Les personnages sont de JKR, comme toujours (soupir...), mais l'histoire, c'est la mienne !
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Que m'as-tu fait ? Dis, que m'as-tu fait Potter ?
Avant de te rencontrer de nouveau sur le quai de cette gare, je vivais une existence tranquille au sein de ma famille.
J'avais une femme magnifique que j'ai aimée sincèrement, un enfant qui marche sur mes traces, beau, grand, intelligent, et une demeure qui sied à mon rang dans la haute société. J'étais -et suis toujours- respecté, admiré, envié, voire même haï. Les taches attachées à mon nom suite à la guerre engendrée par ce fou de Vous-Savez-Qui avaient peu à peu disparu, me laissant les mains libres pour me faire une place de choix dans le milieu des affaires, où j'avais pris la suite de mon père avec un succès inégalé.
Bref, j'avais tout pour être heureux.
Jusqu'à ce jour où mon regard a croisé de nouveau le tien.
Ton regard, je n'ai jamais pu l'oublier.
Six années à le chercher, l'espionner, le faire flamber de rage et de mépris. Six années de gloire et d'enfer. La chute de l'ange maudit. Je me sens plus proche du Lucifer des moldus, rejetté par son Dieu, que de leur Yahvé. Comme lui, j'étais dans les sommets au dessus du monde, et comme lui, je me suis fracassé.
J'ai été renié par mes pairs pour avoir obéi à un fou sanguinaire.
Moi, amer ? Non ! Juste toujours écoeuré, 23 ans après, que l'on choisisse de continuer à faire porter sur les épaules de ceux qui n'étaient que des enfants le fardeau de choix qui n'en étaient pas. Chacun d'entre nous a été jugé pour les actions qu'il avait commises, sans savoir si nous avions eu la possibilité de ne pas agir.
Tu sais que je n'avais pas choisi de tuer ce vieux fou de Dumbledor. Je le détestais, c'est d'accord, mais de là à le tuer...
Je voulais sauver mes parents de la folie destructrice de Voldemort, je voulais redorer auprès de lui l'honneur de ma famille, je voulais être admiré par mes camarades pour l'importance de la tâche à accomplir. Mais je ne voulais pas cette fin.
Je n'ai finalement réussi qu'à aggraver le ressentiment du mage noir contre mes parents, à faire des cauchemars qui me hantent encore, à me faire juger pour tentative de meurtre et à être sauvé par Saint Potter au nom d'une dette de sang que tu aurais contracté vis-à-vis de moi. Eh oui ! J'ai été un héros moi aussi : je ne t'ai pas dénoncé quand je t'ai reconnu alors qu'on venait de te traîner avec la belette et Granger dans notre manoir !
Ton regard m'a balancé tous ces souvenirs en pleine figure en un instant.
Et pourtant, il n'y avait plus de rage, de haine ni de folie entre nous. Nous étions devenus deux adultes qui accompagnaient leurs enfants au train qui les mènerait dans cette école qui fut notre maison pendant des années.
Au plus profond de moi, je te remerciai silencieusement de nous avoir permis de vivre ce moment, car je sais que sans toi, sans ton courage ni ton obstination à poursuivre ta quête jusqu'à ta propre mort, le Lord Noir aurait vaincu et le monde aurait été perdu.
Ne rougis pas, je te fais des compliments. Eh oui ! Les miracles existent ! Le grand Drago Malefoy encensant notre Sauveur Bien Aimé !
Que m'as-tu fait ? Dis, que m'as-tu fait Potter ?
Je sais que les miracles existent depuis que nous nous sommes recroisés un peu plus tard à cette compétition de Quidditch au mois de mai. Il faisait beau, et encore une fois, tu avais toute une horde de journalistes à tes trousses. Je t'avais trouvé par hasard, près des vestiaires des Serpentard, essayant de te cacher maladroitement derrière des buissons. Tu m'as fais penser à un petit chien perdu. Tu avais l'air apeuré, et j'ai vu dans tes yeux l'ombre d'une légère panique lorsque tu m'as aperçu. Tu as dû croire que, comme au temps de Poudlard, j'allais profiter de cette situation pour t'enfoncer.
L'idée m'en a effleuré... Un réflexe , que veux-tu...
J'avoue que j'ai été très flatté du regard reconnaissant que tu m'as lancé lorsque je t'ai ouvert la porte de nos vestiaires. Tu m'as remercié comme il se doit entre gentlemen bien éduqués. D'ailleurs si tu ne l'avait pas fait, je crois que j'aurais laissé échapper un sonorus bien senti révélant l'endroit où tu te trouvais...
Je ne sais toujours pas pourquoi je t'ai proposé de te lancer un sort de camouflage. J'ai eu simplement envie de t'avoir un peu près de moi, peut-être pour me rappeler un instant notre enfance, qui fut pour moi si agréable jusqu'à Voldemort.
J'avais l'amour de mes parents, la classe d'un aristocrate de haut rang, une fortune écrasante et l'assurance d'un avenir brillant. Ne me manquait que ta notoriété.
Mais je ne te l'envie même plus.
Oui, je l'avoue, adolescent, j'aurais tué pour avoir ta renommée. J'ai bien failli le faire d'ailleurs. Bref, oui, je t'enviais. On t'entourait, on t'admirait, on voulait tout savoir de ta vie et de tes avis. Et toi, tu te défilais constamment, empoté et maladroit devant quiconque te posait une question.
Mais aujourd'hui, cette folie te poursuit encore.
Pas une sortie au restaurant avec ta charmante famille qui ne soit rapportée dans les journaux, pas une phrase qui ne soit commentée comme s'il s'agissait d'une parole d'évangile, aucune vie privée possible. Donc non, je ne t'envie plus. La surveillance constante, je l'ai vécue d'abord avec Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, puis avec les aurors pendant près de 10 ans pour s'assurer de la sincérité du repentir des Malefoy.
C'est peut-être à cause de cela que je t'ai aidé à échapper à tes poursuivants.
Puisque j'avais lancé le sort, j'étais celui qui devait le défaire, alors tu es resté avec moi pour regarder le match. Moment incroyable : les deux pires ennemis, côte à côte, et encourageant la même équipe !
Nous n'avons que peu parlé finalement, nous contentant la plupart du temps d'observer et d'apprécier le spectacle, mais j'ai vu ton regard comme je ne l'avais jamais vu. Il avait une petite flamme de plaisir, de bonheur, et tes sourires n'étaient adressés qu'à moi. Des sourires sincères ! Je t'ai découvert comme je n'avais jamais eu l'occasion, ni même l'envie de le faire. Et tant pis si ce n'était pas ton vrai visage que je voyais. C'était comme si nous ne nous étions jamais rencontrés réellement auparavant.
Tu es un vrai Gryffondor, Potter : tu crois en la bonté des gens et tu es prêt à faire confiance à tous ceux qui te paraissent sympathiques. Note que je suis très fier que tu m'aies accordé cette confiance. Il est vrai que je n'avais plus de haine contre toi, et que le moment de plaisir était partagé.
Nous avons passé deux heures comme cela, l'un à côté de l'autre, échangeant des banalités, comme si nous avions peur de briser un équilibre fragile qui commençait à s'installer tout en cherchant comment prolonger cet instant.
Ce fut assez déstabilisant. Je n'ai pas l'habitude de me sentir intimidé par qui que ce soit. Et voilà que toi, tu réussissais en une après-midi ce que tu avais été incapable de faire en six ans.
Que m'as-tu fait ? Dis, que m'as-tu fait Potter ?
À la fin du match, nous avons transplané dans un endroit tranquille, près d'un lac aux abords du stade. J'ai levé le sort et je t'ai alors revu tel que je te connaissais. Tes cheveux étaient un peu plus ordonnés qu'à l'adolescence, les traits un peu plus marqués par le passage du temps, mais tes yeux, tes yeux avaient toujours cet éclat de bonheur que je ne leurs connaissais pas. Puis nous nous sommes séparés, chacun retournant dans sa famille.
Deux semaines ont passé, ton souvenir s'effaçant peu à peu devant le quotidien. Nous nous sommes alors recroisés à une soirée de Gala organisée par le ministère. Tu étais là en tant que Sauveur et moi en tant que mécène. Le monde sorcier l'ignore, mais mes entreprises versent une partie de leurs bénéfices à une fondation s'occupant des orphelins de la guerre. Tu as eu l'air surpris de me voir et lorsque tu as su à quel titre je me trouvais là, j'ai eu l'impression que tu regardais un héros ! Il en faut si peu pour t'impressionner. Il est vrai que le montant de mes dons n'est pas négligeable, mais en rien comparable à ma fortune personnelle. Bien sûr, je n'allais pas t'expliquer cela, tu avais l'air tellement heureux de me découvrir une qualité méconnue. J'avoue que ton sourire m'a fait fondre.
C'est à partir de ce soir là je crois, que nous avons commencé à rechercher la présence l'un de l'autre.
J'ai tout d'abord été flatté de t'intéresser autant. Tu me posais des questions sur moi, ma famille, ce que j'avais vécu depuis la fin de l'école. Moi bien sûr, je n'avais pas besoin de te demander tout cela, je savais tout de toi par les journaux qui relataient chacun de tes faits et gestes.
Non, je n'ai jamais cherché à tout savoir de toi ! Tu n'es pas le nombril du monde ! Simplement, on ne peut pas ouvrir une gazette sans avoir de tes nouvelles. Pas ma faute si je lis pour me tenir au courant des actualités...
Et puis, petit à petit, nous nous sommes mis à parler de tout et de rien, mais il y avait comme une douceur dans ton attitude qui n'était pas habituelle. Enfin, pas habituelle envers moi, je veux dire. J'ai alors soudain eu l'impression que tu étais ouvertement en train de me draguer gentiment. Toi, la fidélité incarnée, celui que toute personne en âge de copuler désire, tu me draguais !
Comme toi, je n'ai jamais été attiré par les hommes, tu sais. Je préfères les courbes féminines. Alors j'ai tout d'abord été simplement surpris. Et puis conquis.
Tu avais l'air toujours aussi gauche qu'à l'époque de Poudlard. Tu faisais des efforts pour paraître sûr de toi, discret dans tes questions qui se faisaient de plus en plus intimes, et tu ne t'apercevais même pas que ton manège était clair comme de l'eau de roche. Il est vrai que j'ai toujours su lire en toi comme dans un livre ouvert. L'apanage des Serpentard : deviner les pensées de l'autre afin de devancer son action, et tout cela sans qu'il ne s'en rende compte. Alors, un coup d'oeil légèrement appuyé et prolongé par ci, un verre de champagne offert par là sous prétexte d'aller discuter plus calmement dans le parc, et hop, emballé le Sauveur ! Un coup de maître ! Et je ne pouvais même pas m'en vanter : j'étais prisonnier de ton regard, de ta voix, de ta présence. Je n'avais qu'une envie : être seul avec toi.
Lamentable et pathétique !
Que m'as-tu fait ? Dis, que m'as-tu fait Potter ?
Cette soirée est un des moments les plus précieux de mon existence.
Nous avons simplement discuté, mais tout en toi disait ton désir. Et j'ai honte d'avouer que malgré la maîtrise que j'ai mon apparence, il ne devait pas être difficile pour un observateur de deviner que j'étais dans le même état.
Ne nous manquait que le petit filet de bave à couler au coin de la bouche. Beurk, ignoble !
Nous avons commencé à échanger une correspondance de plus en plus soutenue. À tel point que nos hiboux ont développé une musculature et une endurance impressionnantes. De vrais marathoniens des airs.
Mais le jour où tu m'as proposé un pique-nique au lieu d'un rendez-vous dans un café, j'ai su que j'étais cuit.
Nous nous tournions autour depuis quelques semaines. Des rencontres faites de frôlements, sourires, regards en coin, mais aucun n'avait osé franchir le pas. Et là, tu me proposais de nous retrouver en tête à tête dans un endroit isolé, chacun d'entre nous avec une excuse bidon à notre absence vis-à-vis de nos familles.
Lorsque j'ai reçu ton message, j'ai ressenti une grande joie, un immense désir de toi et une angoisse, sachant que notre histoire ne pourrait durer éternellement sans fracasser nos vies. Et j'ai pourtant souhaité la vivre, cette histoire, j'ai eu envie de tenter l'expérience, même si elle allait me coûter tout ce qui a fait mon univers jusqu'à présent.
Que m'as-tu fait Potter ? Dis, que m'as-tu fait ?
Tu m'as avoué plus tard que tu avais eu une trouille comme tu n'en avais pas eu depuis longtemps, après m'avoir écrit. Tu étais persuadé que je dirais non. Et quand tu as vu que j'avais accepté, tu as ressenti la même joie que moi. Nous savions que nous jouions avec le feu, mais une force plus forte que nous nous poussait à continuer. Et Merlin que c'était bon ! L'impression de planer sans même l'aide d'un balai, la sensation d'être invincible et maître du monde. Car le monde se résumait à nous. Rien d'autre ne comptait, surtout pas nos conjointes ni nos enfants. Que cela me fait mal pour eux de dire ça, mais je ne regrette rien.
Tu m'avais dit que tu t'occupais de tout pour le pique-nique. J'ai aimé cet esprit chevaleresque typique de ta maison. Et j'ai été tout attendri en voyant tout ce que tu avais fait. Tu étais rentré ce midi-là chez toi un peu en avance après avoir travaillé, afin de prendre notre repas sans que ta belette le remarque. Tu étais reparti tout aussi rapidement après t'être changé pour te faire beau, sous les regards médusés de tes enfants qui ne comprenaient rien. Et j'ai ri intérieurement en voyant que tu avais prévu un repas pour au moins quatre. D'autant plus que nous étions dans un tel état de nervosité et d'attente que ni toi ni moi n'avions faim...
Tu voulais que tout soit parfait pour m'impressionner.
Tu n'en avais pas besoin, tu sais. C'était déjà dans la poche.
Mais ça, je ne te l'ai pas dit...
Nous avons discuté, nous rapprochant petit à petit, laissant les silences s'installer parfois, pour mieux se regarder. Et puis, tu as pris ton légendaire courage de Gryffon à deux mains et tu t'es penché vers moi, m'embrassant avec une fougue et une intensité que je n'avais jamais connues.
Quoi qu'on en dise, j'ai eu très peu de partenaires dans ma vie, et j'ai rarement aimé leur façon d'embrasser. Seule ma femme m'avait fait frissonner dès le premier baiser. Il était si doux, si tendre.
Il était parfait pour elle.
Mais il n'était en rien comparable à celui que tu me donnais : possessif, intrusif, violent , érotique. Me laissant essoufflé, frissonnant et émerveillé.
« Waouu », est la réplique culte que tu m'as lancée quand nous nous sommes séparés pour reprendre notre souffle. Les Gryffondor ne sont pas particulièrement connus pour l'étendue de leur vocabulaire...
Mais c'était le mot exact. Rien d'autre à ajouter.
Nos langues avaient dansé ensemble, nos mains avaient exploré la nuque et le dos de l'autre, nos corps s'étaient enlacés comme s'ils ne faisaient plus qu'un.
Jamais, jamais je n'ai connu une telle sensation. La sensation d'être enfin vivant. À ma place. Près de toi.
Nous nous sommes de nouveau embrassé, à en perdre haleine, nos mains cherchant à découvrir le corps de l'autre. Étrangement, alors que tu te délectais de l'exploration de mon corps si parfait, tu te dérobais chaque fois que je frôlais une certaine partie de ton anatomie... Je sais que tu avais peur, tu mourrais de désir et d'envie, mais tu n'étais pas prêt à aller plus loin. Je devais d'abord t'apprivoiser.
En bon Serpentard que je suis, je savais comment t'amener là où je le voulais, avec juste un peu de patience.
Et de la patience, j'en ai à revendre. Elle a été la base de mon éducation avec l'observation et le décodage des attitudes des autres afin de mieux les manipuler. Donc ne m'en veut pas, mais il est impossible pour moi, même dans les situations chaudes et bouillantes comme celle où nous nous trouvions, de déconnecter mon cerveau qui continuait à nous regarder agir comme s'il était une personne extérieure. Et crois moi, il appréciait ce qu'il voyait !
Je me serais fait du chantage à moi même avec ce à quoi il a assisté...
Que m'as-tu fait Harry ? Dis, que m'as-tu fait ?
Je sais que tu me pensais beaucoup plus expérimenté que toi, car je t'avais avoué avoir trompé ma femme une fois. Alors, tu as cru que j'étais un grand séducteur, qui avait le monde à ses pieds et une maîtrise parfaite de ses sentiments et de ses actions. J'ai eu beau essayer de te faire comprendre que j'étais loin d'être l'adonis que tu croyais, le bourreau des cœurs que tu imaginais, tu n'arrivais pas à envisager un seul instant que je puisse être aussi perdu, étonné, et apeuré que toi par ce qui nous arrivait.
La différence entre toi et moi est que mes sentiments ne m'ont jamais rendu aveugle. Merci Papa ! Je suis toujours resté lucide quoi qu'il soit arrivé. Alors à cet instant présent, je savais parfaitement que nous venions de mettre un pied en enfer.
Mais cet enfer avait un tel goût de paradis, qu'il était hors de question de faire demi tour.
Nous avons commencé à nous voir clandestinement, dans des endroits isolés, en forêt, dans des petits chemins, mais aussi au grand jour, dans des endroits que nous ne fréquentions ni l'un ni l'autre, et bien sûr avec des sorts de camouflage. La presse se serait fait un plaisir de nous mettre en première page.
Ma femme était souvent absente, participant à des clubs divers et variés avec ses amies, et mon fils était grand. Personne ne remarquait vraiment mes absences. Je faisais attention à ce que nos horaires soient compatibles avec des sorties que je faisais auparavant. Mais toi, tu étais tellement « amoureux » que tu ne voyais plus que moi. Tes excuses étaient totalement irréelles et pourtant, ta Belette ne faisait aucun commentaire, aucun soupçon ne venait lui effleurer l'esprit !
Tu as eu de la chance qu'elle soit Gryffondor et qu'elle ait donc eu une confiance absolue en toi. Aucune Serpentard ne serait tombée dans le panneau.
Quoi qu'il en soit, tu t'échappais quand tu le voulais, sous n'importe quel prétexte. Et tu ne comprenais pas que je ne puisses pas faire pareil...
Merlin sait que j'ai essayé de t'ouvrir les yeux sur la réalité de notre situation, sur le fait que nous avions des familles, que notre relation comportait des risques. Il n'y avait rien à faire. Tu étais entêté dans ton obstination à me voir tous les jours où presque. D'un autre côté, j'avais autant besoin que toi de ces moments volés, de ces promenades, l'un à côté de l'autre, de ces discussions à n'en plus finir, de nos caresses et nos baisers de plus en plus passionnés et sensuels.
Plus nous passions des moments tous les deux, plus nous en voulions. Ce terme "vouloir" est mal choisi, car ce n'était pas une volonté, mais un besoin. J'aurais dû dire : plus nous partagions des moments tous les deux, plus nous en avions besoin d'autres.
Notre première fois n'a pas été à la hauteur de mes espérances - pardonne moi de te l'avouer - même si elle n'a pas du tout été désastreuse, je te rassure ! Mais disons qu'elle n'a pas été aussi naturelle et détendue que je l'aurais souhaitée. À cause de ma peur, je pense. Ce n'est pas que tu n'aies pas été bien, au contraire, mais comme tu étais encore plus intimidé que moi, tu attendais que je prenne les initiatives, puisque moi « j'avais de l'expérience » comme tu me le rabâchais.
Je détestais quand tu me disais ça. J'avais la sensation d'avoir passé mon temps à trahir ma femme. D'être un homme immonde. Mais je sais que c'est la peur de ne pas être à la hauteur qui te faisait parler.
Donc pour notre première fois, j'ai eu l'impression de te sauter dessus. Que j'ai dû être gauche et maladroit ! Un vrai ado à sa toute première fois. Ce qui était tout de même le cas en matière de relation masculine, d'ailleurs.
Cela faisait déjà un mois que nous sortions ensemble. Un mois de bonheur.
Le cadre était idyllique certes : un petit bois tranquille.
Mais on oublie que par terre, dans les petits bois, il y a des épines, des feuilles qui grattent et tout un tas de petites bêtes qui piquent. Sans compter d'éventuels promeneurs imprévus. Cela n'aide pas à la relaxation, à la détente et au lâché-prise...
Pour la fois suivante, je t'ai donc emmené dans l'un de mes bureaux déserté par mes employés. Et là, là j'ai vraiment compris ce que c'était que de faire l'amour avec toi.
Une osmose parfaite des corps, un désir intense qui se renouvelait sans cesse, l'envie de m'entendre crier et te voir te perdre en moi.
J'aimais sentir tes mains sur moi, j'aimais toucher ta peau, t'embrasser jusqu'à en perdre le souffle. Tu me faisais me sentir tellement vivant, entier. Et quand tes mains me touchaient, me caressaient, quand ton regard changeait tout-à-coup pour se charger de désir, quand tu perdais petit à petit le contrôle de toi-même, tes doigts se faisant plus pressés, ta bouche parcourant tous les espaces à sa portée, quand ton souffle s'accélérait et que tu ne retenais plus tes gémissements, alors à ces moments là je me sentais comblé comme jamais.
J'aime atteindre l'orgasme bien sûr, mais sentir ton plaisir monter et te voir perdre tes moyens dans la jouissance est presque meilleur. Je suis alors envahi par une vague de bonheur, de puissance et de victoire indescriptibles. Tu me possèdes, mais c'est moi qui te fais rendre les armes.
J'ai aimé chaque instant où nous avons fait l'amour, même si techniquement, nous ne sommes pas arrivés jusqu'au bout à chaque fois. Cela m'est égal, le bonheur de ces moments là est inégalable et sans comparaison.
Je t'aime.
Que m'as-tu fait, Harry ? Dis, que m'as-tu fait ?
Sais tu que ton regard et ton sourire changent quand le désir monte en toi ? Ta femme connait-elle ce regard ? Je me plais à penser qu'elle l'a connu, mais ne l'a plus revu depuis longtemps...
Je suis sadique ? Non, jaloux, jaloux à en crever.
Jaloux comme je n'aurais jamais pensé l'être. Tu me fais mal comme personne n'a pu le faire auparavant. Ton absence me ronge et me dévore. Je te veux et je ne t'aurais sans doute jamais auprès de moi. Nous sommes condamnés pour nous être aimés. Je reste seul avec nos rêves, nos promesses et nos début de projets.
Il y a deux souvenirs marquants qui me reviennent en mémoire.
Le premier était en fin de matinée. Je sortais d'une réunion. Tu es venu me chercher et m'a fait transplaner chez les moldus, sur une colline coiffée d'une église. Au pied de cette colline coulait un fleuve, tranquille et sauvage. Nous étions seuls. Nous nous sommes assis sur un banc, toi contre moi, enlacés comme deux amants, et nous sommes restés là pendant une heure, laissant par moments des silences s'installer.
Ces silences nous parlaient d'amour mieux que tous les discours que nous aurions pu avoir.
Le second souvenir était tard le soir. Je revenais d'un entrainement de Quidditch et tu m'avais persuadé de venir te voir chez toi ensuite, arguant du fait que ta femme se couchait et s'endormait tôt.
Que ne m'as-tu pas fait faire ? !
J'ai donc transplané dans ta rue. Je ne pouvais pas le faire jusque chez toi, ta maison étant bardeé de sorts divers et variés pour éviter toutes sortes d'intrusions, autant malveillantes que déplacées. J'en a donc été réduit à jeter des cailloux à ta fenêtre, tel un chevalier courtisant sa belle, ou un ado boutonneux essayant de trouver une femelle qui le laisserait la tripoter.
Si tu le permets, nous garderons l'image du chevalier...
Donc, tu m'as ouvert précautionneusement une fenêtre que je me suis empressé d'enjamber. J'ai découvert un petit bureau dans lequel se trouvait un canapé que tu avais converti en lit. Tu m'as dit que ta femme était malade depuis une semaine et que tu avais pris ce pretexte pour faire chambre à part... Que ne faut-il pas entendre des fois !
Mais je n'allais pas me plaindre, d'autant plus que tu avais eu visiblement le bon goût de changer les draps.
Tu m'as d'abord conduit dans une petite salle de bain attenante, où j'ai pu profiter d'une douche bienvenue, surtout après mon entraînement. Je sais que tu aimes quand je suis viril, mais il n'en faut pas de trop non plus. Tu t'es dévoué pour n'oublier aucun endroit de mon corps avec ton savon. Je ne sais absolument plus comment il était. Tout ce dont je me rappelle, ce sont tes mains qui me parcouraient et m'échauffaient encore plus que les deux heures de Quidditch que j'avais pourtant effectuées avant.
Et puis, tu m'as emmené dans ton lit.
Quand tu m'as ouvert les draps, j'ai eu l'impression d'être la chose la plus précieuse au monde, une vraie princesse. J'en suis encore émerveillé.
Ce geste-là, je ne me souviens pas que quelqu'un l'ai fait pour moi, et jamais avec ce regard là. Je ne savais même pas qu'il pourrait me toucher autant.
Tu as pris soin de moi, comme si je risquais de me casser au moindre faux mouvements.
Enfin, au début, parce que rapidement, nos corps en ont réclamé beaucoup plus. Pour la première fois, nous étions dans un vrai lit, dans une vraie maison. Cela paraît sans doute ridicule à dire, mais c'était tellement important. Nous n'avons connu que des moments volés, des moments où l'on devait surveiller l'heure, faire attention au temps qui passe et aux alentours, étant la plupart du temps dans la nature. Bien sûr, ce stress est délicieux et pimente plus qu'agréablement une partie de jambe en l'air. Mais j'avais envie de connaître autre chose. Je t'aimais et j'en voulais plus. Je voulais faire vraiment l'amour, comme chaque personne qui s'aime devrait avoir le droit de le faire.
Cette nuit là nous devions faire attention à l'heure, mais nous vivions ce qui, pour nous, se rapprochait le plus d'une relation ordinaire. Quoi que : ta femme dormait dans la chambre au dessus du bureau. C'est pourquoi je me suis retenu de crier lorsque j'ai joui, pour ne pas la réveiller.
Mais savoir qu'elle dormait au-dessus à beaucoup fait grimper mon plaisir.
Et c'est de te voir, ta bouche sur mon sexe en sachant ta rouquine si proche qui a provoqué mon orgasme.
Je te choque ? Il ne faut pas. L'imaginaire fait parti du jeu. Et je ne te croirais pas si tu me disais que la situation ne t'avait pas excité...
Que m'as-tu fait Harry ? Dis que m'as-tu fait ?
Ta femme était aveugle, mais pas la mienne. Elle s'est rendue compte au bout de quelques mois qu'il y avait quelque chose dans louche dans mes absences répétées. En bonne Serpentard qu'elle a toujours été, elle a découvert notre relation. Elle ne m'a pas intimé l'ordre d'y mettre fin en me menaçant, elle savait par avance que ma réaction aurait été proportionnelle à la menace, et qu'elle risquait de me perdre. Elle a essayé de me persuader d'abandonner cette « aventure », qui était bien plus que cela pour moi. Quand elle a vu que je ne le pouvais pas, elle m'a demandé de prendre de l'aide auprès d'un psychomage pour déceler ce qui n'allait pas dans notre relation.
Je l'ai fait, pour comprendre ce que je savais déjà : j'aime ma femme, mais plus en tant que compagne. Je l'aime beaucoup, mais dans un couple, le beaucoup est de trop.
Après deux mois de thérapie, deux mois à la voir se décomposer de plus en plus en comprenant que le résultat risquait d'être l'inverse de ce qu'elle avait espéré, j'en étais parvenu à la conclusion que je devais lui parler et que nous devions nous séparer elle et moi. Même si toi et moi ne pouvions pas vivre encore ensemble. Tu m'avais toujours dit que tu avais souffert de ton enfance et que tu voulais être là pour tes enfants, pour le moment. Je sais qu'au fond de toi tu souhaitais être pour eux le père que tu n'avais pas eu.
Mais je n'avais pas prévu l'intensité de ta réaction lorsque ta femme découvrirait que tu avais un amant. Je savais que tu prendrais dur, et j'avais essayé de t'ouvrir les yeux sur ce qui risquait de t'arriver. Mais ça a été pour toi pire qu'un tsunami, car malgré mes mises en garde, tu n'avais jamais ouvert les yeux sur les dégats que tu allais causer à ta famille. Et tu n'as pas su les gérer ni les accepter.
La seule chose positive, c'est que ta femme a découvert notre relation juste avant que je ne parle à la mienne.
Ta Belette a refusé que tu me revois bien sûr, mais aussi que tu me reparles. Elle surveillait tous tes déplacements, y compris à ton travail au ministère, tes horaires le matin, le midi et le soir. Et si elle n'était pas là, tes enfants prenaient le relais.
Et toi, tu étais tellement secoué, traumatisé de faire autant de mal, que tu disais amen à tout.
Le premier mois, nous avons quand même réussi à nous voir une fois par semaine, et encore à peine. C'était horrible. Chaque heure, chaque minute sans toi était une éternité. Les week-end sans nouvelles étaient interminables et j'attendais les lundis avec impatience pour t'écrire au bureau.
La vie n'était donc plus qu' une suite de frustrations et une impression de vide et de manque perpétuels.
Les mois suivants, il fallait que je m'estime heureux si je te voyais une fois en trois semaines. Les souvenirs et les sensations physiques de ton corps sur le mien m'assaillaient pour mieux me faire prendre conscience de ce que j'avais perdu.
Je n'ai jamais pris de drogue, mais je peux jurer que j'en connais les effets.
Le sevrage est horrible. On sait qu'on devrait cesser et pourtant on ne fait que rechercher ce qui pourrait nous combler, tout en sachant que l'impression de manque sera encore pire ensuite, une fois le shoot passé.
Cela fait huit mois que cela dure. Les trois premiers, j'ai cru devenir fou. J'ai été jusqu'à me scarifier afin de faire passer physiquement la douleur qui me broyait de l'intérieur. J'ai bien sûr trouvé des excuses tout à fait plausibles aux coupures qui sillonnaient mon bras gauche, et tout le monde y a cru.
Il n'y a que toi qui en connaisse la signification réelle. Et pourtant, tu ne t'en es aperçu que beaucoup plus tard. Je n'ai pas voulu te mentir, même si je savais que tu culpabiliserais. Mais j'en ai eu assez de jouer la comédie, même avec toi.
Pendant six mois, j'ai tout fait pour voler ne serait-ce que quelques minutes par-ci, par-là à ta femme, et je me suis pris un nombre incalculable de rateaux de ta part. Quiquonque m'en aurait donné un seul, s'en serait souvenu pour le restant de sa vie, qui aurait été subitement raccourcie.
Mais de ta part, j'ai tout accepté, te trouvant moi-même des excuses à chaque fois.
Ce jour là, quand tu as découvert mes mutilations, j'ai pourtant voulu que tu saches combien je souffrais.
Je suis un excellent comédien. Personne dans mon entourage, à part ma femme, ne sait par quoi je passe. Nous affichons toujours le visage d'un couple uni, et nous faisons même des envieux.
Je suis pourtant détruit de l'intérieur. Ravagé. Dévasté.
Je suis pathétique, je me demande moi-même comment j'ai pu accepter de continuer à vivre cette situation où tu ne peux plus rien me donner de toi même.
Je connais la réponse : je t'aime.
Il y a deux mois, j'en ai eu assez et je t'ai envoyé un message te faisant comprendre que je n'en pouvais plus de toujours chercher des pretextes pour te voir, et d'être seul à l'origine de nos rencontres, que tu acceptais ou refusais en fonction de tes humeurs. Je sais, j'exagère, tu es coincé.
Mais quand on veut, on peut. Et sois honnête, reconnais que tu aurais pu faire beaucoup plus.
Donc, si tu voulais me voir ou m'écrire, c'était à toi de te débrouiller.
Malheureusement, ta femme a intercepté un tout petit message et t'as supprimé ton hibou. Tu a vécu deux mois d'enfer chez toi, la surveillance reprenant de plus belle.
Nous nous sommes quand même revus quatre fois depuis, dont deux de ta propre initiative. Un exploit !
L'impression de manque et de vide reste inchangée, mais la colère et la frustration ont fait place à la résignation. J'attends que passe le temps.
Jusque là, je me disais que je devais continuer à vivre, à vivre et à respirer en attendant de voir ce que donneraient les jours à venir. Mais je n'ai plus le goût de continuer à tenir un rôle qui n'est pas le mien.
Je n'ai plus envie de sentir cette dévastation au fond de moi.
Je voudrais continuer à vivre, mais tu ne m'adresses plus aucun message auquel je pourrais me raccrocher, et je ne peux pas t'écrire pour t'expliquer tout ce que je ressents.
Je sais que tu penses à moi. Je sais que tu souffres aussi. Je sais que tu tiens à moi, car tu n'arrives pas à me dire que c'est fini.
On ne dit pas à quelqu'un que l'on aime qu'on le quitte.
Et pourtant je n'en peux plus.
Alors, puisque cette vie n'est plus pour nous, c'est moi qui vais faire preuve de courage pour une fois.
Je t'attendrai dans une prochaine vie. Là-bas, personne ne nous séparera.
Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai.*
Avada Kedavra
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* Merci à Francis Cabrel d'écrire d'aussi jolis textes dans ses chansons
Bon c'est vrai, j'avais dit que je n'écrirais jamais de fiction se finissant mal. Bah, j'ai changé d'avis.
Merci à tous ceux qui ont lu d'avoir été jusqu'au bout de cette histoire. En espérant vous avoir donné du plaisir à cette lecture...
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