Fragile

Cette sonfic est une réponse à la review postée par Emilianor sur une autre sonfic, Pas l'indifférence publié en septembre 2011. J'y ai mis le temps, mais je te réponds quand même ! ^^ J'espère que tu ne seras pas déçue...

Je n'ai pas trouvé  mon bonheur dans la discographie de J.-J. Goldman, alors elle s'inpire cette fois de Fragile  de Christophe Willem (2009).

Bonne lecture.

Illustration : the_boy_who_lived__by_achen089 (Deviantart)

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Hermione et Ron sont avec moi, encore et toujours à mes côtés, mes amis… Malgré tout ce que nous avons vécus, ils donnent l’impression de ne pas avoir changé, sauf qu’ils s’aiment et se le sont, enfin, avoués. Il fallait au moins une guerre pour ça ! J’ai l’air de plaisanter, mais je n’ai pas le cœur à ça. Le plus dur est passé, c’en est fini de Voldemort, mais je n’arrive pas mieux à vivre. J’ai ce sentiment diffus d’un manque que je n’arrive pas à cerner.

Etre un héros, voler dans les plumes,
Défier d’un regard…
J’ai le chapeau, j’ai le costume,
Après ça je m’égare.
Tout doux comme un homme,
Bourru comme un saule en somme…

Les cours ont repris à Poudlard, cycle immuable, ‘Mione est dans tous ses états à cause des ASPIC, Ron est sur son petit nuage et ne décolle plus de sa chère et tendre, comme si elle allait s’envoler ! Et moi ? Je ne sais pas, je suis les cours, je me laisse porter comme un automate, je ne me comprends pas… Malefoy est là, lui aussi, mais il n’a pas changé, toujours aussi con. Comment fait-il ? Son père est en prison et sa mère ne va pas bien, mais il a l’air de s’en foutre ! Il continue à me chercher comme si de rien n’était.

J'ai tout fait pour me croire plus fort que fort,
J'ai 200 fois perdu le nord.
Face à la vie mon corps se défile,
Je me sens fragile...

Pourquoi fait-il ça ? J’en ai assez, je suis fatigué des querelles, de me battre… Laisse-moi tranquille Malefoy, arrête de me retenir, je ne veux plus de ton regard sur moi, je ne veux plus de ta haine, je ne rêve que d’une chose : dormir, et tu m’en empêches. Laisse-moi me noyer dans mon néant, ce vide intersidéral qui m’habite depuis que je l’ai tué. J’ai envie de me diluer dans le temps et l’espace, de ne plus être, mon corps me pèse. Tu sais que tu vaux mieux que moi ? Tu es peut-être un ex-mangemort, mais tu n’as pas de sang sur les mains, toi, tu es toujours pur… pas comme moi. Mon âme est noire et chargée comme l’haleine d’un ivrogne, elle s’atrophie, se referme sur elle-même m’enfermant avec elle.

Etre un héros, plonger dans la brume,
Défier le hasard...
Coup d'épée dans l'eau, si je résume,
Je me rêve le soir.
Moi j'ai l'air d'un homme,
Bourru comme un saule en somme.

Je me suis encore perdu. J’ai des absences. Je ne m’en sors pas, je m’enfonce et personne ne le vois, il n’y a que quand je dors que je suis bien. Pourtant un nombre incroyable de personnes gravite autour de moi, cherchant à attirer mon attention, à entrer dans mon cercle. Mais tous ces gens ne me voient pas, ils ne voient que mon enveloppe. Je ne fais plus de cauchemars, même pas de rêves : rien. Je ne sais pas comment je vis, si je vis même, j’ai l’impression de ne plus habiter mon corps, qu’il est autonome, c’est très étrange comme sensation. Les rares fois ou j’y retourne, c’est quand Malefoy me provoque. Pourquoi ? Il se dégage de lui quelque chose qui m’empêche de m’effondrer. Pourquoi lui ?

J'ai tout fait pour me croire plus fort que fort,
J'ai tant de fois perdu le nord.
Et face à la vie mon cœur se défile,
Je me sens fragile... fragile... fragile... fragile...

Je me fais peur. Je suis devenu insensible. Le fait de mourir m’a-t-il fait perdre mon humanité, mon âme a-t-elle disparue ? Est-ce pour cela que j’ai pu le tuer sans émotion particulière ? Merlin, je suis un monstre ! Je ne sais même plus pleurer… Pourtant, lui le peut, je l’ai vu, il s’est retenu, mais ses yeux étaient trop brillants, il a peut-être changé lui aussi, finalement, il est devenu humain. Moi mon cœur est sec. Devrais-je l’abreuver à ces larmes comme à une fontaine ?

J'ai tout fait pour me croire plus fort que fort,
Mais j'ai tout fait comme l'on fait le mort.

Ron et Hermione sont venus me parler. Ils s’inquiètent pour moi, ils me trouvent absent, indifférent, ils pensent que je devrais consulter un psy. Je leur ai dit que j’allais y penser et ils ont eu l’air rassurés. Ginny est venue elle aussi, elle voudrait qu’on ressorte ensemble. Je lui ai répondu que je n’en avais pas envie pour l’instant, ça l’a fâché je crois. Pourtant c’est la vérité, elle n’est pas la seule à me faire des avances, mais ils paraissent tous transparents. Leurs sourires m’indiffèrent, leurs corps m’indiffèrent, leur amour m’indiffère… Qu’en ai-je à faire ? L’amour sauve peut-être, mais il tue aussi et pourtant on lui fait confiance… n’est-ce pas une erreur ? La haine est plus franche.

Et tant pis si lorsque ma vie défile,
Je me sens fragile...

Malefoy est de plus en plus bizarre, on dirait qu’il est triste, peut-être devrait il voir un psy lui aussi. McGo’ m’a inscrit d’office à des séances, Hermione a du lui faire peur… Alors je parle, j’explique et elle (c’est une femme), elle m’écoute et analyse. Parfois on discute, et des rouages se remettent à tourner, je me sens moins vide, mais la sensation n’est pas agréable. Je commence à avoir peur à nouveau, les cauchemars sont revenus, mais pas les mêmes qu’avant. Elle dit que c’est normal, que je suis sur la bonne voie, qu’il faut que je respire, que j’arrête de tout comprimer en moi, que je lâche prise. Mais j’ai mal et je ne veux plus avoir mal. Je lui ai dit qu’il me manque quelque chose, et on travaille dessus aussi. Elle veut m’aider, je la laisse faire, je ne me sentais pas mal pourtant, pas comme maintenant. Je dois à nouveau me battre, mais l’adversaire à changé, il est plus effrayant, puisque cette fois, c’est de moi qu’il s’agit.

J'ai tout fait pour me croire plus fort que fort.
Mais je me tue à faire le mort.

Aujourd’hui j’ai vu Malefoy. Il était seul, assis dans le parc. Je me suis approché de lui et il m’a regardé. Ses yeux étaient bizarres, ils étaient vivants. On dit qu’ils sont le miroir de l’âme, si c’est vrai, la sienne aussi est tourmentée. Comment fait-il pour continuer sa route ? Il est si seul pourtant. J’ai toujours envie de m’arrêter alors qu’on ne fait que me pousser à avancer. Peut être que le problème vient de là, cette volonté n’est pas la mienne et sans vraiment le savoir, je la combat. Quand je l’observe, quelque chose se réveille en moi et je veux comprendre ce que c’est. J’ai vu ses yeux en rêve. Ils me fixaient et tentaient de me délivrer un message que je ne saisissais pas. Sont-ils réellement comme ça ? Sans m’en être rendu-compte je suis devant lui, mon regard dans le sien, cherchant une réponse à mes questionnements. Le gris teinté de bleu s’humidifie alors que passe les secondes.

 Et tant mieux si lorsque ma vie défile,
Je me sens fragile...

Il s’est levé et est parti sans un mot. On dirait qu’il a abandonné, qu’il m’a abandonné. Ça m’a fait mal, je n’ai pas compris pourquoi, mais je lui ai couru après. Je dois savoir pourquoi il n’est pas transparent, pourquoi je le vois, pourquoi je le ressens… lui et pas les autres. Quand je l’ai rattrapé et sommé de m’expliquer, il a changé, le poids qu’il semblait porter ses derniers temps c’est comme envolé. Il m’a souris et je suffoque bientôt, submergé par ce que je lis sur son visage. J’ai l’impression d’une dépressurisation, l’air s’engouffre en moi violement, j’ai enfin compris ce qui me manquait, et lui seul peut me le donner.

FIN