Titre : J'ai perdu la banane.

Disclaimer : Tout à Christopher Paolini, si mes souvenirs sont bons. OS écrit pour les Nuits du FoF (Forum francophone, ffnet : 1 thème, 1 heure, 1 OS/chapitre), thème : banane, de Wizzette.

Note de l'auteur : Bonne lecture !

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Il avait toujours eu la banane, autant qu'on se souvienne.

Et puis un jour, pouf ! plus rien ! Envolée, disparue, la banane, l'âme du village !

Avant, c'était un autre temps. Il souriait tout le temps, c'était le repère stable dans un monde qui s'écroule. Il souriait pour un tout, pour un rien… Il souriait quand il faisait beau, quand il pleuvait, quand il courrait, travaillait aux champs, chassait… Il souriait pour aller acheter le pain, il souriait quand il lisait des histoires, il souriait à tout le monde, à la vie.

Il avait réussi à garder la banane quand sa mère était morte en couches, il avait planté la banane sur le visage de sa petite sœur, l'avait rendu à son père. Il continuait à sourire à la vie et au soleil.

Et puis, jour de fête au village, des cavaliers arrivèrent à toute allure, hurlant aux villageois :

« L'armée de Galbatorix recrute de force ! Et nous refusons d'en faire partie ! »

Après un silence d'étonnement, la panique déferla. Tout le monde courrait et hurlait dans tous les sens, cherchant un père, un fils, un frère.

La banane rétrécit, le sourire se fana. Sa sœur était jeune, son père était usé. Il ne pouvait les abandonner. Il força ses lèvres à retrouver leur sourire, et proposa à sa famille de se cacher.

Des jeunes du village partirent à la suite des cavaliers passés un peu plus tôt, mais pas lui. Il prit des provisions, des couvertures, leur cheval, et emmena sa famille dans la forêt. D'autres familles suivirent. Ils paraissaient certes nombreux, mais le vent, calme, faisait plus de bruit qu'eux en chantant dans les arbres.

La faible harmonie fut brisée, en même temps que les rares bananes des villageois, quand les beuglements de l'armée se firent entendre. Les enfants ne retenaient qu'à grand peine leurs larmes, les femmes restées au village frissonnèrent sur leur seuil, armées qui d'une poêle, qui d'une courte épée. Lui resta calme, et ne serra que plus fort sa sœur contre lui, et lui redessina une banane du bout du doigt.

Les soldats vite fait saccagèrent le village vide, puis se tournèrent vers la forêt, l'aura menaçante qu'ils dégageaient perceptible au plus profond de la forêt. Des ordres retentirent, incompris des hommes cachés. Leur crainte cependant grandit et écrasa tout le reste lorsque des torches furent allumées. Il était à peine midi.

Lui ne perdit pas une seconde. Gardant un – faux – sourire attaché aux lèvres, il répétait à sa sœur que tout irait bien qu'elle n'avait pas à s'en faire, alors qu'il trainait son père derrière lui, sa sœur calée dans un bras. L'objectif primordial à atteindre était la rivière qui coulait à un kilomètre à peine du village. Le vent était faible, la forêt claire.

Les premiers cris de panique résonnèrent par dessus les craquements des arbres mourants sous le feu. Il réussit à garder la banane, alors que sa sœur paniquait. Il réussit à atteindre la rivière, pour s'apercevoir que son père… n'était pas là, resté derrière. Il posa sa sœur dans l'eau, lui assura qu'il reviendrait vite, et se retourna.

Le feu était proche, beaucoup plus proche qu'il ne le pensait. Il se renfonça tout de même dans la forêt. Son père ne devait pas être bien loin…

Il le trouva enfin, coincé sous un arbre… qui prenait feu. Le père paniqué criait à son fils de s'enfuir. Lequel restait planté là, à regarder son père se faire dévorer par les flammes.

Retrouvant la raison, il partit rejoindre sa sœur…qui n'était plus là. Enfin si, mais elle était morte.

Son sourire se décrocha, et coula dans le sang de sa sœur égorgée. Il ruissela jusqu'à la rivière, gagna l'océan, l'infini.

L'orphelin ne le retrouva jamais.

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