(Les personnages de Teen Wolf ne m'appartiennent pas et je n'en tire aucun bénéfice commercial.)
Même pas peur !
Stiles contemplait son écran depuis un long moment déjà, fixant une photo d’un jeune homme âgé de quelques années de plus que lui, merveilleusement musclé, merveilleusement beau, merveilleusement attirant. Merveilleusement dangereux.
Secouant la tête, il sortit de son état hypnotique. Il ne savait plus où il en était. Depuis quelques semaines, Scott sortait avec Allison et il se retrouvait assez souvent seul. Lydia avait Jackson. Oh bien sûr qu’il avait toujours le béguin pour la jolie rousse… mais depuis qu’un certain ténébreux solitaire était apparu dans leur entourage, il se posait énormément de questions sur lui-même. Sur ses préférences entre autres.
La porte d’entrée qui claqua le fit sursauter. Entendant les pas dans l’escalier, il ferma précipitamment son ordinateur. Il y avait des choses qu’il n’avait pas envie d’expliquer à son père.
« Hey, fils ! Ça va ? »
« Mouais »
Il s’était retourné pour dévisager le Shérif.
« Tu ne sors pas ce soir ? »
« Si. Avec Scott… Et Allison. Il y a une party Halloween chez Lydia »
Il avait légèrement insisté sur le prénom de la fille et si le Shérif Stilinski avait bien senti la désapprobation et le regret, il ne releva pas plus.
« Hum… d’accord… Et tu as prévu un déguisement ? Enfin je suppose que c’est… »
Son fils lui désigna du menton une housse posée sur son lit.
« Ouais, c’est déguisement obligatoire »
Le plus vieux était pour partir quand il se ravisa et fit un pas en arrière.
« Stiles ? »
« Oui p’pa ? »
« Promets-moi de rentrer directement ensuite »
Stiles l’observa, interrogatif. Son air était encore plus inquiet que d’ordinaire.
« Il se passe quelque chose ? » C’était plus une affirmation qu’une question. Argh ! Il le savait, qu’il aurait du écouter la radio de son père. Il y avait certainement une enquête intéressante en cours.
D’un geste évasif, celui-ci éluda la question.
« Non… Ne t’en fais pas… Ne fais juste rien de stupide ce soir. Avec la pleine lune, j’ai déjà bien assez d’appels tous aussi stupides les uns que les autres, c’est tout. »
…
Stiles, adossé à un pilier, leva un verre à sa bouche. Grimaça au goût d’alcool. Pas qu’il buvait habituellement, mais là il déprimait grave et ne savait plus trop à combien il en était. Juste assez en tout cas pour pouvoir supporter sa vie navrante. Ses yeux passaient de Scott et Allison au couple formé par Lydia et Jackson. Il avait mal de les regarder. Il se sentait si seul. Entouré d’adolescents qui s’amusaient. Contrairement à lui.
D’un côté son meilleur ami le délaissait pour être avec sa petite amie. De l’autre, celle qui devait le devenir, Lydia, semblait ne devoir jamais s’apercevoir de son existence !
Et puis il se sentait ridicule dans son costume. Pourtant au départ, cela lui avait semblé une bonne idée, qui plus est très drôle. Baissant les yeux, il détailla ses vêtements et le panier qu’il avait posé à ses pieds. Le petit chaperon rouge ! Quelle ironie !
Ses yeux dérivèrent de nouveau vers Scott qui rayonnait, vêtu du costume du meilleur effet. Un loup garou ! Sauvage. Viril. Attirant. A l’opposé de lui-même. En même temps, qui aurait pu deviner que son ami n’avait guère besoin de ses artifices ? Hormis lui et les quelques autres personnes concernées par les derniers évènements qui étaient venus troubler leur petite ville tranquille, bien sûr !
Lydia venait de s’enrouler voluptueusement autour de Jackson. Elle était éclatante de beauté. La perfection à ses yeux. Son cœur lui fit si mal à cet instant, en réalisant que jamais il n’aurait la chance d’avoir cette fille dans les bras. Pas de la même manière que l’autre garçon la tenait. Non, lui il était le brave pote dont on se souvenait de l’existence dans la tourmente, dans les moments de chagrin intense. Pour qu’il joue les ours en peluche qui câline et réconforte.
Attrapant d’une main son panier et posant d’un geste brusque son verre sur une table, il se fraya un passage déterminé à travers la foule de lycéens.
« Eh ! Stiles ? Tu viens danser ? »
Danny venait de l’interpeller. Celui-ci dansait collé serré avec son partenaire. « Son » oui, parce que lui assumait son orientation. Assurément, il était gay et ne se posait pas une tonne de question comme lui-même.
Il ne répondit même pas à cet appel et son ami haussa les épaules, reprenant sa danse effrénée.
…
Mais qu’est-ce qui l’avait poussé à venir jusque là ? L’alcool ? Déjà, si son père lui tombait dessus alors qu’il avait pris le volant dans cet état… Il tentait de rassembler ses pensées qui partaient dans tous les sens.
La forêt lui parut effrayante. Les ombres s’étiraient et le silence était oppressant. Seul le bruit de ses pas sur les feuillages résonnait étrangement à ses oreilles. Il n’avait vraiment aucune idée de ce qu’il venait faire là. Une attraction irrépressible. Un besoin. Fuir.
Il n’appartenait à personne. Personne ne se souciait de lui. Sauf son père bien évidemment, mais cela ne comptait pas à cet instant. Il avait envie… D’autre chose, d’une relation plus… quelque chose de… Arf… il ne parvenait pas à se concentrer et organiser ses idées.
Un craquement près de lui le fit sursauter violemment. Stiles n’était pas un couard, mais ne possédait pas de supers pouvoirs comme Scott ! Aussi, la peur l’étreignit et il força un peu la cadence en entendant un deuxième bruit aux alentours. Il ne voyait pas très loin et se prit le pied dans une racine avant de s’affaler et de s’ouvrir légèrement le front.
« Merde !! »
Il porta une main à son front et un nouveau bruit suspect le fit se relever. Cette fois, il avait bel et bien l’impression que quelqu’un ou quelque chose le suivait de près. Il se mit à courir, sans avoir lâché son panier pour autant.
C’est ainsi qu’il se trouva quelques secondes plus tard devant la grande bâtisse abandonnée. Délabrée la décrivait également très bien. Il stoppa sa course devant la porte d’entrée.
Avec ironie, il la contempla.
« C’est bien le seul endroit et la seule personne que je souhaitais voir ! » Marmonna-t-il entre ses dents.
« Alors qu’est-ce que tu fous là ? »
Sursautant, l’adolescent tourna vite la tête vers le son de la voix et perçut la silhouette adossée au mur, un peu plus loin. Son cœur tambourina sourdement, entre la perception de la dangerosité de l’individu et la surprise de le voir apparaître si soudainement. Il devrait être habitué pourtant. Derek Hale, grand loup-garou et alpha de la meute, était pour le moins passé maître dans l’art de le surprendre, toujours dans une position embarrassante. Comme lorsqu’il passait sa fenêtre en pleine nuit alors qu’il était en caleçon et câlinait ses draps comme un doudou.
Face à lui, il perdait toujours son côté hyperactif tant dans les gestes que dans les paroles. Il était le seul qui parvenait à le canaliser ainsi. Oh, il réussissait encore à le saouler par ses propos inutiles et inintéressants, mais il suffisait que Derek gronde et Stiles stoppait net.
« Euh… trick or treat ? »
Le plus jeune leva son panier vide, plaquant un faux sourire sur ses lèvres, alors qu’à l’évidence il crevait de trouille.
Le regard fixe et froid de Derek se durcit. Son sourcil s’arqua. Il le dévisagea de haut en bas, très lentement, avisant chaque détail du costume enfantin qu’il portait. Stiles se sentit rougir. Il ne se trouvait pas très mature et viril à cette seconde et le fait que l’alpha transpirait la sensualité, même avec son air de tueur en série collé à la figure, ne l’aidait pas à se sentir à son avantage.
Puis rapidement, Stiles se trouva plaqué dos au bois, le métamorphe collé aussi près que possible contre lui. Deux paumes posées au battant encadraient le visage de l’adolescent, tremblant. Cette fois, le panier vide était renversé à terre.
« J’ai bien une ou deux sucreries en réserve… mais je crois… que tu n’es pas encore prêt pour celles-là ».
Stiles rêvait ou bien quoi ? Derek venait bien de lancer une boutade… légèrement indécente ?
Les yeux si clairs de l’homme ne se détournèrent pas de ceux de sa « victime », quand il donna un léger coup de bassin et le plus jeune rougit encore plus si cela était possible. Il se moquait carrément de lui, il en était sûr. Derek se mit à le renifler comme un vulgaire os à grignoter, alors qu’il ne parvenait ni à bouger ni à trouver une de ces fameuses réparties.
Quand il put voir de nouveau son visage, il s’était transformé et le scrutait de ses yeux rouges. Ses crocs étaient bien visibles et menaçants. Stiles déglutit difficilement et se pressa un peu plus à la paroi. Doucement, d’un doigt, Derek vint essuyer la plaie de son front et l’amena à ses lèvres. Hypnotisé, l’humain observa la langue qui vint goûter sensuellement l’hémoglobine sur l’index. Le lycanthrope laissa échapper un grognement que Stiles ne sut déchiffrer. Il était à la fois terrifié, à la fois désireux et il humidifia inconsciemment sa lèvre inférieure. Son souffle se fit irrégulier.
Et quand la langue du jeune homme vint lécher son cou, là, juste où la veine palpitait, il se sentit partir. Son sang bouillonnait et son cœur fit des ratés. Il réalisa qu’il avait trouvé sa place dans ce monde. Ici, dans les bras sécurisants de l’alpha. Alors s’il devait le mordre… il poussa sa tête un peu plus sur le côté, lui laissant plus de champ pour la manœuvre qui consistait à le croquer violemment. Qu’il fasse de lui un de ses louveteaux.
Le merveilleux sourire humain de Derek réapparut. Il n’avait perdu aucune miette du trouble du fils Stilinski. Très lentement, il s’éloigna de lui en reculant, mettant ses mains dans ses poches.
« Deux ans, Stiles. Je te laisse encore deux ans… et je te ferai voir le loup. Pour de vrai. »
Jamais le jeune Stilinski n’avait couru aussi vite de sa vie dès lors que l’alpha l’avait relâché. Il avait sauté dans sa Jeep. Dégrisé, il avait conduit comme un automate jusqu’à chez lui, pour s’enfermer dans sa chambre. Sa fenêtre était entrouverte, laissant passer la fraîcheur de la nuit.
Enfoui sous ses draps, son esprit s’emballa de nouveau et toutes ses pensées décousues revinrent à la charge. Avec une différence ou deux. Il était encore plus confus sur ses sentiments. Il lui semblait pourtant que Lydia passait au second plan dorénavant. Et qu’un autre sentiment avait pris le pas sur la peur.
Dans son lit, cette nuit, c’est à une personne de la gent masculine qu’il va penser en fermant les paupières, tandis que sa main se faufilera un peu plus bas. Tandis que ses lèvres qu’il aura mordillées sous le plaisir laisseront échapper son prénom. Dans un murmure tout d’abord, puis dans un cri rauque.
« Derek, Dereeeeek »
Au loin, en réponse, s’échappe un hurlement de loup du fond du bois.
FIN |