Draco était littéralement vert de rage. Jamais il ne s’était senti aussi insulté jusqu’à se jour. Comment ce misérable poufsouffle avait osé prétendre être celui qui avait offert à Potter l’écharpe ? Et en plus maintenant il sortait avec Potter !! Il dépassait les bornes.
Blaise avait bien vu son trouble et profita du dîner pour en rajouter à son trouble :
- Je te sens un tantinet énervé Dray. Ce n’aurait pas avoir avec un certain Justin qui a une main collée aux fesses de Potter, par hasard ?
- Tu crois que j’en ai vraiment quelque chose à faire du fessier de Potty ?
- Bah étant donné que tu le regardes avec insistance depuis cinq minutes, oui !
- Tu es trop logique Blaise. Ca te portera préjudice un jour mon ami.
Blaise éclata de rire.
- Tu es trop fort Dray. Rien que pour ça je suis content d’être ton ami.
- Ravi que tu sois aussi heureux. Tu as raison d’ailleurs, une amitié avec un Malefoy c’est rare et ça se mérite, dit Draco avec le plus grand sérieux.
- Je n’en doute pas un instant. Maintenant je suis sûr que tu veux savoir comment Justin a fait pour faire croire à Potter que c’est lui, l’expéditeur de ta merveilleuse écharpe.
- J’avoue que je ne serais pas contre savoir comment il a réussi son coup ce connard !
- Ouahh tu deviens vulgaire, les choses ne vont vraiment pas alors.
- Blaise.
- Oui. Bah voilà, en fait Justin n’a pas eu à répéter le vers. Potter l’a vu avec les Fleurs du Mal et l’a tout de suite cru.
- Intéressant…
- Et oui tout n’est pas perdu.
- Un Malefoy ne perd jamais. Surtout pas devant un poufsouffle. Il ne va pas comprendre sa douleur ce misérable cloporte…!
- Bah dis donc tu as carrément changé de comportement, il n’y a pas une semaine tu criais ta haine pour Potter et tu niais ton achat de l’écharpe.
- Je hais toujours Potter. C’est mon ennemi personnel et il mérite le respect, ne pas le faire revient à ne pas me respecter et je ne peux pas accepter ça.
- Bah voyons…
- Exactement. J’espère que c’est clair.
- Comme de l’eau pure mon cher.
Draco eut un sourire satisfait tandis que Blaise soupirait.
A la table des gryffondors Justin ne se gênait pas pour afficher son nouveau statut de petit ami du Vainqueur. Hermione était blasée. Elle ne comprenait vraiment pas son meilleur ami. Comment celui-ci pouvait-il sortir avec un garçon envers lequel il ne ressentait aucune attirance ? C’était ridicule. Surtout qu’il était amoureux de Draco Malefoy. Elle soupira quand elle vit Justin, assis sur les genoux de Harry, qui lui fit un énorme baiser aux yeux de tous. Ron faillit rejeter son repas qui resta cependant bien en place, sûrement parce que Luna se trouvait juste en face de lui. Il fit quand même un commentaire :
- Harry, je suis en train de manger. Alors si tu pouvais t’abstenir d’embrasser à pleine bouche ton nouveau petit copain je t’en serai reconnaissant.
- Ron a raison. Ça ne sert à rien de refouler quelque chose qui est aussi enfoui en toi, souligna Luna, mais personne ne comprit ce que cela pouvait bien signifier sauf qui Hermione qui lui offrit un sourire triste.
- Mais de quoi tu parles Luna ? Quand on est amoureux, on ne doit pas se priver, répliqua Justin. N’est ce pas Harry ?
- Euh je ne sais pas Justin. Tu sais je n’y connais pas grand chose à l’amour…
- Je me ferai une joie de te faire découvrir tous les aspects de celui-ci alors, répondit Justin en lui faisant un petit bisou derrière l’oreille.
- Et tu nous feras tous vomir le blaireau ! s’exclama Malefoy qui passait par là, par hasard…
- On ne t’a rien demandé la fouine !! cria Ron
- Oui va-t’en, personne ne veut de toi ici, assena Justin en cherchant le regard de Harry pour que celui-ci le soutienne.
Mais Harry regardait obstinément son assiette. Malefoy ricana et partit l’air fier de lui.
- Mais pourquoi tu ne m’as pas soutenu Harry, s’indigna Justin.
- Peut être parce que tu n’en avais pas besoin. Bon il faut que j’y aille. J’ai un devoir à rédiger. On se reverra demain Justin, je suis un peu fatigué ce soir.
- Je comprends. Bonne nuit, dit-il en lui offrant un baiser de bonne nuit.
Harry quitta la grande salle et se rendit en haut de la tour d’astronomie. Il se sentait bizarre. D’un côté il était heureux d’avoir un copain et que ce soit celui qui lui ait offert l’écharpe dont il ne se séparait plus et d’un autre, il n’arrivait pas à ressentir de l’attirance pour Justin. Il était juste fade. Le regard avec Malefoy avait été mille fois plus intense et ça n’avait été qu’un misérable regard… Cela le meurtrit. Comment Malefoy pouvait-il éveiller autant de sensations en si peu de choses ? Rien que de penser à lui le faisait se sentir tout chose. Draco était tellement beau. A chaque fois qu’il le voyait il voulait passer sa main dans ses cheveux soyeux, se perdre dans son regard et goûter ses lèvres qui avaient l’air si douces… Quand Justin avait renvoyé Malefoy, il avait voulu le frapper et soutenir Draco de tout son cœur … Oh mon dieu ! Il était vraiment amoureux …
Harry cria sa frustration. Heureusement, il était seul car sinon la personne présente l’aurait vraiment pris pour un fou à hurler tout seul ainsi. Il finit par se sentir mieux et rentra dans sa tour.
Le lendemain matin il reçut une lettre d’un inconnu, il l’ouvrit curieux :
Bonjour Harry,
Si je t’écris ce n’est que par nécessité. En effet, tu as été trompé. Justin n’est pas celui qui t’a offert l’écharpe. Si tu ne me crois pas demande lui de te citer le vers de Baudelaire.
J’ai trouvé cette écharpe dans un de mes magasins préférés. Je vois que tu la portes tout le temps et cela me fait chaud au cœur. Si je ne me suis pas présenté quand ton « cher » ami a fait son annonce, c’est tout simplement parce que je ne veux pas que tu découvres qui je suis. L’anonymat me va, une relation serait impossible entre nous.
Sache cependant que voir que tu as fait autant d’effort pour me retrouver m’a rendu tout simplement heureux. Continue à porter cette écharpe qui me rappelle tant tes yeux.
Bien à toi.
« Je crois boire un vin de bohême, amer et moqueur, un ciel liquide parsème d’étoiles mon cœur » Le serpent qui danse, les Fleurs du Mal.
Baudelaire
Harry ne savait plus quoi penser. D’abord il était rassuré, Justin n’était pas l’expéditeur. Mais celui-ci venait de lui écrire une lettre, une lettre magnifique. Et il ne voulait pas être découvert. Non Harry n’était pas d’accord. Il allait le trouver et lui prouver qu’une relation était possible. Mais d’abord il devait régler un problème avec un certain blaireau…
- Justin il faut qu’on parle.
- Maintenant ? Je suis sur un devoir important.
- Oui, tout de suite.
- Bien. Je t’écoute.
- C’est toi qui m’as offert l’écharpe ?
- Oui bien sûr, pourquoi ?
- Il y avait un mot avec l’écharpe, qu’est ce que c’était ?
- Euh je sais plus Harry, ça fait longtemps tu sais…
- Le mot Justin !
- Ecoute je suis désolé, tu avais l’air persuadé que c’était moi, et tu me plais vraiment Harry…
- Ne t’approche plus de moi.
- Mais Harry…
- Je ne veux plus jamais entendre parler de toi, est ce que c’est clair ? dit Harry, calmement.
- Mais…
Peine perdue, Harry était parti.
Poudlard en parla pendant plus d’une semaine. Les gens s’indignaient du comportement de Justin.
- Franchement je ne comprends pas, les gens critiquent Justin alors que le tiers de l’école a tenté sa chance après l’annonce de Ron, s’étonna Seamus.
- C’est comme ça on est dans un collège avec plein d’adolescents ingrats.
- Hermione tu fais partie de cette école, répliqua Ron.
- Oui mais bon, moi je ne suis pas aussi stupide.
- Il n’y a pas que les adolescents qui sont comme ça. Les adultes sont capables de bien pire, la vie est dure, ajouta Luna à qui Ron avait enfin demandé de sortir avec lui.
- On est obligé de philosopher sur la dureté de la vie, là sérieux ? demanda Harry. En plus je vous ai dit que je ne voulais plus entendre parler de Justin, alors si c’est pour le plaindre en plus…
- Harry cette histoire t’a affecté ? Tu ressentais quelque chose pour lui ? demanda Hermione curieuse du comportement de son ami.
- Non. C’est juste qu’il ne m’a pas respecté et je ne peux pas l’accepter. De toute manière il ne m’intéressait pas plus que ça.
- Au moins c’est bien de le reconnaître, souffla Hermione.
- Je peux savoir ce que tu veux dire par là ? questionna Harry qui avait entendu malgré le ton bas utilisé par son amie.
- Oh mais je suis sure que tu sais parfaitement ce que je veux dire Harry, répliqua Hermione avec un grand sourire ce qui fit soupirer Harry.
- Ah bon c’est quoi ? Moi je ne sais pas, dit Ron.
- Oh rien d’intéressant, évita Harry.
- Mais au fait comment tu as su que ce n’étais pas lui ? demanda Seamus.
- J’ai reçu une lettre du vrai. Du coup, je suis de nouveau à sa recherche.
- On t’aidera Harry, le soutint Hermione.
- Merci…
Harry et Ron sortaient de leur cours de potion, ils avaient un devoir de six rouleaux à rendre pour le lendemain. Rogue avait été déchainé pendant le cours. Tout le monde avait perdu des points, même les serpentards.
- Je ne sais pas ce qu’il lui a pris, mais faut vraiment qu’il passe ses nerfs sur autre chose que ses élèves ! C’est plus possible, s’exclama le pauvre Harry qui était en train de mourir sous le poids de ses livres de la journée.
- Je ne te le fais pas dire ! Non mais tu te rends compte ? Six rouleaux !!
- Oui… On ne va pas dormir cette nuit.
- Mais au fait Harry, tu n’as pas mis ton écharpe aujourd’hui ?
- Ahh si, je l’ai perdue. Faut que j’y retourne. Mince, il ne faut pas que je la perde !!
Et il courut dans la direction opposée.
- Il faut que tu fasses plus attention à tes affaires Potter, dit Pansy d’une voix méprisante.
- Oh Parkinson, tu as trouvée mon écharpe, merci.
- Ouais c’est ça Potter, dit Pansy tout en lui rendant l’écharpe.
Puis elle rejoignit son copain qui l’attendait quelque mètres plus loin.
- C’est étrange, c’est une Armani. « Monsieur x » a bon goût, lui dit-elle.
- Ce n’est pas la marque préférée de Draco ?
- Si, il y passe à chaque fois qu’on va à Pré-au-Lard.
Harry rejoignit Ron. La dernière information lâchée par Pansy tournait dans sa tête. Plus précisément quatre mots tournaient : Marque préférée, Echarpe et Draco… L’expéditeur avait dit dans sa lettre qu’Armani était une de ses marques préférées. Il avait dit aussi qu’une relation serait impossible ... Dit comme ça, ça paraissait évident. Il se promit de se rendre ce week-end à la boutique Armani de Pré-au-Lard pour vérifier que Draco était bien son mystérieux admirateur. Mais il en était presque sûr, au fond de lui il le savait.
Quand il arriva dans la boutique ce dimanche là, la vendeuse reconnut immédiatement son écharpe. Elle partit dans un délire en vantant les goûts de celui qui était un de ses plus fidèles clients, un serpentard blond aux allures aristocratiques…
Harry ne savait pas quoi faire. Oui, c’était Draco et oui il ignorait comment l’aborder. Il décida donc de lui acheter un cadeau en retour. Il trouva dans le même magasin une écharpe grise de la couleur des yeux de Draco. Au moins comme cela, le message serait clair. Il l’emballa dans un papier doré et le compléta d’une citation durement recherchée, extrait du Lion de Sully Prudhomme : « Cet œil, cet œil là, son cerveau de Lion ne comprit pas cela ». Harry l’envoya non sans appréhender la réaction de sa némésis.
Le lundi, Draco Malefoy arborait une nouvelle écharpe de cachemire. De la couleur de ses yeux, elle lui allait à merveille.
- Magnifique écharpe Dray, s’exclama son meilleur ami.
- Merci Blaise.
- Elle vient d’où ?
- Si tu connais la réponse, pourquoi poses tu la question ?
- Pour avoir le plaisir de te l’entendre dire.
- De Potter. Content ?
- Oh oui. Tu vas aller le voir ?
- Non. Je n’ai rien à lui dire.
- Des fois tu peux être tellement têtu qu’on en vient à se demander si c’est maladif…
- Blaise !!
- Oui oui je me tais.
Harry attendit toute la journée un signe de Draco. Il ne vint cependant pas. Le lendemain non plus, ainsi que le reste la semaine.
Il décida le vendredi soir de venir à sa rencontre pendant sa ronde.
Draco vit donc, au milieu de celle-ci, Harry appuyé contre un mur dans un couloir désert :
- Tu veux perdre des points Potty ?
- L’écharpe te plait ?
- Oui elle est magnifique. Et je te rassure, ton cerveau de lion a fini par comprendre.
Harry sourit.
- Merci pour la mienne. Si tu savais combien je voulais savoir de qui elle venait…
- Et tu as été déçu quand tu as su qu’elle venait de moi, je t’avais dit que je voulais rester dans l’anonymat.
- Je n’ai pas été déçu. Au contraire. J’ai été soulagé quand j’ai su que ce n’était pas Justin.
- Oui je ne pouvais pas laisser passer ça.
- Tu ne crois pas que nous devrions parler ?
- Il n’y a rien à dire.
- Bon… dit Harry en faisant mine de partir.
Mais Draco le rattrapa et lui chopa le bras :
- Attends…
Harry n’attendit pas, il l’embrassa. |