Note: Cette histoire est déjà publiée sur Fictionpress. Je ne l'ai pas volée, elle est de moi, juste sous un autre pseudo (Evilie, pour ceux que ça intéresse). C'est une histoire en deux parties, qui peuvent être lues séparément sans aucun problème. Voici donc le pendant de "Sur le dos du soleil" .Fin de la note, bonne lecture!
Sous le ventre de la Lune.
Jocelyn appuya sa tête contre la surface froide de la table.
Il avait envie de fumer.
Il jeta un coup d'œil désespéré à sa montre. 10H23. Encore deux insupportables minutes avant la fin du cours. Et cette envie de clope qui lui broyait le cerveau ne faisait rien pour améliorer son humeur. Il ferma les yeux en attendant la sonnerie.
Il réalisa de suite que c'était une mauvaise idée. La voix de sa sœur résonna dans ses oreilles de façon écœurante. « A quelle heure t'es rentré hier? » « T'aurai au moins pu prévenir, merde! » etc... Il grimaça en y repensant. « T'aurai du rester avec ton père! » « Pourquoi c'est à moi de te supporter? » . Il n'avait même pas déjeuné, dégouté comme il l'était par le comportement de Charlotte.
Il n'aurait jamais pensé qu'elle allait changé à ce point. Il ferma rageusement le poing. Tout ça à cause de cet enfoiré d'Hervé et de sa pouffiasse de Nathalie.
Il se souvenait de sa sœur avant leur déménagement. Enjouée, un peu cruche et parfois lunatique, c'était sa sœur. Et puis il y avait eu...
Le couinement de la sonnerie lui fit relever la tête. Enfin!
Il rangea son sac en vitesse et se dirigea vers l'escalier de secours. Il avait pris l'habitude de fumer sur ces marches depuis son entrée en seconde. Il lui arrivait d'y retourner de temps en temps, histoire de décompresser. Bon, il avait arrêté de cloper depuis un mois, depuis qu'oncle Martin s'est retrouvé à l'hosto à cause d'un cancer du poumon. Ça avait un peu refroidi Jocelyn à ce niveau.
Toujours était-il, que là, il avait besoin de respirer, et quel était le meilleur endroit pour cela? Celui où il avait l'habitude de s'empoisonner tout seul. Il allait arrivé à la lourde porte anti-feu quand une main se posa sur son épaule. Il ferma les yeux en espérant une erreur.
Bien évidement, c'était un vœu pieu.
Il réussit à se débarrasser de Jérémy en l'aiguillant vers un de ses camarades de classe, et poussa la porte. Une odeur de fumée de cigarette l'agressa dès qu'il mit le nez dehors.
Il y avait quelqu'un qui fumait ici, et ça le mit en boule. Le quelqu'un en question releva la tête et rangea son mégot, sans même lui jeter un regard de plus de trois secondes et demi.
Jocelyn réprima une grimace. Le fumeur n'était autre que l'élève le moins apprécié de la SBio3. Sa classe. Maxence selon les profs, Connard selon le reste du monde.
Jocelyn haussa une épaule. Certes, pour lui, le monde se résumait à ce qu'il connaissait, mais Maxence était bel et bien un connard de première.
XXX
Il raccrocha rageusement au nez de sa sœur. Si elle voulait absolument savoir s'il ne séchait pas, Charlotte devrait plutôt penser à appeler ses profs, plutôt que lui. De plus, il était délégué, ça ferait mauvais genre sur son bulletin s'il n'était pas présent pour ses matières principales. Il fouilla dans sa poche et en sortit un bonbon. Il se goinfrait de ces cochonneries depuis qu'il avait arrêté de fumer. Il poussa la lourde porte anti-feu et ce fut sans surprise qu'il sentit l'odeur des clopes de Connard. Il n'y 'avait vraiment qu'un crétin pareil pour fumer ces Gitanes.
Il décida de passer ses nerfs sur le lycéen et alla s'assoir à coté de lui.
-Tu ne devrais pas fumer. C'est dangereux pour la santé.
Bon, c'était pas vraiment le meilleur moyen d'entamer une conversation. Mais la réaction de l'autre le poussa à continuer.
-La preuve : tu t'étouffes.
Jocelyn ricana encore une fois. Connard se tourna à moitié vers lui, la voix rauque de fumée. Jocelyn arrêta de rire et sortit un second bonbon de sa poche.
-Pardon ?
-Tu devrais essayer les bonbons, ça marche mieux que les patchs et le seul risque que tu coures, c'est des caries. Ça vaut toujours mieux qu'un cancer.
Il y eut un instant de flottement durant lequel Jocelyn soupira et rangea le papier dans sa poche de jean.
-Te sens pas obligé de faire ton boulot de délégué avec moi, je ne fais pas partie du troupeau.
Le délégué haussa un sourcil avant de ricaner.
-T'inquiètes. Apparemment mon speech moralisateur n'a pas marché, et je vais te dire, je m'en balance plutôt pas mal.
L'autre élève reprit une latte. Et Jocelyn lui envia sa sucette à cancer.
-C'est juste que tu pues la clope quand tu rentres en cours, et j'ai arrêté y'a un mois. Franchement, ça me fait chier que tu puisses fumer et moi pas.
Jocelyn haussa un sourcil alors que la cigarette bougeait sous son nez. Il la prit, sans trop savoir ce qu'il allait en faire.
-Alors, te gêne pas, dit Maxence en se levant. Termine-la, et on sera deux à sentir la clope.
Jocelyn le regarda partir, la cigarette se consumant doucement dans sa main.
-Connard, va. marmonna-t-il en écrasant le mégot sur le sol.
Tonton Martin avait eu raison de celle là.
XXX
Il referma le clapet de son portable d'un geste violent. Super. Charlotte voulait qu'il passe au discount du coin pour acheter des tampons. Il ferma les yeux et essaya de se rappeler la dernière fois où sa sœur lui avait parlé autrement qu'en l'insultant. Il grimaça, sachant pertinemment à quel point c'était stupide.
Il eut envie de fumer.
La faute au connard de sa classe. Avec ses Gitanes qui empestaient. Il inspira un grand coup. Il en voulait au monde entier, et il eut l'impression que le monde entier lui retournait la politesse en voyant arriver Elise.
Une punk sur le retour, plus emo qu'autre chose, qu'il fuyait comme la peste depuis qu'il savait qu'elle avait des vues sur lui. Il plissa le nez en se rendant compte qu'il était trop tard pour faire une quelconque manœuvre d'évitement. Il aurait été sur un navire de guerre lourdement armé, il aurait lui-même sabordé le bâtiment.
-Salut Joss!
Il esquissa une grimace qui du passer pour un sourire. Il dut réprimé un grognement de dégout en remarquant les manches relevées du pull de la jeune fille. De vilaines traces mauves s'étalaient en lignes régulières sur les avant bras de « Liz ». Il ne comprendrait jamais ces gens. Quitte à faire ça, autant aller jusqu'au bout.
-Salut Elise.
-Joss, j't'ai déjà dit qu'tu pouvais m'appeler Liz. J'aurai besoin d'aide pour un truc. Ça te dirait de venir chez moi pour m'aider, ce soir?
Jocelyn se retint de lui demander si elle voulait qu'il l'aide à mettre fin à ses jours, avant de lui répondre que ce soir il ne pouvait pas. Liz haussa une épaule, elle avait au moins la délicatesse de ne pas insister. Elle le remercia d'une petite voix et le laissa méditer sur sa conduite.
Il savait bien qu'il ne devrait pas se comporter comme ça avec elle. C'était une gentille fille, en fin de compte. Elle avait juste besoin d'un psy et d'une bonne teinture. Il grimaça encore une fois en repensant aux cicatrices sur les bras de sa camarade. Elle était même jolie, pour une adolescente. N 'étaient ses cheveux décolorés et sa tendance à l'automutilation, pourquoi pas. Et ça aurait été une bonne excuse à opposer aux questions incessantes de Charlotte.
Il allait pour la suivre quand il vit Connard premier du nom monter les escaliers de secours au pas de course. Jocelyn eut un sourire mauvais. Voilà sur qui il allait pouvoir passer sa frustration. Il fourra un bonbon dans sa bouche et se dirigea vers la structure métallique.
Un réflexe idiot lui fit relever la tête lors qu'il posait le pied sur la première marche. Et ce qu'il vit l'immobilisa.
Il resta plusieurs minutes à observer la scène qui se déroulait sous ses yeux. Jamais il n'aurait cru ça de Maxence. Il secoua la tête et s'éloigna en silence, toute envie d'en découdre envolée.
Qui eut cru que Maxence savait pleurer? Pas lui, en tout cas.
XXXX
Jocelyn regardait la pluie tombée sur le carreau du bus qui le ramenait chez sa sœur. Il était trempé, gelé, et ses baskets devaient avoir des trous car il sentait l'eau s'infiltrer entre ses doigts de pieds. Si c'était le cas, il lui faudrait en racheter. Il n'osait penser à la tête de sa sœur quand il lui en parlerait.
Il jeta un coup d'œil fatigué sur le livre qu'il tenait entre ses mains. Qu'est-ce qui lui avait pris d'acheter du Nietzsche? La prochaine fois, ça sera du Proust?
Pourtant, la philosophie était loin de l'intéresser, mais c'était le meilleur moyen d'éloigner et les profs, et les élèves.
Et sa soeur.
Il grimaça et referma son livre d'un geste brusque. Il n'y arrivait pas, c'était plus fort que lui. A chaque moment d'égarement, ses pensées revenaient inlassablement sur Charlotte. Il serra les dents en se disant qu'il devait absolument se trouver une copine, histoire de penser à autre chose. Il retourna à son observation du paysage qui défilait, en cette fin de journée de février. Oui, une copine... ou un ami à qui parler.
XXXX
Ça faisait peut être trois ou quatre semaines que Jocelyn observait Maxence. Ce garçon avait peu de contacts avec les élèves de sa classe, et encore moins au sein du lycée entier. La seule personne qui avait sembler compter pour li était une écervelé en L3. Il le retrouva comme à son habitude, en train de fumer dans l'escalier de secours. Il avait d'ailleurs adopter une étrange attitude, pour un lycéen de terminale. Maxence s'était subitement mis à réviser avec une ardeur peu commune. Il avait fait des progrès qui, même s'ils n'étaient pas mirobolants, se faisaient remarqués par leurs professeurs.
Jocelyn décida d'amener la conversation en douceur, et échoua lamentablement. Son camarde était d'une humeur massacrante et toujours aussi charmant. Il se fit joliment insulté et continua, juste pour le plaisir de voir l'autre se lever furibond, après lui avoir lancé sa cigarette sur son jean.
-Connard. Lâcha le lycéen en regardant la porte métallique se refermée avec un bruit sourd.
XXXX
Charlotte était rentrée plus tard que de coutume, et passablement ivre. Jocelyn crut bon de s'enfermer dans sa chambre pour éviter une énième dispute avec sa sœur ainée. Un léger grattement à sa porte lui fit relever la tête.
-Joss? Demanda une voix plaintive.
Jocelyn eut du mal à reconnaître la voix de sa sœur, peu habitué à l'entendre employer ce ton pitoyable.
-Joss, s'il te plait, ouvre moi...
Sachant qu'il commettait une erreur, il se leva et ouvrit à la jeune femme brune qui se tenait dans le couloir. Il observa d'un œil désolé sa sœur, dont les cernes lui dévoraient les yeux. Il se souvint d'une époque où on les prenaient tous deux pour de faux jumeaux. Il eut un pincement au cœur à ce souvenir.
-P'tit frère... Je sais que j'ai pas été cool, ces derniers temps, et je voudrais qu'on parle. Comme avant...
-Si tu veux, Charlotte. Assied- toi sur le lit.
Sa sœur se laissa tomber avec un soupir.
-Depuis qu'on est partis de la maison, les choses on pas été super faciles, pour moi, Joss.
Jocelyn acquiesça, se gardant bien de tout commentaire.
-J'ai eu un coup de fil de Natalie.
-Et qu'est-ce qu'elle veut, celle là? Grinça Joss, les poings serrés au rappel de celle qui avait détruit leur famille.
-Qu'on rentre.
Il inspira lentement, se préparant à ce que sa sœur pourrait répondre à sa prochaine question.
-Et tu lui as dit quoi?
-Que j'en parlerai avec toi.
Jocelyn se leva brusquement de sa chaise de bureau, l'envoyant percuter le mur. Il prit sa sœur par les épaules et la secoua comme un prunier.
-Ah ouais? En parler avec moi? Pour me dire quoi? Que tu veux retourner auprès de cette truie? Allez la supplier de nous reprendre avec elle? Pourquoi pas l'appeler Maman, tant que t'y est?
Le visage de Charlotte se crispa dans une grimace de souffrance.
-Arrête, tu me fais mal!
Réalisant ce qu'il faisait, Jocelyn enlaça sa sœur, s'excusant de l'avoir brutalisée. Ils restèrent longtemps comme ça, dans les bras l'un de l'autre, Charlotte pleurant doucement dans les bras de son frère.
XXXX
-Je voulais être sure que tu ne voulais pas y retourner.
-Bien sur que non. Surtout pas après ce qu'il nous a fait. Enfin, Charlie, tu le sais très bien.
Charlotte esquissa un pale sourire à son frère, les yeux rouges.
Désolée d'avoir été infecte avec toi ces derniers mois.
Jocelyn resserra son étreinte sur sa sœur, soulagé.
-C'est rien, Charlie, c'est oublié. On va appeler cette sale garce pour lui dire où elle peut se la mettre, son invitation!
XXXX
Jocelyn referma son livre de cours et s'étira, faisant craquer son dos dans un bruit de fin du monde. Il retira ses écouteurs de ses oreilles, jetant un coup d'œil rapide par sa fenêtre.
Il pesta en voyant la pluie ruisseler sur la vitre, et tendit l'oreille, se demandant ce que pouvait bien faire sa sœur dans la cuisine. Charlotte avait une sainte horreur de tout ce qui se rapprochait d'une casserole ou d'une poêle.
Il quitta sa chambre sur la pointe des pieds, tout en se demandant ce qui avait poussé sa sœur à rentrer si tôt du travail, il n'était pas encore vingt heures.
Un femme d'une quarantaine d'années s'affairait devant les plaques électriques de leur petite cuisine. Jocelyn eut une soudaine envie de meurtre en reconnaissant sa belle mère, et dut prendre sur lui pour ne pas hurler en fracassant la porte. Il se contenta d'entrer dans la cuisine, toujours silencieux.
- Natalie.
La femme sursauta, laissant le plat qu'elle tenait dans sa main glisser et s'écraser par terre.
- Tu m'as fait peur Joss! Fit-elle, un sourire figé plaqué sur le visage. Je ne savais pas que tu étais là...
- Jocelyn.
- Pardon?
Jocelyn serra les poings.
- Je m'appelle Jocelyn. Je te demande donc de m'appeler Jocelyn. Joss, c'est pour ma famille.
Il sentait la colère monter, mais n'ait pas envie de prendre le contrôle à cause de cette femme.
- Enfin Joss… Jocelyn, je fais partie de ta famille. Je suis la femme de ton père.
- Et l'assassin de ma mère. Comme si je pouvais supporter ta présence ici, chez nous.
Le visage de Natalie perdit toute couleur. Elle recula, comme frapper par une main invisible.
- Je ne te permets pas. Le fait que ta mère se soit suicidée n'est en rien ma faute!
- Tu auras beau essayer de te justifier, c'est à cause de toi que Hervé nous as abandonné! Et maman ne s'est pas suicidée!
Il avait hurlé ces derniers mots. Un bruit sourd lui fit tourné la tête. Charlotte se tenait là, dans l'encadreur de la cuisine, son sac à main à ses pieds.
- Dehors. dit-elle calmement.
Personne ne bougea.
- DEHORS! hurla-t-elle, fixant Natalie d'un regard haineux. Hors de chez moi! Dégage!
La femme déglutit, puis relevant le menton, sorti de la cuisine, puis de leur appartement.
Charlotte ferma les yeux, relâchant son souffle en entendant la porte claquer. Elle les rouvrit en sentant les bras de son frère autour d'elle.
- Joss, j'ai un truc à te dire…
XXXXX
Jocelyn devait parler à quelqu'un. Mais personne, dans ses amis, ou ses connaissances, ne lui semblait adéquate. Enfin, jusqu'à ce qu'une odeur de clope ne vienne se rappeler à sa mémoire. Il fouilla dans les documents relatifs à sa charge de délégué. Il trouva le nom de famille de Maxence et alla chercher le botin.
Un homme lui répondit,et lorsqu'il se présenta, fut désolé de lui annoncer que Maxence n'était pas rentré.
-Vous êtes donc un ami du lycée?
Jocelyn se sentit mal de mentir à cet homme, mais tant pis.
- Oui, je voudrais savoir le numéro de portable de Maxence, il a oublié de me le donner aujourd'hui, et il faudrait que je le joigne pour un projet. Vu que je suis délégué...
- Ah. Désolé. Mais je préfère que ce soit Max lui même qui te donne son numéro. Je lui dirais de te rappeler quand il rentra.
Jocelyn réprima son envie de hurler et acquiesça, souhaitant une bonne soirée au père de son camarade.
Il raccrocha, abattu. Il était certain que Maxence ne rappellerai pas.
XXXXX
Il jeta un regard blasé aux cinq élèves qui attendaient avec lui l'arrivée de Maxence. Enfin, l'adolescent montra le bout de son nez, et le snoba royalement. Jocelyn se gratta la tête, et, congédia les autres du regard. Qui ne bougèrent pas d'un poil. Légèrement énervé, il entama pourtant la conversation.
- Hm… Maxence ? Les profs ont décidé aux vues de tes résultats, que tu pourrais aider certains élèves dans leurs révisions…
Le lycéen releva la tête, abandonnant la fenêtre pour fixer Jocelyn de ses yeux gris.
- Pardon?
Le délégué eut un rictus.
- Pas besoin de t'excuser, je pense que c'est un bon moyen pour t'intégrer… rentrer dans le troupeau…
Léa, une pimbêche aux cheveux ramenés en un épais chignon, gloussa, s'attirant un regard dédaigneux de la part de Maxence. Elle rougit, et regarda ailleurs. Apparemment, Maxence ne se rendait pas compte de l'effet qu'il faisait à certaines filles. Jocelyn continua son petit speech, répétant ce que le prof de bio lui avait dit la veille. Par la fenêtre, il pouvait voir un couple se baladant près de stade. Vu le regard haineux qu'il jetait à ces deux là, Maxence devait leur en vouloir à mort. Etrange.
Jocelyn demanda à Léa d'emmener les autres élèves à leurs tables, arguant que le cours allant bientôt commencé. Il lui fit un sourire charmeur, et s'assit à la place libre à coté de Maxence.
Il lui sembla reconnaitre la fille, mais il demanda out de même.
- Qui est-ce? La fille que tu regardes tout le temps. C'est une L, non? Amélie Mara quelque chose…
- Marachiani.
Jocelyn répéta le nom. En effet, c'était bien ce nom là dont il se souvenait. Une fille plutôt réservée, pas vraiment appréciée car amie avec… Jocelyn jeta un regard surpris à son voisin. Il commençait à comprendre…
- Tu sais, personne t'apprécie beaucoup…
Maxence ce contenta de hausser une épaule.
- Bon, à part une ou deux désespérées qui te trouvent "mystérieux",Jocelyn repensa au comportement de Léa. Tu passes pour un asocial obtus. L'idée du prof est une connerie monumentale. T'es pas assez doué pour enseigner, même si t'as amélioré tes résultats, et pas assez aimé pour être supporté.
Il fouilla dans sa poche, et en sortit un bonbon.
- T'en veux? proposa-t-il, il se sentait d'humeur accommodante. Enfin, le plus aberrant, c'est quand même toi. J'ai pas pour habitude de m'intéresser aux gens qui traitent le reste de la planète comme de la merde, et en plus de ça, t'es un sacré connard.
Un rire léger, plus un ricanement moqueur qu'autre chose, d'ailleurs, coupa Jocelyn.
- C'est bien la première fois qu'on me fait ce coup là…
Jocelyn ouvrit grand les yeux.
- Mais tu parles! De vrai? On t'a jamais dit que t'es un connard?
- Jamais en me proposant des bonbons…
Jocelyn éclata de rire, et s'excusa auprès du professeur de maths. Connard avait quand même de l'humour.
- Mais franchement, tu devrais arrêter le clope, j'ai trop envie de m'en griller une.
Maxence lui sortit une cigarette en souriant. Bizarrement, Jocelyn le trouva un peu moins désagréable.
-T'es vraiment un connard. Dit-il en croquant son bonbon.
XXXXX
Étrangement, depuis cette petite explication, Jocelyn passait de plus en plus de temps avec Maxence. Sans se mentir, il devait reconnaitre que Maxence n'était pas si con que ça, voir même supportable dans certains bons jours. Et puis, il pouvait dire ce qu'il pensait vraiment, sans vraiment craindre de répercutions néfastes. Son camarade n'ayant pas de contacts avec les autres élèves à part lui, il pouvait donc se lâcher sur les crétins qui composaient son environnement proche.
C'était d'ailleurs le sujet de leur dernière conversation.
-Putain de soleil.
-Et la tenue, c'est pour les chiens, je suppose… grimaça Jocelyn en avalant un autre bonbon.
La vulgarité de Maxence lui tapait parfois sur le système, et il ne se faisait pas prier pour le lui faire remarquer.
-C'est ça, c'est ça…
Ce qui n'avait aucun effet sur le comportement du garçon.
-Tu n'es qu'un chieur, Max. Je me demande pourquoi je zone avec toi…
-Par ce que les autres te saoulent et que tu peux baver sur leur gueule tout en sachant que j'irai pas baver à mon tour, vu que j'ai aucun contact dans ce bahut.
-Ouais et c'est ce que j'aime chez toi: ta capacité à me balancer mon hypocrisie dans la gueule en tirant une latte entre deux TP de chimie.
XXXX
Natalie n'avait pas redonné signe de vie, et Jocelyn s'en réjouissait. Il regardait le bitume humide de la cour au travers d'une vitre en plexis glace. Avril était bien avancé, et il sentait doucement l'anxiété le ronger de l'intérieur. Il fallait qu'il ait son bac, et avait commencé ses révision, sans trop savoir par où commencé. Maxence, lui, semblait serein, le bougre. Toujours avec une clope au bec et une fiche de révision dans la poche, alors que Jocelyn essayait tant bien que mal de faire le tri dans ses cours.
Justement, Jocelyn en avait marre de fouiller dans les recoins des ses livres pour essayer de trouver l'illumination. Il partit donc à la recherche de Maxence, et le trouva accoudé à la rambarde de l'escalier de secours, en train de regarder son portable. Jocelyn prit pour une fois le temps de le détailler. Peut être un peu plus grand que lui, Maxence avait habituellement un air revêche, voire antipathique visé sur a face. Il arborait à ce moment une toute autre expression, que Jocelyn, n'étant pas poète, qualifia de dépressive. Décidant de sauver le lycéen d'un abîme sans fond, il le rejoignit en silence, avant de lui faire connaitre sa présence par une claque monumentale qui envoya un pauvre mégot à la rencontre du sol.
-Toujours à déprimer sur ton ex? S'esclaffa le lycéen en s'asseyant à son côté.
-Pas tes oignions.
-De toute manière, ce n'est pas de ça dont je voulais te parler. Est-ce que je peux squatter chez toi ce soir pour réviser ?
Jocelyn pourrait ainsi faire d'ne pierre deux coups. Réviser, et découvrir l'antre de Connard 1er, Grand Roi des Emmerdeurs, sacré par lui-même.
-Non.
Jocelyn releva les yeux vers Maxence, qui, bien que le surplombant, regardait au loin, en direction du stade. Il s'attendait à cette réponse, mais pas aussi rapidement. Il se releva et s'accouda à la rambarde métallique. Il allaitpour lui en demander la raison quand Maxence le devança.
-Soirée avec des amis.
-Par ce que tu as des amis toi?
Maxence le regarda comme s'il était demeuré. Ce demandant ce qu'il avait bien faire comme bourde, il continua.
-Ne me fais pas ce regard, c'est toi-même qui me l'a dit. Que tu n'avais pas d'amis … dans ce lycée. Réalisa Jocelyn.
Il n'eut aucune réponse, et le délégué se sentit légèrement mal, avant d'abandonner tout raisonnement logique. Des fois, il se sentait l'envie du titre d'Emmerdeur royal de Sa Majesté Connard 1er.
-Bon, alors, dans ce cas… je peux venir?
Il riva son regard au sujet d'intérêt de son camarade, et crut reconnaître Delpot, un élève de terminal ES. Damien, si sa mémoire ne lui jouait pas des tours. Et Agnès Laurent, première STG. Sans trop savoir pourquoi, il sut que Maxence accepterait.
Et ce fut le cas.
Maxence quitta l'escalier, furieux.
XXXX
En rentrant chez lui, Jocelyn était perplexe. C'était un autre Maxence qu'il avait vu ce soir là. Un garçon ouvert, rieur, et non pas ce connard aigri qu'il avait pour camarade. Il ricana en enlevant son jean. L'odeur de la bière avait imprégner le tissu, il était bon pour une machine. Et puis il en avait appris un peu plus sur ce garçon antipathique au possible, qui l'était de moins en moins, sans en connaître la raison.
Il avait aussi compris pourquoi Maxence avait accepté qu'il vienne. Le dit Damien était l'ex petit amie d'Amélie Mara quelque chose. Et cette Amélie semblait être elle même l'ex de Maxence. Jocelyn soupira. Tout cela était bien compliqué et il était tard. Il allât se coucher souhaitant une bonne nuit silencieuse à sa sœur, située dans la pièce adjacente.
XXXX
Les examens venaient de finir, et Maxence fumait sur les marches du troisième étage des escaliers de secours. Jocelyn resta un moment à l'observé à la dérobée, attendant que le fumeur le remarque. Il avisa le paquet de bonbons à ses cotés et sa gourmandise le poussa à aller le rejoindre. Il fit grincer la porte et se dépêcha de rejoindre Maxence.
- Désolé, la vieille bique doit penser que les pauses c'est pour les chiens. dit-il en se laissant tomber sur une marche. Merci pour les bonbons. Bulle! Quelle conne cette Sarah. Rien d'autre à foutre que de bouger ses mamelles dans tous les sens…
Maxence jeta un regard intrigué à son voisin.
- Rebecca est vachement plus sympa, et puis de toute manière, elles sont trop jeunes dans leurs têtes pour être intéressantes. Et puis Renaud est un con…
Maxence eut un sourire amusé. Jocelyn avait besoin de décompresser, et baver sur ses camarades de classe avec Maxence était ce qu'il avait trouvé de mieux à faire. Il continua à insulter ses petites camarades en se goinfrant de bonbons.
Maxence fumait tranquillement à ses cotés, quelques nuages couvraient le soleil. Jocelyn aperçut la silhouette pâle de la lune dans le ciel. Ce mince croissant lui fit penser à Maxence. Discret, pâle, et pourtant c'était cet astre qui influait sur les marées, sur les gens même.
Bizarrement, c'était assez agréable.
XXXX
Jocelyn se passa une main dans les cheveux. Ce que lui avait confié Maxence le mettait mal à l'aise. Il lui avait pourtant bêtement demandé où il contait passer ses vacances.
-Et toi ?
Jocelyn sursauta.
-De quoi ?
-Tes vacances.
Jocelyn eut un sourire crispé.
-Puisqu'on en est aux confidences...
Maxence lui jeta un regard en coin, le poussant à continuer.
-Ma belle mère veut nous payer un voyage à Limoges.
-Classe.
Il y eut un silence.
-Nous ?
-Ma sœur, Charlotte et moi. Mais on ira pas. On veut rien lui devoir, à cette salope...
Maxence ricana, manquant de s’étouffer.
-Quoi ? C'est vrai ! Cette chienne a tué ma mère !! cria à moitié Jocelyn en se levant.
Son camarade le dévisagea, surpris par cet éclat de voix. Jocelyn ferma les yeux en secouant la tête.
-Ma mère est morte, enfin, elle s'est... suicidée. Mon père la trompait avec cette femme. Elle ne l'a pas supporté...
Maxence garda le silence. Il n'y avait rien à dire...
xxxx
Jocelyn regarda le réveil. 10h23. Il venait de se réveiller. Il repensa à la veille au soir. IMaxence l'avait autorisé pour la première fois à venir chez lui. Il repensa à ce qu'il lui avait demandé.
-Je voudrais savoir une chose, avait demandé Maxence. Pourquoi t'es resté alors que tu savais que je suis un connard ?
Jocelyn avait soupiré et lui avait pris sa cigarette des mains. Il en avait pris une longue inspiration, profitant de ce plaisir coupable retrouvé et la lui avait soufflée au visage.
Avant de poser ses lèvres sur les siennes. Oui, il avait embrassé Maxence. Il ferma les yeux à ce souvenir.
Et ce con n'avait pas bougé.
-Ça te gêne ?lui avait alors demandé le délégué.
Maxence lui avait répondu que non, et l'avait à son tour embrassé.
Il regarda Maxence se lever, enfiler un caleçon. Fouiller dans ses affaires quelques minutes avant de se redresser. Jocelyn le détailla, étrangement bien. Maxence alluma sa première cigarette de la journée. L se tourna vers lui, tirant lentement sur sa sucette à cancer.
-Tu es vraiment un accro de la clope… remarqua-t-il en roulant sur le dos, un bras posé en travers de son visage.
-T'as pas répondu à ma question hier, Joss.
Jocelyn ricana. Oui, pourquoi était-il resté avec ce connard? La réponse se trouvait sur un escalier d'urgence, une jour de février, une clope à moitié onsummée entre deux doigts.
-Je t'ai vu pleuré, une fois. Et les vrais connards, ça ne pleure pas.
|