On m'a plusieurs fois répété qu'hommes et femmes n'avaient pas la même vision de l'Amour, qu'ils ne géraient pas ça de la même façon. J'ai gentiment lutté contre cette idée, à ma manière. J'ai fait ce qui me semblait normal, le plus sensé. Et je me suis trompée.

    Attention et amour, mots doux et gentillesses rythmaient nos discussions. J'avais l'impression d'être quelque chose, quelque chose d'important, d'original et d'appréciable, une priorité pour toi. Tu m'aimais, ça se voyait. Je le ressentais au plus profond de moi. Ces papillons de bonheur existent toujours, je t'aime, ne t'en fais pas. Tu es l'homme de ma vie, celui qui est à mon sens parfait, avec des défauts bien sûr, mais qui n'en n'a pas ? Tu fais vibrer mon cœur et mes tripes, tu n'en n'as peut-être pas conscience, mais ce n'est pas faute de te le répéter. Peut-être devrais-je renouveler mes dires, encore une fois, pour que tu l'intègres, une bonne fois pour toutes... Alors voilà : le rythme de tes caresses cadence celui de mon cœur, tu domines la totalité de ma vie, régissant mes faits et gestes, m'indiquant quoi penser et comment agir, ma vie s'organise autour de toi, de tes envies, de tes disponibilités. Tu m'influences, me mènes par le bout du nez et je me laisse faire, résignée et consciente de ma faiblesse. A quoi bon résister ? C'est si bon de te sentir. Je pourrai développer des heures durant ce que je ressens mais tu finirais par te lasser, déjà que sans ces quelques mots, la flamme s'éteint peu à peu.

    J'ai beaucoup aimé nos débuts. On était hésitants, pas vraiment surs de ce qu'il fallait faire. On a fini par s'habituer, grandir et murir. Le résultat est beau, j'en suis fière. Mais je doute que ce soit ton cas. Tant pis.
J'ai essayé, voyant que ça déclinait, de faire entièrement partie de ton monde. Je me suis intéressée à tes loisirs, tes amis, j'ai appris à accepter tes sales habitudes, à défaut de pouvoir changer quoi que ce soit. Tu y as mis du tien, au début, maintenant... Plus vraiment. Mon importance faiblit, j'ai parfois l'impression de n'être plus rien, si ce n'est la fille que tu baises de temps en temps. Et ça fait mal. Mais j'accepte. Parce que je suis profondément amoureuse de toi.

   Je m'accroche aux souvenirs, aux conversations enregistrées, aux photos prises, tes petits mots du début... Je survis quand, dans une brève prise de conscience, tu te rappelles de moi, de ce que je suis censée être pour toi. Ne pas lâcher prise devient de plus en plus fastidieux. Ton indifférence m'affaiblit, le manque d'amour me vide, te solliciter m'épuise, tes amis m'écœurent, la vie me tue.

   Mais je ne vais pas m'étendre sur le sujet, mon amour. Je vais te dire la vérité : en ce 13 février, veille de St Valentin, il y a deux choses sur la table de la cuisine. Elles résument à elles seules le dilemme qui m'habite.

   La première te fera sûrement plaisir. Elle te prouvera à quel point tu es important pour moi, et que peu importe ton comportement avec moi, je serai là jusqu'au bout. Je te soutiendrai dans toutes les étapes de ta vie, y compris celle qui aura lieu dans un peu moins de 9 mois maintenant... Je ne sais pas dans quel ordre t'annoncer ça : « Veux-tu m'épouser ? » en premier et « Tu vas être papa » en second ? Ça fait beaucoup d'informations à digérer dans un laps de temps trop court à mon goût... C'est aussi contraire à l'idée de petite fille que je me faisais de la demande en mariage. Mais à trop attendre que les choses bougent, on finit par laisser passer sa chance.
    La deuxième prouve que j'ai retourné le problème dans tous les sens possibles et imaginables, ça fait des jours que j'y réfléchis. Je vais faire mieux qu'une simple demande en mariage ou qu'un enfant. Je sais que cette solution te conviendra plus. Ce sera rapide. Je vais aller me balader et oublier. Non, rassure toi, je n'ai pas prévu de finir complètement folle. Je vais simplement boucler la boucle. C'est juste en face de moi. Tout près. La solution à mon dilemme tient dans un verre.
Je te rends ta liberté, mon amour. Je n'oublierai jamais rien et tu resteras toujours auprès de moi, dans mon cœur, au chaud, prisonnier. Je ne te demanderai qu'une seule chose : sois heureux.

Je t'aime.


Adieu.