Quel est mon but ? Pourquoi suis-je ici ? Qui suis-je ? Tant de questions se sont bousculées dans mon esprit, et j’ai bien peur que la plupart soient demeurées longtemps sans réponse. Est-il vraiment utile de se battre pour cette vie, lorsqu’on réalise que chaque chose présente sur la terre n’est qu’une illusion ? C’est une question que je me suis posé bien des fois, et malheureusement, la réponse que j’ai trouvé ne fut pas forcement la bonne, la première fois. Je pensais qu’on ne pouvait vivre que dans la douleur, qu’il fallait apprendre à être quotidiennement avec elle afin de se fabriquer un cœur de pierre, et ainsi de survivre. L’amour et l’amitié existent-ils ? Comment pouvons-nous espérer survivre, sans quoi que ce soit de tangible auquel se raccrocher ?

            Une question bien noire, et souvent synonyme de souffrance, et parfois de mort. Mais la souffrance et la mort sont-elles vraiment une solution en soi ?

            Je ne me suis pas présenté. Je me nomme Axel. J’ai 30 ans, je suis devenu psychiatre très récemment et je consacre mon travail et ma vie à aider les personnes souffrant de passages à vides, voire de dépressions. A vrai dire, je ne m’imaginais pas faire carrière dans ce milieu, au départ, j’avais l’intention de devenir écrivain. Un rêve que je peux néanmoins réaliser grâce à l’écriture de ce petit essai.

            Cette envie de devenir psychiatre est venue du jour au lendemain, à la suite d’un tragique évènement. Lors de ma douzième année, j’ai été confronté à la mort d’une façon brutale. Un accident de voiture a ôté la vie à une de mes camarades de classe et amie. Dès lors, savoir que la mort peut survenir à tout moment change radicalement votre façon de penser. Vous désespérez, ne profitez plus de rien et perdez le goût de la vie. Lors de ma quatorzième année, j’ai tenté pour la première fois de mettre fin à mes jours, la douleur de la vie était devenue trop insupportable. Cette tentative de suicide fut un échec cuisant dont je ne m’explique pas la raison. D’autres « essais » survinrent par la suite, au cours de mes dix-septièmes et dix-huitièmes années. Cette dernière folie faillit réussir, si un évènement inattendu ne s’était pas produit.

            Après avoir organisé un suicide hors de prix aux anxiolytiques et antidépresseurs, je suis sorti de la pharmacie et ai avalé une bonne centaine de comprimés accompagnée d’un anti-vomitif et d’une généreuse rasade d’alcool fort. Mes souvenirs s’arrêtent ici, car le principe actif se diffusait rapidement dans mon corps. Après être resté inconscient pendant plus de 2 jours, je me suis finalement réveillé dans un lit d’hôpital, chose pour le moins inattendue car j’étais vraiment déterminé à me tuer. J’ai appris par la suite que la personne qui m’a sauvé n’était autre que moi-même. Lors de mon inconscience, mon corps était toujours debout et actif. Il se serait dirigé vers la pharmacie afin d’y jeter les boîtes de médicament vides avant de s’écrouler sur le sol glacé du hall. A mon grand étonnement, mon inconscient ne souhaitait pas ma mort. Il avait décidé que j’avais le droit à la vie, comme chacune des personnes présentes sur cette terre. Après une période de psychothérapie intensive, j’ai finalement décidé que je passerai les jours qu’il me resterait à vivre à aider les personnes souffrant de dépression.

            La mienne en tout cas est partie d’un seul coup, après cet évènement. Ou plutôt, elle était masquée par une nouvelle obnubilation : la volonté de vivre. La mort est toujours présente à mes cotés, mais elle me permet de me rappeler ce que j’ai pu faire. Elle me permet maintenant de savourer au maximum chaque chose, même et surtout les plus simples, comme un moment avec des amis ou un simple verre d’eau.

            Depuis lors, j’ai suivi mes études de psychiatrie afin de proposer mon aide aux personnes dans le besoin. J’ai choisi de ne pas mettre mon passé de coté, mais plutôt de m’en servir afin de faire preuve d’une empathie sans précédent envers mes patients. Il n’y a pas de petits problèmes, les plus petits soucis pour les uns sont les plus gros problèmes pour les autres. Afin d’exercer dans ce domaine, il faut savoir se mettre à la place de l’autre tout en demeurant assez fort pour ne pas assimiler totalement sa douleur au point d’en devenir malade à son tour. Cette assimilation est néanmoins nécessaire pour bien comprendre le ressenti de la personne, et ainsi éviter une catastrophe. Beaucoup de médecins ne prennent pas suffisamment d’initiatives vis-à-vis de leurs patients, et un drame arrivent souvent malheureusement. Le vrai problème des suicidés et des patients ayant fait une tentative de suicide, c’est de n’être vraiment pris au sérieux qu’à l’état de cadavres.

            Que ce début d’essai soit une preuve de ma volonté d’aider mon prochain. Qu’il voit en lui un début de lueur d’espoir, jusqu’à une guérison complète.

Note de l'auteur : Cette introduction n'est qu'un préquelle à une nouvelle histoire. Néanmoins, pour savoir si cette histoire vaut la peine d'être poursuivie, j'aurai besoin de votre avis. Les critiques comme les compliments sont les bienvenus, car les deux me permettront de progresser et d'améliorer mon style d'écriture. Merci à tous.