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Les Echecs
Par Nya
Harry Potter  -  Romance/Général  -  fr
One Shot - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     0 Review    
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C’est l’histoire d’une enfant qui grandit et devient une femme, de sa passion pour les Echecs, de l’affection qu’elle porte à son chat, des amours et des amitiés qui se nouent et se brisent autour d’elle. Un bref instant, heureux ou triste, amusant ou non, pour chacune de ses années à Poudlard ; pour l’Avant et l’Après. Neuf moments issus de la vie d’une personne comme les autres, ou presque : Rose Weasley. 


Voici une histoire écrite pour l'anniversaire d'une amie. J'espère qu'elle vous plaira !

 

 

 Avant

 

- Maman ! Maman !

 

Rose, assise dans son lit, resserra ses couvertures autour d’elle. Hermione arriva presque immédiatement, l’air inquiet.

 

- Qu’y a-t-il ma chérie ?

- J’ai fait un… un rêve.

- Un rêve qui fait peur ?

 

L’enfant hésita, finit par murmurer :

 

- Non… mais c’était un rêve bizarre. Et je le fais souvent.

- Je vois… Tu veux me le raconter, Rose ?

 

La petite fille acquiesça et se serra contre sa mère. Puis elle ferma les yeux, comme pour mieux se souvenir.

 

- Il y a des gens dans une grande salle. On dirait un peu le tableau du salon de Papi et Mamie.

- Donc une pièce moyenâgeuse, murmura Hermione pour elle-même.

- Je ne vois pas tous les gens, il y en a trop. Mais juste devant moi, il y a deux femmes avec des couronnes. Elles se disputent, ça se voit, mais on n’entend rien du tout. Et puis il y a deux hommes qui se cachent derrière elles. Ils ont aussi une couronne sur la tête.

 

Hermione fronça les sourcils.

 

- Etrange… D’autres personnages, dans ce rêve ?

- Oui. Il y a beaucoup de gens tous habillés pareil, ils se battent aussi. Oh, et il y a des chevaux, aussi !

- Des chevaux… Dis-moi, Rose, de quelle couleur était ton rêve ?

 

Le front de la fillette se plissa tandis qu’elle se concentrait de son mieux pour répondre.

 

- Je crois qu’il n’y a aucune couleur.

 

Les yeux d’Hermione s’illuminèrent, comme lorsqu’elle trouvait la solution d’une énigme.

 

- Je sais de quoi tu rêves, Rose… C’est une partie d’échecs à taille humaine. Tu sais, le jeu préféré de ton papa, ajouta-t-elle en voyant l’air interloqué de sa fille. Mais je ne comprends pas pourquoi tu rêves de cela… Après tout, tu n’as jamais joué aux échecs, n’est ce pas ?

- En fait, quand Papa joue avec Oncle Harry, il m’explique son jeu. Il a même dit que je serai très douée plus tard !

- En effet, si tu tiens de ton père, c’est probable… C’est sûrement parce qu’il en parle sans cesse que tu en rêves, ma chérie. Maintenant que tu as compris, ça te fait encore peur ?

- Non, ça va.

- D’accord. Alors recouche-toi, Rose, il est tard. On en reparlera demain si tu veux, d’accord ?

 

L’enfant hocha la tête et se glissa entre ses couvertures. Hermione déposa un baiser sur sa tempe puis, murmurant tendrement « bonne nuit », sortit de la chambre en refermant la porte derrière elle.

 

 

Rose avait alors cinq ans. Quatre ans plus tard, elle battait son père aux échecs.

 

*****

 Première année

 

- Améthyste… Où te caches-tu ? Allez Améthyste, montre-toi, on part dans une minute…

- Rose, tu n’as toujours pas trouvé ton chat ?

- Non Papa, toujours pas.

- Merlin, on risque d’être en retard… Va vérifier dans le jardin, Rose, je m’occupe de la maison avec ta mère, d’accord ?

- Oui, merci Papa !

 

La petite fille se précipita dans le jardin qu’elle se mit à fouiller, bientôt aidée de son frère. Soudain, Ron héla ses enfants :

 

- Rose, Hugo, vous pouvez venir, on l’a trouvée… Elle doit être très pressée de partir, elle était déjà dans la voiture !

 

Rose sauta au coup de son père et l’embrassa sur la joue puis elle se glissa dans la voiture au côté d’Hugo. Hermione ferma la porte d’entrée d’un sortilège et les rejoignit rapidement.

 

- Chéri, on va être en retard si on ne se dépêche pas…

- Hermione, cesse donc de t’inquiéter, avec moi on est toujours à l’heure, voyons !

- Toujours, c’est vite dit, Ronald, rétorqua sa femme en levant les yeux au ciel, plus amusée qu’autre chose. En attendant, démarre la voiture au lieu de raconter n’importe quoi…

 

Elle se tourna vers sa fille et poursuivit :

 

- Rose, tu as bien toutes tes affaires ?

- Oui Maman, j’ai vérifié, ne t’inquiète pas.

- S’il te manque quoi que ce soit, envoie-moi un hibou et je te le ferai parvenir aussi rapidement que possible, d’accord ?

- Maman, arrête un peu, je vais à Poudlard, pas en Sibérie !

- Excuse-moi ma chérie, c’est juste que…

 

Une main posée sur le volant, Ron caressa discrètement le bras de sa femme du bout des doigts.

 

- Ca va aller, Hermione, murmura-t-il avant de poursuivre à voix haute : Et puis Rosie nous écrira tous les jours, n’est-ce pas ?

- Pas tous les jours, voyons, je n’aurai jamais le temps, Papa ! Mais vous aurez une lettre par semaine, comme promis.

- Rose, tu m’enverras une lettre à moi tout seul, dis ?

- Bien sûr, Hugo. Et tu sauras même tout ce que je ne dirai pas à Papa et Maman… ajouta Rose à voix basse avec un sourire amusé.

- Merci, murmura son petit frère d’un air soulagé. Tu vas me manquer…

 

Rose sentit les larmes lui monter aux yeux mais répondit d’une voix ferme :

 

- T’inquiète pas, on se reverra vite, Hugo… Et puis tu auras la salle de jeu pour toi tout seul, maintenant, tu devrais être content !

 

Le petit garçon eut un pauvre sourire mais acquiesça gentiment, pour faire plaisir à sa sœur. Qu’il avait hâte d’aller à Poudlard, lui aussi !

 

*****

 Deuxième année

 

Rose se laissa tomber sur son lit en soupirant, faisant néanmoins attention à ne pas écraser Améthyste. Elle était tellement bouleversée par cette dispute futile qu’elle avait failli ne pas pouvoir entrer dans la salle commune… Un comble ! D’autant plus que l’énigme posée par le tableau était enfantine.

Secouant la main devant ses yeux comme pour chasser ces pensées importunes, la jeune fille se redressa, s’adossant au mur.

Elle observa, avec une ombre de tristesse au fond des yeux, la photographie posée sur sa table de chevet.

 

Sur l’image animée, on pouvait voir quatre jeunes filles assises en cercle au bord d’un lac. Rose remarqua combien elles semblaient s’amuser, heureuses d’être ensemble par cette journée d’été à jamais immortalisée. Et elle eut envie de pleurer en songeant que, pour la première fois depuis qu’elle les connaissait, elle s’était disputée avec ses amies.

Ce qui dérangeait le plus Rose, ce n’était même pas la dispute, c’était la raison de celle-ci. Ou plutôt l’absence de raison. Elle ne se rappelait pas ce qui avait déclenché cette altercation entre elle et ses camarades de dortoir. Elle se souvenait juste des mots blessants d’Isabel, du silence d’Alice qui n’avait pas cherché à la défendre… Et de l’absence d’Eleonora, qui fuyait comme toujours les conflits.

De nouveau, Rose fit ce geste de la main qui lui était propre lorsqu’elle cherchait à oublier quelque chose.

 

La photo semblait la narguer, lui montrant encore et encore cet instant fugace de bonheur. Elle se souvenait de cet après-midi qui ne remontait qu’à quelques mois. Alice, Eleonora, Isabel et elle-même venaient d’apprendre qu’elles avaient réussi leurs examens de fin de première année et elles fêtaient l’arrivée des vacances.

 

Rose se souvenait qu’Alice avait demandé à Nathan, un des deuxième année de leur Maison, de prendre la photo. Puis les garçons s’étaient joints à elles. Ce soir-là, Nolan, le meilleur ami de Nathan, lui avait demandé s’ils pourraient se voir pendant les vacances d’été.

Nolan n’avait pas cherché à la contacter, finalement. Et Rose n’aimait pas qu’on l’ignore.

Alors elle chassa cette pensée de la main, comme les précédentes.

 

Par la porte entr’ouverte du dortoir, Rose percevait les rires et les cris des élèves. Elle se laissa bercer par le brouhaha, les yeux clos, essayant de reconnaître les voix de ses camarades pour oublier ses sombres pensées.

Elle n’identifia tout d’abord que celle de son cousin Fred. Puis elle devina que la voix qui lui répondait appartenait à Lorcan ou à Lysander Scamander, en quatrième année eux aussi. Elle se demandait si le rire qu’elle percevait appartenait à Jane, la Préfète-en-Chef des Serdaigles ou à Mary, une septième année, lorsque la porte se referma dans un claquement discret.

 

Rose fixa aussitôt celle-ci avec espoir, mais personne n’était entré.

 

- Un simple courant d’air… murmura-t-elle, l’air abattu.

 

Puis elle se laissa glisser sur le lit en position fœtale. Elle avait un peu froid, soudain. Et la présence de son chat, lové contre son ventre, ne suffisait pas à la réchauffer tout à fait.

 

*****

Troisième année

 

Rose venait d’entrer dans la salle commune, riant aux éclats avec Isabel, sa meilleure amie. Immédiatement, les yeux de Lorcan Scamander se posèrent sur elle. Le jeune homme repoussa en arrière les cheveux blonds qui barraient ses yeux clairs, comme pour mieux la voir. Puis, se rendant compte de son comportement, il secoua la tête avec un sourire un peu triste et retourna à son devoir de Botanique, s’interdisant de la regarder de nouveau.

Manque de chance pour le garçon, il se trouvait à la même table qu’Alice et Eleonora. Il retint son souffle quand Rose s’installa à côté de lui. Il sentait sur lui le regard moqueur de son frère jumeau, Lysander, mais fit comme si de rien n’était.

Cela dit, ce ne devait vraiment pas être son jour de chance, car la jeune fille lui adressa la parole.

 

- Dis, Lorcan, comment va ta mère ? Ca fait un moment qu’elle n’a pas écrit d’articles pour le Chicaneur, c’est étonnant…

- Ah, heu… Je ne sais pas… Je…

 

Par solidarité, sûrement, ou par pitié, Lysander vint à son aide avec sa nonchalance habituelle.

 

- Jolie Rose, écris-lui donc, elle te dira ce qu’il en est… Tu sais comment est notre mère, n’est ce pas ?

 

Rose eut un sourire très doux. Elle appréciait vraiment Luna, sa marraine, et adorait ses fils. Lysander lui avait d’ailleurs souvent dit qu’il la considérait comme sa petite sœur… Alors pourquoi Lorcan se montrait-il aussi indifférent à son égard, ces derniers temps ? Rose ne comprenait pas. Et Rose détestait ne pas comprendre. Aussi décida-t-elle de tirer tout cela au clair. D’une voix un peu trop innocente, elle demanda :

 

- Lorcan… Tu fais une partie d’échecs avec moi ?

- Rose… Je travaille…

- Allez, Lorcan, fais-moi plaisir… S’il te plait… Et puis je sais bien que c’est ton jeu préféré !

- Mais… Il y a bien quelqu’un d’autre qui peut jouer avec toi, non ?

 

Il observa ses voisins avec espoir mais personne ne sembla prêt à se sacrifier. Rose était malheureusement excellente aux échecs, et jouer contre elle signifiait nécessairement perdre. Seul Lorcan parvenait à peu près à lui tenir tête, parmi ses amis.

 

- Non, Lorcan. Je veux jouer contre toi, viens !

 

Et, sans écouter le jeune homme, Rose le tira par la main pour l’emmener vers une table à l’écart.

Toujours avachi dans un canapé, Lysander songea que sa « petite sœur » était décidément bien aveugle… Et qu’il allait devoir, avec son meilleur ami, lui faire ouvrir les yeux !

Comme s’il lisait dans ses pensées, Scorpius, le meilleur ami en question, se mit lui aussi à observer Rose et Lorcan d’un air amusé.

Ce défi lui semblait des plus prometteurs…

 

*****

 Quatrième année

 

Rose fit avancer sa Tour de trois cases.

 

- Echec, Scorpius.

 

Il n’y avait plus qu’eux dans le Salle Commune. La jeune fille bailla en attendant que son adversaire se résigne à mettre sa Dame en danger pour sauver son Roi.

Il devait être une heure du matin.

Tout en s’étirant, Rose songea qu’ils n’étaient pas raisonnables ; dans une poignée d’heures, ils devraient être en cours. Mais, ce soir-là, le plaisir d’avoir trouvé un adversaire aussi doué que celui-ci occultait toute pensée sombre de l’esprit de la jeune fille. Et puis il ne s’agissait pas de n’importe qui, pour elle…

 

Scorpius finit par forcer une Dame grincheuse à avancer jusqu’à la case prédite par son amie, qui ne put retenir un rire amusé.

 

- Si tu te moques, j’arrête de jouer, Rose.

 

Tout en soufflant « mauvais perdant ! », la jeune fille demanda négligemment à son Fou de reculer de deux cases, ce que la pièce fit sans hésiter.

Puis ses yeux se posèrent sur Scorpius et elle réalisa qu’elle avait commis une grosse erreur. D’une voix faussement humble, il lança :

 

- Promotion ! Mon Pion devient donc une Reine… Et tu es en échec, Rose.

 

Elle avait été trop sûre d’elle. A toute vitesse, la jeune fille revit les derniers coups. Et comprit bien vite : pressée de mettre son adversaire en échec, elle avait laissé une ouverture dans sa ligne de défense… Et le Pion de Scorpius, qui n’attendait que ça et se faisait oublier, en avait profité allègrement.

 

Rose ferma les yeux, tentant de se concentrer. Elle ne pouvait pas perdre. Pas contre lui. Elle devait, le temps de la partie, ne voir en Scorpius qu’un adversaire. Oublier que le moindre de ses sourires lui donnait envie de l’embrasser…

Quand elle regarda son ami de nouveau, il n’y avait plus la moindre trace d’amusement dans ses yeux. Scorpius avait désormais face à lui Rose, l’excellente joueuse d’échecs.

 

D’une voix ferme, la jeune fille ordonna à sa Tour de se sacrifier, ce que la pièce fit en se plaignant avec force. Scorpius, ne comprenant pas le dessein de Rose, se contenta de prendre la pièce.

 

- Echec.

 

Elle se contenta de demander à son autre Tour de se déplacer de six cases, prenant ainsi la seconde Dame du jeune homme.

 

- Echec… Et Mat.

- Quoi ? Mais ce n’est pas possible, j’ai mon Fou qui protège…

 

La voix de Scorpius mourut lorsqu’il se rendit compte qu’il était bel et bien en échec et mat. Rose l’avait piégé à la perfection… Inconsciemment, il caressa du bout des doigts son récent insigne de Préfet, observant le plateau avec résignation. Puis il murmura :

 

- Bien joué, ma chère, je m’incline.

- Merci… Mais tu es un excellent joueur, Scorpius. Pourquoi l’avoir caché jusqu’alors ?

- Parce que tu ne me l’as jamais demandé… Et puis Lorcan et toi, vous semblez adorer jouer ensemble.

- Mais j’aime encore mieux jouer avec toi. D’ailleurs, puisque tu as perdu, tu as un gage !

- Un gage ?

- Oui, répondit-elle en souriant. Puis elle ajouta, les joues un peu rouges : Embrasse-moi, Scorpius.

 

Voyant qu’il hésitait, Rose fit le pas qui les séparait et posa ses lèvres sur celles du jeune homme avec douceur. Surpris, Scorpius se laissa aller au baiser, ses doigts se perdant dans les cheveux roux de la jeune fille. Puis il la repoussa doucement et, l’observant avec gravité, murmura :

 

- Je suis désolé, Rose, mais je ne peux pas lui faire ça, il t’aime trop.

 

Puis il embrassa le front de son amie et, tout en montant les escaliers menant à son dortoir, souffla :

 

- Bonne nuit, Rose.

 

Restée seule dans la Salle Commune, la jeune fille resta immobile de longues minutes durant, se demandant qui était ce « il » à qui Scorpius accordait tant d’importance.

Seules deux personnes lui vinrent à l’esprit : Lysander, le meilleur ami du jeune homme et, par extension, Lorcan. Mais elle les considérait tous deux comme des frères, non comme d’hypothétiques petits amis. Tandis que Scorpius, elle l’aimait depuis bientôt un an…

Et c’est en songeant à eux trois que Rose s’endormit, une longue heure plus tard.

 

*****

 Cinquième année

 

- Rose…

 

La jeune fille leva les yeux du livre qu’elle lisait et les posa sur Alice. Celle-ci avait l’air agité et ses yeux sombres brillaient de joie.

 

- Oui ? Qu’y a-t-il ?

- Scorpius… Il m’a demandé d’aller à Pré-au-Lard avec lui !

 

Rose resta muette pendant quelques secondes, le temps de se ressaisir, puis adressa un sourire factice à son amie.

 

- Mais c’est super, ça, Alice… Amusez-vous bien.

- Ca… Ca ne te dérange pas ? Je veux dire, tu es amoureuse de lui, non ?

 

Le sourire de Rose se crispa davantage encore et elle se mit à caresser brusquement Améthyste, roulée en boule sur son oreiller.

 

- Non. J’ai cru aimer Scorpius mais lui ne ressent rien pour moi… Je ne le vois plus que comme un ami, mentit-elle avec conviction. Vous ferez un très beau couple.

 

La chatte, lassée des caresses rageuses de Rose, feula en guise d’avertissement. La jeune fille n’y fit pas attention, trop occupée à canaliser ses pensées pour ne pas en vouloir à Alice.

 

- Merci, mais… Tu es sûre ?

- Oui. Aie !

 

Rose fixa sa paume, détaillant les quatre griffures ensanglantées qui s’y dessinaient. Améthyste sauta du lit et se glissa sous l’armoire, visiblement honteuse.

Les yeux brillants de larmes à cause de la douleur, la jeune fille songea qu’au moins, elle avait une bonne raison de pleurer…

 

- Oh mince, ça doit faire mal… Tu devrais aller à l’infirmerie pour que ça ne s’infecte pas. Tu veux que je t’accompagne ?

- Non, ça va aller. A tout à l’heure.

 

Puis Rose sortit du dortoir et traversa rapidement la Salle Commune, ignorant les gens qui la hélaient, étonnés de la voir pleurer. Ils ne connaissaient d’elle que son sourire ou, à la rigueur, son expression sérieuse de joueuse d’échecs… Pas ses larmes.

 

Lorcan, qui était avachi avec son frère sur un canapé, se leva d’un bond pour suivre la jeune fille. Devinant que quelqu’un tentait de la rattraper, Rose pressa le pas sans même se retourner ; elle n’avait pas envie qu’on la voie dans cet état-là…Il la rejoignit alors qu’elle était déjà au bout du couloir.

 

- Rose ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

 

La jeune fille s’arrêta brusquement et se tourna vers lui.

 

- Oh, Lorcan. Améthyste m’a griffée, je vais à l’infirmerie vérifier…

- Arrête, la coupa son ami. Je t’ai déjà vue plus blessée que ça, tu n’as jamais mal… Qu’y a-t-il vraiment, Rose ?

 

Elle hésita un instant, consciente que Lorcan l’aimait peut-être, mais préféra laisser cette pensée de côté. Elle avait besoin d’une étreinte et de réconfort. Aussi murmura-t-elle d’une voix tremblante :

 

- Je suis tombée amoureuse de la mauvaise personne.

 

Lorcan ferma les yeux et, un sourire triste se dessinant sur ses lèvres, répondit doucement :

 

- Moi aussi, Rose. Moi aussi…

 

Puis il la serra contre lui avec tendresse, son sourire teinté d’amertume toujours accroché aux lèvres. Et il songea qu’il aurait aimé, comme sa mère, apprendre à ne pas souffrir à cause des gens…

 

*****

 Sixième année

 

Ils étaient assis au bord du lac, à l’ombre d’un saule pleureur. Une table de fortune avait été dressée entre eux et Rose, assise en face du gâteau, souffla de toutes ses forces en fermant les yeux.

A chacun de ses anniversaires, elle faisait un vœu. Elle n’y croyait pas vraiment, mais elle espérait tout de même.

Cette année-là, son vœu fut simple :

 

Je souhaite que Papa et Maman cessent de se disputer.

 

Car ses parents, de plus en plus, semblaient s’opposer sur le moindre détail, comme si crier l’un sur l’autre leur plaisait. Et Rose comme Hugo ne supportaient plus cette ambiance glaçante qui régnait chez eux.

Mais Rose chassa d’un geste léger ces pensées trop tristes pour cette journée et rouvrit les yeux, un sourire heureux aux lèvres.

 

Les bougies se mirent alors à se déplacer sur le gâteau, au grand amusement de la jeune fille.

 

- Oh, elles sont enchantées !

 

En riant, Isabel acquiesça tandis que les petits objets magiques se serraient les uns contre les autres ; ils se mirent à chanter d’une voix grave, presque cérémonieuse :

 

- Joyeux anniversaire ; joyeux anniversaire ; joyeux anniversaire Rose ; Joyeux anniversaire !

 

Les adolescents qui se trouvaient tout autour de la table éclatèrent de rire, puis Alice glissa les bougies dans un petit sac et commença à couper le gâteau.

 

- Attends Alice, les cadeaux d’abord ! Tiens, Rose, le nôtre en premier !

 

Eleonora lui tendit une boîte rectangulaire emballée dans un papier soyeux.

 

- De la part d’Eleonora, d’Isabel et d’Alice. Joyeux anniversaire Rose !, lut la jeune fille sur l’étiquette.

 

Puis elle décolla délicatement le papier cadeau chamarré pour ne pas le déchirer. Et poussa un cri de joie en découvrant ce qu’il recouvrait :

 

- Oh, par Merlin, un jeu d’échecs en pierre de lune… C’est fantastique, merci ! Mais ça a dû vous coûter une fortune…

- Rose, ne parlons pas de ça, voyons… Tout ce qu’on veut, ajouta Isabel, c’est te faire plaisir. Ouvre le cadeau des garçons maintenant !

 

Aussitôt, Lorcan lui tendit un petit paquet, murmurant d’un air gêné :

 

- Ca ne vaut pas le jeu d’échec, mais on espère que ça te fera plaisir, Lysander, Scorpius et moi.

 

La jeune fille sourit puis ouvrit ce second présent. De nouveau, ses yeux s’écarquillèrent de surprise et de joie.

Il s’agissait d’une chaîne en argent au bout de laquelle pendait une superbe pierre de cristal ; elle contenait des volutes semblables à de la fumée scintillante, dont la couleur changeait sans cesse.

 

- Il est sublime ! Merci, vraiment, les garçons ! Quelqu’un m’aide à le mettre ?

 

Rose souleva ses boucles rousses pour permettre à Alice d’attacher le fin bijou autour de son cou.

Puis, les yeux brillants de joie et un sourire persistant aux lèvres, elle embrassa ses amis pour les remercier.

Et, tandis qu’ils entamaient son gâteau d’anniversaire, Rose songea qu’elle avait de la chance de les avoir rencontrés.

 

*****

 Septième année

 

- Rose, ma belle, je te cherchais !

 

Un soupir inaudible échappa à la jeune fille tandis que Nolan se glissait à côté d’elle. Puis elle se laissa embrasser par son petit ami, plus par habitude qu’autre chose. Il aimait assez pour deux, elle l’appréciait suffisamment pour faire semblant… C’était la solution de la facilité, Rose ne l’ignorait pas. Mais c’était aussi la seule qu’elle avait trouvée pour ne pas trop faire souffrir les gens. Et Nolan, lui au moins, était heureux.

 

- Eh bien j’étais là, à prendre mon petit-déjeuner, comme tu peux le voir.

- En tous cas, ça a l’air délicieux ! Tu me passes la marmelade ?

 

Rose lui tendit le pot puis se concentra sur son verre de jus d’orange. Soudain, une nuée d’oiseaux envahit la Grande Salle, comme chaque matin.

Avec étonnement, la jeune fille vit deux chouettes se poser sur la table face à elle puis lui tendre la patte avec impatience.

 

Elle reconnut sans peine la première, Aesy, et lui caressa affectueusement le dos. Chaque lundi, ses parents lui envoyaient une lettre. Et, le dimanche, Rose préparait toujours un parchemin pour eux, qu’elle confiait à la chouette le lendemain matin.

Non, ce n’était pas la présence de Aesy qui surprenait la jeune fille : c’était la seconde chouette. Elle était sûre de ne l’avoir jamais vue.

 

Rose attacha rapidement sa missive à la patte de Aesy, offrit un sucre à chacune des chouettes, puis prit la lettre que portait celle qu’elle ne connaissait pas.

 

- Qu’est ce que c’est Rose ?

 

La jeune fille sursauta, répondit un peu trop vite :

 

- Oh, rien d’intéressant, Nolan. Je reviens, je dois retourner chercher quelque chose dans le dortoir.

 

Puis, ses deux lettres à la main, elle sortit de la Grande Salle.

 

Tout en déambulant dans les couloirs déserts, Rose déroula le parchemin mystérieux. Ses yeux se posèrent aussitôt sur la signature et elle se sentit rougir, bêtement.

Non, bien sûr, elle ne respirait pas plus vite juste à cause de ça…

Scorpius.

 

La lettre était courte, amicale, enthousiaste.

Scorpius lui parlait de ses études de Droit, dont la première année touchait à sa fin, de ses nouveaux amis, des week-ends qu’il passait chez Lorcan et Lysander.

Il lui disait qu’elle lui manquait, aussi, qu’il faudrait qu’ils se voient aux prochaines vacances. Il lui demandait comment elle allait, si le professeur de sortilèges était toujours aussi sévère, quelle mention elle avait eu à son dernier examen…

Et puis, en post-scriptum, il posait la question de trop, celle qui n’était là que pour rappeler à Rose qu’ils ne seraient jamais autre chose que des amis…

« Juste une dernière chose : Alice va-t-elle vraiment bien ? Elle prétend que oui, mais je suis inquiet, elle parait triste… S’il te plait, peux-tu me dire ce qu’il en est ? »

 

C’était comme si elle était glacée de l’intérieur. Elle sentait son cœur se contracter, et cette boule de tristesse prendre place dans sa gorge.

Cette inquiétude sincère, mieux que n’importe quel « je l’aime », prouvait à Rose qu’en effet, Scorpius aimait Alice.

Et elle avait si froid que ses larmes ne coulaient même pas, comme gelées avant même de voir le jour…

 

*****

 Après

 

Trop de musique, trop de gens, trop de lumières.

Rose venait à peine d’entrer dans la maison mais, déjà, elle avait envie de repartir. Décidément, elle n’aimait pas les fêtes. Elle faillit faire demi-tour mais décida finalement d’entrer, ne serait-ce que pour saluer son hôte. Elle trouva la jeune femme en question avachie sur les genoux d’un de leurs camarades de classe, visiblement ivre.

Et, juste à côté, il y avait Scorpius. Rose hésita, consciente de son trouble à la simple vue du jeune homme. Elle l’évitait depuis des mois et lui laissait entendre qu’elle ne l’aimait plus… Aller le voir maintenant serait se trahir.

 

Sa décision de se fondre dans la masse se confirma lorsque qu’elle vit Alice se glisser aux côtés du jeune homme.

Alors, même si cela ne lui ressemblait pas, Rose se saisit d’un verre d’alcool, pour en ressentir la chaleur, un peu.

 

Elle se dirigeait de nouveau vers la porte d’entrée, décidée à partir au plus vite, quand on la héla :

 

- Rose ! Attends !

 

Quelques secondes plus tard, Lorcan l’entraînait vers le jardin.

 

- Je ne m’attendais pas à te rencontrer ici ! Tu connais Emily ?

- Non, je suis les mêmes cours que sa sœur Lana. C’est elle qui m’a invitée.

- Oh, d’accord. En tous cas, je suis heureux de te voir, Rose. Comment vas-tu ?

- Je vais toujours bien, Lorcan. Et toi ?

 

Le jeune homme l’observa pendant quelques secondes, l’air sceptique, avant de répondre :

 

- Je vais plutôt bien, merci.  Tu as l’air fatiguée. Et abattue.

 

Rose lui adressa un sourire factice qui se voulait rassurant, mais le jeune homme ne fut pas dupe.

 

- Tu viens à l’appart’ ?

 

La question ressemblant à un ordre, elle acquiesça et Lorcan les fit transplaner.

 

 

Rose observa avec amusement le salon dans lequel ils se trouvaient désormais.

 

- Excuse-moi pour le désordre, mes colocataires ne sont pas plus doués que moi niveau rangement. Je t’offre à boire ?

- Je veux bien. Pas d’alcool, s’il te plait.

 

Restée seule, Rose se laissa tomber dans le canapé. Elle avait les idées un peu embuées, à cause de la fatigue et du cocktail de tout à l’heure. Alors elle ferma les yeux doucement, ne pensant à rien d’autre qu’à la chaleur agréable qui émanait du canapé. Sûrement un sortilège de confort. A moins que ce ne soit l’alcool qui fasse encore effet.

Le grincement du canapé quand Lorcan s’assit juste auprès d’elle lui fit rouvrir les yeux.

 

- Tiens, murmura-t-il en lui tendant un verre, une Petite Lune sans alcool mais avec du citron. C’est comme ça que tu les aimes, non ?

 

Etonnée, Rose acquiesça. Il la connaissait décidemment mieux que quiconque…

 

Elle trempa les lèvres dans le liquide sucré qu’elle adorait tout en songeant que Lorcan avait changé, ce derniers temps. Il semblait plus sûr de lui, plus viril, pour ainsi dire. Et il avait les cheveux plus longs, cela lui allait bien.

 

Rose observa le jeune homme entre ses cils tout en sirotant la boisson. Elle sentait sur son corps la caresse des yeux de son ami et elle rougit un peu. C’était étonnamment agréable… On ne l’avait pas désirée ainsi, avec respect et envie à la fois, depuis trop longtemps.

 

Alors, ne se contrôlant pas tout à fait, elle se pencha vers Lorcan et l’embrassa, doucement. Elle ne l’aimait pas avec la passion qui l’animait dès qu’elle voyait Scorpius, mais elle l’aimait tendrement. Surtout, il était fou d’elle, plus que n’importe qui ne le serait jamais.

Et, tandis qu’il répondait à son baiser avec fougue, Rose songea que c’était peut-être la meilleure solution, après tout…

 
     
     
 
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