Quelques mots écrits le souffle court. Je vous propose en fond musical No more Sorrow de Linkin Park puis Nocturnal Conspiracy de Haken . C'est assez bizarre de poster ceci.
Je ne sais pas quoi dire d'autre. Bonne lecture.
(Nda : L'illustration ne m'appartient pas. Le personnage est de Mawaru Penguindrum, C'est Ringo.)
Quand le temps s’arrêtera-t-il un peu, un peu pour moi ? Quand la vie me permettra de souffler un peu avec moi ?
Au-delà du silence les ondes de la nuit s’éveillent et s’étendent Au milieu des ombres de la Lune assourdie.
J’entends une voix d’homme à la place de la mienne, Une voix un peu plus sûre d’elle.
J’ai besoin que ça hurle dans mon crâne. Les voix ne doivent pas s’arrêter d’hurler. Pour que je puisse continuer à résister. J’ai mal. Non, je n’ai pas mal, je suis douleur. On peut survivre à une douleur physique, pas à celle de l’âme. Alors on se fait mal. On cogne. On frappe. On se tue à grand coup, à coup de gueulante, à coup d’espoir aussi. Il manque la musique quand on a plus qu’un vague à l’âme. Ça c’est déprimant, c’est insultant, ça nous rend nauséeux, incapable, mourant d’ennui et de néant d’inconscient. Mais la vague de l’âme, la vague de douleur qui jaillit et assaille. Elle ne nous lâche pas, elle ne nous dépose pas au fond de notre lit. Elle astique ses armes. Sa torture est notre drame.
Il faut que les voix continuent de hurler, que les coups résonnent encore avec force et démesure. Je veux mourir. Parce que la mort peut être belle. Elle se nimbe d’une aura de merveille, d’une élégance surnaturelle. Son charme est morbide, il afflige autant qu’il attire. Et les voix hurlent et me fatiguent à ne jamais se taire. Mais en échange j’ai le repos de mon désespoir. Ces voix c’est la voix de mon silence qui s’étant et m’enserre. Ces voix c’est la voix de mon désespoir nimbé de cruauté et de lassitude. Les voix hurlent, les corps bougent, les mains frappent, le sang coule et les mots ne sortent pas. Ils ne doivent pas sortir, ils ne sortiront pas. Le courage est question de faiblesse, ce n’est pas une force, juste une lâcheté que l’’on dévoile. Il n’y a rien à justifier. Pas de scarification, pas de comportement étrange. Le cœur est prisonnier de la nuit, sa prison à laquelle il existe. Le jour il y a le masque, le masque qui existe lui aussi. Le masque tellement vrai qu’il en est devenu justifié, réel, vérité. Le masque a fait taire le cœur qui n’a jamais voulu parler.
Le froid ne mord pas, il n’y a que la chaleur qui brûle. Il est réconfort, il est refuge. Le froid des larmes jamais versées qui s’évaporent sous le soleil ébouillanté de la journée. On peut laisser cramer sa peau sous cet astre de plomb, nos larmes n’appartiennent qu’aux ombres de la Lune, qu’à son règne de plume. Quand l’odeur se fait souffre et humide, quand les bruits se tuent pour enfin apparaitre dans toute leur clarté. La nuit est faite de ce silence dans lequel gisent mille paroles, mille non-dits, milles cacophonies. C’est dans la nuit que les voix peuvent se taire sans que mes lèvres saignent de ne pouvoir hurler à leur tour.
On ne crie pas la douleur, elle ne se voit pas en larmes, ni en mot, parfois on l’entre-aperçoit en geste. La douleur est faite de silence. Elle ne se dit pas. Elle ne se compte pas. Elle ne se conjugue pas. La souffrance se tait et beugle et gémit assourdie par la réalité. Elle, elle n’est qu’idée, que sensation péremptoire. Que la douleur nous garde. On hurle, toujours sans son. Si frustrant. Et si bon. Les martèlements sont incessants, la douleur devient supplice. On confond mort et damnation.
Tu es damné, damné. Condamné par ton nom. Tu es damné, damné. Condamné par leurs actions.
Et puis vient le jour où l’on oublie. On délaisse la nuit, on la fuit, elle et ses silences, elle et ses bruits, on ne respire plus l’odeur de la nuit. La drogue se dilue jusqu’à disparaitre. Vient le jour de l’oubli où le masque devient nous et nous sommes le masque, il nous remplace. Finie la douleur, elle est partie, absorbé par le masque. Nous sommes le masque, il ne nous relâchera jamais. Et la douleur revient. À petite dose. Puis le poison subtil s’infiltre de nouveau par intraveineuse. Et l’on respire de nouveau la nuit, le masque posé sur le visage et l’âme. Le cœur est bercé par ses illusions, doucereux, paré dans son mensonge réussi.
On aime comme l’on hait. Ce sont deux choses fondamentalement différentes. Comme la nuit et le jour. La brulure et le gel. La douleur est le mélange des deux, un surdosage, un breuvage raté. Un cocktail explosif qui met à mal les neurones et les larmes. Alors on souffre, les lèvres pincées, les yeux fermés à la lumière qui agit comme l’acide sur nos rêves. On ne fuit plus la nuit. On ne la jamais fuit. Et cette réalité dans laquelle on croit s’enliser, c’est d’elle dont on se détache. Car l’ombre est irréelle et parcourue des frémissements de pensées. Quand les paupières s’abaissent nos rêves viennent nous hanter et se contractent lorsqu’on pense « réalité ».
La cacophonie de la chair devient le murmure de la grimace sous le masque. Il reste quelque chose dessous si l’on gratte. Mais ce quelque chose est desséché par le temps, il est passé. Le masque lui est présent et avenir, il a pris le pas sur l’être. On ne peut plus s’en défaire, le retirer est pure insanité. Et le métronome de la culpabilité repart titiller les cris et les mugissements de l’esprit. Au sein des mes yeux parfois je crois voir les ombres cachées qui me tirent la langue les lèvres folles et les gestes déments. Ce n’est que lorsque la folie, une nuit de dépression où le masque laisse une fissure se créer que les faits tordent le reste. L’illumination n’est jamais un terme bénéfique. Et la souffrance revient incessante lubie comme si on l’aimait un peu cette figure échevelée et rougie.
Et la douleur mentale se transforme en douleur physique. Tellement fort, tellement torture insatiable qu’on ne lutte plus. On s’abandonne et les voix hurlent de plus belle mais ça ne suffit plus. Il faut avoir mal. Il faut frapper. Se frapper soi-même contre un mur jusqu’à ne plus pouvoir aligner une seule pensée. Jusqu’à ne plus penser, ne plus ressentir. Jusqu’à ce que l’humain meurt pour un temps. Le cœur continue ses battements, le sang s’étale en bleus, rien n’a d’importance, on est vivant. Et à ce moment, comme à un drogué, la mort apparait plus resplendissante que jamais. Ça tambourine, la journée toque pour entrer et se frayer un chemin. Mais c’est fini. Je suis déconnecté de la réalité. Je n’en veux plus. Laissez-moi rêver. Laissez-moi m’enchainer à ma tristesse, à mon désespoir. Tout est si beau quand tout est noir.
Je ne veux plus des cauchemars qu’elle m’inspire. Je ne veux plus de cet être ancré qui expire. Je suis un nuage si fragile sous le masque. L’être riant, déformant n’est qu’une grande frasque.
Je refuse de continuer le mensonge. Je refuse de continuer d’avancer. Je veux stagner. Je veux écrire sans jamais réussir à cerner. Je veux être plongé dans des histoires. En écrire des drôles et des tristes. Je veux vivre à travers elles pour échapper à la vie qui me rattrape à coup sûr quand j’essaye de ne pas la voir, de l’ignorer. Je fuis mes obligations, mes devoirs, que j’essaye pourtant de ne pas rendre en retard. Je mens quand je dis que j’ai un but dans la vie. Mon but il est dans le rêve et l’irréel. Mon but il est transformation, il se construit et se dénoue.
Save me. Again and again. Save me. Je veux gagner mais je ne tente même pas de gagner. Je jette les armes au loin. Appeler ça complaisance et lâcheté, vous avez raison et je le sais. Mais au fond, je demande à être sauvée. Mais qui doit l’être ? Le masque ou le passé ? Je ne sais même plus qui je suis. Comment savoir si je suis moi ou la moi que j’ai créée ? Les deux se sont confondus au fil des années. Alors maintenant je me tais. Et la musique est là elle aussi. Elle tambourine avec la douleur et m’emmène en peu plus loin des obligations.
Je pars. Je veux partir. Je veux oublier. Mais si ma mémoire est sélective je crois qu’elle sélectionne mal. À croire qu’elle préfère ce qu’il ne faut pas retenir pour que la vie m’aille un peu mieux. Parce que là elle est beaucoup trop grande et trop brutale pour moi, pas assez adapté. La réalité elle devrait être faite d’un peu plus d’aventure et d’un peu moins de quotidien. On devrait y enlever un peu de lumière et y laisser la complicité. Le pire dans la réalité c’est qu’elle ne se choisit pas et qu’on n’y échappe pas. Elle est insalubre comme rêve et franchement trop ronflons comme cauchemars. La réalité elle fait tout à moitié, pas assez de superbe dans tout ça.
Et tous les mots. Et tous les mots qui se perdent en chemin. C’est ardu pour eux de l’atteindre la journée et sa réalité. Alors mes mots ils ont faits grève. Ils ont cessés de faire le chemin. Ils restent dans le silence des non-dits. Alors je me tais et tout au fond ça hurle et ça fait du tapage mais personne ne l’entend alors ça n’est pas grave. Il n’y a pas de risque que les autres sachent. Sachent que les mots du masque sont beaucoup plus faciles à dire, qu’ils prennent moins de temps, qu’on peut les balancer comme ça, pas besoin de carte ou de provision, ils arrivent tout seuls. Et qu’à l’intérieur il y a des torrents qui pleurent et des rires qui ne rient pas mais crient un peu plus fort pour couvrir les voix qui se taisent en hurlant. Seule la nuit a su m’apprivoiser. Parce qu’elle est le rêve et le cauchemar. La nuit tout est plus accru, à vif. Tout existe entre deux soupirs et deux mouvements d’une ombre qui déjà détale sans qu’on puisse dire si elle est ou si elle est pensée. |