NDA : Bonjour tout le mooonde :D Je faisais le ménage de mon ordinateur et j'ai retrouvé ceci, une sorte de prologue d'une histoire que je voulais écrire... je ne l'ai jamais fait, mais je crois que je vais m'y mettre :) Je ne sais pas si vous allez tout comprendre, car au départ je l'avais écrite pour moi, si vous avez des questions il me fera plaisir d'y répondre :D Alors je vous laisse ceci pour l'instant, j'espère que vous aimerez ^^
Azuril
Azuril flamboyait. À nouveau. Azuril flamboyait et son cœur était désormais éteint. Daegan, au sommet du mont Syed, voyait tout le pays d’Atlantide s’étendre sous ses yeux. Il voyait chaque ville, chaque rivière en se remémorant tous les combats ayant marqué ces endroits maudits. La forêt au pied de la montagne qui avait été ravagée dans les flammes d’un premier affrontement. Celui où il l’avait revu, pour la première fois depuis quarante ans. Et il n’avait pas changé. Aucunement. Ses yeux étaient toujours le miroir de son âme. Sa seule faiblesse. Et Daegan n’avait pu soutenir son regard. Lui dont on craignait tant les yeux noirs. La nuit avait perdu face à la mer. Une mer limpide, où le saphir ricoche sur de l’indigo, où le cyan et l’azur jouent avec du céruléen qui se perd dans du turquoise. Qui s’enlacent et se lassent. Une mer d’amour autrefois, de haine et de rage aujourd’hui. Il avait compris quelque chose d’essentiel, cette journée-là. La seule faiblesse qu’ait jamais eue Sinfael, c’était lui. Et il n’avait plus aucune faiblesse. C’était à ce moment précis que tout avait basculé. Le désespoir l’avait emporté sur la raison et Daegan s’était perdu pour faire la seule chose dont on attendait de lui. Il allait mener la rébellion jusqu’à ce qu’ils regagnent leurs terres et leurs vies. Même s’il devait y perdre la sienne.
Son regard porta plus loin, au-delà des Terres sèches, au-delà des Monts Arides au nord. C’est là qu’avaient résidé les Rebelles durant toute la Dernière Guerre. Dans la ville oubliée de Jillan’tal, une cité en ruines datant des anciennes Guerres Atlantes. Le seul endroit où il était encore permis de rire, même si un poids énorme pesait sur les épaules des Rebelles. C’est là qu’ils s’étaient entraînés, qu’ils avaient mis au point tous leurs plans, qu’ils avaient connu la joie, la peine, la douleur… Plus à l’est, il voyait s’élever la dernière tour de Sinayaa, la capitale. La tour qu’avait occupée l’Ordre des Siluïns, que dirigeait Sinfael malgré son jeune âge. Autrefois, la capitale avait été belle. Daegan y avait étudié. C’est là qu’il avait connu Sinfael. C’est là qu’ils étaient devenus amis, puis frères de sang, puis tellement plus… Ils avaient été si naïfs. Si aisément heureux. Daegan renfermé, silencieux mais tellement gentil. Et Sinfael, exubérant, qui le défendait et parlait pour lui. La ville à ce moment là ne comptait plus les tours vertigineuses, toutes plus colorées les unes que les autres, s’élevant avec l’égoïste ambition de toucher le ciel. Aujourd’hui, la ville était noire. Détruite et noire comme l’unique tour survivante, qui semblait narguer ses sœurs effondrées.
Sur la Grande Plaine, des corps à perte de vue. Il ne pouvait les voir, il en était trop éloigné. Mais il savait. Il avait lui-même tué plus d’hommes qu’il n’en connaîtrait jamais. Il avait tué des pères. Des maris. Des fils. Il avait tué car c’était ce qu’on exigeait de lui. Oh, la plupart de ses victimes ne portaient aucune trace de coup. Et c’était peut-être pire. Car on ne peut se défendre contre une arme que l’on ne voit pas. Daegan était réputé comme étant le plus puissant des magiciens de son temps, égalant même les Anciens. Enfin, c’est ce que l’on disait. Daegan savait que Sinfael était plus puissant que lui. Beaucoup plus. Mais ils avaient tué également.
Au milieu du continent serpentait tranquillement le fleuve Nayati, indifférent aux guerres, au temps qui coule et s’enfuit. En son centre, Daegan pouvait apercevoir le Passage Brisé, effondré de par l’orgueil des deux plus puissants Atlantes de leur ère. Daegan serra les points de rage. Ils avaient tant détruit. Pour tous les autres, ils avaient détruit au nom de l’Atlantide. Mais eux… Eux savaient que c’était par pure vengeance. À travers le pays, c’était eux qu’ils détruisaient.
Tout au sud, passées les Terres Désolées, l’Atlante pouvait apercevoir le Repère du Mal. La ville de Celeban avait été renommée ainsi par le chef de l’armée Siluïn. Il avait perdu tant d’hommes en tentant d’infiltrer cet endroit, avant de comprendre que Sinfael prévoyait toutes ses actions. Il était transparent pour lui. Il avait donc du changer pour réussir à gagner. Il était devenu comme son ennemi. Il n’avait plus souri. Il n’avait plus posé de question. Il était devenu étranger à son propre monde. Son regard de nuit, d’insondable était devenu glacé. Sans vie. Car Daegan ne vivait plus. Il existait. Il existait, car il se savait le dernier espoir, le dernier rempart.
Finalement, il reporta son regard sur la Forêt Morte. Là où tout avait commencé. Là où tout s’était terminé. La Forêt Morte portait bien son nom au moment de l’affrontement final. Tout n’était que cendres. Pas une pousse ne transperçait le sol, comme si la végétation savait cet endroit maudit. C’est là qu’il avait tué la moitié de son âme. Il était devenu comme lui. Et cette fois, il avait pu soutenir son regard. Mais il n’y avait rien lu. Il n’avait plus aucune faiblesse. Et donc aucune raison de vivre. Daegan avait occulté de sa mémoire le moment de la mort de Sinfael. Il ne se souvenait de rien. Mais son corps souffrait. Comme si une plaie béante s’était ouverte dans sa poitrine et dans sa tête. S’il avait réussi, ce jour-là, à libérer Azuril, source du pouvoir Atlante, objet de toutes les guerres, il y avait définitivement laissé sa vie. La seule chose qu’il ressentait, c’était cette douleur lancinante, profonde.
Aujourd’hui, au sommet de la plus haute montagne d’Atlantide, la douleur était plus forte que jamais. Poignante. Il aurait dû être heureux. L’Atlantide était libre du joug Siluïn, lui-même était libre de l’homme qui en voulait à sa vie, libre de sa haine. /Mais la douleur restait. Daegan se replia lentement sur lui-même, les bras serrés tout contre lui. Ses cheveux autrefois longs et brillants lui collaient à la peau. Comme la honte. Son cœur était éteint. Ses yeux aussi. Il voulait faire disparaître la douleur. Ironique douleur. Douleur aux couleurs d’amour. Douleur qui refoulait l’oubli toujours plus loin. Douleur amie. |