Je l'ai rencontré sous le pseudo de McBite. Heureusement, mon meilleur ami et confident s'appelle Grégoire dans la vie.

Depuis cinq ans, nous entretenons une correspondance virtuelle et téléphonique plus ou moins constante qui nous a mené bien des fois au-delà des limites de ce que l'on pourrait attendre de deux amis.

Evidemment, faire connaissance sur un site de rencontre n'est pas vraiment l'idéal pour construire une amitié, surtout quand le dit site n'est pas des plus classiques. Pourtant, au-delà du fait que nous sachions dès le départ pourquoi nous nous étions contactés, l'éloignement géographique - plus de 8000 kms - nous a permis un apprentissage personnel au-delà d'une relation physique, charnelle et fait perdurer ce premier contact en amitié sincère.

C'est bien entendu à lui que je finis par raconter mes relations ratées, mes expériences sexuelles et mes aventures sans lendemain. J'étais devenue son « pote », complètement libre dans mes actions et mes mots avec lui.

La distance et nos caractères complémentaires nous ont toujours aidés à maintenir une certaine intimité, une connexion et une soif qui ne se sont jamais éclipsées malgré les années et les longs mois parfois sans nouvelles. Une sorte de symbiose étrange qui nous faisait parfois peur car nous étions devenus beaucoup trop proche.

Fantasmer l'un sur l'autre était un de nos jeux favoris quand nous étions en période creuse. Jeu qui se généralisa en découvrant que nous avions autant de pratiques et d'envies en commun, qui nous emporta sans le vouloir vers une pente aussi douce et sensible qu'un jour …

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Encore un échec. Greg m'avait pourtant prévenu. Je l'entends déjà :

- « Ce type est une couille molle, il te faut quelqu'un de plus ferme, pas un ramolli comme lui, il va se faire bouffer et tu finiras par te lasser. »

Il est 3h30 du matin, je suis crevée mais je dois profiter du décalage horaire pour raconter à Greg ma soirée ratée, persuadée qu'il attend mon appel, prêt à me sortir son speech froid et dédaigneux avant de me consoler comme lui seul sait le faire. D'un demi-sourire d'anticipation, j'allume mon ordinateur par réflexe pour vérifier mes mails.

Je repère tout de suite mon contact favori, le message ne datant que d'une vingtaine de minutes. Mon sourire s'agrandit, ses envolées lyriques et lubriques me faisant toujours l'effet d'une correspondance défendue :

« Fin de journée lunaire

C'est surement dû à ce stupide pari que j'ai fait avec mon collègue, Jeff. Tu sais, celui d'être abstinent pendant une longue période. Oui, surement. Peut-être.

Tu trouves que je me cherche souvent des excuses pour expliquer certains états, alors cette excuse de pari me sera d'autant plus utile pour expliquer ce qui va suivre :

Il est environ 21h00 ici. J'ai tourné en rond plus d'une heure, pourtant je savais exactement ce que je voulais. Mais avais-je le droit ? Bien sûr que non, puisque c'était un de nos foutus principes.

Je ne voulais pas salir une de nos closes déjà peu nombreuses, mais suivant ce que je m'apprêtais à faire - car j'étais bien décidé - tout allait être faussé entre nous. Combien de fois y ai-je pensé, refoulant l'envie de mettre en pratique.

Ne t'impatiente pas, j'y viens.

Je veux tout d'abord te demander pardon, et te dire qu'après 5 ans d'amitié, je ne regrette absolument rien…

Je sais déjà que ta soirée s'est soldée par un échec et que tu rentreras chez toi dans l'optique de me joindre pour en parler. Je ne serai pas joignable car trop honteux et un peu lâche de te dévoiler que j'ai gardé de toi autant de photos qu'il m'était possible de prendre lors de nos conversations vidéo, sans compter celles que je n'ai jamais supprimé. Tu m'as accordé ta confiance et je t'ai trahis, passant outre notre accord tacite.

J'aurai aimé être disponible pour toi ce soir, mais tu seras sûrement furieuse après avoir lu ce message.

Après plus de 4 mois d'abstinence volontaire et 5 ans de tentations, j'ai fini par visionner toutes tes vidéos, photos, mails coquins, tout. Je n'avais malheureusement que mes mains pour soulager plusieurs fois mon corps tendu par ce besoin que j'ai de toi. J'ai repassé en boucle les conversations les plus chaudes que nous avons eues et mis en scène ton corps délicieux.

Mon envie reste basique dans ce qu'il a d'impossible, car je voudrais te serrer dans mes bras, t'embrasser, passer mes mains dans tes magnifiques boucles brunes, me noyer dans ces yeux tristes et déçus, redonner un pli de gaieté à cette bouche qui m'obsède et dans mon idéal, le voir graver sur ton joli visage indéfiniment.

Mais ce qui fait de moi ce que je suis m'emportera vers ce corps voluptueux que tu n'oses regarder objectivement, ces seins pleins qui j'en suis sûr sont faits pour mes mains, ces fesses rebondies et ces jambes qui s'enrouleront merveilleusement autour de moi. Je veux caresser, goûter, lécher, mordiller et sucer chaque parcelle de ce corps fait pour l'amour et me laisser définitivement emporter par les tonalités de ta voix envoûtante.

Je désirerai plus que tout évoluer dans ton monde, simplement m'allonger sur le sol et te regarder t'habiller, te voir remonter ta culotte sur tes hanches, ajuster ton soutien-gorge, te voler un baiser ou encore te murmurer des inepties à l'oreille pour t'entendre rire.

Ce qui fait de moi ce que je suis voudrait te baiser comme un dingue dans chaque pièce, te prendre quand je veux, quand tu veux, comme tu veux, comme je veux...comme ce que nous sommes. Ce qui fait de moi voudrait enfin…te faire l'amour comme tu le mérite.

Réveilles moi, je m'éteins…je te demande pardon.

Je suis finalement un lâche comme tous les autres, car je t'avoue ici ce que tu espères de "ces autres", sans faux semblants, pourtant sans attente car finalement mon souhait reste l'espoir que tu te trouves enfin un mâle qui sache s'occuper de ton cœur et de ta petite culotte…même si pour cela je dois te perdre.

Je t'embrasserai sauvagement ou te baiserai tendrement.

Déclaration d'un paumé, poétique et dérisoire…

Bien à toi, Greg. »

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Je coupe le contact et jette un dernier regard au rétroviseur, les cernes sous mes yeux trahissent ma fatigue.

Je porte une robe rouge carmin, des sandales à talons et des sous-vêtements neufs que j'ai enfilé dans les toilettes d'un restaurant.

Je monte au dernier étage et respire un grand coup avant de sonner, mon cœur risque l'embardé à tout moment. Quand la porte s'ouvre je déboutonne entièrement ma robe d'une main, et lances d'une voix mal assuré :

- Alors, tu t'occupes de ma petite culotte ?