Voir tous ces vêtements et ces parapluies noirs me donnait la chair de poule. D’autant plus que je ne connaissais pas la moitié des gens venus à l’enterrement de mon frère. Certains se tenaient là, tristes, simplement à regarder descendre le cercueil, tandis que d’autres, plus généralement des filles, pleuraient dans leurs mouchoirs. J’avais aussi pleuré. Mais à ce moment, mes yeux restaient secs. Je ne ressentais qu’un énorme vide dans mon cœur. Je n’avais que quinze ans à cette époque, et Nigel en avais deux de plus.
- T’inquiète pas, Angie. Je te protègerai de tous les sales types qui oseront te faire du mal, à l’avenir.
Avait-il dit pour me réconforter après m’être déclarer à un gars de mon collège et qui m’avait envoyée paître. Mais maintenant il n’a plus aucun futur. Deux années s’étaient écoulées lentement, je m’étais renfermée dans mon malheur en pensant que le temps panserait les plais. J’entamais ma dernière année de lycée et bientôt j’aurai mes dix-huit ans et mes parents me choisiront le meilleur campus de la meilleure université. Selon eux, les études de fac sont très importantes pour réussir sa vie, mais moi, je n’avais alors aucune idée de ce que je voulais faire. Quelques mois après la rentrée, je m’étais quelque peu ragaillardie et m’étais trouvé un ami, Drew qui fut en réalité mon premier véritable amour. Il était calme, apaisant, lorsque j’étais avec lui je me sentais comme au paradis, en compagnie d’un ange. Bien qu’il n’ait rien du physique des statuts d’église, son charme et ses yeux envoûtant vous clouaient sur place. Mais après nos quatre mois ensemble, il eut un accident où il perdit la vie. D’après la police, il se serait assoupit quelques instants au volant avant un virage difficile et aurait donné un mauvais coup de frein pour négocier le tournant. Sa voiture avait été retrouvée, retournée dans un ravin à six mètres de la route. Un peu avant son enterrement, je compris qu’il voyait quelqu’un d’autre en plus de moi. Je n’avais pas versé une seule larme de toute la cérémonie macabre. Puis, l’année finie et ayant obtenu mon diplôme j’entrais au campus dans une ville voisine de celle de mes parents pour y étudier le droit. Et en moins de deux ans, les hommes avec qui je sortais avaient tous périt. J’ai vingt et un ans, je suis en seconde année à la fac de droit et je suis maudite. Je me suis alors interdit d’aimer. En plus d’un énorme deuil et une immense culpabilité, la police me suspecte dans le dernier cas de décès, qui ressemble étrangement à un meurtre. La seule à croire à ma « malédiction » et à mon innocence c’est Yvee, ma meilleure amie depuis ma dernière année de lycée. |