Mäx sortit de chez lui en sifflotant. De la buée sortait de sa bouche et de son nez tandis que le froid s'insinuait dans son corps. Il avait beaucoup neigé cette nuit et les rues étaient couvertes d'un manteau blanc. Il rangea ses clefs dans la poche de sa veste avant de traverser la Schwanthelerstraße.
Mäx aimait le crissement de la neige sous ses pas, il avançait d'un pas léger et joyeux, lançant un sourire aux rares passants qu'il croisait.

Il marcha pendant quelques minutes, tripotant une pièce dans la poche de son pantalon. Il l'échappa une seconde et la chercha du bout des doigts. Lorsqu'il la sentit glisser le long de sa jambe il comprit que sa poche était trouée. Il se mit à frissonner, c'était comme si le fait de savoir ça laissait maintenant passer l'air gelé tout autour de lui. Il s'arrêta alors face à la vitrine de la boutique devant laquelle il se trouvait et se regarda. Il se demanda pourquoi il avait mit ce pantalon, il faisait partie de ceux qu'il n'aimait pas vraiment et en plus il était troué. Finalement ce n'était peut-être pas son jour. Il soupira avant de baisser la tête et de reprendre son chemin.
Alors qu'il arrivait au croisement de la Herman-Lingg Straße, Mäx aperçut Jo. Il se demanda ce qu'il pouvait bien faire ici par un temps pareil, lui-même ne sentait plus ses doigts dans ses poches à trou.
Jo s'avança vers lui et lui lança un "salut". Clair et bref, Mäx aimait ça. Il allait lui demander pourquoi il était dehors quand Jo reprit la parole.

"Alors, où tu veux qu'on aille ?"

C'est vrai, à l'origine c'était Mäx qui avait proposé à Jo qu'il aillent boire un verre ensemble mais en réalité il ne s'attendait pas à ce que le brun vienne. En fait il était plutôt content qu'il soit là comme il l'avait dit.
Jo le regarda en souriant puis il baissa la tête vers les mains de Mäx, qu'il devinait cachées dans ses poches. Il soupira en secouant la tête avant de se moquer gentiment de lui.

"Et ça ne t'es pas venu à l'esprit de prendre des gants je parie."

Mäx ne répondit rien, il se sentait légèrement honteux. A vrai dire la seule chose à laquelle il avait pensé c'est que son ami serait peut-être là à l'attendre comme il l'avait dit. Jo attrapa les mains de Mäx et les serra l'une contre l'autre puis il les entoura des siennes. Le blond sentait leur chaleur qui s'insinuait peu à peu en lui. Il ne put s'empêcher de sourire à ce contact.

"Tu te sens mieux ?"

Mäx hocha la tête. Il tremblait sans pouvoir se contrôler et il avait les mains gelées. Il les sentait à peine, pourtant cela ne semblait pas déranger Jo car il ne les lâchait pas. Au contraire, il les tenait bien serrées dans les siennes pour les réchauffer. Le blond était à la traine, il se sentait gauche quand il était en compagnie de Jo. Pourtant il n'avait pas toujours été comme ça, jusqu'à il y a encore peu de temps ils étaient toujours fourrés ensembles, ils étaient les meilleurs amis du monde et se complétaient parfaitement. Cela avait changé quand Mäx s'était rendu compte qu'il ressentait des sentiments plus forts que de la simple amitié pour Jo. Quand il avait compris ça, Mäx avait eu peur de lui, de ce qu'il avait envie de faire avec son ami et, plus que tout, il avait eu peur de la réaction que pourrait avoir Jo si il apprenait son secret.

Ils se dirigèrent vers un petit café au coin de la Parkstraße. Il s'agissait d'un café français que Mäx avait découvert par hasard un jour où il se promenait dans les rues de München. Il avait tout de suite aimé l'ambiance qui s'en dégageait, à la fois ancienne et chaleureuse.
Jo s'arrêta une seconde devant la boutique pour la regarder. Il en lu le nom à voix haute.

"Le Marais"
Il semblait juger de la fiabilité du lieu et, au plus grand plaisir de Mäx, avait l'air d'aimer le style qui s'en dégageait. Il attendit que le brun ait fini pour ouvrir le porte et entrer dans le café. Il y régnait une douce chaleur et le léger brouhaha qui flottait tout autour d'eux ajoutait plus de charme encore à l'endroit. Ils s'installèrent à une petite table contre la vitrine, profitant de la vue sur la rue enneigée.
Une fois qu'ils furent assis, une serveuse vint leur apporter une carte avant de repartir d'un pas léger. Ils prirent leur temps, ils avaient l'habitude de commander une bière lorsqu'ils se retrouvaient mais par ce temps, Mäx proposa plutôt de prendre quelque chose de chaud. Il allait demander un café quand il remarqua qu'il prenait toujours la même chose. Pour une fois il avait envie de briser cette monotonie dans laquelle il avait l'impression de s'enfermer. Il leva les yeux vers le brun et lui demanda avec un air grave :

"Ça te dit de prendre un thé ?"

Jo sembla amusé par sa proposition, depuis quand Mäx buvait du thé ? Pourtant à la réflexion il n'y vit pas d'inconvénient. Ils passèrent un moment agréable à parler de tout et de rien et à loucher sur les différents gâteaux exposés un peu partout autour d'eux. Mäx voyait les sourires que lui adressait Jo, il aimait cette façon qu'il avait de plisser ses yeux bruns quand il riait, il n'avait même pas besoin de le regarder pour deviner son expression, il le connaissait par cœur.

La nuit tombait vite en cette saison et il était à peine cinq heures que le ciel s'assombrissait. Jo se leva et se dirigea vers le comptoir pendant que Mäx rassemblait leurs affaires. Il regarda le brun payer, admirant sa silhouette appuyée négligemment sur le bord du bar.
Il revint rapidement et tous les deux sortirent dans le froid. A peine eurent-ils franchi le seuil du café que Jo repris la main de Mäx dans la sienne. Le blond se tourna vers son ami avec un air interrogatif mais il ne sembla pas le voir. Il lui fit simplement un sourire avant de s'élancer dans la rue.Mäx avait les mains froides, malgré la chaleur qui régnait dans la boutique il n'avait pas réussi à les réchauffer. Une fois sortis dehors il s'était remis à trembler, pourtant tout ça ne semblait pas déranger Jo car il les laissa dans les siennes.

Il n'avait pas cherché à savoir où Jo l'emmenait, il s'en fichait, tout ce qui l'intéressait était de rester avec lui. Il se rendit compte qu'ils allaient chez Jo quand il arriva devant la porte de son appartement. Il se demanda une seconde ce qu'ils faisaient ici puis il se rappela qu'ils avaient l'habitude de venir trainer chez lui pour boire une bière et discuter de tout et de rien, ce que faisaient des amis en somme.
Une fois à l'intérieur, Jo lâcha les mains de Mäx et ôta son manteau. Il laissa son ami dans l'entrée, après tout il était habitué à venir ici, il savait où il devait poser ses affaires. Pendant que Mäx se débarrassait de sa veste il essaya de se rappeler ce qu'il voulait dire à Jo depuis tout ce temps mais rien ne lui revint.
Il avança dans le salon et vit que le brun était en train de mettre un disque. Mäx s'approcha sans un bruit et écouta. Il n'arrivait pas à se souvenir de qui chantait cette chanson puis il se dit que ce n'était pas si important. Il laissa la musique l'envelopper, créant une ambiance intime et chaleureuse dans l'appartement.
Jo brisa le silence en lui demandant s'il voulait une bière. Mäx se tourna vivement vers lui et acquiesça. Le brun lui lança un sourire puis se dirigea vers son frigo.  Mäx restait concentré sur la chanson qui passait, faisant abstraction de tout ce qui l'entourait. Il aimait la manière dont la mélodie s'entourait autours de lui, la voix qui résonnait dans la pièce, il ferma les yeux et il eut l'impression d'être transporté dans un autre espace-temps, là où rien ne pourrait l'atteindre.
Il sentit alors une main se poser sur son épaule. Il rouvrit les yeux, reprenant pied à la réalité, ramené par la seule personne qui comptait pour lui. En le voyant si perdu dans ses pensées, Jo sourit, il aimait cette façon qu'avait Mäx de partir si loin en restant pourtant présent. Il lui tendit la bière qu'il lui avait sorti. Le blond posa un regard interrogatif dessus, il avait demandé à boire quelque chose ? Il ne s'en souvenait pas. Il lui tendit la bière qu'il lui avait sorti. Le blond posa un regard interrogatif dessus, il avait demandé à boire quelque chose ? Il ne s'en souvenait pas. Il tendit quand même la main et attrapa la bouteille, ses doigts se glissant sur ceux de Jo.Tout se passa alors très vite, il eut le réflexe de resserrer sa prise à l'instant où Jo capturait son visage dans ses mains et collait ses lèvres à sa bouche. Lorsqu'il pris conscience que celui qui l'embrassait était Jo, il ne pu s'empêcher de se demander si c'était bien la réalité, mais la sensation de ces mains autours de son visage, la caleur de ce corps qui se pressait doucement sur le sien ... il ne pourrais jamais inventer des choses pareilles ! A tâtons, il chercha la table près de lui pour y déposer la bouteille qu'il tenait avant de l'échapper, utilisant le peu de conscience qui lui restait.
Mäx avait l'impression d'être complètement déconnecté du monde et en même temps il ne s'était jamais senti aussi vivant, jamais il n'avais ressenti des choses comme ça. Les mains de Jo avaient finalement délaissé son visage pour venir caresser son corps à travers son tee-shirt, procurant au blond un plaisir qu'il n'avait encore jamais expérimenté. Emporté par son désir, il glissa ses mains sous le pull de Jo, effleurant de ses doigts gelés cette peau si douce. Un sentiment doux-amer lui vint alors, il avait l'impression de profiter de son ami. Il se sentait plus qu'heureux contre lui mais en sentant son compagnon frissonner sous ses caresses il avait l'impression d'être un minable. Il retira ses mains aussi doucement qu'il pu, tentant de renoncer à ce corps offert qu'il ne voulait pas blesser.
Jo le sentit mais il prit ça pour une intension du blond de ne pas le brusquer. Il sourit, les lèvres dans le cou de Mäx et lui chuchota :

"Gars, j'aime bien tes manières ..."

Puis il rattrapa les mains du blond et les déposa sur le bas de son dos. Il voulait ainsi faire comprendre à son blond que même s'il aimait sa retenue il était inutile de résister. Son pull était remonté jusqu'à sa taille et de nouveau les mains froides de Mäx se trouvaient sur sa peau. Mäx fit appel à toute sa volonté pour résister à l'envie de glisser ses mains sous le jean que le bout de ses doigts frôlaient.
Pour lutter contre son désir il se força à détourner son esprit du corps de Jo. La seule chose qui lui vint à l'esprit fut de parler.

"Je ... je connais un poème ..."

Sa bonne volonté était mise à rude épreuve car Jo s'échinait à l'embrasser dans le cou, le taquinant de petits coups de langue et mordillant tendrement sa peau claire. Mäx sentit la bouche de Jo s'étirer en un nouveau sourire devant la faiblesse de sa répartie.
Le brun s'écarta alors de de lui. Sur le coup Mäx ne comprit pas pourquoi, pourquoi d'un coup il semblait le rejeter, est-ce qu'il était finalement dégoûté par ce qu'ils étaient en train de faire ?
Jo remarqua l'angoisse sur le visage de son aîné mais pourtant il ne dit rien. Il le lâcha complètement et s'écarta de quelques pas. Son visage était toujours souriant et il ne quittait pas Mäx des yeux. Il s'approcha du mur et doucement sa main s'approcha de l'interrupteur, sur lequel il finit par appuyer. Ils étaient maintenant plongés dans une semi-obscurité qui ajoutait de l'intimité à la pièce.
Jo revint alors vers le blond d'un pas félin et le poussa doucement vers le canapé sur lequel il l'allongea avec tendresse. Il s'installa à califourchon sur le bas de son ventre. Mäx ne le quittait pas des yeux, savourant pleinement l'instant. Le brun se pencha alors lentement vers lui mais plutôt que d'embrasser ses lèvres, sa bouche se glissa contre son oreille et il y chuchota trois petits mots.

"Je t'aime."

Pour Mäx rien n'était plus réel autour de lui, rien à part Jo. Ces simples mots, il avait rêvé tant de fois de les entendre. L'émotion le submergeait, elle l'étouffait presque, il sentait que rien ne pourrait jamais l'égaler. Il aurait du dire un mot tendre, lui dire que lui aussi, qu'il était prêt à tout pour lui mais rien ne réussit franchir la barrière de ses lèvres. Le trop plein d'émotion qu'il ressentait le paralysait et l'empêchait de faire quoi que ce soit. Doucement Jo se colla à lui et bientôt une prise puissante l'enserra. Il comprit que c'était sa manière à lui de lui montrer ses sentiments.
Les mains de Mäx glissèrent une nouvelle fois le long du dos de Jo mais cette fois elle se s'arrêtèrent pas, elles se faufilèrent fiévreusement sous son jean et se pressèrent sur ses reins.
Jo embrassa passionnément son compagnon, laissant les mains désormais chaudes du blond le découvrir.