurent fit une pause. Avisant le lycéen, il grimaça. Il sortit une cigarette de son paquet et le tendit à son voisin.Maxence accepta.

—T'étais accro ?

Le garçon ne répondit pas.

J'suis désolé, gamin.

 

Il refit une pause.

—Et sinon, le lycée ?

—Hâte d'être ailleurs.

—À ce point ?

Seul le regard éloquent du garçon lui répondit.

—Bah, plus que cinq mois et c'est fini. On sera content de t'avoir avec nous !

Maxenceacquiesça et monta dans la voiture.

—Et sinon… Comment va Jérôme ? demanda-t-il d'une petite voix.

Laurent lui jeta un coup d'œil surpris.

—Bien, ton cousin va bien… Il a hâte de te revoir.

 

Maxence remercia Laurent et le regarda s'éloigner. Avoirparlé un peu lui avait fait du bien. Il résista à l'envie d'allumer une cigarette et rentra chez lui.

Il salua son père et monta dans sa chambre. Il allait pour se coucher quand son père le rappela.

—Au fait, un de tes amis a appelé tout à l'heure. Il m'a demandé ton numéro de portable.

—De quoi? demanda Maxence, surpris.

Tous ses amis, et ils étaient peu nombreux, connaissaient son numéro. De plus, son père les connaissait tous.

—Il ne m'a pas dit son nom. Il a juste dit qu'il était ton délégué.

Le gêneur, pensa le lycéen.

—Je ne lui ai pas donné, il te le demandera demain je suppose.

Il remercia son père et lui souhaita bonne nuit.

 

XXXX

 

Il se réveilla lelendemain avec un mauvais pressentiment. Il arriva au lycée quelques minutes en avance et se dirigea vers sa salle de cours. Son pressentiment se mua en certitude lorsqu'il vit son délégué, ainsi que plusieurs autres élèves autour de sa table. Il les salua d'un grognement et s'assit sans plus de façons.

Le délégué se racla la gorge, essayant d'attirer son attention.

—Hm… Maxence ? Les profs ont décidé aux vues de tes résultats, que tu pourrais aider certains élèves dans leurs révisions… commença le garçon.

Maxence détourna la tête de la fenêtre et dévisagea le garçon.

—Pardon ?

—Pas besoin de t'excuser, je pense que c'est un bon moyen pour t'intégrer… rentrer dans le troupeau… ajouta le gêneur.

Une des filles gloussa.

Maxence lui jeta un regard en coin. Elle ressemblait un peu à Amélie. Il ne l'aima pas d'office. Le délégué continua son explication, mais Maxence retourna à l'observation silencieuse de la fenêtre. IL vit au loin Amélie et Damien se promener autour du stade. Il grimaça et serra les poings. Le délégué dut le remarquer, car il arrêta de parler et demanda aux autres personnes du groupe de retourner s'asseoir. Pourtant, il s'assit à côté de Maxence.

—Qui est-ce?

Maxence sursauta. Il incendia le garçon du regard.

—La fille que tu regardes tout le temps. C'est une L, non? Amélie Mara quelque chose…

—Marachiani.

—C'est ça, acquiesça le délégué. Marachiani. Tu sais, personne t'apprécie beaucoup…

Maxence le savait et s'en fichait pas mal.

—Bon, à part une ou deux désespérées qui te trouvent "mystérieux", tu passes pour un asocial obtus. L'idée du prof est une connerie monumentale. T'es pas assez doué pour enseigner, même si t'as amélioré tes résultats, et pas assez aimé pour être supporté.

Le délégué soupira et fouilla dans une de ses poches pour en sortir un bonbon. Il le proposa à Maxence qui refusa.

—Enfin, le plus aberrant, c'est quand même toi. J'ai pas pour habitude de m'intéresser aux gens qui traitent le reste de la planète comme de la merde, et en plus de ça, t'es un sacré connard.

Maxencericana. C'était la première fois qu'on lui faisait ce coup-là. Il lui fit part de sa pensée.

—De vrai? On t'a jamais dit que t'es un connard?

—Jamais en me proposant des bonbons…

Le gêneur paru réfléchir avant d'éclater de rire en reconnaissant le comique de la situation.

—Mais franchement, tu devrais arrêter la clope, j'ai trop envie de m'en griller une.

Maxence eut un sourire narquois et sortit une cigarette pour la tendre au garçon.

T'es vraiment un connard. dit-il en croquant son bonbon.

 

XXXX

 

—Hey! Max!

Maxence se retourna à moitié en reconnaissant son délégué arriver vers lui, un paquet de bonbons dans une mains, une cigarette dans l'autre. Comprenant le message, il se dirigea vers la sortie desecours. Il attendit l'autre lycéen en haut des marches de l'escalier, le visage tourné vers le stade.

Il avait envie de courir.

Un bruit de pas et les tremblement de la structure métallique l'avertirent de l'arrivée du garçon.

—Tiens, ta clope.

Il se tourna tout à fait pourattraper la cigarette et l'allumer. Il inspira à fond en fermant les yeux.

—T'es rapide quand même. J'ai presque couru pour arriver ici avant toi.

—Bouffer du sucre à longueur de journées engraisse. Prends-en qu'à toi-même.

—Connard. répliqua le délégué en ouvrant son paquet.

—Je sais.

Etrangement, depuis la déclaration du gêneur, quelques semaines plus tôt, Maxence avait appris à supporter sa présence, voire même accepter sa compagnie. Au final, le délégué n'était pas si bavard que ça, et avait un humour plutôt tordu que Maxence appréciait. Il avait même retenu son prénom.

—Je me suis renseigné et j'ai presque réussi à convaincre le prof de chimie que son idée allait tomber à l'eau.

Il tira une bouffée de sa cigarette et se tourna de nouveau pour faire face au mur de béton du bâtiment. Si le prof abandonnait son idée saugrenue de lui faire donner des cours de soutient, ça lui permettrait de se concentrer sur son propre travail. Il hocha la tête en plissant les yeux.

Le soleil venait de sortir de derrière un nuage et la réflexion sur le béton lui irritait les yeux.

—Putain de soleil.

—Et la tenue, c'est pour les chiens, je suppose… grimaça le délégué en avalant un autre bonbon.

—C'est ça, c'est ça…

—Tu n'es qu'un chieur, Max. Je me demande pourquoi je zone avec toi…

—Par ce que les autres te saoulent et que tu peux baver sur leur gueule tout en sachant que j'irai pas baver à mon tour, vu que j'ai aucun contact dans ce bahut.

—Ouais et c'est ce que j'aime chez toi: ta capacité à me balancer mon hypocrisie dans la gueule en tirant une latte entre deux TP de chimie.

—À ton service, Jocelyn.

—Joss, je te l'ai déjà dis.

Mais que Maxence soit transformé en femelle gnou s'il l'appelait jamais par ce pseudonyme. Il ne répondit pas, se contentant de retourner à l'intérieur du bâtiment.

 

XXXX

 

Les examens approchaient rapidement, et bien que Maxence soit assez confiant pour les épreuves à venir, ce n'était apparemment pas le cas du gêneur. Il arrivait à chacune de leurs poses chargé de livres et de feuilles de cours. Ce qui faisait doucement rigoler Maxence qui n'avait pas ce problème.

Pourtant, il aurait été dans le même état, sans l'affolement public, bien entendu, s'il n'avait pas coupé les ponts avec Amélie.

C'était justement ce à quoi il pensait en regardant le numéro de son ex-meilleure amie dans son répertoire. Certainement, elle avait déjà dû supprimer le sien en disant bon débarras.

La douleur sourde dans sa poitrine le fit revenir quelques années en arrière, lorsqu'il avait rencontré la jeune fille. Il avait encore des amis à cette époque, mais Amélie avait pris soin de l'éloigner lentement d'eux, le laissant seul avec elle.

 

Il avait tout basé sur cette amitié, se fermant volontairement aux autres, pensant qu'ils n'avaient rien de mieux à offrir qu'Amélie.

S'en était suivi le désastre que l'on connait.

Une claque dans son dos lui fit cracher son mégot, qui alla s'écraser trois étages plus bas ; un ricanement amusé l'avertit que le délégué était de retour.

—Toujours à déprimer sur ton ex? S'esclaffa le lycéen en s'asseyant à son côté.

—Pas tes oignions.

—De toute manière, ce n'est pas de ça dont je voulais te parler. Est-ce que je peux squatter chez toi ce soir pour réviser ?

Maxence toussa,surpris. C'était la première fois que le garçon demandait à aller chez lui. Ils faisaient déjà quelques révisions ensemble en salle de permanence.

À partAmélie, personne n'était jamais entré chez lui, et il ne comptait pas renouveler la liste. De plus, ce soir, Laurent venait le chercher pour passer la soirée avec ses amis.

—Non, répondit-il finalement

Rapide.

 

Le délégué garda le silence quelques secondes, mais Maxence savait d'avance qu'elle était la question qu'il n'allait pas manquer de poser. Il le devança.

—Soirée avec des amis.

—Par ce que tu as des amis toi?

Maxence le regarda comme s'il était demeuré.

—Ne me fais pas ce regard, c'est toi-même qui me l'a dit. Que tu n'avais pas d'amis … dans ce lycée. Réalisa le garçon.

Maxence ne se donna même pas la peine de répondre.

—Bon, alors, dans ce cas… je peux venir? demanda-t-il en regardant fixement vers le stade.

Maxence suivit son regard et remarqua immédiatement Damien en train d'embrasser sa copine. Il sentit son sang se retirer de son visage.

—Ouais, tu peux venir. dit-il en se levant rageusement.

La copine de Damien, ou au moins, la fille à qui il faisait une amygdalectomie, n'était pas Amélie, et savoir qu'il avait raison depuis le début ne lui apporta aucune satisfaction.

 

XXXX

 

—Et donc, tes potes sont ?

Maxence glissa un regard ennuyé à son camarade de classe. Il ne se sentait pas d'humeur à expliquer la situation complexe dans laquelle il se trouvait, et donc pris le parti d'attendre patiemment l'arrivée de Laurent. En silence.

L'autre garçon opta pour la même solution et occupa son temps comme il put.

Il allait commencer à compter les chewing-gums collés sur le sol quand Maxence se leva du banc sur lequel ils étaient assis.

Une voiture rouge approchait. Elle se gara à cheval sur le trottoir. Un homme en sortit.

—Salut Max, désolé du retard mais ma douce ne voulait pas me lâcher. déclara-t-il un sourire aux lèvres, puis avisant Jocelyn. Un ami à toi?

Maxence regarda un instant le garçon, ne s'étant jamais posé la question. Pourtant le lycéen le devança.

—On peut dire ça comme ça. Je m'appelle Joss.

Laurent. Montez les gamins, on y va.

 

XXXX

 

Maxence salua chaleureusement les sept personnes présentes autour de la table, ce qui mit son délégué mal à l'aise. Des dix personnes présentes, lui et Maxence étaient les deux plus jeunes. Les autres devaient tous avoir plus de 25 ans.

Maxence parlait de tout et de rien avec une des femmes présentes. Les huit personnes assises avec lui (il ne comptait pas l'autre lycéen) étaient les seuls amis qui avaient survécu à Amélie. Et ce, pour la simple et bonne raison qu'il ne la leur avait présentée qu'une fois, et n'avait pas renouvelé l'opération.

Il se fit d'ailleurs la remarque qu'il avait bien fait.

—Tu es un ami de Maxence? Joss, c'est ça ?

Le délégué était le centre d'attention de Laurent et d'une bonne moitié de la table.

—Je ne vais pas dire ça comme ça. Disons que certaines situations font que certaines personnes ont plus de facilités à accepter certains aspects de mon caractère, et que Maxence en fait partie.

Une des jeunes femmes pencha la tête sur le côté.

—J'ai peur de ne pas te suivre…

—Il m'a traité de connard en m'offrant des bonbons. Ça m'a fait rire.

La jeune femme eut un sourire surpris.

—Sur! C'est pas souvent qu'on t'offre des bonbons, Max.

—Par ce qu'il a l'habitude qu'on l'appelle connard? demanda le délégué, plutôt surpris.

Bien sûr! répliqua Laurent. Maxence est un connard de première. Il adore faire des crasses à tout le monde. Tiens, par exemple, Thibault Ledruv…

 

La petite assemblée éclata de rire à la mention du nom. Même Maxence souriait.

—Thibault…Ledruv? répéta le délégué sans comprendre.

—Un gars sympa, avant que Maxence lui raye sa caisse pour lui avoir volé une clope. Le pire c'est que Thibault s'était excusé et la lui avait payée.

—Y'a eu Sonia aussi, un truc dans le même genre.

—Le pire quand même, c'était Ludovic, ricana une fille.

—Ludovic ? demanda un des hommes.

Personne ne vit attention aux coups d'œil assassins que leur lançait Laurent.

Maxence fronça des sourcils. Il ne se souvenait pas d'un Ludo…

—Mais si, le copain de Jérô…meuh…

Elle ne termina pas sa phrase, jetant un regard gêné à Maxence. Ce dernier soupira en fermant les yeux. Il se souvenait.

—Ce Ludovic-là.

—Bon, on va peut-être parler d'autre chose, hein, les enfants ? déclara Laurent en claquant dans ses mains. Et si tu nous racontais un peu ta vie, Joss?

Le délégué se tourna rapidement vers lui, renversant un peu de son demi-pêche sur ses jeans.

—Et … Je crois que je vais aller aux toilettes avant de vous raconter ma vie trépidante et folichonne…

Le groupe rigola en le voyant esquisser une révérence moqueuse. Une fois le lycéen partit, Laurent se tourna vers Maxence, inquiet.

La jeune femme qui avait fait la bourde s'excusa platement.

—T'inquiète pas Anne. Ça va, ça arrive à tout le monde d'oublier…

—Je suis désolée quand même…

Il lui fit un petit sourire.

—C'est pas grave. Et puis, j'ai prévu d'aller le voir pendant les vacances. On a des trucs à se dire, je crois…

Laurent hocha pensivement la tête et rigola tout seul en voyant l'autre garçon revenir des toilettes, toujours taché et juste un peu plus mouillé qu'à l'allée.

 

XXXX

 

Les examens venaient de finir, et Maxence fumait sur les marches du troisième étage des escaliers de secours. Il espérait que ce serait une des dernières fois. Il jeta un œil à sa montre. Il attendait Jocelyn. Il avait même amené un paquet de bonbons.

Finalement, le grincement de la porte annonça son arrivée.

—Désolé, la vieille bique doit penser que les pauses c'est pour les chiens. dit-il en se laissant tomber sur une marche. Merci pour les bonbons. Bulle! Quelle conne cette Sarah. Rien d'autre à foutre que de bouger ses mamelles dans tous les sens…

Maxence jeta un regard intrigué à son voisin.

 

Rebecca est vachement plus sympa, et puis de toute manière, elles sont trop jeunes dans leurs têtes pour être intéressantes. Et puis Renaud est un con…

Maxence eut un sourire amusé. Le délégué avait besoin de décompresser, et le meilleur moyen qu'il avait était de casser su sucre sur le dos des gens.

Peut-être que Maxence le considérait comme un ami, en fin de compte. Il jeta un regard au délégué en train de vomir insultes sur injures à côté de lui.

Bizarrement, c'était assez agréable.

 

XXXX

 

—Et tu fais quoi pendant tes vacances ? demanda tout à coup le délégué, avalant une pleine poignée de dragibus.

—Je vais voir un cousin à Chambord.

—Cool.

Maxence haussa une épaule. Retourner voir Jérôme était une décision qu'il n'avait pas prise à la légère. Il devait s'excuser. Et plutôt deux fois qu'une.

—Tu comptes faire quoi là bas? Visite des chateaux de la Loire?

—M'excuser.

C'était sorti tout seul, sans qu'il ne puisse l'empêcher. Il se mordit violemment la langue.

—T'excuser ?Toi?Tu ne t'excuses jamais!

—Ouais, mais là…

Maxence grimaça. Il n'avait pas envie de parler de ça, mais d'un autre coté… Il inspira à fond et choisit de se lancer.

—Jérôme, mon cousin, a cinq and de plus que moi, environ. On a limite été élevé ensemble. Pour l'anniversaire d'un de ses amis, il m'a invité aussi. J'devais avoir treize quatorze ans, pas là. C'était assez sympa et ils m'aimaient bien, je crois. Ce sont les mêmes personnes qu'à la soirée.

Le garçon hocha la tête et avala une autre poignée de bonbons.

—Bon, et bien, ça rigolait pas mal, y'avait deux trois couples qui se bécotaient, et mon cousin a commencé à se plaindre que personne l'embrassait. Un des mecs présents l'a pris au mot, Ludovic, et lui a fait un smack. C'était pour rire, donc ça m'a rien fait.

Le délégué haussa un sourcil.

—Je sens comme un "mais".

—Mais le truc, c'est que je suis allé aux toilettes après, et la salle de bain était fermée, donc je suis allé dans la cuisine pour me laver les mains…

—Et là, c'est le drame, t'as vu ton cousin épinglé au mur par l'autre gars.

—À peu de choses près, oui.

—Et bien, rien de dramatique.

Maxence renifla.

—J'ai pas fini. J'étais gosse et j'ai pas compris. J'me suis barré en courant et je suis rentré chez moi. Mon père m'a demandé pourquoi j'étais seul et je lui ai dis.

Il écrasa son mégot de cigarette et se releva.

—Mon père l'a dit à son frère, et Jérôme a été foutu à la porte. Voilà pourquoi je dois m'excuser. J'ai foutu sa vie en l'air à pas savoir tenir ma langue.

Le délégué resta un instant sans dire un mot.

—Mais… ton cousin, il t'en veut ?

—Non.

Jocelyn grimaça, et laissa là la conversation.

 

XXXX

 

En ouvrant sa fenêtre, Maxence repensa à la conversation qu'il avait eue avec le délégué. Il lui avait dit. Il grimaça. Apparemment c'était devenu un ami assez proche, pour qu'il puisse lui en parler comme ça. En fait, la première personne à qui il en avait parlé, il n'en avais jamais rien dit à Amélie. Il avait aussi appris des choses sur le lycéen.

Peut-être bien qu'il avait appris à voir au-delà des apparences. Il avait vu Jocelyn comme un gêneur, un mec pas populaire à proprement parler, mais entouré. Un peu comme le soleil, il paraissait agréable et chaleureux, mais en fin de compte, on avait tendance à oublier que le soleil brûlait et filait le cancer. Et Maxence avait appris à aimer ce côté vicelard du délégué.

D'un certain côté, il avait été choqué de voir qu'il pouvait interagir avec d'autres personnes qu'Amélie ou ses amis de longue date, et d'arriver à les apprécier. Et puis, il se dit que c'était juste normal. Ça faisait six mois qu'ils traînaient ensemble au final…

 

XXXX

 

Maxence regarda sa montre. 10h29. Il venait de se réveiller. Il repensa à la veille au soir. Il avait autorisé pour la première fois le délégué à venir chez lui.

—Je voudrais savoir une chose, avait-il demandé. Pourquoi t'es resté alors que tu savais que je suis un connard ?

Jocelyn avait soupiré et lui avait pris sa cigarette des mains. Il en avait pris une longueinspiration et la lui avait soufflée au visage.

Avant de poser ses lèvres sur les siennes.

Maxence n'avait pas bougé.

—Ça te gêne ?lui avait alors demandé le délégué.

Maxence avait répondu que non, et l'avait à son tour embrassé.

 

Il alluma sa première cigarette de la journée en regardant le garçon dans son lit. Jocelyn était réveillé et le regardait calmement.

—T'es vraiment un accro de la clope…

—T'a pas répondu à ma question hier, Joss.

Le délégué ricana.

—Je t'ai vu pleuré, une fois. Et les vrais connards, ça ne pleure pas.



 
     
     
 
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