LES COULEURS DES SENTIMENTS. 
 
 


Elle n'est pas normale..

Pourquoi est-elle aussi froide ?

Pourquoi ne rit-elle jamais ?

Pourquoi ne l'ai-je jamais vu sourire ni pleurer ?

Pourquoi ma fille est-elle comme ça ?

Devrait-elle voir un médecin ?

Est-ce vraiment notre enfant ?

Je ne veux pas de cette enfant..


Toujours et encore ces questions, sa mère l'aimait-elle vraiment ? Elle pense que non. Son père ne l'aime pas particulièrement aussi, quand il la voit, il se contente de lui sourire, de lui caresser la tête, mais jamais il ne l'avait prise dans ses bras. Enfin peut-être quand elle était encore un nourrisson, mais elle ne s'en souvenait pas, et c'est normal.
 

      • Nobuko, viens-nous avons quelque chose à t'annoncer.
 

Elle se déplaça jusqu'à ses parents qui étaient installés dans la salle de séjour. Son père était ce grand blond aux yeux marron clairs dont elle avait héritée, sa mâchoire carrée prononcée, son visage autoritaire et sa grande taille qui lui donnait un air puissant. Sa mère était une trentenaire asiatique. Plus précisément une Japonaise avec des yeux bridés et d'un noir profond, des petites lèvres rosées, un nez fin et un visage ovale auxquels elle pouvait s'identifier. Sa mère était beaucoup plus petite que son père, elle avait de longs cheveux noirs qui lui arrivaient à la taille et qu'elle avait soigneusement tressés. Son père lui avait tendu sa main et l'invita à s'asseoir près de lui alors que sa mère lui tournait le dos, on disait même qu'elle souffrait et que c'était sa faute.
 

      • Le pensionnat Victoria Elizabeth Lancaster qui se situe à Londres a accepté de t'accueillir dés la fin des vacances. Là-bas, tu seras suivi par Mrs. Hodgkin durant toute ta scolarité, cinq ans pour être exacte, mais ça passera vite, tu verras. Bien sûr, tu pourras venir nous voir pendant les vacances même s'il est préférable que tu restes loin de nous pour... Pour mieux nous retrouver ensuite. Ne soit pas inquiète, c'est juste que ta mère et moi..on pense qu'une éducation traditionnelle et religieuse t'aidera sûrement à te faire sortir de ton mutisme.

      • D'accord.




Sa mère avait tressailli à la réponse de sa fille avant de quitter précipitamment la pièce la main contre sa bouche. Elle pleurait, encore.
Son père avait laissé échappé un long soupire. Il se releva, ajusta son costume et lui fit encore un reproche.


      • Tu pars la semaine prochaine, une voiture t'y emmènera. Nobuko tu pourrais faire un effort pour ta mère tout de même d'ici là.


Mais elle n'avait rien fait.

Sa mère ne l'aimait pas juste parce qu'elle ne riait pas, ne pleurait pas, ne criait pas comme les autres enfants et préférait s'isoler.

Elle n'aimait rien en particulier, elle mangeait tous ses légumes sans broncher, ne demandait pas de chocolat ou de sucrerie sans qu'on lui en propose.

Elle ne faisait pas de caprice malgré la fortune de ses parents, ne désirait pas un cheval ou un chien ou même à chat et encore moins une barbie.

Sa mère avant aimait la chouchouter et la noyer d'amour, mais elle en demandait jamais, les câlins, elle ne les rendait pas toujours et les acceptait, mais sans conviction, sans envie.

Elle était elle-même et ils n'aimaient pas ça.

Elle était une enfant simple et c'était ça le problème.