Je descends du wagon.
Je peux enfin respirer un peu d'air frais.
J'ai faim, j'ai soif, j'ai mal partout, j'ai la nausée à cause des odeurs d’urine et des cadavres mais moi, je suis en vie.
Certains n'ont pas supporté le voyage. Ils ne reverront plus jamais la France.
Pour descendre, je dois enjamber les petits corps inertes de 3 jeunes enfants.
Le plus jeune n’avait même pas 1 an.
Les SS nous répartissent en deux groupes très inégaux. Ils comptent à voix haute.
Grâce à mes rudiments d’allemand, je comprends que le premier groupe comprend 700 personnes.
Des vieillards, des enfants, des femmes et des hommes malades ou blessés.
Dans mon groupe nous sommes à peine 300.
Nous étions 1300 au départ de Drancy.
Près de 300 personnes sont décédées durant le voyage.
Personne n’ose parler. Les enfants encore en vie se cachent derrière les adultes.
Je comprends alors que tout ce qu'on raconte sur les camps est vrai.
Je comprends que je ne reverrai jamais ceux qui me font face.
Avec trois autres femmes, je suis conduite dans un baraquement réservés aux plus valides d'entre nous.
Je ne suis plus Anna, 17 ans, de Colleville sur Mer.
Depuis ce 5 août 1944, je suis le numéro 6520 du camp d'Auschwitz- Birkenau. |