31 Octobre 2012
Les feuilles multicolores dansaient au gré du vent, formant des tourbillons rayonnant dans le ciel ; un tapis coloré et mouvant au sol. Les bougies au bas des portes, dans les allées, aux bords des fenêtres vacillaient tandis que les rayons dorés du soleil s'éteignaient à l'horizon ; rendant l'air tiède, comme baigné de bien-être. Dans les environs, les citrouilles défigurées avaient poussées comme les fleurs qui naissent au printemps ; rendant l'atmosphère lugubrement joyeuse. Une douce odeur de citrouilles mêlées au parfum agréable et attirante des friandises s'élevait dans l'air environnant du petit parc bordant le Square Grimmaud. Invisible, la porte du numéro 12 s'ouvrit sur une entrée sombre et sans fin, seulement éclairé par la lueur des bougies brulant au cœur des visages dessinés dans les potirons. A l'intérieur, un joyeux et incessant Brouhaha accueillit le couple aux cheveux grisonnant qui venait d'apparaître sur le seuil de la grande demeure. Des petits pas lourds et précipités résonnèrent sur les vielles et grinçantes marches de l'ancienne demeure des Black, déclenchant le cri indigné de Walburga Black tandis qu'une petite fille aux cheveux de feu se figea au pied de l'escalier avant de s'élancer à l'encontre des nouveaux venus, souriant pleinement à la femme qui lui ressemblait tant. Elle courut vers elle et vers l'homme qui l'accompagnait, sa petite voix claire s'élevant dans l'immense couloir où de nombreuses chauves-souris volaient au plafond :
- Bon'Zour Mamie, 'Jour Pépi !
- Bonjour ma petite princesse ! Sourit James Potter en la prenant dans ses bras, la faisant tournoyer dans les airs ; son rire cristallin s'élevant dans la Maison.
- Comment vas ma petite Chérie ? –Demanda L'épouse de Monsieur Potter pendant que celui-ci reposait sa petite fille à terre.
- A'bus m'as piqué mon n'attrapes Lucioles ! –bouda la fillette, croisant ses bras devant elle.
- Oh le vilain ! s'offusqua faussement James ; ce qui lui valut un coup de coude de la part de sa femme.
- Tu étais pareil ! –Rigola-t-elle.
- Non, ce n'est pas vrai ! s'indigna-t-il. Voyant le regard noir que Lily Potter lui portai, il se renfrogna et maugréa un petit « Je capitule ».
Cela amusa fortement la jeune Lily, qui, attrapant dans chacune de ses petites main celles de ses grands-parents, les attira dans la grande cuisine de la maison, sombre et bondé. En effet, d'un bout à l'autre de la pièce se tenait quantité de personne vêtus de grand draps blanc, de bandages défaits, de long chapeau pointu, de masques effrayant tandis qu'une course effréné s'élançait entre l'ainé des enfants Potter et ses jeunes cousins ; couse à laquelle se joignit la jeune Lily Potter, laissant ainsi ses grands-parents rejoindre l'assemblé. Comme à son habitude, Lily Evans-Potter rejoignit sa belle fille –Ginny- et la mère de celle-ci à la cuisine tandis que James se joignit à la conversation qu'entretenait le jeune Ted Lupin et Arthur Weasley :
- Ted –souffla le vieil homme aux cheveux grisonnants- Crois-moi, tu lui ressemble plus que tu ne le crois ...
- En es-tu certain ?
- Oui ! –Affirma James –Tu as ces yeux –sourit-il aux souvenir de son ami.
- Bien sût Ted ! Ce n'est pas parce que tu es métamorphomage que tu ne ressembles pas à ton père ! Tu sais, il n'y a pas que la ressemblance physique ...
- C'est vrai ! –ajouta Monsieur Potter – Tu as sa droiture morale, et un peu de sa sagesse.
Ted sourit et les conversations coulèrent entre eux, attirant peu à peu d'autres locuteurs. Bientôt Ginny rejoignit l'assemblé, suivit de sa belle-maman et de sa mère.
- Lily ! Lily ma chérie, vient m'aider à mettre la table veut-tu ?
- J'arrive Mamie ! – Dit la fillette en trottinant vers le buffet
- Lily ? interrogea Ginny
- Attends m'man, je mets la tab'e
La femme de l'élu regarda sa cadette, incrédule, et finit par rejoindre son mari. La jeune Lily contempla sa grand-mère, celle-ci l'aidant à compter le nombre de couverts à mettre sur la grande table qui s'était dressée au centre de la pièce. Le repas de la plus célèbre fête sorcière pu ainsi commencer, des mets plus saugrenues les uns que les autres poser sur la table, des boissons tout aussi loufoque accompagnant ce drôle de repas. Tous riaient, souriaient, parlaient à voix haute si bien qu'un joyeux brouhaha s'éleva rapidement dans la pièce et qu'il fallait crier pour se faire entendre par son voisin. Mais par-dessus cette chaleureuse rumeur, tous entendirent distinctement le petit hibou de l'horloge hululait. Les enfants se levèrent comme si ils venaient de se faire mordre le derrière par un gnome de jardin et se ruèrent dans l'entrée, attrapant divers paniers, pressant les adultes de les rejoindre. Une fois les capes mit sur les épaules, Harry Potter ouvrit la porte du 12 square Grimmaud et La jeune Lily, le petit Hugo, et leur ainés dégringolèrent les escaliers, courant déjà vers les portes voisines. Il en fut ainsi pendant près d'une heure, mais ni l'obscurité oppressante, ni le froid glacial ne dérangeaient quiconque, car tous étaient heureux. Ils étaient tous réunit ensemble, les petits bambins dont les sacs étaient rempli à rapport de confiseries trottinaient devant les adultes, souriants. Quand il fut évident que les petits paniers ne pourraient plus rien contenir de plus, il fut décidé de renter : le petit Hugo sur les épaules de son père somnolait déjà tandis que James et Albus se disputaient un paquet de chamalows. La jeune Lily quant à elle, tenait fermement la main de sa grand-mère paternelle, ses yeux à moitié clos. Malgré cela, la fillette insista pour avoir une histoire, ce que Lily Evans-Potter lui fit une joie d'accepter. Madame Potter, délicatement assise sur le rebord de l'immense lit ouvrit précieusement l'épais ouvrage que sa petite-fille avait choisi. Il s'agissait des « milles et une histoire de Merlin », un classique longtemps oublié par nombres de sorciers mais que Lily Evans avait aimé dès le premier froissement de pages. C'était il y a presque 40 ans, sur un rebord usé d'un vieux banc en bois, dans un des innombrables couloirs qu'offrait Poudlard, et pourtant elle s'en souvenait comme si c'était hier : C'est Sirius qu'il lui avait fait découvrir ce recueil de contes et tandis qu'elle le dévorait, James était venu s'assoir à côté d'elle. Au bout d'un certain temps, elle avait compris qu'il n'était pas le joueur de quidditch bouffi d'orgueil et ce soir-là, quand pour la dernière fois, il lui avait demandé si elle accepterais de devenir sa petite amie, elle était loin de se douter que ce petit « oui » l'amènerait à lire, 37 ans plus tard, jour pour jour, cette même histoire qu'elle avait interrompu à la petite fille de James Potter, sa petite fille qui plus est !
- Ma petite chérie –chuchota Lily, essuyant hâtivement ses larmes - Quel contes veut-tu que je te lise ?
- Cel'z où Mor'ane revoit son p'pa et sa maman ! Sourit la jeune fille.
- C'est une très belle histoire ma chérie –Souffla Lily Evans, commençant ainsi la lecture de ce conte où, un soir d'halloween, la jeune orpheline –Morgane- revit ses parents.
La voix douce de la grand-mère finit par vaincre les dernières défenses de la petite qui s'endormit après que quelques pages se soient tournés. Lily déposa un tendre baiser sur le front de sa petite-fille, chuchotant un « au revoir », se leva légèrement et posa alors le livre sur le vieux bureau en chêne, effleurant le bois où s'était gravé un simple mot « Maraudeurs ». Ce bureau, cette chambre, tout ici jusqu'à ce livre avait appartenu à son meilleur ami disparu, Sirius Black. Chassant la mélancolie et la nostalgie, elle se hâta de rejoindre son mari et son fils. Tous deux se ressemblaient tellement qu'elle en sourit. Le même caractère : Toujours à se fourrer dans les ennuis !
Elle s'accrocha au bras de James, lui offrant un pâle sourire. Il était presque Minuit, l'heure pour eux de rentrer. Ils saluèrent ceux d'entre eux qui étaient encore là et se dirigèrent vers la sortie, suivit de leurs fils. Le voyage ne dura qu'une seconde et quand Lily rouvrit les yeux, elle vit déjà devant elle la cape de Harry, miroitant au gré du vent. Toujours accroché au bras de son mari, celui-ci prit tendrement la main de Lily dans sienne avant de suivre le chemin sinueux que leur fils avait pris, quelques secondes avant. En quelques minutes, ils l'avaient rejoint devant ce magnifique monument blanc, cette belle sépulture où, chaque année, ils avaient maintenant l'habitude de se rendre. C'était leur petite réunion à eux trois, un moment privilégié, en quelque sorte. La main noueuse et vieilli de James se posa sur l'épaule de son fils tandis que sa Lily posait un délicat baiser sur la joue rosie de l'élu :
- Vous me manquez tellement – fit alors Harry, des pleurs étouffés dans la voix.
- Toi aussi, mon chéri. A chaque secondes de chaque journée. Sauf de celle-ci car même si ce n'est qu'une fois par ans, cette journée est la plus belle. Et tu sais pourquoi ? Tout simplement parce qu'on a la chance de la passer avec toi !
- Nous sommes là, tu sais. Et même si tu ne nous vois pas, nous sommes toujours avec toi. Dans ton cœur. –Fit tristement James.
Lily laissa échapper une larme. Tout ce que son fils voyait en ce jour, c'était la même chose que depuis des années. Il ne les voyait pas eux, car tout ce que voyait Harry en cet instant, ce n'était pas ses parents rejoindre l'Autre côté, mais seulement ces noms gravé depuis trop longtemps dans la roche blanche :
James Potter et Lily Evans Potter 30 Janvier 1960 - 27 mars 1960 31 Octobre 1981 Le dernier ennemi qui sera vaincu, c'est la mort.
L'horloge sonne le premier coup de minuit et déjà, James et Lily disparaissent dans l'ombre. Un deuxième coup et ils embrassent tendrement leurs fils. Un troisième et un quatrième s'ensuivent et toujours leurs images s'amenuisent. Un dixième coup et même la petite Lily –qui seule à les voir- n'aurait pu les distinguer. Un onzième coup, nous sommes le 31 octobre pour quelques secondes encore ...
Un douzième coup. Le temps s'est écoulé, ils se sont fanés. Comme la rose, ils ne vivent qu'une journée ; un jour d'halloween où qu'importe l'année, leur histoire continue de s'écrire sans jamais mourir ...
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