Titre: Je suis Rose et je suis rose
Auteur: Miss Cactus
Disclaimers: Pour la première fois de toute ma vie, je peux enfin dire que tout m'appartient \o/
Genre: Romance
Rating: K
Nda: Ecrit pour l'anniversaire d'une amie. C'est aussi mon premier écrit original, j'espère que ça vous plaira ;)
Bonjour. Je m'appelle Rose. Je suis très petite, mais j'ai un gros cœur. Un trop gros cœur. Les gens comme moi ne sont pas censés aimer. Je ne suis même pas censée ressentir quelque chose, ni amour, ni haine, ni peur, ni joie, ni rien. Pour faire simple, je ne suis pas humaine. Je ne sais pas exactement ce que je suis. La couleur de ma peau est différente des Hommes, mais ceux de mon espèce ne sont pas tous pareils. Comme mon nom l'indique, Rose, je suis rose. Ma meilleure amie, Jaune, est jaune. Son frère, Vert, est vert. Et ainsi de suite.
Nos noms sont choisis en fonction de nos couleurs de peau. Bizarre pas vrai ? Et pourtant, ça a toujours été comme ça depuis notre création, car oui, nous avons été crées. Nous n'avons donc pas de parents. Jaune a décidé que Vert serait son frère car ils s'appréciaient énormément, et il n'y a pas de lien plus fort que ceux de la famille. Certains choisissent même des parents, lorsque ces deux sont vraiment très proches et qu'ils se font confiance mutuellement.
Mais personne n'a d'amoureux, d'amant ou autre. Tout simplement parce que nous ne ressentons rien. Absolument rien. Juste du vide.
Je n'ai pas de famille. Jaune a décidé d'être ma meilleure amie, je n'ai pas eu mon mot à dire. Je ne comprends pas comment les gens de mon espèce peuvent s'attacher aux autres alors que nous ne ressentons rien. C'est vrai, je n'ai jamais eu de frissons, je n'ai jamais été triste, je n'ai jamais eu l'envie de rire. Jamais. Je ne sais même pas comment je connais toutes ces émotions, comment je peux y penser… C'est sûrement grâce à mon maître…
Oui, j'ai un maître. Nous sommes crées, emballés, et vendus. Il y a peu, une personne m'a acheté. Un humain. Je ne saurai dire comment s'il est beau ou non, s'il est drôle ou non, s'il est gentil ou non, car je ne le sais pas…
Lorsqu'il nous a choisis, Jaune m'a murmuré que c'était le grand jour. Je n'ai pas compris. Jaune a l'air de s'y connaître plus que moi en sentiments, certainement parce qu'elle parle beaucoup avec nos voisins. Donc, notre maître nous a emmenés, Jaune, moi, et tous les autres. Au début il nous montrait juste à ses « amis » je crois. Ses lèvres bougeaient et tous les gens en face faisaient des têtes bizarres. Jaune m'a dit que notre maître était en train de se « moquer » d'eux.
Quelques jours sont passés, et j'ai petit à petit compris comment vivaient les humains. Ils remplissent des tas de feuilles blanches avec une peinture bleue, regardent un tableau qui bouge, collent une petite boîte à leur oreille et parlent beaucoup avec cette boîte, se couchent sur un grand rectangle, se recouvrent d'un morceau de tissus et ferment ce qu'ils appellent les « yeux » pendant très longtemps.
Les Hommes sont étranges.
Plus le temps passait, plus j'apprenais des tas de chose sur notre maître. Je n'ai aucune notion de ce qu'ils appellent « temps » – Jaune m'a appris ce mot il n'y a pas longtemps – alors je ne sais pas si je suis restée sur sa « table de chevet » longtemps. Je ne le quittais pas des yeux. Je voulais sans cesse savoir ce qu'il faisait, apprendre des choses sur lui, ou tout simplement le voir. Je l'aimais.
Cette fois c'est Vert qui m'a appris ce mot. Amour. Je le trouve plutôt joli. Je trouve ça chouette de pouvoir dire « Je l'aime ». Mais lorsque Rouge – une amie de Vert – m'a appris ce que nous allons devenir, j'ai été très triste. Si notre maître nous a achetés, ce n'est pas parce que nous l'intéressions ou parce qu'il voulait nous admirer, non, loin de là. C'était juste de la monstruosité pure et simple. Les humains sont des monstres. Ils nous créent, mais finissent toujours pas nous tuer. Car ils le décident. Car ils ne savent pas que nous pensons. Car ils se fichent de nous.
Les humains mangent notre espèce.
Lorsque Rouge me l'a avoué, et que même Bleu – un petit nouveau – a approuvé, j'ai été terrorisée. Je venais à peine de réaliser que j'aimais notre maître, qu'on m'apprenait qu'il allait nous tuer sans remord.
Alors j'ai arrêté de parler. J'ai fait une grève de la parole. Plus personne ne m'entendait poser des questions sur les humains. Ils me demandaient ce que j'avais, mais je refusais de leur répondre. J'étais dévastée. J'aime maître. Maître veut me tuer. Après cette constatation, j'ai compris une autre chose…
Je m'en fichais.
Oui, s'il veut me tuer, je n'en ai rien à faire. Je pourrais réaliser tous ses souhaits tant qu'il était heureux. J'étais juste peinée parce qu'il ne me connaîtrait jamais, parce que je ne le connaîtrais jamais, parce qu'il ne savait même pas que j'étais consciente. Que j'étais consciente de mes sentiments à son égard. Mais à part ça, tout m'importait peu.
Alors j'ai attendu.
Malgré le fait que je connais beaucoup plus de choses sur les humains qu'à ma création, je ne sais toujours pas comment marche le « temps ».
Alors j'ai attendu.
Je savais qu'un jour il allait ouvrir notre petite poche et nous manger sans nous regarder. Je le savais et je m'en moquais toujours autant. J'ai donc profité du « temps » qu'il me restait et j'ai posé des questions. Mais cette fois j'ai appris des choses sur les autres, ceux qui étaient avec moi. Je suis heureuse d'avoir eu le temps de les connaître. Une fois que je n'ai plus eu de questions j'ai commencé à m'impatienter. Parce que ce que les humains appelaient « temps » était long.
Alors j'ai attendu.
Encore.
Et encore.
Et encore.
Et un jour il nous a pris. Et moi j'ai compris.
C'était le jour.
Il nous a emmenés dans un endroit avec d'autres personnes qui lui ressemblaient. Des humains sûrement. Il a bougé ses lèvres, les humains ont souri, et il a ouvert cette poche. Dès qu'il l'a ouverte, j'ai eu des frissons. Pour la première fois. J'ai entendu du bruit, j'ai eu du mal à m'adapter mais j'ai compris que c'était ce qu'Orange – la plus ancienne du paquet – appelait « voix ».
La voix de mon maître.
J'ai ressenti de la joie. J'étais heureuse. Je l'entendais. J'entendais mon maître. J'entendais ses « amis ». J'entendais tout. J'entendais des voix. J'entendais des rires. J'entendais des noms. J'ai retenu un nom.
William.
Mon maître s'appelait William. Un nom tellement beau, tellement noble, il lui convenait parfaitement.
Will.
Un surnom tellement affectif, tellement pur, il lui allait si bien.
William a pris Vert. Il l'a donné à un de ses humains et ce dernier a sourit. Il a ensuite pris Rouge. Elle est partie dans les « mains » d'un autre humain. Puis Bleu, puis Jaune, et même Noir. Ils sont tous partis un par un, je les ai vus se faire manger. Tous. Sans aucune exception. Mais ils n'avaient pas l'air triste, au contraire, ils avaient l'air très heureux.
Et puis il a regardé dans la poche. Il m'a vu. Il a souri. Je suis devenue rouge, mais pas autant que Rouge. Ça n'a même pas dû se voir.
Mais je suis amoureuse.
Il m'a pris. Il m'a levé très haut. Il a crié. Ils ont ri. Il m'a embrassé.
Je suis amoureuse de notre acheteur, de notre maître, de William, de notre tueur.
Il m'a approché de la bouche d'un de ses « amis ». J'ai cru qu'il allait m'abandonner. Il m'a éloigné. Il a ri. Il m'a mis dans sa bouche.
La suite est floue. La suite est noire. Je ne sais plus ce qu'il s'est passé. Je ne me rappelle de rien. Mais je me rappelle d'une phrase. Une phrase que j'ai pensée très fort avant de partir. Une phrase que je ne pourrai jamais oublier.
Je suis amoureuse d'un humain alors que je suis un dragibus.
End~ |