Ichigo laissa la balançoire sur laquelle il était installé se balancer doucement. Il était enfin arrivé à la fin de ses études, il était maintenant titulaire d’un doctorat. Il était enfin un docteur attitré, demain il commencerait le travail dans la clinique familiale et bientôt son père pourrait enfin se retirer pour une retraite bien méritée. Il regarda le ciel pensif, se demandant si sa mère le regardait vraiment de là haut. C’était dans ce parc qu’il lui avait dit, n’ayant alors que 6 ans, qu’il voulait devenir médecin comme son père. Depuis la mort de sa mère, il y a de ça maintenant 18 ans, c’était la première fois qu’il osait remettre les pieds dans ce parc. Il faisait nuit, il n’y avait personne d’autre que lui, il n’y avait aucun bruit non plus si ce n’est le grincement de la balançoire. C’était son jeu préféré lorsqu’il était plus petit, il avait toujours aimé lorsque sa mère le poussait. Là encore c’était la première fois depuis 18 ans qu’il en refaisait. Le rouquin sourit se disant que c’était un peu stupide de sa part de revenir maintenant, mais il fut couper dans ses réflexions par un coup de feu. Totalement surprit il sursauta et se leva quittant ainsi la balançoire. Mais il n’eut le temps d’entreprendre un mouvement de fuite que quelqu’un entra dans le parc. Ce dernier l’aperçu à son tour puis se dirigea vivement vers lui au grand désarroi du rouquin. L’homme le força presque à se rasseoir sur sa balançoire et fit de même sur sa voisine. Puis il entreprit de faire semblant de discuter avec lui, sous le regard toujours abasourdit d’Ichigo. Il observa alors celui qui était maintenant face à lui, malgré le fait qu’il fasse nuit. C’était un homme qui devait être légèrement plus âgé que lui, une constitution plutôt bien musclé, un visage assez carré. Il ne pu découvrir plus, à cause du manque de luminosité, mais surtout parce qu’un autre groupe d’hommes entra dans le parc. Pour le coup Ichigo se tendit totalement, ne se sentant absolument pas à sa place. Puis une odeur qu’il connaissait plus que bien arriva finalement jusqu’à ses narines, lui faisant oublier le groupe qui ressortait du parc, ils avaient du les prendre pour de simples amis, rien à voir avec celui qu’ils poursuivaient. D’ailleurs ce dernier allait partir quand le rouquin se décida enfin à prendre la parole :
« Vous êtes blessé.
-Qu’est-ce que ça peut te faire ? répondit une voix grave qu’Ichigo aima directement malgré les propos abruptes.
-C’est que… Je… enfin…
-Bon lève-toi je peux pas t’laisser ici.
-Quoi ? paniqua Ichigo.
-Si ces mecs voient toi ou moi sortir seul de ce parc tu peux être sûr qu’ils vont nous poursuivre. Donc tu viens gentiment avec moi et fais pas d’histoire.
-Où ? demanda le rouquin sans pour autant bouger de sa balançoire.
-J’sais pas encore, râla-t-il.
-Mon appartement n’est pas loin d’ici. »
Aussitôt Ichigo se demandait ce qui lui prenait. Il venait bien d’invité cet inconnu, un danger plus que potentiel, à venir chez lui. Mais étrangement suite à cette proposition, qui d’habitude se poursuivait de baragouinement que les filles qu’il invitait fuyaient, il n’y eut rien. Si ce n’est qu’il releva le visage vers l’autre homme. Celui-ci semblait réfléchir puis fini par accorder :
« Va pour chez toi alors. »
Le rouquin se leva donc à son tour et prit même les devant pour sortir du parc à l’opposé d’où venait son « invité ». En effet ils n’eurent qu’à marcher dix minutes avant de se retrouver devant la résidence du jeune homme. Le voyage s’était fait dans le silence le plus total et pourtant le rouquin s’en trouvait presque soulagé, au contraire de d’habitude où il se forçait même presque à trouver des sujets de conversation. De toute façon de quoi aurait-il pu discuter avec un inconnu notoire ? Tout ce qu’il aurait pu lui demander n’aurait servi qu’à le mettre en rogne et certainement à lui faire peur plus que de raison. Cet homme était quand même blessé, il y avait eu des coups de feu. Oui Ichigo était curieux de savoir ce qu’il s’était passé mais pas maintenant, en pleine nuit dans des ruelles pas forcément rassurantes avec un homme dont il ne connaissait même pas le nom.
Ils entrèrent donc dans le petit appartement où le propriétaire montra le salon à l’autre. Ils s’installèrent de nouveau en silence et le rouquin pu reprendre son observation, et cette fois-ci à la lumière. Ce qui le surprit le plus était dans doute ses cheveux bleus, mais il resta surtout accroché à ses yeux tout aussi bleus. Du moins jusqu’à ce que le bleuté n’enlève sa veste difficilement, laissant apercevoir alors une vilaine trace de blessure par balle vers son épaule. Ichigo fronça les sourcils, comment avait-il pu oublier ? Ne se préoccupant pas plus de sa propre bêtise il reprit la parole cassant ce long silence.
« Je peux vous soigner.
-Quoi t’es médecin peut-être ?
-En effet, expliqua-t-il omettant consciemment qu’il venait tout juste d’avoir le diplôme, de toute façon il avait souvent aidé à la clinique. Et je peux vous dire que si vous restez comme ça vous pouvez perdre votre bras.
-Tch. Je te laisse faire alors mais attention pas d’arnaque. »
Le rouquin hocha de la tête puis se leva pour partir en direction de la salle de bain pour prendre sa trousse de médecin. Au passage il remplit une bassine d’eau et prépara plusieurs compresses. Il déposa le tout sur la table basse dans son salon. Il sortit ensuite divers instrument de son sac, qui n’avait franchement rien d’engageant pour le bleuté, puis grimaça. Rapidement il se dirigea de nouveau vers la salle de bain, depuis laquelle le blessé entendit un soupire de soulagement. Il revint en expliquant :
« Je vais devoir retirer la balle de votre blessure, pour ensuite la ressouder, il posa le flacon qu’il avait en main pour prendre une compresse qu’il trempa pour nettoyer la plaie. Cela va être douloureux, il est préférable que je vous anesthésie mais je ne peux le faire sans votre permission.
-Tu comptes anesthésier quoi ? grogna le bleuté plus qu’il ne le demanda.
-Votre bras, rien de plus, tenta le rouquin qui préférerait largement faire comme ça.
-Va pour l’anesthésie alors. »
Le jeune médecin voyait bien que ce n’était pas de bon cœur et il en soupira de soulagement. Après avoir nettoyé la plaie, d’où le sang se remit à couler presque directement, il prépara donc une seringue avec le petit flacon posé sur la table. Comme annoncé il planta l’aiguille dans l’épaule de l’homme qui ne sentit plus son bras quelques minutes plus tard. Ce qui fut nettement visible car son visage n’était plus crispé par cette douleur qui devait le suivre depuis le coup de feu. Ichigo se demandait même comme il avait fait pour ne pas s’en plaindre ou montrer plus de signe de douleur.
Le rouquin avisa ensuite que même si la plaie semblait nette il ne serait pas si simple de sortir la balle qui s’y était logée. Alors il demanda au bleuté de s’allonger sur le futon de la pièce qu’il recouvrit de serviette au préalable. Respirant ensuite un bon coup il attrapa une paire de pince ainsi qu’une paire de ciseau, tous deux médicale bien évidemment, et commença son opération. Environ dix minutes plus tard le bleuté, qui jusque là avait préféré ne pas regarder, entendit le bruit significatif d’un objet métallique qui tombait dans la bassine d’eau. Il tourna du coup la tête vers le médecin qui souriait doucement apparemment satisfait de lui-même, qui commenta d’ailleurs :
« Vous avez eu de la chance elle n’est pas passée loin d’un nerf. Mais une fois guéri ce sera juste un mauvais souvenir vous avez ma parole. »
Une nouvelle fois il sourit presque gentiment au bleuté qui se demandait bien ce que ce médecin pouvait avoir dans la tête ou s’il aimait tellement son métier qu’il sauvait n’importe qui. Puis il le vit prendre une aiguille et du fil, il en profita donc pour se relever et détailler à son tour son bienfaiteur. Honnêtement s’il l’avait croisé dans une autre situation ce qu’il aurait fait si le rouquin l’avait invité chez lui ça n’aurait certainement pas été une opération comme celle-ci.
« C’est quoi ton nom ?
-Ku… etto… est-ce que je peux vraiment vous le dire ? demanda-t-il s’attaquant au deuxième point de suture.
-Grimmjow Jaggerjack, répondit-il simplement à ça.
-Kurosaki Ichigo, avoua-t-il à son tour évitant bien de le regarder.
-Pourquoi tu me soignes ?
-Je ne peux pas voir une personne souffrir alors que je peux alléger ses peines, il émit une petite pause puis ajouta, et puis vous m’avez certainement sauvé la vie tout à l’heure aussi. Enfin je suppose que si vous vous étiez contenté de passer votre chemin ces types n’auraient pas cherché bien loin et m’aurait tué à vue… je pense.
-Tu me prends pour un gentil ?
-Honnêtement je ne sais pas, avoua le rouquin reposant finalement son aiguille.
-Bah j’te le dis, c’est pas le cas. Même si je suis certainement moins salaud que ceux qui m’ont tendu un piège. »
Ichigo ne répondit rien, de toute façon qui avait-il à répondre ? Rien à sa connaissance. Il se contenta donc de mettre une nouvelle compresse contre la blessure pour ensuite la bander serrant ce qu’il fallait pour ne pas qu’elle se rouvre. Une fois cela fait il nettoya sommairement ses mains dans la bassine d’eau puis regarda son T-shirt qu’il venait certainement de rendre inutilisable. Il le retira donc en soupirant n’aimant pas la sensation du tissu imbibé de sang sur sa peau. Puis il prit la bassine pour aller la vider dans l’évier de la salle de bain. Il fit un nouvel aller-retour pour reposer son sac sans remarquer de nouveau le regard appréciateur sur lui.
« Normalement l’anesthésie ne devrait plus durer longtemps, vous risquez par contre d’avoir une douleur sourde lorsqu’elle se dissipera. Dîtes-le moi je vous donnerai quelque chose pour la faire passer.
-Je pense avoir quelque chose d’efficace pour ça, répondit le bleuté un sourire totalement psychopathe sur le visage.
-Comment ça ? demanda le rouquin sur la défensive et un peu trop naïf pour son propre bien.
-J’te montre. »
Sans laisser le temps de réagir au médecin il lui agrippa le bras pour le tirer à lui afin de plaquer ses lèvres sur les siennes. Surpris Ichigo lâcha une petite plainte, qui laissa largement le temps à la langue de Grimmjow de s’introduire dans la bouche de son soigneur. Mais il ne pu approfondir plus que le rouquin se débattit et fini par réussir à se reculer :
« Arrêtez ça… laissez-moi, je ne suis pas de ce bord.
-Vraiment ? demanda sournoisement le bleuté qui en effet retrouvait doucement l’usage de son autre bras. J’ai pourtant l’impression que tu as répondu.
-Vous vous faîtes des idées. Lâchez-moi !
-Bah alors je vais t’apprendre à aimer ça. »
Une nouvelle fois il attira le rouquin à lui s’aidant de ses deux bras cette fois-ci. Mais il n’eut pas longtemps à lutter. Il avait vu juste, en effet même si comme annoncé Ichigo n’avait jamais tenté ce genre de chose avec la gente masculine, il se sentait on ne peut plus attiré par la présence du bleuté. Comme envouté par les caresses qu’il semait le long de son corps. Dieu sait comment il arrivait à lui faire ressentir beaucoup plus de chose que ce qu’il n’avait jamais eu avec ses expériences féminines. Pour être honnête Ichigo dirait simplement que c’était divin mais il ne l’avouerait pas. Il avait encore sa fierté alors il résistait contre ses pulsions, ses envies, du moins il essayait.
Et il réussit tellement bien qu’environ une heure plus tard il était couché contre le bleuté, dans une phase proche de l’endormissement. Les lents mouvements que faisait l’homme dans son dos aidant pour le plus à accélérer la chose. Pourtant Ichigo ne voulait pas. Il avait peur d’une certaine chose s’il fermait les yeux.
« Tu vas partir, n’est-ce pas ?
-Mon monde est bien trop dangereux pour un gentil comme toi, répliqua sèchement le bleuté.
-Es-tu inquiet pour moi ou bien totalement égoïste ? demanda ironiquement le rouquin qui n’osa pas relever la tête pour voir le visage qui devait être moqueur de son patient.
-J’crois qu’y’a un peu des deux Ichi. »
Le cœur du dénommé Ichi manqua un battement. Le bleuté se serait-il accroché à lui au court de cette pauvre nuit comme lui ? Il avait du mal à le croire au vu du caractère de l’homme mais il voulait vraiment y croire. Doucement il releva la tête mais Grimmjow était bien loin de le regarder, il ne pu croiser les pupilles turquoise.
« Grimmjow ? appela-t-il doucement.
-Quoi ? grogna le bleuté en baissant la tête vers lui.
-Embrasse-moi alors une dernière fois, demanda-t-il sentant ses yeux se fermer même si c’était contre sa volonté.
-Imbécile. »
Et pourtant il fit ce qui lui était demandé sans plus rechigner. A son tour il sentit son cœur se serrer lorsqu’il remarqua que son médecin venait de s’endormir. Non il ne l’aimait, c’était impossible, Grimmjow Jaggerjack ne tombe pas amoureux comme ça. Pourtant il avait quelque chose de spécial celui-là. Contrairement à toutes les aventures qu’il avait pu avoir. Pour preuve il tentait de le maintenir à l’écart de son monde alors que tous les autres l’avaient fait d’eux-mêmes ne cherchant pas à se mettre en danger. Il se demandait si le jeune homme se mettrait dans une situation difficile en essayant de le retrouver s’il partait comme ça sans prévenir. Mais rien que d’imaginer ça il sentait une sorte de colère gonfler en lui. Non Ichigo ne serait jamais en danger par sa faute. Peu importe le lien qui existait maintenant entre eux, que ce soit de l’amour ou pas.
Lorsqu’Ichigo ouvrit les yeux le lendemain il était seul dans le futon. Une odeur de sang irrita ses narines, évidemment il n’avait pas aéré après l’opération, il s’en voulait presque d’avoir oublié. Mais il faut dire qu’il n’avait pas franchement eu le temps non plus. D’ailleurs une mignonne petite rougeur prit place sur ses joues alors qu’il se souvenait comment c’était terminée sa petite soirée souvenir. Il se leva doucement ayant assez mal à l’arrière train c’est alors qu’il découvrit une petite feuille de papier sur la table et d’un coup son sourire s’évanoui. Si Grimmjow n’était pas dans le futon… c’était qu’il était partit. Il soupira un peu avant de prendre en main le papier.
« Merci pour les soins, ils étaient dignes d’intérêt, surtout les derniers. »
Ichigo ne pu empêcher un deuxième rougissement d’envahir ses joues. Puis sourit un peu amusé par le message. Est-ce que par là Grimmjow aurait tenté de lui dire qu’il reviendrait peut-être dans un avenir encore incertain. En tout cas le rouquin voulait et allait y croire. Il regarda distraitement autour de lui mais le bleuté n’avait rien laissé de sa personne. Puis soudain :
« Mince je vais être en retard avec tout ça !!! » |