Le vent sifflait très fort en ce mois de décembre. Les pins et les chênes dansaient sous la mélodie hivernale du mois de décembre et commençaient à revêtir leur manteau de neige.
Des courants d'air glacés s'infiltraient entre les joints de la fenêtre, et commençaient à réveiller Jay, confortablement endormi sur sa table. Jay Scott qui, envoyé par ses parents dans ce pensionnat pour son "mauvais comportement", finissait difficilement son premier trimestre. Il ne se plaisait pas à l'école, et l'école ne l'appréciait pas particulièrement non plus. Il n'était pas un bon élève, évidemment : tout l'ennuyait, rien ne l'intéressait, et de toute façon, personne ne cherchait à arranger ça, ni lui, ni ses professeurs, ni sa famille. Pour lui, personne ne l'appréciait. C'est ainsi qu'il s'expliquait son départ précipité en pensionnat au début de l'année scolaire.
- Monsieur Scott a enfin décidé de se réveiller. Vous vous sentez tellement intelligent que vous ne vous donnez pas la peine d'écouter en cours? - Euh...
Il n'eut même pas le temps de répondre que son prof répliquait déjà.
- Si vous dormiez en cours, c’est que vous saviez déjà tout de l’Histoire de France. Faites nous donc preuve de votre intelligence: puisque notre cours portait sur le Moyen-Age, vous pouvez donc facilement nous donner la date de règne d’un des rois…disons, Charles VII.
Son silence éloquent déclencha les moqueries de tous ses camarades, et imprima un sourire sadique sur le visage de ce professeur désormais haï de Jay.
Cette haine qu'il ressentait depuis sa rentrée pour chacun des habitants de ce pensionnat était exacerbée par les réflexions de ceux qui l'entouraient.
Cette haine qu'il ressentait pour son professeur, qui n'avait cherché qu'à l'enfoncer, qui n'essayait pas de l'aider, et qui avait même demandé son renvoi de l'établissement lors du conseil de classe du premier trimestre. Il avait découvert cela avec stupeur dans son bulletin, et avait trouvé cette nouvelle très injuste. Il n'écoutait pas en cours, ne participait pas, mais arrivait toujours à des notes proches de la moyenne, et puis lui au moins n'était pas insolent en cours comme bien d'autres de sa classe. Il avait heureusement échappé à cette sentence, bien entendu non méritée, mais il commençait à regretter de ne pas avoir pu partir auparavant. L'exclusion aurait été une manière idéale de ne plus avoir à tous les supporter.
Cette haine qu'il ressentait envers la bande de caïds qui l'avait "bizuté" dès la rentrée dans les chambres, et qui l'avaient forcé à rester enfermé dehors seulement vêtu de son caleçon. Puis cette même bande qui avait tenté de le racketter. Une chance dans la malchance, il n'avait jamais d'argent sur lui, et aucun objet de valeur.
Cette haine qu'il ressentait entre chacun d'autre de ses camarades qui ne le défendaient pas, qui l'ignoraient, qui se soumettaient aux caïds et qui maintenant riaient de lui.
Il les regardait tous un à un, afin de mémoriser leur visage. Car aujourd'hui, il se vengeait.
Il avait réfléchi à ce plan depuis une semaine environ, et pour lui, c'était la meilleure des solutions. Il avait prévu de le réaliser à la veille des vacances de Noël, mais cet ultime affront lui avait fait changer d'avis. La veille des vacances, c'était trop tard. Non, il allait le faire maintenant. Il n'aurait qu'à sécher l'heure de maths - de toute façon il n'aimait pas cette matière.
La sonnerie retentit. Il rangea toutes ses affaires - qui se limitaient à une trousse à moitié vide et à une feuille qui ne contenait que trois lignes de cours - aussi vite qu'il put, et il se leva. Son regard croisa ses yeux. Elle le regardait, mais dès qu'il l’avait fixé, elle détourna la tête. |