Bonjour à tous et bienvenue sur ma fiction.
J'espère de tout coeur que l'univers de Ryan Wechester vous plaira ! ~
N.B : Présence de yaoï (relation amoureuse entre deux personnes de sexe masculin). Homophobe non accepté ici. c:
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« Ryan, elle ne reviendra plus … »
Chapitre 1.
Une masse bougea sous les couvertures tandis qu’une main venait s’abattre sur le bouton « stop » du réveil qui sonnait depuis déjà deux bonnes minutes. Un grognement se fit entendre tandis que la silhouette, qui ne faisait qu’un avec le lit précédemment, se levait avec une certaine flemme. Un soupir passa la barrière de cette dernière tandis qu’une douce odeur de tartines grillées venaient lui chatouiller les narines. Une voix rauque de garçon résonna alors dans un murmure à travers les quatre murs de la chambre. « Je meurs de faim », furent les premiers mots prononcés par Ryan. Son ventre gargouilla à cet instant comme pour répondre à ce dernier tandis qu’il se mettait debout, se tenant fermement à sa table de chevet. Le manque de sommeil lui faisait perdre la tête et il avait bien souvent du mal à rester sur ses jambes bien trop longues pour lui.
Quand, au bout de quelques secondes, il réussit à ouvrir la porte, la première vision que lui offrit cette matinée ne lui remonta guère le moral. Kaedan Redfield se trouvait au seuil de sa propre chambre, également prêt à descendre déjeuner. Le jeune homme observa Ryan avec un demi-sourire qui en disait long sur ce qu’il pensait puis haussa légèrement les épaules en lançant d’une voix froide presque glaciale :
« Bonjour, Ryan. Comment tu vas aujourd’hui ?
_ Je t’ai déjà dit un bon paquet de fois de ne pas m’adresser la parole, Redfield, répondit le brun sur la défensive. Sa Némésis faisait encore des siennes de bon matin, et cela le rendait fou. D’ailleurs, il ne semblait pas avoir envie de s’arrêter en si bon chemin.
_ Si tu laissais tes vieilles rancunes derrière toi, non ? Nous sommes à l’Université à présent, et en plus de cela nous sommes voisins de palier. Une bonne raison pour être ne serait-ce qu’un peu plus, disons, poli avec l’autre ?
_ Dans tes rêves. »
Ryan lui passa devant, tentant tant bien que mal d’éviter tout contact visuel avec son ennemi juré tandis qu’il descendait les escaliers deux par deux, suivant son instinct pour trouver la cuisine. Il ne connaissait pas encore bien le lieu où il habitait. L’Université qu’il avait intégrée se trouvait perdu en pleine campagne, dans le sud-est de la France. C’était un grand domaine dont la plupart des cours se passaient dans le grand château au centre tandis que les deux différents dortoirs se trouvaient d’une part et d’autre de l’édifice principal.
L’endroit réservé aux garçons se formait ainsi : le premier étage était divisé en deux parties. L’une servant de grande salle commune où l’on pouvait se retrouver pour regarder des films ou bien jouer à différents jeux vidéo dont chaque élève était le responsable ainsi que, de l’autre côté, une grande salle à manger où les repas étaient servis deux fois par jour, le matin et le soir. Enfin, les trois étages se divisaient en plusieurs chambres dont certaines étaient à nouveau divisée en deux pour ceux qui souhaitaient être colocataires. Enfin, chaque étage comportait une douche commune dont les heures d’ouvertures ne dépassaient jamais cinq heures trente du matin à vingt-deux heures trente le soir.
Ryan descendit les deux étages et arriva au rez-de-chaussée avec une foule d’autres garçons qui d’hors et déjà semblaient s’entendre à merveille alors qu’ils n’étaient entrés que deux jours auparavant. Le brun, lui, n’avait trouvé ni le temps ni l’envie de passer un moment avec les autres. Il supportait assez mal la présence d’une tierce personne dans son espace personnelle et, bien souvent, la raison était une peur inconditionnelle qu’on finisse par se moquer de lui. Une phobie qui ne s’expliquait que par son passé, chose que fuyait également le jeune Wechester.
La salle à manger était remplie de longues et grandes tables permettant à chacun d’avoir assez de place sans pour autant être séparé de ses amis. La plupart d’entre elles avaient d’ailleurs été prise d’assaut par les bandes qui s’étaient formées selon les connaissances des uns et des autres et selon les classes. Ryan, de son côté, ne pu se résoudre à se mélanger aux autres et il prit place dans un coin, sa tartine dans une main et sa tasse de chocolat chaud dans l’autre. Il pensait déjà à la longue journée qu’il attendait ainsi qu’aux cours auxquels il allait devoir assister. Etudiant en littérature étrangère, il avait eu la chance, s’il put dire, d’être bien souvent entouré de filles. La gente féminine se trouvant toujours plus charmante avec le grand timide Wechester.
Kaedan arriva peu de temps après, comme toujours entouré de ses deux meilleurs amis Percy et Naël. Ce trio existait depuis déjà bien des années, après que la guerre entre le châtain et le brun ait commencé mais dans laquelle les deux amis de Redfield jouaient des rôles importants depuis le début du lycée.
Les deux jeunes hommes se connaissaient depuis le primaire. Ils avaient été meilleurs amis durant les deux premières années avant que Kaedan ne finisse par baisser le pantalon de Ryan pour montrer ses sous-vêtements à toute la classe. Malgré la punition de la maitresse et de ses parents, le petit châtain n’avait jamais apporté d’explication. Cet incident en avait entraîné un autre et finalement, les petits coups en douce d’enfants s’étaient transformés en réels règlements de compte dans la cour de récréation au collège. Ryan, depuis enfant, était un garçon fin et frêle et peu musclé car il avait toujours préféré les activités calmes telles que le dessin, la peinture ou la musique plutôt qu’au sport. De ce fait, il finissait toujours perdant des bagarres engendrées et cela l’avait mené à se retrouver seul bien trop souvent pour qu’il puisse s’ouvrir correctement aux autres.
A présent, le jeune homme avait dix-neuf ans. Age auquel il avait décidé de partir du cocon familial que représentaient ses deux frères et sa mère. Ce n’était pas nécessairement par envie, mais plutôt parce que madame Wechester avait toujours souhaité voir ses enfants réussir dans la vie, les voir s’épanouir et, dans ce petit village du midi, Ryan n’avait jamais réussi à trouver le chemin qui lui plaisait, celui sur lequel il se voyait continuer. Elle l’avait donc poussé à trouver une université loin de chez eux afin qu’il puisse vivre, mais le brun ne l’entendait pas de cette oreille.
Se levant de table avant que le trio de Kaedan ne vienne lui cherche des ennuis, Ryan rejoignit sa chambre afin de se préparer tant physiquement que mentalement pour les dix prochaines heures. Fermant soigneusement la porte de sa chambre après avoir gravi les deux étages, il poussa un long soupir exténué. Après quoi, il prit tout son temps pour s’habiller. L’heure de son premier cours arriva bien trop vite et le jeune homme jeta un dernier coup d’œil à son reflet en grimaçant. Décidément, il ne se plaisait pas avec ses cheveux foncés presque noirs, ses yeux bleu-gris et ses traits androgynes. Quelle fille pourrait s’intéresser à lui avec pareil physique ? Pinçant ses lèvres rose pâle, il secoua la tête d’un air exaspéré et attrapa son sac de cours avant de quitter la pièce.
***
Le château où se trouvaient toutes les grandes salles de classe datait de l’époque de la renaissance. Il avait de grandes fenêtres et formait un rectangle assez conséquent avec d’immenses tours aux quatre coins surmontés d’un toit pointu noir qui se mariait parfaitement avec le blanc cassé des murs. L’édifice dans son ensemble épousait parfaitement les prés d’herbe verte entourés d’un lac scintillant sous le soleil de cette fin d’été. Le tableau offrait donc une magnifique vue dans un cadre presque idyllique. Si Ryan ne faisait pas preuve de mauvaise foi, il aurait pu reconnaitre que l’endroit était doté d’une certaine magie. Cependant, à travers ses yeux de jeune adulte amer, il n’en voyait qu’une prison. Attendant depuis un certain moment devant la bâtisse, il avait du se résoudre à entrer pour trouver sa salle. Les couloirs étaient assez larges mais il était difficile de se retrouver à travers les marées d’élèves qui se pressaient dans tous les sens à chaque étage. Mettant sa patience à rude épreuve, Ryan marchait d’un pas las dans l’aile droite du château, suivant une chevelure rousse qu’il savait appartenir à une jeune fille de son cours de littérature.
La pièce où se déroulait la plupart des cours de Wechester était en réalité un amphithéâtre avec plus de deux cents places et, en contrebas une estrade où se trouvait le bureau du professeur ainsi d’un grand tableau vert. Enfin, il y faisait assez bon et l’atmosphère y était chaleureuse. Malgré la place dont faisait preuve la salle, le peu d’élèves présents en cours de littérature s’étaient installés aux deux premiers rangs de la rangée du milieu et tous parlaient gaiment du cours qui allait suivre, tentant de savoir le sujet du jour.
Soudain, la porte s’ouvrit pour laisser place à une femme de taille moyenne, un peu ronde et des lunettes rondes sur le bout du nez, coiffé d’un impressionnant chignon qui semblait tenir comme par magie. Elle balaya sa classe d’un regard froid et distant avec un petit sourire pincé puis elle prit place face au tableau, les mains croisées devant elle. Sa longue jupe à motif floral cachait ses chaussures et son chemisier pourpre était boutonné jusqu’au dernier bouton et sans un pli.
« Bonjour à tous, veuillez prendre vos aises. Je suis le professeur Guérin et c’est avec moi que vous étudierez la littérature française jusqu’à la fin de votre année, avait-elle lancé d’une voix étonnamment claire, mais dépourvu de quelconque gentillesse. Bien, maintenant, je vais vous demander de bien vouloir me lister le noms de tous les auteurs que vous appréciez, ainsi que des œuvres que vous avez lu afin que je sache un peu à qui j’ai affaire, pour voir si l’un d’entre vous mérite réellement d’être appelé un « littéraire ». »
Ryan avait senti une vague d’appréhension en entendant les paroles de son professeur. Il avait bien peur de devoir passer son année à regretter d’avoir choisi cette branche-ci, même si c’était réellement la seule matière qui lui permettait de suivre également les cours de musique et d’arts plastiques. Il adorait lire et prenait du plaisir à sentir le papier sous ses doigts, découvrir des personnages et prendre part aux énigmes, mais madame Guérin saurait-elle l’intéresser et rendre ses cours vivants ? Une chose était sûre en tout cas, elle était loin d’être le type d’enseignant à donner envie de retourner à son cours.
Plongé dans ses pensées, le brun mordillait son crayon et n’avait absolument rien écrit sur sa feuille. De toute façon, ses exemples n’étaient pas des meilleurs puisqu’il ne lisait jamais de la grande littérature française, préférant de loin les auteurs anglais, mais cela ne serait jamais une excuse pour le professeur. Finissant par sortir de ses songes, Ryan griffonna quelques noms par-ci par-là en espérant que cela serait suffisant pour un début puis se mit à dessiner de petits motifs dans le coin de son cahier qui n’avaient de sens que pour sa personne.
Tout à coup, la porte s’ouvrit dans un grand fracas et une jeune fille ressemblant vaguement à l’archétype de la délinquante fit son apparition. Elle tenait dans sa main droite un papier avec un tampon et dans l’autre son livre de littérature dont la couverture était cornée. Elle se tourna vers madame Guérin avec un sourire presque forcé avant de s’exclamer :
« Excusez-moi, professeur. J’suis nouvelle et m’suis perdue dans l’couloir. Elle s’était avancée vers le bureau en y déposant le mot d’excuse que l’enseignante s’empressa de jeter à la poubelle sans y jeter le moindre coup d’œil. Cependant, elle fusilla la nouvelle venue de ses yeux perçants et répondit d’un ton cassant :
_ J’en suis persuadée, mademoiselle Roux, elle marqua une longue pause avant de reprendre, maintenant veuillez cesser vos pitreries et vous asseoir là-bas afin que nous puissions reprendre ce cours. »
La nouvelle élève souriait toujours malgré la mauvaise humeur dans laquelle elle avait plongé son professeur et prit place juste à côté de Ryan, lui lançant un regard en biais absolument pas discret qui mit mal à l’aise le jeune homme. Ce dernier se recroquevilla d’ailleurs un peu plus sur lui-même, rentrant la tête dans les épaules. Il se giflait déjà mentalement de ne pas avoir le pouvoir de paraître dangereux et menaçant et faire fuir les autres. Ses espoirs de tranquillité tombèrent d’ailleurs à l’instant même où la jeune fille à côté de lui commença à murmurer :
« Elle est tout le temps comme ça ? Non pas qu’elle ne paraisse pas sympathique, mais sincèrement un sourire de temps en temps ne lui ferait pas de mal. Je suis persuadée qu’elle pourrait même être adorable ! Elle rit légèrement, visiblement fière d’elle puis tourna la tête vers son camarade de classe en tendant la main sous la table, en fait, je suis Abby. Enchantée !
Ryan tourna la tête, agacé par le comportement de sa voisine de classe et lui adressa un sourire poli, mais dénué de sympathie.
_ Ryan. Maintenant, si tu pouvais te taire et me laisser suivre le cours, j’apprécierai, répondit-il d’une voix trainante et lasse.
_ Oh, je vois. J’imagine que le professeur vous a demandé de faire des dessins totalement abstraits ? Renchérit-elle en lorgnant la feuille du brun avec un air malicieux. Très intéressant pour un cours de littérature ! »
Ryan sentit ses joues prendre une teinte cramoisie et détourna la tête pour éviter de devoir répondre, premièrement, mais aussi ne plus croiser le regard vert moqueur de la jeune fille.
***
L’heure de littérature s’était finalement finie sur une note positive, les étudiants n’avaient pas encore de devoir sauf celui de se procurer différents ouvrages qu’ils pourraient emprunter à la bibliothèque. Abby avait pris une direction opposée à celle de Ryan après le premier cours et le jeune homme ne l’avait plus croisée durant toute la matinée et les heures suivantes s’étaient enchainées assez rapidement. Quand le jeune homme finit son cours de musique, à treize heures, la cafétéria était totalement pleine et un brouhaha permanent d’éclats de rire et de bruits de couverts. Tout ce que voulait éviter le brun. Prenant un simple sandwich à 1 euro, il se dirigea ensuite vers le long couloir qui menait à la bibliothèque en tapotant sur son smartphone un message à l’attention de sa mère « Journée pas plus brillante que les deux dernières. Kaedan m’a parlé pour la première fois depuis que je suis arrivé et je le déteste toujours autant, en plus, personne ne semble assez intéressant. Les cours se passent plutôt bien. Vous me manquez, je vous aime. Fais des bisous à Thomas et Enzo. ».
Depuis les deux jours qu’il était rentré, il venait ici pour faire ses devoirs quand il en avait et, bien sûr, déjeuner à sa pause tout en lisant ou révisant après avoir tenu au courant sa mère de l’état de sa journée qui, à chaque fois, n’était pas fameux.
La pièce était composée de larges rayons où des livres de différents formats étaient rangés par matières, genres et auteurs et, dans tous les coins se trouvaient des tables, des ordinateurs, des petits canapés et cela, sur quatre étages puisqu’elle se trouvait dans la tour de l’aile Ouest du château. Le jeune homme monta jusqu’au second étage et trouva une table inoccupée à laquelle il s’installa. Croquant avec appétit dans son sandwich, il ouvrit en même temps son livre qu’il lisait en ce moment-même et qui n’était autre qu’un roman policier d’un auteur assez connu. Peu à peu, Ryan finit par se déconnecté de la réalité et prit possession du personnage de Hercule Poirot, s’imaginant bien suivre les scènes telles qu’elles étaient décrites. Il mangeait d’un geste mécanique, ses yeux dévorant avec passion les lignes les unes après les autres avec un petit sourire heureux quand, surpris, le jeune homme lâcha son livre en sentant une main sur son épaule. Fronçant les sourcils, il secoua légèrement la tête en se tournant, se rendant bien compte qu’il n’y avait personne. Poussant un soupir de soulagement après la frayeur qu’il venait de se faire, Ryan marmonna un juron et se réinstalla correctement sur sa chaise au moment même où Abby sortait d’un rayon, un livre d’histoire dans la main. Saluant chaleureusement son camarade de classe, elle ne demanda même pas la permission pour s’asseoir sur la chaise en face et s’exclama d’un air amusé :
« Ryan ! Je ne pensais pas te trouver ici. Ca ne te dérange pas que je reste avec toi ? J’aimerai avoir un peu de compagnie pour éviter quelconque envie suicidaire en préparant mon dossier d’histoire !
_ Mh, fais comme tu veux. De toute façon, je m’en vais bientôt, avait murmuré le brun, résigné. »
Quand Abby se plongea dans son livre, prenant quelques notes sur une feuille à côté de celui-ci, Ryan en profita pour la regarder avec plus d’attention. Elle était fine, élancée avec une forte poitrine qu’elle tentait de cacher avec un large tee-shirt, des jambes assez courtes qu’elle tentait d’allonger avec des chaussures à talons et des jeans serrés qui épousait parfaitement ses formes. Son visage rond était fendu d’un anneau à la narine droite, ses yeux verts étaient brillant de vitalité et de joie-de-vivre et ses cheveux d’un rouge sang se reflétaient à la lumière. Elle était jolie, semblait gentille et le brun se demanda soudainement pourquoi il n’avait pas su se montrer plus avenant puis se souvint tristement qu’il l’avait été dans le passé et que cela s’était retourné contre lui. Passant une main dans ses cheveux en bataille, il laissa un soupir s’échapper de ses lèvres et regarda machinalement l’heure avant de tenter de se plonger à nouveau dans son roman. Quelques plus tard, il sentit à nouveau une main se poser sur son épaule et il n’eut qu’à lever la tête pour croiser le regard du président de l’Université en personne. Le jeune homme écarquilla tout d’abord les yeux avant de finalement se lever tout en ressassant dans sa tête les dernières choses qu’il avait faites sans en percevoir la moindre gravité qui entrainerait un tête-à-tête avec monsieur Denis.
Ce dernier, âgé d’une cinquantaine d’années, était sûrement la personne la plus souriante que Ryan n’ait jamais connue. Il avait toujours le mot pour rire et le discours qu’il avait prononcé en début d’année avait été digne d’un one man show, ce qui le rendait sympathique aux yeux du jeune adulte. Pourtant, cette fois, le président de l’école ne semblait pas d’humeur à rire, il avait même l’air grave et préoccupé. Faisant signe au brun de le suivre, il marcha rapidement jusqu’à son bureau sans faire réellement attention à Ryan qui devait presque lui courir après pour ne pas le perdre de vue. Quand, enfin, il ferma la porte de son bureau, il se racla la gorge avant de s’asseoir sur son fauteuil en invitant l’étudiant à s’asseoir en face. Une fois les deux hommes installés, monsieur Denis déclara d’un ton sinistre :
« J’ai une mauvais nouvelle, Ryan. Je ne savais pas vraiment comment te tenir au courant, d’autant plus que je ne te connais pas encore étant donné que cela fait peu de temps que tu es dans cet établissement, mais je pense que le plus simple sera le mieux, il souriait d’un air qui se voulait sûrement rassurant mais qui acheva de retourner l’estomac du jeune homme, il continua : tout d’abord, je tiens à ce que tu saches que nous mettrons en place une aide pour que tu ne sois pas seul dans cette situation, et saches aussi que tu n’es pas le seul à qui cela arrive. Certains de nos élèves seront sûrement bien placés pour te tendre la main également …
_ Monsieur, pouvez-vous en venir au fait, je vous prie, le coupa Ryan en soufflant d’une voix rauque, ayant peur de peu à peu réaliser cette fameuse nouvelle.
_ Oui, mh … (il marqua une pause dans laquelle il joua avec ses doigts), et bien ta mère et tes deux frères ont eu un terrible accident de voiture. Les Urgences ont appelé car ils ne pouvaient te joindre. Je suis sincèrement désolé, Ryan. Si je peux…, le président fut coupé par Ryan qui s’était levé en tapant du poing sur la table tout en hurlant :
_ Ce n’est pas possible ! C’est une blague, je ne peux pas y croire ! Je veux appeler ma mère, laissez-moi !
_ Ryan, ta famille est décédée, elle ne reviendra pas … Toutes mes condoléances. »
Monsieur Denis s’était lentement levé, faisant attention aux gestes furieux de Ryan dont les yeux clairs s’étaient remplis de larmes et l’attrapa doucement par les épaules en le forçant à se rasseoir, lui murmurant des mots rassurants, tentant tant bien que mal que l’étudiant se reprenne avant qu’il ne l’assomme d’informations. N’ayant jamais connu son père car il était parti bien avant sa naissance, Ryan était à présent orphelin et il se dressait devant quelques obstacles auxquels il devait faire face, normalement imprévus dans les projets d’un adulte de dix-neuf ans.
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