La noirceur... Une douce sensation qui permettait d'oublier, de faire abstraction de cette autre moi, de celle qui avait pensé pouvoir vivre un jour l'histoire de Cendrillon. La douleur, mon accompagnatrice depuis maintenant dix ans. Une décennie avec elle m'avait permis de l'apprivoiser et de ne la montrer que quand je n'étais pas en présence de celui qui essayait désespérément de le remplacer. Et enfin la haine, elle aussi m'accompagnait depuis dix ans. Elle restait tapie au fond du trou noir qui avait remplacé mon coeur et attendait le moment propice pour sortir et Lui faire subir la douleur en dix fois pire si c'était possible de ce que moi j'avais ressenti. Je l'attendais patiemment et en attendant j'essayai de le sortir de ma tête avec des partenaires éphémères qui étaient loin de me faire ressentir le même désir brûlant que lui m'avais donnée. Au début, des larmes, maintenant plus rien. Des yeux secs et vides de toute émotion. J'avais dit au revoir à la fille souriante que j'étais, il y a bien longtemps. Maintenant je vivais ma vie au jour le jour, ne pensant pas aux lendemains sans joie et essayant de temps en temps de retrouver un petit peu de mon bonheur perdu, sans succès. Soudain, j'entendis qu'on criait mon prénom. Akito m'appelait, le dernier en date. Automatiquement, mon sourire factice me vint aux lèvres et je descendis les escaliers. -Oui ? Il me regarda chaleureusement. De longs cheveux bleus, grand, mince sans être musclé et des beaux yeux verts. J'avais, souvent sans m'en rendre compte, toujours choisi un compagnon qui avait au moins une de ces caractéristiques physiques, je devais être sadomasochiste... - Mes parents et un de mes cousins éloignés viennent manger, ça ne te dérange pas mon coeur ? Je haussai les épaules. -Cette maison t'appartient, tu fais ce que tu veux. Il fronça les sourcils. -Elle t'appartient aussi enfin ! Alors tu es d'accord ? En soupirant intérieurement, je pris une voix joyeuse : -J'en serais ravie ! Il répondit d'un sourire et téléphona à ses parents pour leur dire qu'ils pouvaient venir comme convenu. -Tu veux bien aller chercher quelques alcools et apéritifs pendant que je prépare le dîner ? -Pas de problème. Je vais juste m'arranger un petit peu. Le training étant devenue ma tenue préférée quand j'étais chez moi, je devais m'arranger pour sortir étant donné que, quand je serai rentrée, ses parents seraient sûrement déjà là. Arrivée dans notre chambre, je l'embrassais du regard, je l'adorais ! Rouge et blanche, j'avais toujours l'impression qu'elle m'accueillait chaleureusement, les meubles en bois blancs s'harmonisaient parfaitement avec le reste de la pièce, c'étais mon endroit et mes peintures préférés accrochées au mur le prouvaient. Positionnée devant ma coiffeuse, j'attachai mes longs cheveux roses soyeux en un chignon tressé et enfilai une une courte robe noire à bretelles. Des escarpins et une touche de rouge à lèvre achevaient ma tenue. Mon long manteau rouge et mon sac à main et me voilà en bas de chez moi. Je marchai d'un pas rapide vers le supermarché le plus proche à environ dix minutes de ma maison tout en réfléchissant. J'en avais vraiment marre de ce masque que je devais porter en permanence, j'adorais Akito mais plus comme un grand-frère que comme un compagnon avec qui partager ma vie, et ce qui me faisait le plus mal, c'est qu'il s'en rendait compte et restait quand même avec moi, pour essayer de m'arracher les micro-sourires qu'ils me faisaient parfois avoir. J'étais une mauvaise personne mais cela servait à mes intérêt alors je continuais... J'étais tellement absorbée par mes réflexions que je faillis rater le magasin. Le temps de choisir et de revenir , une heure et demie était passée. Arrivée devant ma porte, je pris mes clés et ouvris celle-ci, reprenant mon sourire factice dés celle-ci ouverte. -Je suis rentr... Bam. Je ne vis pas les sacs fracassés par terre, je ne vis pas le regard surpris de Akito. Je ne vis rien. Rien du tout. Sauf les deux améthystes que je maudissais depuis 10 ans.... En le voyant, un de mes vieux tics resurgit et je me mis à mordiller ma lèvre inférieure. J'avais deux options : 1) Laissez tomber le masque et le faire souffrir à petit feu (option très alléchante mais gâcherait l'ambiance et plus de copain...) 2) Faire semblant de rien, en jouant la comédie comme je le pourrais( pas très alléchant mais la meilleure chose à faire) Choisissant la deuxième option, j'affichai le plus beau sourire de ma gamme et m'avançai en tendant la main à chacune des personnes invitées. J'embrassai légèrement Akito sur les lèvres et après m'être excusée, je fonçai dans la cuisine pour reprendre un petit peu mes émotions. Je poussais un profond soupir et rien qu'à l'idée de la soirée qui m'attendait, un mal de tête commençait à se faire sentir. Soudain, je sentis un parfum familier et les souvenirs commencèrent à m'envahir. Je m'étais toujours demandée quelle marque de parfum il utilisait et un jour que je lui avais posé la question, il avait rigolé doucement et m'avait répondue qu'il n'en portait jamais. Il avait donc une odeur naturelle très attirante, s'en découlait une folle nuit à laquelle je ne préférais pas penser... je secouai la tête pour reprendre pied dans la réalité. Me retournant pour trouver d'où venait l'odeur, je vis ses yeux posés sur moi, m'hypnotisant en un seul regard tel un charmeur de serpent. Mon corps bougeait tout seul au dépit de ma tête et mes pieds avancèrent sans que je ne leur dise me conduisant à lui. Alors que ma main s'avançait pour toucher le visage tant désiré, mon sauveur arriva in extremis : -Ma chérie, tu viens ? Ah tu es là aussi Ikuto ? Sa voix de velours retentit dans la pièce. -Oui, je demandais un mouchoir à ta petite amie. Il me regardait du coin de l'oeil pour voir si j'allais approuver sa version. Je baissai les armes. -Oui mon coeur ne t'inquiètes pas. Il poussa un soupir de soulagement. -Je m'inquiétais un peu. Il a un magnétisme naturel qui fait que dés que je le présente, je suis déjà à moitié célibataire, un vrai calvaire... Ikuto afficha un sourire narquois mais n"ajouta pas de commentaires. La soirée se passa plus ou moins bien. J'essayais le moins possible de parler avec lui mais j'y étais, malheureusement, parfois obligée. Et même pendant nos échanges plus ou moins amicaux, je gardais mon calme et ne réagissais pas à ses regards entendus. Quand ses parents et Ikuto annoncèrent qu'ils allaient devoir partir, je poussais intérieurement un soupir de soulagement. Quand les au revoir commencèrent, je feignis la déception alors qu'en fait je jubilais. Quand ils furent partis, je poussais un long soupir. Akito s'assit près de moi et m'attira à lui. -Ils nous ont retourné l'invitation pendant que tu étais dans la cuisine et j'ai accepté, ça ne te dérange pas ? Oh non, pourquoi moi ? -Qui sera là ? -Ben mes parents et mon cousin vu qu'ils viennent passer quelques jours dans notre ville. -Ok. J'avais répondu d'un ton lassé. Il me regarda avec chaleur. -Ce n'est pas grave si tu ne veux pas venir, je peux y aller tout seul. Enfin une bonne nouvelle ! -C'est vrai ? T'es un ange, mon coeur. -De rien. Cet homme méritait vraiment quelqu'un de bien et pas moi. C'est après notre coucher dans le lit, que je me mis à réfléchir à ma vengeance. Alors que je ruminais, une idée brillante m'apparut et c'est avec un sourire démoniaque que je tombais dans les bras de Morphée...
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