Prologue d'une histoire que je poste en One shot. N'hésitez pas à me faire part de vos avis et conseils ;)
Bonne lecture !
L’étrangère la fixait avec crainte et surprise, ses narines étaient dilatées, ses lèvres retroussées en une moue d’écœurement. Elle l’observait. Son regard s’attarda avec insistance sur le côté gauche de son visage : une longue entaille le parcourait, du front jusqu’à la pommette, coupant le sourcil en deux. Elle était profonde comme incrustée dans l’os, ses bords formaient des boursouflures violacées d’où suintait une substance noire et graisseuse ; cela faisait ressortir l’étrange pâleur du cœur fin et régulier de la cicatrice naissante. Les paupières étaient déchirées et ne ressemblaient plus qu’à des morceaux de peau à la fois enflés et atrophiés : elles étaient rétractées, exorbitant ainsi l’œil qui n’en devenait que plus répugnant.
L’étrangère cligna des yeux et soudainement poussa un faible cri, apeurée. Les paupières meurtries avaient à peine bougé mais la fine pellicule blanche et visqueuse qui se situait à l’encoignure de l’œil s’était naturellement fermée, dissimulant à demi le regard injecté de sang qui la dévisageait derrière une brume floue et gênante. Elle s’approcha un peu plus pour contempler l’atrocité qui recouvrait cette face affligée. La paupière interne avait recouvert la totalité de l’œil, jetant un voile opaque et laiteux sur sa vision. Puis, lentement, avec un satisfaisant bruit de succion, elle se décolla et disparut dans le renfoncement de l’orbite infectée en glissant doucement. D’une main fiévreuse elle palpa cette chaire gonflée : c’était chaud et dur, aussi désagréable que la texture d’un hématome. Sauf que ce n’était pas le sang qui emplissait la plaie.
Elle se souvint alors d’une phrase prononcée avec gravité, d’un murmure qui n’était avant que brouillard et confusion dans son esprit mais qui d’un coup révélait tout son sens : les blessures causées par la Magie Ciselée ne guérissent jamais…
Une larme brûlante coula sur sa joue laissant derrière elle une trace noirâtre et sanglante, elle baissa la tête essayant de fuir ce regard dans le miroir, tentant de s’évader dans des pensées moins amères.
La réflexion n’est que la réverbération de celui qui s’y mire. |