DE MAGIE ET D'AMBITION
Disclamer : Evidemment, Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas, mais sont à JKR.
Résumé : Suite (plausible) du tome 7, le retour du trio au Ministère... Mystères, complots et politique !
Note : Voici le prologue d'une histoire à l'intrigue pas nécessairement très longue mais en tout cas que j'espère assez riche. J'ai réfléchis à une histoire plausible pouvant se dérouler après le tome 7 (épilogue inclus) sans dénaturer la saga et centrée sur le trio (et non pas la nouvelle génération)... Bonne lecture !
PROLOGUE
De la concentration et du temps. Voilà de dont Conrad Barnabas avait besoin, et voilà ce dont il manquait.
C'était un homme étrange. Parvenu à un âge relativement jeune à la tête de l'un des plus importants partis politiques de Grande-Bretagne, il ne répondait pas aux critères du politicien classique tel qu'on aurait pu se l'imaginer, ce qui paradoxalement ne l'avait jamais vraiment aidé dans sa carrière. S'il avait fallu le qualifier simplement, dire qu'il était honnête aurait été suffisant. Hélas pour lui, cette honnêteté, d’ordinaire une qualité, devenait bien vite une contrainte dés lors qu'il était question de son ascension politique, l'affaire exposée alors devant lui ce soir-là en étant un exemple éloquent.
Conrad Barnabas ferma son bureau à clef et éteignit son téléphone portable. Être dérangé n'était pas une option, d'autant moins en pareille circonstance, même si beaucoup à sa place auraient jugé la situation plus qu'évidente et n'auraient jamais pris le risque de se couper ainsi du monde, malgré l'ampleur des enjeux. Conrad Barnabas ne voyait pas les choses ainsi. S'il en était à la place qu'il occupait aujourd'hui, c'était précisément pour avoir systématiquement refusé de ne jamais prendre une quelconque décision à la légère et de toujours avoir fait primer ses principes dans ses actions, quelles qu'en aient été les conséquences politiques. Honnêteté et cohérence, en toute circonstance.
La fin justifie-t-elle les moyens ? Il n'y avait jamais cru. Mais si celle-ci se combinait avec un idéal de justice ? La question était simple, la réponse ne l'était pas et pourtant, il fallait bien trouver une solution à la présente affaire. Ses proches collaborateurs avaient bien tenté de l'influencer, en vain, et avaient du quitter la pièce dix minutes plus tôt, un vague sourire aux lèvres malgré tout et l'espoir au fond des yeux, après avoir déposé sur la large table basse le dossier dont le contenu faisait actuellement débat et pouvait bouleverser la vie de millions de personnes.
Conrad Barbanas ainsi avait toujours eu une profonde aversion pour le mensonge, même il comprenait néanmoins que certains puissent être nécessaires. Et après tout, qui était-il pour juger le Premier ministre et sa conduite ? Les faits qu'ils avait alors sous les yeux relevaient d'avantage du privé, et non du public, même si son action politique dénotait à la lumière de ces éléments une nette hypocrisie... Ce qui pour lui était le plus problématique.
Il ouvrit le dossier d'un coup sec avant de le refermer aussitôt, dégouté. Les photos étaient suffisamment explicites pour que la vue d'une seule suffise à se faire une opinion. Et George Hamemberg avait beau être son principal adversaire politique, il restait malgré tout le Premier ministre britannique et se repaitre de sa déchéance était tout sauf exaltant. S'il n'avait su manifester envers sa fonction le respect dont elle avait légitimement droit, Conrad Barnabas, lui, le ferait, en n'ajoutant pas à l’obscénité de l'exhibition l'indigence du voyeurisme.
C'est alors que, interrompant ses réflexions, la porte de son bureau s'ouvrit brusquement, comme si une large rafale de vent avait finalement fait céder la serrure. Très étonné, Barnabas se leva et s'arrêta dans le couloir, faiblement éclairé et vide. Il ramassa la clef tombée sur la moquette, prit bien soin cette fois de verrouiller les lieux et retourna s'asseoir. Face à son dossier, il soupira, fatigué.
« Vous ne ferez pas ça. »
Il sursauta violemment et manqua de s'écrouler par terre.
« Qui est là ? »
Son regard se porta instinctivement sur la porte de son placard puis sur les rideaux, même si la voix avait semblé émaner du petit salon à l'autre bout de la pièce, où rien ne paraissait pouvoir cacher qui que ce soit.
« Vous n'avez pas à avoir peur. »
Ayant la preuve par cette seconde émanation auditive qu'il n'était pas seul et que quelqu'un se cachait bien quelque part, il saisit immédiatement son téléphone. Porté à son oreille, il constata qu'il ne marchait pas, et réalisa aussitôt qu'on avait du débrancher la prise.
« La prise est débranchée, confirma la voix. Permettez que je me répète : vous n'avez pas à avoir peur.
- Qui parle ? s'exclama-t-il en jetant un regard circulaire sur la pièce sans découvrir personne.
- Qui n'est pas important. Du moins, je ne suis pas en mesure de vous le dire pour le moment. Sachez simplement que je ne vous veux aucun mal. »
Il accueillit cette promesse avec une moue dubitative et plissa les yeux, cherchant plus attentivement où l'intrus pouvait bien se dissimuler même si, et il le réalisa avec horreur, il lui était impossible de déterminer s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.
« Montrez-vous, ou alors je hurle et cette petite comédie cessera immédiatement !
- Vous savez bien que non, vos collaborateurs sont partis, il ne reste que vous dans le bâtiment et la sécurité au rez-de-chaussée que vous ne pouvez contacter que par téléphone. Et pour répondre à votre exigence, je ne puis pas non plus me montrer. Sachez simplement que je suis là, qu'il nous faut discuter et que vous rentrerez chez vous sans le moindre mal. Bien que sans doute un peu plus perturbé.
- Je n'ai pas l'intention de discuter avec vous, je ne fonctionne pas de la sorte ! Montrez-vous et alors peut-être...
- Le dossier sur votre bureau contient des photographies compromettantes pour votre Premier Ministre, le montrant en compagnie de jeunes femmes et surtout de jeunes hommes. Sans que rien d'illégal n'ait été commis, elles feraient très certainement obstacles à sa réélection. Vous hésitez actuellement à les rendre publiques, mais une fois que vous saurez ce que j'ai à vous dire, vous brulerez ces documents et oublierez toute cette histoire. »
Stupéfait, Barnabas ne chercha même pas à répliquer. La main tremblante, il ouvrit à nouveau le dossier et examina l'ensemble des photos sans cette fois ressentir la moindre gêne.
« Mais qui êtes-vous ? répéta-t-il d'une voix blanche, sans réellement attendre de réponse.
- Quelqu'un qui en sait énormément sur vous et vos adversaires, sur votre vie et votre monde.
- De quoi parlez-vous ? Comment savez-vous... Où êtes-vous ? Je...
- Inutile de paniquer. Vous êtes en sécurité. Je suis dans cette pièce, et il vous est impossible de me voir. Vous comprendrez pourquoi dans une minute. Si je suis là ce soir, c'est pour vous faire part de certaines informations, en vue d'un partenariat.
- Un partenariat ?
- Tout à fait. Mais avant que nous poursuivions, je vous suggère de jeter un coup d'oeil à votre table basse. »
Surpris, Barnabas dressa la tête et inspecta de loin l'objet visé, qui n'avait rien de plus que d'habitude.
« Dessus se trouve une feuille blanche. Vous la voyez ? Levez-vous et allez la chercher. Encore une fois, vous ne risquez rien.
- Apportez-la vous-même ! Et je pourrais tout aussi bien rebrancher ce fichu téléphone et appeler la sécurité !
- Monsieur Barnabas. Si, comme vous pouvez le constater, il m'est possible de me rendre invisible, de modifier ma voix et d'entrer dans un lieu initialement clos de l'intérieur, vous supposerez sans doute avec justesse que je suis également tout à fait capable de vous neutraliser au moment opportun. Et puis, j'ai tenu parole pour le moment, vous êtes sauf. De plus... n'êtes-vous pas un peu curieux ? »
Conrad Barnabas fit semblant de douter, pour la forme, mais les arguments avaient déjà fait mouche. Quelques secondes plus tard, il était debout face à la table basse, la feuille entre ses doigts. Elle était vierge et tristement banale.
« Et alors ? Je ne vois rien. Y aurait-il d'écrit quelque chose au jus de citron ? Ce genre de choses ne m'amuse pas, Monsieur, Madame, qui que vous soyez.
- Prononcez à haute voix le nom d'un animal.
- Plait-il ? Si vous pouviez être au moins une fois rationnel, cet entretien si tant est que je puisse l'appeler ainsi se déroulerait beaucoup mieux !
- Faites ce que je vous dis et nous avancerons. Un animal, Monsieur Barnabas. »
Il grogna, peu enclin à se plier à ce genre d'enfantillages. Il resta quelques instants silencieux, n'ayant pas le moindre envie de collaborer, vexé de devoir obéir à des d'injonctions aussi ridicules. Sentant une vague brise lui caresser furtivement la nuque, il prononça finalement de mauvaise grâce :
« Cacatoès ! »
Immédiatement, la feuille s'échappa de ses doigts, flotta doucement face à lui et en quelques mouvements fluides et élégants, un magnifique perroquet en papier apparu dans les airs. Sous le choc, Barnabas recula d'un pas, puis deux, puis plusieurs jusqu'à heurter violemment son bureau. Le perroquet émit un long son guttural et harmonique avant de s'envoler à travers la pièce. Finalement posé en haut du lampadaire principal, il sembla inanimé.
« Mais que... que...
- Ceci, Monsieur Barnabas, pour expliquer la chose simplement, est un Sortilège de mutation matérielle autonome à reconnaissances vocale et tactile appliqué sur une simple feuille de papier. Sortilège brillamment exécuté par un sorcier ou une sorcière et vendu sur le Chemin de Traverse pour amuser la population enfantine.
- Quelle est cette technologie ? C'est stupéfiant.
- Il n'est pas question de technologie, Monsieur Barnabas. C'est de la magie.
- Vous voulez dire que vous êtes un magicien, et que ceci est une illusion ? Très réussi, mais je ne vois pas...
- Non. Je parle de vraie magie. Et de vrais sorciers. »
Barnabas se redressa brusquement et arrangea sa cravate, digne.
« Cher Qui-Que-Vous-Êtes, vous ne ferez pas avaler de telles balivernes. La magie n'existe pas. Votre oiseau est certes très amusant, et sans doute le fruit de je-ne-sais-quel miracle industriel japonais ou américain, mais il ne s'agit certainement pas de magie. Ces choses n'existent pas, ou bien sont truquées comme il se doit.
- Vous faites erreur.
- Ah, quelle audace ! Eh bien, si vous voulez que je vous crois... Faites donc apparaître un phacochère au milieu de mon bureau ! Non, non, attendez, je ne voudrais pas qu'il raye mon parquet... faites plutôt venir un écureuil, c'est plus délicat, rectifia-t-il en ricanant, très fier de lui.
- Je l'aurais réalisé avec plaisir, mais cela m'est impossible. Voyez-vous, je ne peux pratiquer la magie devant vous, l'acte serait immédiatement repéré par le Ministère de la Magie et...
- Le Ministère de la Magie !
- Et pourrait me causer d'importants soucis. En revanche, je peux tout à fait vous montrer des objets préalablement enchantés, cette magie n'est pas détectable et peut être activée par tout sorcier ou moldu...
- Sortez ! J'en ai assez entendu ! Croire que je pourrais... Jamais je n'ai été aussi...
- Vous êtes furieux, je comprends, mais écoutez... »
Le perroquet, soudainement animé, se précipita alors sur Barnabas et se mit à voler joyeusement autour de lui. Il l'attrapa d'un coup sec.
« Ah ! Oiseau de malheur ! Vous ne réussirez pas à m'humilier ainsi ! Si je découvre qui est derrière tout ça... Vous me le paierez, chiens ! »
Wouch ! La feuille s'échappa à nouveau et en quelques déplis et replis, se transforma en un magnifique bobtail à poils courts angulaire.
« Ça par exemple !
- N'hésitez pas à proposer un autre animal, si cela peut vous convaincre... J'apprécie beaucoup l'iguane, personnellement.
- Non, non, c'est ridicule !
- Tout cela est vrai, Monsieur Barnabas. Si nous voulons avancer, je vous conseil de commencer à y croire. »
Choqué, il ne répondit pas. Le chien commença à mâchouiller gentiment le revers de son pantalon.
« Si ce que vous dites est vrai...
- Ça l'est.
- Pourquoi ne sommes-nous pas au courant... Pourquoi...
- Je comprends vos interrogations, Monsieur Barnabas, et je vous promets de répondre à toutes vos questions. Je vous en pris, rasseyez-vous, nous avons beaucoup de choses à nous dire.
- Pourquoi moi ? Pourquoi vous montrer à moi ?
- Le Premier Ministre est le seul moldu, je veux dire humain ne disposant pas de pouvoirs magiques, à avoir connaissance de l'existence du monde de la magie. Celui-ci vit clandestinement depuis des siècles et il nous est strictement interdit de révéler notre existence.
- Pourquoi le faites-vous aujourd'hui, dans ce cas ?
- Parce que j'ai besoin de vous, Monsieur Barnabas.
- De moi ?
- De vous.
- Pourquoi ? »
Silence. Barnabas ne pouvait toujours pas voir la voix, mais il était sûr qu'elle souriait.
« Il se trouve que j'ai développé un petit projet. Voulez-vous, Monsieur Barnabas, m'aider à changer le monde ? »
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