Chapitre 1 : Foule en deuil

Poudlard au mois de mai – 5 ans après la défaite du Mage Noir "Lord Voldemort"

La magnifique pelouse était piétinée à qui mieux mieux par des centaines de pieds. Des groupes de sorciers de tous âges étaient réunis en ce lieu. L'on pouvait compter parmi eux l'ensemble des élèves de cette prestigieuse école ainsi que leurs professeurs. La cérémonie ne devait pas commencer avant au moins une demi-heure mais un grand nombre de sorciers était arrivé avant l'heure afin de visiter ce lieu chargé de souvenirs pour chacun. Des dizaines de jeunes enfants en bas âge couraient entre les jambes des adultes donnant du fil à retordre aux elfes de maison.

De nombreux regards se tournaient régulièrement vers la plus grande des pelouses du parc. Des centaines de chaises y avaient été installées. Elles étaient décorées de crêpes noires et pourpres. Tout le long des allées étaient disposées de magnifiques gerbes de fleurs de lys. Ce triste spectacle était disposé en éventail autour d'une stèle voilée de crêpe noire. Même si personne ne l'avait encore vue, ils savaient tous ce qu'ils y verraient, un commémoratif des victimes de la guerre contre Voldemort. Le Ministre de la Magie et certains de ses compères avaient voulu l'installer au Ministère mais cela avait soulevé un tel tollé que l'idée fut vite abandonnée. La Gazette du Sorcier avait fait deux sondages, l'un auprès des parents des victimes, l'autre auprès de l'ensemble des sorciers. Il en était ressortit une totale unanimité, c'était à Poudlard que chacun voulait voir cette stèle. C'était un lieu hautement symbolique où avait eut lieu une partie des combats. C'était le lieu que leurs enfants fréquenteraient et ainsi ils seraient préparés tous jeunes aux dangers de la magie noire. Cette stèle devait normalement comporter les noms de ceux de la "première" guerre contre le Mage Noir.

La foule très disparate avait l'air d'avoir doublé de volume. Sur certaines poitrines étaient accrochées des rosettes pourpres. Elles permettaient aux autres de savoir que ces personnes étaient les parents des victimes. Certains avaient autant de rosettes qu'ils comptaient de victimes parmi les leurs.

Les flashs crépitaient ! Les journalistes ne savaient plus où donner de la tête tant les célébrités étaient foison. La tristement célèbre Rita Skeeter laisser filer sa plume à papotes sur son calepin. Elle traquait sans relâche les moindres paroles et son photographe faisait crépiter son appareil sur la moindre larme. Beaucoup de personnes les évitaient alors qu'ils accordaient du temps à Luna Lovegood-Londubat qui avait repris le journal de son père. Son époux Neville n'était jamais bien loin, il s'occupait de leurs deux enfants. Son visage qui n'avait plus rien d'enfantin la regardait amoureusement. Sur sa poitrine était épinglé deux rosettes. Son fils Franckie tira sur la manche vide de sa veste pour attirer son attention. Certaines personnes faisaient de leur mieux pour ne pas regarder à l'endroit où manquait un bras. Cette blessure de guerre, cette amputation, il avait fini par s'y accoutumer n'y faisait plus guère attention.

La "tribu" Weasley venait d'arriver. Les autres sorciers les connaissait et avaient remarqué qu'ils avaient tous la même quantité de rosettes soit une pour Arthur, une pour Charlie, une pour Fred, une autre encore pour Fleur Delacour-Weasley et la dernière pour Ginny. Les survivants Molly, Percy, Bill, Georges, Ron et son épouse Hermione étaient serrés les uns contre les autres. Ils tenaient par la main la ribambelle d'enfants.

Les enfants étaient principalement ceux de Ron et Hermione. Quatre étaient à eux seuls, le cinquième, Arthur, était à Bill et le sixième, Jamie, était à Harry et la défunte Ginny. Ils tiraient les mains des adultes pour s'en libérer. Quand le petit Potter vit arriver son père en compagnie du couple Tonks-Lupin, il arracha sa main à celle de sa grand-mère et courut au devant de lui. Harry l'attrapa en vol et le fit tourner autour de lui, l'enfant hurlait de fausse terreur. Quelques regards désapprobateurs furent rabattus par d'autres plus amicaux ! Il ferait beau voir que quelqu'un ose se permette le moindre reproche à celui qui avait tant donné et tant perdu ! Harry, lui, portait trois rosettes de plus ainsi que son fils. Ses amis Ron et Hermione arrivèrent vers lui avec leur "nichée". On les comparait déjà à Arthur et Molly Weasley et ils en tiraient une grande fierté. Il y avait l'aînée Ginny, son frère cadet Fred et les jumeaux Matthew et William. Ils avaient tous moins de cinq ans et étaient nés après la guerre. Hermione avait eut sa fille deux mois après la mort de sa belle-sœur, Ron l'avait mise à l'abri. Honteuse de n'avoir pu assister à cette dernière bataille, elle avait voulu que sa fille porte le prénom de Ginny. Après bien des tergiversations, les enfants obtinrent de pouvoir aller jouer. Après tout, que pouvaient-ils craindre ici à Poudlard surtout que dans quelques années, ils y vivraient sept ans de leur vie. Les enfants s'égaillèrent alors dans l'immense parc.

Une grande femme apparut toute de noir vêtue, ses cheveux noirs étaient en un chignon serré, ses yeux étaient maquillés de façon charbonneuse. Elle était émaciée et avait perdu tous les kilos superflus de son adolescence. Sur sa poitrine, éclatait une seule et unique rosette pourpre. Pour qui l'avait reconnue, était étonné de la femme qu'elle était devenue et les échos qui étaient parvenus à tous étaient plutôt positifs. Elle faisait preuve de retenue et de réelle modestie. Elle était de ces femmes qui sous la douleur et sous certaines opprobres en sortent plutôt grandies. Sur son chemin, on s'écartait complaisamment. Pas à cause de son sang, de son rang ou de sa fortune, non, mais pour ce qu'elle était devenue et pour ce qui lui avait attiré le respect de ces cinq dernières années.

Il en était de cette femme comme d'un bon vin : imbuvable dans sa jeunesse mais savoureux une fois vieillit. Elle aurait pu, tel une piquette, s'aigrir sous les drames, avec le temps… mais elle avait acquis une grande noblesse d'âme qui faisait l'admiration. Depuis la fin de la guerre, elle avait usé de son temps, de son influence et de la fortune de son défunt époux pour aider les démunis de cette guerre. Elle disait que c'était la moindre des choses puisque son mari avait donné sa vie à la résistance contre le Mage Noir. A eux deux, peut être, auraient-ils réussi à réparer les fautes de la famille de son époux ? Voilà la question que se posait la dernière madame Malefoy.