Bettany n'avait aucune envie de partir avec ses parents pour le sempiternel Black Friday.

Tout d'abord, toute cette nourriture ingurgitée lors de Thanksgiving la dégoûtait au plus haut point, elle avait grignoté du bout des lèvres, soucieuse de sa ligne. Ensuite sa famille lui sortait littéralement par les yeux. Tout ce déballage de bon sentiment à chaque fois qu'elle leur emmenait un nouveau mec la débectait. A chaque fois il fallait qu'ils s'imaginent qu'elle allait se caser. Bettany n'avait aucune envie de finir comme sa coincée de mère, en tablier et pantoufles devant les fourneaux la moitié du temps à cuisinier pour un mari pantouflard. Tout ce qu'elle leur demandait c'était de lui donner assez de fric pour suivre son train de vie et se taper qui elle voulait. Et ce long week-end allait être le moment idéal pour qu'elle fasse craquer Jack, sa dernière acquisition.

Faut dire que Jack était tout ce qu'il y avait de plus appétissant. Ce mec était un fantasme ambulant, et elle appréciait particulièrement le fait qu'au bout d'une semaine il ne soit pas devenu aussi collant que les nazes qu'elle fréquentait habituellement.

En revanche il avait un petit côté rétro agaçant car avait refusé de coucher avec elle, sous prétexte qu'il voulait la connaitre un peu mieux. Une semaine s'était donc écoulée pendant laquelle elle rongeait ses freins.

Bettany était du genre à croquer la vie à pleine dents, sans se soucier de l'avis des autres et encore moins de celles de ses parents rétrogrades. Si un mec lui plaisait, elle lui faisait savoir et l'éjectait aussi vite quand elle commençait à s'en lasser, ses relations n'excédaient jamais plus de deux mois. Elle était comme ça Bettany, il lui fallait le maximum tout de suite et ce qui ne lui plaisait pas ne méritait pas qu'elle s'y attarde.

Jack vivait dans une maison immense assez loin de la ville, une propriété cachée, entourée d'arbres dont elle ne connaissait même pas le nom. Il lui avait demandé si elle avait prévenu ses parents de son escapade, apparemment soucieux de la famille. Un petit côté qui ne lui plaisait pas mais sa fortune apparente permettait à Bettany de passer outre.

Bettany comptait passer du bon temps sans se soucier de rien d'autre, alors elle lui avait juste répondu qu'ils avaient l'habitude qu'elle disparaisse plusieurs jours sans donner de nouvelles. Ce qui arrivait plus souvent que rarement. Cette fois elle avait signalé un voyage en Europe afin de voir d'autres horizons, mais avait changé d'avis et donné son billet à une pauvre fille qu'elle connaissait depuis quelques mois.

Ce soir, elle portait une robe assez courte et moulante, des chaussures qui devait coûter un mois de salaire. Son manteau de vraie fourrure était ce qu'elle préférait de loin, il ne tenait pas très chaud, mais assez tape à l'œil pour attirer des regards de jalousie. Elle était belle, bien foutue, le savait et en jouait.

Elle remit du rouge à lèvres et s'admira dans le miroir, satisfaite de son apparence.

Jack l'attendait dans une immense chambre, un verre d'alcool à la main, il lui tournait le dos. Bettany pris son air le plus aguicheur et se colla au montant du lit, une main sur la hanche.

Quand il se retourna, Bettany se déshabilla d'un mouvement habile qu'elle avait acquis au fil de ses aventures, et se retrouva nue, uniquement vêtue de ses bas et de ses chaussures.

Elle monta sur le lit à genoux, avec une lenteur calculée et se laissa gracieusement tomber sur les coussins, dans une posture la mettant en valeur.

Bettany avait connu beaucoup d'hommes et savait que les goûts en matière de sexe était aussi variés qu'étranges, souvent dévoilés quand la porte de la chambre se refermait. Elle ne fut donc pas surprise quand Jack l'attacha aux montants du lit avec une corde, de façon à ce que ses bras et ses jambes soient assez écartés pour que rien ne lui soit caché. Pour une première fois, il n'y allait pas par quatre chemins, mais elle ne se laissa pas impressionner.

Cela faisait quinze jours que Bettany était attachée à ce lit. Quinze jours que Jack était au petit soin avec elle, ignorant ses supplications et son désir de partir.

Le premier jour, il s'était contenté de la tâter, de la mesurer et de lui faire boire une solution diurétique toutes les heures. Quand elle avait eu mal au ventre, il l'avait détaché uniquement pour qu'elle aille aux toilettes, la porte ouverte pendant qu'il la surveillait, tenant une laisse qu'elle avait autour du cou. Elle n'avait pas eu le choix.

Il l'avait alors rasé, des cheveux aux jambes et lavé lui-même, avec minutie, pendant que Bettany s'était effondrée en larmes, dépassée. Il avait effectué le même manège les deux jours suivants, se contentant de lui mettre un bâillon pour ne pas entendre ses cris. Après trois jours de ce traitement, Bettany avait arrêté de crier et essayer de le dissuader, sans succès.

Jack l'avait alors emmené dans une immense cuisine et l'avait de nouveau attaché à une chaise, devant une immense table garnie de plats exotiques et raffinées.

Des plats qu'il cuisinait lui-même dans un immense piano de cuisson, avec des produits naturels, des vins importés et des pâtisseries de la meilleure qualité.

Malgré sa condition bourgeoise, Bettany n'avait jamais vu autant de luxe et de haut de gamme dans les aliments qu'elle mangeait, souvent accompagné d'un monologue de son hôte sur l'histoire, la littérature ou tout simplement les plus grands restaurants qu'il connaissait. Il traitait sa cuisinière d'une façon singulière et répétait sans cesse qu'après chaque cuisson au four il fallait veiller à ce que tout soit soigneusement nettoyé. D'ailleurs quasiment tous les menus comportaient un plat cuit au four.

D'après lui la qualité de la nourriture, si on contrôlait la cuisson, avait meilleur goût, la viande plus moelleuse grâce au plat métallique qui recueillait la graisse de cuisson.

Jack n'usait pas de violence avec Bettany, jamais. Mais il avait des moyens de persuasions plutôt singulières. Bettany refusa de manger une seule fois. Et elle le regretta.

Ce soir-là Bettany avait essayé pour la énième fois tout ce qu'elle pouvait pour que Jack la libère. Elle avait alors refusé de toucher à son plat.

Jack n'avait rien dit de plus que son habituel monologue sur sa cuisinière, la nourriture et d'autre sujet que Bettany ne prenait plus la peine d'écouter. Il l'avait ensuite ramené à la chambre, l'avait attaché au lit comme à son habitude, mais cette fois il lui avait mis un bâillon. Il était revenu avec un plateau et portait des gants de latex.

Jack avait commencé à lui expliquer le processus de préparation du plat qu'il avait préparé. A cette occasion il lui avait emmené les ingrédients crus.

Bettany ne put rien voir car Jack lui dit que le mieux était d'apprécier le goût des aliments les yeux fermés, alors il lui mit un bandeau sur les yeux. Et Bettany hurla quand il lui enfonça brutalement quelque chose de froid, trop gros dans le sexe. Elle hurla encore quand ce qu'il lui inséra dans le rectum lui déchira la chair et sa voix se brisa contre le bâillon quand ses seins, son ventre et ses cuisses furent râpés jusqu'au sang. Elle dû s'évanouir, car quand elle se réveilla, des pansements couvraient son corps nettoyé.

Les jours suivants elle s'appliqua à manger tout ce qu'il lui préparait.

Bettany se réveilla en sursaut en sentant qu'on la secouait. Jack était accroupi au-dessus d'elle, le visage animé d'une lueur de folie. Il la détacha et lui mit soigneusement le collier avant de la trainer jusqu'à une pièce, froide.

Bettany remarqua qu'il n'y avait pas de mobilier, les murs étaient recouverts de draps blancs, et une table de métal trônait au milieu de la pièce. Jack attacha sa laisse autour d'un montant du lit avant de ramasser une plaque au sol, celle qu'il utilisait dans le four.

Le sourire de Jack disparut, il lui expliqua qu'elle était à prête à point et qu'elle devait considérer comme un honneur qu'un fin gourmet comme lui l'ait choisi.

Bettany dû entendre avec une horreur croissante que le statut de princesse qu'elle s'était attribuée lui avait permis de manger comme telle et qu'alors sa chair allait être d'autant plus savoureuse.

Bettany se rappela alors l'invitation de sa mère pour le Black Friday. Elle se rappela qu'elle avait toujours été égoïste. Elle se rappela que Jack lui avait dit avoir une préférence pour la viande. Elle se rappela que Jack n'avait jamais mangé avec elle. Elle se rappela qu'il tenait presque toujours cette putain de plaque en main.

En poussant son dernier soupir dans un gargouillement sanglant, Bettany avait l'image de cette plaque dont elle n'avait jamais su le nom.