Notes : Voilà voilà ! C'est mon premier essai DracoxHarry, et j'avoue, oui J'AI GALERE ! En plus j'ai été prise par le temps, donc on rencontrera un style assez irrégulier, suminasen ! C'est un cadeau de Noël très en retard pour Alfgard, j'espère que tu m'excuseras pour ce délai dépassé... Disclaimer : Tout appartient à JKR, sauf l'aléthiomètre, qui lui est à Pullman (c'est bien le moment d'en parler tiens oO) Bonne lecture et merci !
"Draco ! Dépêche toi, on va être en retard bon sang !" Le brun regarda avec agacement sa montre et tapant du pied avec impatience à la porte de la salle de bains, d'où son fiancé n'avait pas décollé depuis au moins deux heures. Pourtant, ils avaient rendez-vous pour fêter le réveillon avec leurs meilleurs amis respectifs, à savoir, Ron et Hermione, et Blaise et Ginny. Comme si une nuit de réveillon de Noël, en septième année à Poudlard, avait décidé de leur sort à tous, de leur destinée sentimentale, et comme si Cupidon avait décidé cette année-là d'intervenir une seconde fois dans l'année, non content d'avoir vidé ses réserves d'une année en flèches déchaînant des passions exacerbées, au milieu de l'année scolaire. Cela dit, Dumbledore avait sans doute convié cet invité invisible, avec l'intention subtile de bannir certaines rivalités irraisonnées entre certains élèves dont il ne pouvait s'enlever les noms couplés de la tête. "Harryyyy, minauda Draco en sortant de la salle de bains, ses longs cheveux blonds enveloppés d'une épaisse serviette moelleuse d’un blanc immaculé. Tu sais bien que je ne veux paraître que sous mon meilleur jour, continua-t-il en lui lançant un regard de chaton enfermé à l'extérieur sous une pluie battante. -Pour moi tu seras toujours sous ton meilleur jour… mais je sais, je sais, soupira Harry, vaincu. Mais aussi, nous avons promis d'être à l'heure, on ne peut pas se permettre d'être en retard à chacune de nos rencontres, tu comprends ? -Je comprends, minou, fit Draco avec une moue si adorable que le brun fondit instantanément, comme à chaque fois d'ailleurs." Le blond lui saisit le menton et déposa un léger baiser sur ses lèvres fines, s'écartant aussitôt. Harry se retint d'en réclamer plus, serrant les poings, et redevenant maître de lui-même en quelques secondes, il lui ordonna gentiment, mais fermement d'aller se sécher les cheveux et s'habiller. Et dire qu'ils devaient être chez Ron et Hermione dans une heure, enfin, quarante minutes désormais...
"Draco ! Harry ! Vous arrivez juste à temps, nous commencions à sortir les mises en bouches, s'exclama Hermione chaleureusement en serrant Harry contre elle.-Désolés, nous sommes pourtant en retard... s'excusa confusément Harry.-Pas du tout ! Nous aussi, nous étions en retard dans la préparation, installez-vous dans le salon, avec Blaise et Ginny, on arrive tout de suite. Et non, GINNY, ne viens pas en cuisine, tu es une invitée, même si tu es ma sœur !" Il y avait deux ans que Ginny s'était installée avec Blaise dans un petit appartement à Londres, proche de son centre d'entraînement de Quiddditch, tandis que Blaise pouvait rejoindre aisément son lieu de travail, à savoir le Ministère de la Magie, dans la section de la Régulation des Sortilèges. Ron et Hermione, avaient décidé bien plus tôt de vivre pleinement leur relation de couple, la grand-mère d'Hermione lui ayant légué une petite maison en banlieue. Harry, quant à lui, avait rejoint le Manoir Malefoy après le décès précoce de Lucius Malefoy son "beau-père", qui avait découvert l'homosexualité de son fils dans des circonstances difficiles, et n'ayant pu supporter plus d'un an le dilemme terrible qui consistait à choisir entre l'amour pour son fils et l'amour pour son sang. Narcissa n'en avait jamais voulu à Draco, bien au contraire, elle ne le chérissait que plus d'avoir choisi sa propre voie et d'avoir eu le courage de se lever face à sa famille. Draco lui avait proposé de rester au Manoir, mais elle avait préféré prier Harry de lui rendre le Manoir Black, où persistaient comme des âmes errantes, les souvenirs heureux d'une enfance trop courte, déchirée par un mariage qu'elle n'avait jamais désiré, avec un homme qu’elle n’avait aimé que de raison, au prix de la clé de son cœur, perdue dans les limbes de la maison de sa véritable famille. Ils allaient régulièrement lui rendre visite, mais elle semblait s’évader chaque fois plus dans le monde imaginaire, presque parallèle, que cet endroit avait créé en fusionnant avec l’ombre de son âme. Quant à savoir quel événement étrange avait amené en même temps, à la même époque, au même moment, tous ces entrecroisements entre destinées qui ne pouvaient pourtant que se croiser avec une probabilité au mieux d’un dixième de pour cent, il fallait remonter quinze ans en arrière...
En cette septième année d'étude à Poudlard, suite à la défaite de Voldemort, l'ensemble des élèves de Poudlard durent reprendre une année supplémentaire à l'école de sorcellerie pour combler les lacunes évidentes de la scolarité imposée par le pouvoir du Seigneur des Ténèbres. Le professeur McGonagall avait repris temporairement la direction de l'école, jusqu'au printemps, ce qui lui laissa suffisamment de temps pour se voir attendrir par les suppliques répétées et insistantes de feu le professeur Dumbledore à travers son portrait, qui avait rendu au mieux un de ses traits de caractères les plus prononcés, à savoir, la malice. Et cette même malice avait donc poussé la sévère nouvelle directrice à organiser ce qui se nommait tout bonnement un Père Noël Surprise le vingt cinq décembre de cette fameuse septième année, au grand damne des élèves. En version sorcière. Et Harry se rappellerait toujours du jour où elle avait annoncé cet évènement... "Chers élèves ! Cette année, suite à une réclamation répétée d'un de nos anciens directeurs -paix à son âme- j'ai décidé l'organisation d'un Père Noël Surprise Géant. J'imagine que vous n'en connaissez pas tous le principe... En résumé, les noms de tous les élèves de l'école ont été déposés dans cette Coupe de Glace, qui vous attribuera à votre passage le nom d'un de vos camarades. Vous devrez lui offrir pour Noël un cadeau, mais attention, pas de tricherie, ou celui qui ne respecte pas la règle sera dénoncé grâce à la magie de cette coupe." Une main timide se leva dans la Grande Salle. "Excusez moi Professeur, demanda l'élève de première année. Comment sera-t-il dénoncé ?-Eh bien je pense qu'une description verbale ne serait pas suffisante à vous faire constater l'ampleur du dégât physique qu'elle causerait à un éventuel tricheur... fit McGo avec toujours autant de sérieux." L'élève rougit, et baissa les yeux. Et en sortant de la Grande Salle, chacun des élèves reçu un morceau de parchemin jauni. Ils avaient une semaine pour trouver un cadeau pour l'élève dont le nom était indiqué sur leur papier, sous peine d'un châtiment si terrible que même la Directrice n'osait le décrire. Harry pâlit rien qu'en pensant à ce qui était arrivé à certains élèves de Serpentard après le vingt-cinq décembre. "Bon sang ! geignit Draco en tapant pour la énième fois contre le mur sombre de sa chambre sous le regard effaré de Blaise. -Arrête... Dray... -Bon sang ! hurla le blond de plus belle. -ça ne sert à rien de t'énerver... offre lui un rat pouilleux infecté de peste, et ça passera, proposa son ami.-Non ! gémit l'autre en s'écroulant sur le sol. Cette imbécile de directrice a mentionné qu'il ne fallait pas "tricher" j'ignore si lui donner quelque chose qui lui fasse du mal ou lui déplaise est compris dans "tricher"-Demande alors... fit Blaise, d’un ton qui se voulait conciliant. -Non ! répéta Draco en tapant sur le sol de ses poings." Il ne voulait pas lui avouer. Lui avouer que le double Survivant, vainqueur du Seigneur des Ténèbres, Potter aux multiples titres lui avait sauvé la vie l'an dernier. Bien sûr qu'il ne pouvait pas lui offrir de cadeau immonde. Mais une dette à vie ne suffisait pas à effacer un dégoût congénital. Pire, ce genre de dette à vie lui faisait haïr encore plus Harry Potter, celui qui survécut. Il le haïssait pour le frisson incontrôlable qu'il provoquait chez lui quand il passait près de lui, en marchant avec une noblesse qui lui était propre. Il le haïssait pour le serrement au cœur qu'il ressentait dès que le brun embrassait la belette rousse. Il le haïssait pour les battements de cœur accélérés qui martelaient sa poitrine quand il croisait les deux émeraudes qui lui servaient d'yeux. Pour encore bien d'autres raisons de ce genre, il le détestait plus que n'importe qui d'autre au monde et d'une manière encore plus atroce qu'auparavant. Et penser continuellement à lui le mettait dans tous ses états. Alors, lui trouver un cadeau… Alors… alors, il avait cherché. Partout. Au Pré-Au-Lard, mais rien n’allait, tout était si ordinaire, rien ne correspondait à son idée d’un cadeau à la fois original, extraordinaire… un cadeau qui pourrait enfin éblouir le brun, un cadeau, en fait, qui pourrait effacer sa dette à vie. Un cadeau qu’il ne pourrait refuser. Un cadeau à sa mesure. Celle de quelqu’un d’hors normes. Alors… alors, il s’était enfui de sa chambre de préfet, tous les soirs, au lieu de faire sa ronde habituelle, laissant ce soin à la Granger –de toute manière ça lui faisait plaisir– pour écumer le Chemin de Traverse, et même Londres tout entier, toujours à la recherche du même Graal, l’objet qui le consacrerait aux yeux de Harry Potter. Des sucreries ? Pitoyable. Un nouveau balai ? Ridicule. Des lunettes de marque qui se réparent toutes seules ! Grotesque. Un miroir auto-coiffant ? Complètement dépassé. Un instrument de musique ? Il n’en jouait pas. Un elfe de maison ? Il en avait une flopée qui le vénéraient désormais. Le lit le plus confortable du monde s’adaptant à son utilisateur ? Tout bonnement stupide. Il avait eu beau se creuser la tête, rien ne venait, aucune idée hautement supérieure ne pouvait s’extraire de son génie, comme si celui-ci avait pris les voiles le jour où le Survivant l’avait sauvé. Jour maudit. Survivant maudit. Dette maudite. Lit maudit. Cette idée de couette enveloppante et de coussins moelleux ne cessait de le tourmenter, sans qu’il ne sache pourquoi, ou plutôt, sans qu’il ne puisse s’avouer pourquoi. Il s’endormait tous les soirs en marmonnant des paroles sans queux ni tête, pour se réveiller le lendemain avec des maux de crâne semblables à ceux des lendemains d’orgies éthyliques. Et il fallait qu’il trouve quelque chose. L'obsession allait jusqu'à l'empêcher de suivre les cours, même ceux de potions. Sans compter que ce n'était plus la même chose depuis la mort de son parrain. Et Potter qui, de son côté, ne se doutait même pas de l'horreur dans laquelle il l'avait involontairement plongé jusqu'au cou, devait sans doute être en train de préparer un cadeau pour un de ses fans, sans même se soucier de si cela lui plairait ou non. Une semaine plus tard, il serrait un paquet enveloppé de papier de soie contre lui, comme si sa vie en dépendait, les doigts crispés sur la fine protection, alors qu'il franchissait les portes de la grande salle. En haut du paquet était attachée une étiquette au bout d'une petite ficelle dorée, où était inscrit "Harry Potter" en lettres fines et délicates, étiquette qu'il avait travaillée et retravaillée pour atteindre un semblant de perfection. Avait-il mal choisi son cadeau ? Etait-ce trop pour lui ? Non, il n'y avait jamais rien de trop beau... de trop extraordinaire... pour cet homme. Et maintenant qu'il avait enfin trouvé, il doutait. Comprendrait-il son appel de détresse ? Sa prière de le libérer ? Il se gifla mentalement pour s'écarter de toutes ces pensées qui l'emprisonnaient dans un monde imaginaire, qu'il avait créé pour mieux tomber entre les griffes d'un lion dont il était devenu dépendant. Et il le haïssait. Et il voulait le meilleur pour lui. Cruel dilemme dont il n'avait senti les effets dévastateurs que trop tard... Lorsque ses doigts avaient effleuré sa peau... lorsque son souffle s'était mêlé au sien... lorsque la moiteur de ses mains s'étaient cramponné à son corps parfait, alors qu'il le sauvait d'une mort certaine... Cette nuit, où tout avait basculé, son coeur, sa vie et son âme y compris, sa destinée, à lui, Draco Malfoy. Il posa son paquet au pied du sapin, puis fut extirpé violemment de ses pensées en voyant Blaise déposer un paquet mauve à l'intention de Ginny Weasley avec une délicatesse exagérée. Un fou rire les envahit tous les deux alors qu'ils rejoignaient, bras dessus, bras dessous, la table des Serpentards. La corvée s'achevait enfin... Après le repas, les paquets furent distribués magiquement, et Draco eut la surprise de recevoir de la part de Mary Findger (apparemment une élève de Poufsouffle au vu de ses goûts très discutables) une paire de pantoufles magiques chantantes. Le comble du mauvais goût s'exclaffa Blaise avant de recevoir une cape de soie magnifique, chaude et de la dernière mode, si ce n'était le message de strass brillant que le textile arborait ("A tout jamais mien" signé par Rose Gillebert). Il était inquiétant de constater que certains fans inconditionnels avaient été désignés pour être le Père Noël de leur idole. Ce qui poussait à penser que, d'une, le soi-disant hasard n'en était pas un, et de deux, que Draco Malfoy était un fan inconditionnel de Harry Potter. Et cette dernière constatation n'était pas inquiétante, mais alarmante. La rougeur envahit ses joues pâles, alors qu'un certain Survivant ouvrait son paquet, y découvrant un étrange objet rond, contenu dans une pochette de velours. Blaise se tourna vers Draco, incrédule, après avoir jeté un oeil du côté de la table des Griffondors. « Ne me dis pas que… chuchota Blaise. -Si… geignit Draco en se prenant la tête entre les mains. -Tu as volé ton père ! s’exclama Blaise indigné. Et sans compter que cet objet regorge de magie noire ! -Non ! Ce n’est pas de la magie noire ! rétorqua le blond sans se démonter avec la ferme intention de changer de sujet. C’est une magie ancestrale et… -Ce n’est pas la question ! reprit Blaise. Tu as volé ton propre père pour un malheureux cadeau de Noël pour un type que tu détestes, tu es malade ou quoi ? -Cet objet appartient à la famille Malfoy et mon père est en prison. Ce qui fait de moi l’homme de la maison, et je me réserve le droit d’offrir à qui je veux mes possessions ! répliqua Draco. -Tu es cinglé ! Cet objet est inestimable ! Qu’est-ce qui… » Draco pointa négligemment du doigt une jeune fille rousse à la table des Griffondors qui avait épinglé à sa robe de Noël une broche en forme de serpent taillée dans une seule émeraude, aux yeux de saphir. « Et la belette femelle à qui tu as remis un cadeau de ta mère, tu penses qu’elle vaut mieux que Potter ? fit Draco avec un sourire moqueur. -Je ne pouvais pas porter ce bijou ! Autant faire plaisir à quelqu’un, au moins j’étais sûr de ne pas la décevoir, et d’éviter la malédiction de la vieille chouette qu’on a comme directrice ! tenta de se défendre Blaise. » Le mot « malédiction » fit l’effet d’un volcan en éruption dans l’esprit embrumé par les regards furtifs, et interrogateurs, qu’Harry lui lançait, de Draco. « Cet objet est maudit ! déclara-t-il, fier de lui-même. -Quoi ? fit Blaise en manquant de s’étouffer.-Ouais, le cadeau que j’ai donné à Potter est maudit. Il porte malheur à son possesseur, voilà pourquoi je lui ai donné. -Tu mens très mal, Dray, répliqua son ami avec indifférence. Rends toi à l’évidence. Tu aimes plus Potter que tu ne veux bien le montrer, hm ? » Le regard que lui décocha la Granger en découvrant le cadeau de Harry Potter le décida à quitter la Grande Salle, ce qu’il fit immédiatement, en bousculant un élève de première année de sa maison, dont la peau s’était recouverte d’écailles de lézard et dont les yeux étaient devenus de globuleux yeux de grenouille. Il lui enleva cinquante points pour avoir été dans le chemin et s’enfuit vers les cachots sans plus de cérémonie. "Qu'est-ce que c'est ? demanda Harry. -Un aléthiomètre, dit Hermione émerveillée en touchant l'objet du bout du doigt. Je pensais qu'il n'en existait plus de nos jours... Incroyable... -Mais c'est quoi ? insista Ron. -Un objet très ancien, un véritable trésor. On dit que cet objet permet de lire la vérité, mais personne ne sait l'interpréter correctement. De nos jours, c'est plutôt une antiquité à la valeur inestimable... Qui t'a donné ça, Harry ? -Eh bien... fit Harry en dépliant le papier, puis en marquant un temps de silence sous le choc. Draco Malfoy... -Oh bon sang ! lâcha Hermione en se couvrant la bouche de surprise. Harry viens avec moi, j'ai très peur d'un seul coup... -Peur de quoi ? demanda Harry toujours sous le choc, alors qu'elle lui saisissait le bras et l'emmenait en courant vers les appartements des préfets." Draco soupira pour la énième fois en se retournant dans son lit, la tête entre les mains. L'entrée, pas si impromptue que cela, de Granger en grand fracas dans sa chambre le fit sursauter et il revint en position assise en tentant de se donner une contenance. "Malfoy ! Il faut qu'on parle ! s'exclama-t-elle d'une voix hystérique. -Puis-je savoir qui t'a permis d'entrer dans ma chambre en faisant un boucan infernal et qui plus est avec..." Et en penchant la tête pour mieux s'apercevoir que le paradoxe balafré de sa vie se trouvait derrière la brune, il ne put faire autrement que de laisser sa rage dissimuler sa gène. "Avec Potter, ici... Maintenant... cracha-t-il avec dégoût. -Tu devrais le savoir ! reprit-elle. Tu viens lui offrir un cadeau inestimable pour Noël, que tu as sans doute eu par des voies illégales, mais tu comptes le ficher à Azkaban pour le reste de sa vie ou tu es complètement demeuré ? cria-t-elle. Tu oublies ce que tu lui dois, et encore, tu as de la chance que ce soit un vingt quatre décembre ou je... -Granger, commença-t-il avec une voix froide et contenue (si grande que soit sa colère) si ça n'avait pas été une soirée de réveillon, sois bien sûre que tu aurais été expulsée de ma chambre à grands renforts de claques et de coups de pieds au derrière, aussi féminine que tu puisses... paraître. Maintenant, concernant mon cadeau à Potter, sache pour ta gouverne, que c'est une possession familiale depuis des lustres, et que c'est mon bon plaisir de donner une babiole sans importance à un vieil ennemi. -Co... comment, la famille Malfoy posséde un des aléthiomètres, mais depuis qu... bafouilla-t-elle. -Depuis hm... fit-il en comptant sur ses doigts. Depuis au moins six générations, maintenant, si vous voulez bien me laisser me préparer pour ma ronde de préfet..." Hermione se tut brusquement et sortit de la chambre à reculons, la surprise était encore trop grande pour qu'elle puisse répliquer quoique ce soit. Ce faisant, elle tenta d'entraîner Harry avec elle, lequel tenait encore son cadeau entre ses mains, un regard vide gravé sur ses traits. Elle abandonna en voyant à quel point il semblait vouloir rester soudé à la moquette vert sombre qui tapissait le sol de la chambre de Draco. La porte se referma dans un bruit sourd. "Pourquoi ? demanda Potter d'une voix étrangement monocorde. -Je l'ai dit. C'est sans importance, répéta Draco, las. -C'est faux. Cet objet vaut une fortune. Pourquoi à moi ? -Ce truc traîne dans notre cave depuis des siècles, je ne savais pas comment m'en débarasser, mentit Draco sans ciller. -Mes pantoufles t'ont plu ?" Draco laissa échapper une exclamation de surprise, en laissant tomber une partie de son masque d'indifférence, à son grand damne. "Mary ? C'est ridicule. -C'était un pari stupide avec Ron, je l'avoue, déclara Potter. Elles te plaisent ? Je ne pensais pas que les appartements des préfets étaient si confortables. -Comme quoi. Pour en revenir à ton cadeau, je ne pensais pas que tu avais si mauvais goût." Harry fronça les sourcils, mais sans se démonter, se reprit immédiatement. "Tu veux autre chose ? J'ai encore jusqu'à ce soir à minuit pour te contenter, Malfoy, proposa-t-il en insistant lourdement sur le nom du blond. -J'ai une idée, fit Draco avec un sourire mauvais. -Je t'écoute." Draco sauta sur le sol, puis s'approcha de Harry, toujours le sourire aux lèvres, en fixant de ses yeux hypnotiques les deux émeraudes brillantes, mais surprises de celui-ci. Il s'approcha de lui, et l'air hébété de celui-ci suffit à le convaincre qu'il avait remboursé entièrement sa dette, qu'il ne lui devait plus rien, à part bien sûr, peut être un petit baiser sur les paupières, puis dans le cou puis... Et puis n'importe quoi en fait qui le rapproche encore une fois de sa peau au parfum envoûtant. Il se ressaisit trop tard alors qu'il approchait ses lèvres de l'oreille du brun, mais suffisamment tôt pour éviter la catastrophe. "Sors de ma chambre immédiatement, lui chuchota-t-il à l'oreille." Un silence pesant s'abattit dans la pièce, tandis qu'un curieux tableau s'offrait à la vue du portrait de Severus Snape, accroché au mur derrière le lit de Draco : En effet, un blond à l'allure aristocratique au sourire mitigé, penché à l'oreille d'un brun balafré immobile plus que surpris, sans qu'à aucun endroit leurs peaux ne s'effleurent ou n'entrent en contact, tandis que les doigts du blond tremblaient, tiraillées entre le désir ardent de s'empêtrer dans la chevelure indomptée du brun, rien que pour le pur plaisir de caresser sa peau encore et encore, et la tenue que leur commandait la position de leur possesseur. De son côté, le brun avait toujours entre ses mains le curieux objet de leur rapprochement paradoxal et hésitait à jeter la précieuse antiquité devenue gênante pour enfin goûter à la chaleur corporelle de son ennemi le plus pitoyable, celui qui avait toujours été et qui le serait toujours. "Non, répondit finalement Harry au terme du silence de mort. -Tu veux que je te vire à coups de pied, Potter ? -Tu ne le feras pas, reprit le brun calmement. -Ah ouais ?" Et chacun campa sur ses positions, au sens propre du terme. "Tiens, tu as mis les pantoufles de Mary dans un coin, fit Harry en scrutant un coin de la chambre par dessus son épaule." Au moment où Draco voulut tourner la tête vers le-dit coin, Harry sentit son souffle s'échapper de son champ sensoriel, et sans pouvoir se contrôler, retint le blond par le menton. Instant d'éternité où il plongea enfin dans la sincérité toute nouvelle dans les pupilles claires, étrangère honnêteté d'un ennemi passionnel à laquelle se mêlait la surprise et le soupçon d'un désir refoulé. Les lèvres fines et aussi claires que ses yeux, entrouvertes, comme un appel désespéré, finirent d'achever Harry Potter, Survivant de son état. Ses lèvres s'emparèrent avidement de celles de Draco, qui, avant de se remettre de sa surprise, s'était laissé faire avec volupté.
Harry avait toujours été brusque et imprévisible, Harry ne dominait pas son ardeur, mais cela dit, lui non plus, et c'était follement excitant. Quinze ans auparavant. Et aujourd'hui encore. "Harry..." Un gémissement étouffé, une étreinte sensuelle, le doux contact de ses doigts contre sa peau le firent frissonner. Ils s'étaient donnés l'un à l'autre cette nuit-là, un soir de vingt quatre décembre, dans cette chambre, où traînaient dans un coin une paire de pantoufles en fourrure. "Harry... Harry..." Le blond avait répété son nom, comme une litanie, cruelle et sans fin, alors qu'il succombait sous ses caresses. "HARRY !" Il revint au présent brutalement. "On va passer à table... tu viens ou quoi ? s'exclama son Draco, maintenant âgé d'une trentaine d'années. -Hein, heu oui... -Encore en train de rêvasser, se moqua Ginny, déjà installée à côté de Blaise." Oublié le cadeau de Ron. Il avait OUBLIE, le cadeau de Ron. Dire que cette année, ils avaient décidé de refaire un Père Noël Surprise, pour se rappeler avec émotion, oui car personne n'avait oublié, l'heureux événement qui avait amené leurs vies à se trouver telles qu'elles étaient, liées, l'heureux événement qui faisait que tant de personnes différentes se trouvaient là, ce jour, unies, à veiller Noël. "Ne me dis pas que tu as OUBLIE, Draco ? dit lentement Harry. -J'étais vraiment occupé, tu sais bien, rétorqua Draco avec un mécontentement à peine dissimulé de se voir critiqué publiquement. -Allons, ce n'est pas si grave, intervint Hermione, conciliante. L'important c'est d'être là, ensemble... -Bon sang mais Dray ! ça fait un mois que tu es au courant, que tu sais que c'est important, ne me dis tout de même pas que tu as oublié ! reprit Harry en haussant le ton, sans se soucier de l'intervention d'Hermione. -Ouais j'ai OUBLIE ! hurla Draco pour lui répondre. Et alors ? Ce n'est pas grave, hein, je pourrais bien lui donner quand on rentrera au Ministère, il n'est plus fauché à ce que je sache, pour vouloir recevoir un truc aujourd'hui !" Ginny fronça les sourcils et voulut protester contre l'insulte ouverte qu'il venait de faire à la famille Weasley entière, mais Harry fut bien plus rapide, heureusement ou malheureusement. "Je pensais que Noël avait un sens pour toi. Je pensais que tu avais changé, et que nous avions balayé le passé ensemble, main dans la main, depuis que je t'ai ouvert mon coeur. Je pensais qu'il y avait un nous. Je pensais que l'esprit de Noël nous avait unis. Mais il n'y a jamais eu qu'un toi et moi. Un moi rempli d'illusions." Sa voix tremblait d'une colère froide. Une colère triste. Une colère indescriptible. Cependant ses mots tranchaient l'acier le plus purement travaillé. Et Draco, en bon aristocratique de naissance qu'il était, avait senti toute le sens douloureux de la parole s'insinuer lentement dans son coeur pour mieux le faire éclater, pour mieux prouver qu'il n'avait jamais aimé autre que son propre ego. Il savait que c'était faux. Pourquoi lui dire ça après qu'il lui ai confessé le cauchemar de ces mois horrifiques, entre le moment où il avait commencé à lui devoir une dette à vie, et le moment où il avait enfin ouvert son coeur de la plus étrange manière qui soit ? "Harry, pour toi, j'ai accepté tes amis. Pour toi, j'ai écrasé sous le talon les honneurs de ma famille et j'ai.... j'ai tué mon père. Oui, pour t'aimer, pour vivre avec toi cette histoire, j'ai dû blesser mon père à mort. Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis ? -Draco, si tu avais vraiment accepté mes amis, tu n'aurais pas oublié. Pas ce soir. -Tu ne comprends rien à rien ! s'énerva le blond." Blaise et Ginny s'écartèrent alors que les deux hommes se fusillaient furieusement du regard, Blaise n'essaya même pas de s'interposer, même en sentant qu'ils allaient en venir aux mains. Simplement parce qu'il y avait des moments où cela ne ferait qu'empirer les choses. Et il connaissait assez Draco pour savoir que c'était ce qui allait arriver s'il tentait de retenir son meilleur ami. "Bon sang, as tu compris un jour ce qu'est l'esprit de Noël ? s'exclama Harry. -Ton esprit de Noël tu peux te le mettre là où je pense ! répliqua Draco. A ce que je sache, ça ne change rien, un ou deux jours de retard, même ton amie, la sang de bour..." Une main devant la bouche, la surprise générale, et même la sienne. Un mot qu'on croyait banni depuis un temps lointain... Il avait lui même les yeux surpris de sa propre bêtise. Avec Harry tout avait changé. Avec Harry tout était beau. Sans Harry il n'était qu'une loque. Sans Harry... "SORS IMMEDIATEMENT DE CHEZ MOI MALFOY ! hurla Ron au comble de la rage. SORS AVANT QUE JE..." Son poing brandit fut arrêté en plein élan par Hermione, qui cria à Draco de sortir, mais son ordre prenait plus l'apparence d'une supplique. Cette femme avait toujours été intelligente... trop... des gens trop bons pour lui. Ginny avait sorti sa baguette et l'expulsa brutalement à l'extérieur, où il roula sur les marches de la maison et termina sa course dans un bonhomme de neige, qui se défit en laissant sa bedaine glacée se déverser sur sa tête. Il fut rejoint rapidement par Blaise. "Tu veux que je te raccompagne chez... -Laisse, Blaise... Je ne veux plus le revoir. Qu'il crève avec son foutu esprit de Noël de mes deux, déclara-t-il avec mépris alors que quelque chose dans sa poitrine se déchirait dans d'atroces souffrances, la brûlure lui en donnait même envie de vomir."
Une semaine. Une semaine qu'il avait disparu. Bientôt la nouvelle année, pensa amèrement Harry. Il s'était d'abord dit que ce n'était pas plus mal, et qu'il était sans doute rentré chez sa mère, au Manoir Black. Et il n'était pas prêt de se réconcilier avec lui. Pas après tant de violences. Pas après tant de venin. Il ne voulait pas. Le premier soir, il se satisfit de son acte. Le deuxième jour, il s'était posé la question en se réveillant, puis s'était repris très vite. Mais une épine dans sa chair, au plus profond, réclamait d'être retirée, et seule une personne en avait le pouvoir. Il n'allait pas se laisser faire. Il avait résisté. Le quatrième jour, il s'est dit qu'il pouvait passer au Manoir Black pour apporter un cadeau à Narcissa. Après tout, il avait le droit. Elle lui avait sauvé la vie. C'était une raison suffisante, même si elle perdait de plus en plus la raison à chaque fois qu'il allait la voir.
"Bonjour Narcissa. -Oh bonjour James, comment va Sirius ? Cela fait une éternité que je ne vous ai pas vus... -Je suis Harry, Narcissa. Je venais vous apporter un petit cadeau pour Noël. -Pour Noël ? Comme c'est charmant, merci, qu'est-ce donc ? demanda-t-elle en posant le cadeau sur le côté. -Un petit bijou, juste pour la fête, je regrette que vous n'ayiez pu passer chez nous, mais... -Et tu as pris quelque chose pour Lucius, je suppose hm ? Comment va Lily au fait, elle n'est pas venue ? -Lucius ? s'exclama Harry sans avoir écouté le reste de ses propos. -Mais oui, Lucius, mon cher mari, il est encore parti pour le travail, mais je suppose que si tu as pensé à moi, sa pauvre femme, tu as dû penser à lui ? -Lucius est mort, Narcissa, dit lentement Harry. -Mais non, il est juste un acharné du travail, n'exagère rien, répondit-elle calmement. C'est vrai, rappelle toi, la dernière fois qu'il est venu, il y a deux semaines, tu étais là, tu ne disais rien, James. -Je suis Harry. Il n'est pas revenu ? demanda le brun comprenant soudainement que la femme avait transposé au présent un passé heureux et alternatif à l'affreuse vérité qui la cernait. Draco n'est pas revenu ? -Mon petit garçon est à Poudlard, rétorqua-t-elle en s'assombrissant soudainement. Et ce que ton fils lui fait est insupportable à Lucius ! s'exclama-t-elle, les yeux luisants de rage."
Il n'avait rien pu tirer de plus de cette femme. Sans s'avouer pourquoi, la panique l'envahit, et il fouilla dans tous les recoins du manoir, sans succès. Une demi journée infructueuse plus tard, il quitta les lieux sous le regard toujours aussi naïf et enfantin de Narcissa Malfoy. Il continua ses investigations au Chemin de Traverse, allant même jusqu'à retourner toutes les chambres du Chaudron Baveur. Mais Draco n'était nulle part. Il s'écroulait de fatigue et de douleur en fin de journée, les remords l'assaillant finalement au terme d'une longue lutte. Il regrettait, oui, d'accord, il regrettait, il avait été dur, et lui aussi il méritait des réprimandes. Mais de là à ce que Draco ne revienne même pas dans son propre manoir, et qu'il lui laisse le foyer familial. Son foyer. La maison des Malfoy. Il étouffa des larmes dans son oreiller, en pensant aux endroits qu'il faudrait fouiller le lendemain... Le cinquième jour, il avait contacté Hagrid pour chercher à Poudlard. Mais c'était inutile. Il avait lui même cherché dans les bars à la nuit tombée, mais il n'y avait absolument rien à faire. Et il se gifla mentalement pour avoir pensé une seule seconde que Draco traînera là après ce qui était arrivé. Le sixième jour, la haine de lui même lui rongeait le coeur. La culpabilité aussi. Qu'était-il allé lui dire des paroles si dures ? Alors qu'en début de soirée il se rappelait avec émotion de leur "déclaration"... Il y avait donc sept jours désormais que Draco avait disparu. Disparu de leur demeure, disparu de Londres, disparu de... sa vie. Et ce n'était pas un pincement au coeur qui le torturait. Loin de là. C'était quelque chose d'indescriptible. La douleur. La tristesse. Le remord. Les pires des sentiments de détresse l'assaillaient en permanence pour lui rappeler son erreur. Et l'absence de Draco était une punition terrible, presque pire que la présence d'un Détraqueur à ses côtés. Harry sortit sans conviction de chez lui, pour une journée de recherches supplémentaire. Mais la fatigue, le désarroi et le dégoût de lui même l'emportaient sur sa concentration, et il finit par demander asile chez Hermione et Ron. Il ne voulait plus rentrer dans un "chez lui" qui n'avait de sens qu'en tant que "chez nous". Il leur demanda des nouvelles de leurs recherches, Ron fronça les sourcils, et Hermione ne put que lui adresser des encouragements accompagnés d'un sourire triste.
Il rentra au Manoir Malfoy vers minuit. Une silhouette familière traversa son champ de vision, et il en resta interloqué. "D... Draco ?" Le blond s'approcha lentement de lui. "Je suis désolé... Je... Je vais partir...murmura Draco." Une gifle fulgurante le prit au dépourvu et il frotta sa joue endolorie, hébété. L'instant suivant, Harry s'était jeté contre lui en retenant à grand peine des sanglots. Sans mot dire, il referma ses bras autour des épaules du brun, qui tremblait ostensiblement. Etaient-ce des larmes qui perlaient sur son visage ? Ou était-ce la douleur de leurs coeurs enfin réunis qui déversait son flot d'amertume à travers tout son corps ? Impossible de décrire la sensation électrique qui avait envahi leurs deux corps. Un contact. Une énergie pure. Un sentiment unique aux multiples facettes. Et Draco ne reconnut pas sa voix lorsqu'il tenta de reprendre de sa superbe, un je-ne-sais-quoi qui étranglait sa pensée au fond de sa gorge. "Arrête de pleurer, crétin..." Et Harry ne répondit pas. La chaleur retrouvée de son corps se passerait d'explications. Il n'en n'avait pas besoin. Ses doigts serrés retenant les plis de sa chemise étaient une excuse suffisante. Le souffle irrégulier contre son cou, un secret partagé. La curieuse sensation qui fit qu'il eut envie de ne plus jamais quitter cet homme était son excuse. Et le langage de deux amants retrouvés ne s'exprimait pas en mots ou en paroles. Harry tourna les yeux vers un petit paquet emballé sur la table. "Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il soudain. -Hm ? geignit Draco, arraché à sa rêverie peuplée par deux yeux émeraude. C'est le cadeau pour la bel... Ron. -T'es vraiment con quand tu veux, tu sais ? fit Harry en souriant, levant les yeux vers lui." Une semaine. Une semaine qu'il avait désespéré de les revoir. Une semaine qu'il avait décidé qu'il ne devait plus les revoir. Et d'un accord tacite, comme s'ils l'avaient attendu depuis la nuit des temps, Draco approcha ses lèvres de celles de Harry, et la passion l'emportant sur le reste, sur ce qu'on appelait pudeur, rancoeur ou d'autres notions futiles, ils s'embrassèrent passionnément, tandis que l'horloge sonnait le nouvel an dans le hall. Pour rien au monde ils n'auraient pu passer nouvel an séparés. Chacun le savait. Alors qu'était-il besoin de le dire ? Et si c'était cela, l'esprit de Noël ? |