Les pieds au bord du précipice, la ville qui défile sous mes yeux, une pluie batante se mêle à ce paysage lugubre. Du haut de ce building, j'entends le grondement des voitures qui circulent, les lumières des panneaux publicitaires se reflètent dans les vitres des immeubles d'à côté. Telles des fourmies, les gens courent sous mes yeux, peu prenent le temps de vivre, comme il fut de même dans ma propre vie...
Là haut, le ciel est noir, les nuages recouvrent les étoiles, ce noir obscur ne m'effrait point, au contraire, il me rassure, c'était comme si le ciel s'attendait à acceuillir une âme...
Un sanglot retentit derrière moi, surprise je me retourne doucement, je ne voudrais pas tomber par m'égarde. Il vient de me rejoindre, il vient dans l'espoir de me retenir, il est venu comme je l'espérai. Il m'appelle, n'ose pas s'approcher de peur que je saute. Je lui crie "Non, je ne t'aime plus !", ces simples mots me déchirent les entrailles... Je retiens mes larmes, je ne veux pas qu'il remarque ce pur mensonge.
Face à ces mots, son regard tressaillit, mais pas suffisament, alors je lui dis de partir, de m'oublier, de tout oublier. Il insiste, me supplie de ne pas sauter même si je ne l'aime plus... Je me détourne de lui, ma vue brouillée par les larmes qui m'ont gagnée, j'observe mon image qui se reflète dans les vitres de l'immeuble dans face. Je parais si fragile, debout sous cette pluie... Mais c'est loin d'être le cas, je sais ce qui est le mieux pour nous.
Je jette un regard en arrière, il est toujours là, les larmes ruisselantes, ses mèches tombent devant ses yeux, il me supplie, sa main tendue.. Mon coeur se tord de douleur face à lui, je ne peux plus supporter sa voix, son visage, son regard ... Je l'observe une dernière fois, mémorisant les moindres parties de son corps, je ne veux pas l'oublier, je ne veux qu'il m'oublie, et pour cela, je décide de mon futur, afin de soulager le sien.
Je ne supporte plus qu'il souffre par ma faute, je ne supporte plus ces larmes qui naissent dans ses yeux, je ne le supporte plus, enfin il me semble... J'ai cru en lui, je l'ai aimé... et je l'aime encore. Lui aussi, il m'aime c'est ce qu'il m'a dit. Mais entre nous, rien n'est possible... Je me détourne de son regard, j'ai crispé mon visage pour ne pas laisser échapper un sourire, je regarde à nouveau le vide sous mes yeux, j'inspire une dernière fois, et telle une plume, je me laisse pousser par le vent, mon corps chutant et s'écrasant contre terre.
Ce passage de la vie à la mort fut plus rapide que je ne l'aurai espéré, l'unique douleur qui me rappela que la vie faisait encore partie de moi, fut lorsque mes os éclatèrent en morceaux contre cette terre... Maintenant je suis heureuse !
Tic - Tac . . . |