Il était une fois, il y a bien longtemps une jeune fille qui se méfiait des hommes. Elle vivait recluse loin de toute compagnie masculine au grand dam de ses parents, au désespoir de lui trouver un mari ! Elle était pourtant un beau parti, par sa fortune et son rang de comtesse.
On lui demandait bien souvent d'où lui venait cette méfiance à l'égard du genre masculin. Elle répondait que les hommes n'étaient jamais sincères dans leurs sentiments ou alors jamais bien longtemps. Ils utilisaient la naïveté -hélas courante chez les femmes- à leur avantage pour profiter soit de leurs biens, soit de leur beauté. Selon elle, nul homme n'était sincère. C'est pourquoi elle ne voulait pas se marier ou même être courtisée !
Par un bel après-midi d'été, il lui vint l'envie d'aller s'asseoir près de la fontaine se trouvant près d'un petit bois qu'elle affectionnait. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle aperçut une femme inconnue, somptueusement nantie assise sur le rebord de cette fontaine.
Dès qu'elle la vit, la femme s'approcha de la jeune fille. La seconde était subjuguée par la première.
Cette dernière était en fait une fée ! Et elle avait décidé de dédier ces pouvoirs, non pas aux forces naturelles ou de l'esprit, mais à celles du cœur. La fée avait entendu parler d'une jeune damoiselle au cœur si dur et si sec que jamais il ne se laissait fléchir par de tendres sentiments. Elle avait donc résolu d'aller lui apporter son aide.
« -Jeune comtesse, je connais la raison de ta méfiance des hommes. Je comprends cela, je suis cependant venue d'avertir : un cœur sans amour s'assèche et se désagrège. Ta vie ne saurait avoir de sens profond sans lui. Voilà pourquoi j'ai décidé de te faire don de ceci. »
La fée se pencha et saisi un simple caillou sur le bord du chemin. Elle la mit dans la main de la jeune fille, stupéfaite.
« -N'aie crainte, je dis la vérité ! Ce caillou se métamorphosera en bijou lorsque tu le mettra dans la main d'un homme. Il te montrera la sincérité de ton soupirant. Plus sincères seront ses sentiments, plus précieux sera le bijou. »
La jeune fille était extrêmement reconnaissante et remercia chaleureusement la fée mais posa une question. Même si les sentiments étaient sincères, qu'en serait-il de leur durée ?
A cela, l’enchanteresse répondit qu'il fallait lui ramener le bijou trois jours après sa création. Le sortilège durerait alors toute la vie. En revanche, si elle révélait le secret de cette magie à quiconque, elle perdrait tout pouvoir. La fée lui dit qu'elle pourrait la trouver à la Source des Fées. Sur ces mots, elle disparu dans un rai de lumière.
La jeune comtesse revint chez elle et fit mander l'orfèvre. Elle lui demanda de monter le caillou en pendentif le plus vite possible. Celui-ci s'exécuta, bien que très surpris. Il le monta fort habilement avec une simple chaîne en fer.
Après avoir récupéré son collier et l'avoir attaché à son cou très discrètement, elle alla voir ses parents pour leur annoncer sa décision de se rendre à la Cour, donner ses respects à la famille royale. Ses parents étaient aux anges, vous l'imaginez bien !
La jeune comtesse alla donc à la Cour, accompagnée de ses parents. On leur fit très bon accueil, leur renommée étant grande dans le royaume. Le roi et la reine se montrèrent très chaleureux durant leur audience privée. Ce n'est que le lendemain qu'elle rencontra le prince au détour d'un sentier. Il avait perdu et son cortège et son cheval... Mais assura en être ravi puisque ces circonstances les avaient fait se rencontrer. Malgré elle, la jeune comtesse sentit son cœur se tendre, comme un petit animal traqué. Le prince était fort bel homme, cultivé et attentionné. Le rêve de toute jeune fille !
Durant les semaines qui suivirent, le prince montra beaucoup d'attachement à la jeune comtesse, lui offrant présents exotiques et bijoux luxueux, à la grande joie des parents de cette dernière ! Le roi et la reine en semblaient eux aussi satisfaits, ils avaient trouvé en cette jeune noble une bru admirable par sa beauté, son intelligence, sa culture et sa réputation de grande vertu qui n'était plus à faire.
Ainsi s'écoulaient les jours, doux et charmants. Un soir de bal, le prince demanda à la jeune comtesse si elle daignait bien mettre fin aux tourments amoureux qui le taraudaient en devenant sa femme. Étourdie par les attentions du prince et par les semaines pleines d'agréments qui venaient de s'écouler, elle failli répondre par l'affirmative sur le champ. Heureusement, elle se souvint de l'existence du collier, elle le sorti de son corsage.
« -Mon ami, lui dit-elle, ma requête va vous sembler fort étrange mais je vous en prie, si vous avez un tant soit peu d'amitié pour moi, accédez à ma demande ! »
Le prince promit d'y accéder sans restriction aucune.
« -Prenez ce caillou dans votre main, ma réponse dépendra de ce qui se passera. »
Elle déposa le caillou dans la main du prince. La petite pierre sembla frémir mais ne changea point, la chaîne était devenue en or.
La jeune comtesse trembla d'une colère qu'elle avait du mal à contenir. Le prince osait se moquer d'elle, de ses sentiments ! Il osait la demander en mariage alors qu'il ne ressentait qu'un vague intérêt pour elle, parce qu'elle convenait aux exigences de ses parents, et ce, en lui promettant l'amour !
Ulcérée, elle fit demi-tour, demanda son attelage et rentra dans ses terres dans la minute non sans avoir auparavant récupéré son précieux pendentif, laissant le prince complètement désemparé.
Dès le lendemain matin, ses parents la rejoignirent. Ils la harcelaient de questions, cherchant des réponses à son étrange comportement. Leur fille aurait devenir princesse puis reine ! Pourquoi refuser la demande du prince ?
Leur fille garda un silence profond pendant des semaines. Quelques mois plus tard, elle leur dit qu'elle acceptait désormais de recevoir quelques prétendants, pas plus d'un à la fois.
Ainsi, s'écoulèrent les mois, tous plus décevants les uns que les autres. Chaque fois qu'elle pensait un soupirant sincère, le pendentif lui révélait la dure vérité. Pas une fois le caillou ne se métamorphosa ! Seule la chaîne daignait bien changer parfois de matière, tantôt de bronze, tantôt d'argent. Puisque c'était invariablement le même genre d'homme qui venait lui rendre visite, la jeune comtesse décida d'aller voir par le monde voir s'il en existait d'autre sorte.
Bien entendu, elle ne souffla mot de son projet à personne. Elle parti dès potron minet après s'être grimée en bergère. Après deux semaines de marche -elle tenait à s'éloigner le plus possible de chez elle- et après avoir épuisé ses provisions, elle se fit engager comme gardeuse d'oies dans une ferme. Le travail était simple, une routine s'installa. Chaque matin elle menait les oies au pâturage, elle profitait de ce moment de calme pour faire des travaux d'aiguille. Mais bien souvent, ses pensées étaient occupées par son pendentif. Était-il la preuve qu'aucun homme n'était capable de sincérité ? Elle commençait à le croire...
Un matin, alors qu'elle surveillait ses oies tout en cousant, un jeune homme vint lui parler. Elle le connaissait déjà, c'était l'un des fils du boucher du village voisin. Il s'assit près d'elle et lui proposa un sablé à l'anis. La jeune comtesse fut touchée par cette gentille attention, ce jeune homme partageait ce qu'il avait avec elle. Tout en grignotant les sablés, ils devisèrent gaiement.
Le jeune homme avait une conversation agréable même s'il manquait de culture mais la jeune comtesse semblait s'en accommoder. Ils prirent l'habitude de déjeuner ensemble deux fois par semaine. Il venait la rejoindre et amenait des sablés à l'anis. Elle se remit à espérer, peut-être était-il le bon ? Elle avait désormais abandonné toute idée d'épouser une personne de son rang et s'était résolue à une mésalliance pour assurer son bonheur.
Ainsi s'écoulèrent les semaines. Un après-midi, le fils du boucher sembla ne pas vouloir partir comme il en avait l'habitude. Il prit sa main dans la sienne avant de lui fit une déclaration enflammée et de lui demander un baiser.
« -Vous dîtes m'aimer, désirer un baiser de moi mais vous ne me demander pas de vous épouser ? »
Le jeune homme paru gêné.
« -C'est-à-dire que... J'espère que vous comprendrez, vous n'avez ni bien ni dot. Jamais mon père ne consentirait à une telle union ! »
La jeune comtesse était fort marie du culot du jeune homme. Elle décida néanmoins de le soumettre au test du pendentif. Elle assura à son soupirant qu'elle avait une solution pour palier à cet obstacle à leur union qu'il réussissait une épreuve. Intrigué, il accepta.
Elle mit donc le petit caillou dans la paume du jeune homme. Le cœur battant d'espoir, elle fixait le caillou. Ce dernier frémit et commença à se métamorphoser ! Enfin !
Un topaze monté sur une chaîne d'argent se tenait à présent sur la paume du jeune homme, très étonné. Le topaze n'était qu'une pierre semi-précieuse mais la comtesse avait apprit la vraie valeur des bijoux. C'était le meilleur résultat qu'elle obtenu jusque là... Elle résolu tout de même d'attendre le lendemain avant de tout expliquer au fils du boucher et d'en faire son fiancé.
Grand bien lui en prit ! Le lendemain matin, alors qu'elle menait ses oies au pâturage comme à son habitude, une grande silhouette drapée de noir s'approcha. Elle ne prit pas peur, reconnaissant un des mendiants du village qu'elle avait vu à plusieurs reprises quand elle faisait ses aumônes. Ils s'assirent ensemble et partagèrent le reste des gâteaux à l'anis. La jeune comtesse fut infiniment surprise par le physique et la conversation du mendiant. En effet, lorsqu'il fit tomber sa capuche, elle put voir combien il était jeune et bel homme malgré ses joues creuses. Le jeune mendiant savait bien de choses sur bien des sujets : il avait beaucoup voyagé ! Mais un jour, des brigands lui avait volé ses biens et il était resté en terre étrangère faute de moyens pour rentrer chez lui ou pour contacter les siens. Ils conversèrent ainsi des heures durant et ne s'en rendirent compte que quand le ciel se teintait d'orange.
La jeune comtesse rangea ses affaires à toute vitesse, ne voulant surtout pas arriver en retard pour le dîner, sans quoi elle devrait jeûner.
Elle salue chaleureusement le mendiant et parti, un pincement de regret lui serrant le cœur.
Une fois assise à table avec les autres employés de la ferme, elle se rendit compte que son précieux pendentif avait disparu ! Elle se rua dehors en proie à la panique la plus totale. Elle fit le chemin qu'elle avait parcouru en sens inverse, rien près du puits, rien dans le poulailler...
Tout à coup, elle vit la silhouette drapée de noir, le mendiant. Elle sollicita son aide mais il la fit taire en lui disant avoir retrouvé le pendentif. Il ajouta avoir un instant hésité à le vendre mais qu'il n'avait pu se résoudre à voler, fut-ce pour se nourrir. La jeune comtesse était étonnée, pourquoi penser à vendre un caillou ? Le jeune mendiant ne lui rendit non pas un caillou monté sur une chaîne de fer mais une perle magnifique de la taille d'une noix ornée d'ambre et montée sur un chaîne d'or blanc !
Jamais cœur n'avait mené une course aussi effrénée ! Les yeux mouillés de larmes, elle murmura : « -Depuis combien de temps m'aimez-vous ? »
Le jeune mendiant paru comme foudroyé. « -Comment savez-vous ? »
« -Je ne puis vous l'expliquer céans. Je sais néanmoins que vous m'aimez, sachez que mon cœur fait écho au vôtre ! »
Le jeune homme sembla très mal à l'aise et eu un sourire amer : « Cela ne sert à rien d'en parler, je ne suis qu'un pauvre hère, je n'ai pas assez de moyens pour espérer me marier et entretenir un foyer.
Je vous dis adieu ma douce. »
Il la quitta sur ces mots, elle tenta de le rattraper mais c'était trop tard ! Son manteau noir s'était fondu dans les ombres du début de la nuit.
Le cœur lourd, le poing serré sur son pendentif, la jeune comtesse regagna sa masure et s'endormit comme une masse.
Dès le lendemain matin, elle résolu d'aller faire ses aumônes au village, espérant retrouver ainsi le jeune mendiant de la veille. Son esprit était si embrouillé entre ses peurs et ses espoirs qu'elle en oublia son pendentif.
Une fois arrivée à destination, elle entreprit ses recherches mais nul ne semblait l'avoir vu... Au détour d'un chemin menant hors du village, la jeune comtesse aperçu une petite fille aux pieds nus et ensanglantés. Elle hésita à lui porter secours mais s'arrêta pour lui laver et lui bander les pieds.
Tout à coup, la petite fille grandit et devint une femme magnifiquement vêtue.
« -Chère enfant, comme tu t'en doutes, je suis une fée. J'ai pour coutume de récompenser les actes de bonté par un souhait de ton choix mais je sais ce dont tu aura bientôt fort besoin. Permets-moi donc de te donner ceci. » La fée tendit un petit miroir de poche et ajouta que l’artefact ne fonctionnerais qu'une seule fois et lui permettra de révéler la véritable nature d'une personne. Pour cela, il lui fallait diriger le miroir vers la personne et prononcer le mot « Althéia ! » Ce mot signifiait « Vérité » dans une langue aujourd'hui oubliée par le commun des mortels. Le fée ajouta qu'Amour et Vérité marchaient main dans la main, elle disparu elle aussi dans un rai de lumière.
La jeune comtesse poursuivi sa route à grands pas après avoir rangé le miroir. Elle finit par retrouver son mendiant, assis entre les racines d'un grand chêne bordant le chemin. Quand il la vit, son visage perdit toute couleur ! Il lui expliqua qu'il ne pouvait plus vivre près d'elle plus longtemps de cette façon et qu'il partait pour l'oublier. La jeune femme lui expliqua sa situation, sa véritable identité sans évoquer la magie, bien entendu. Elle n'avait pas oublié l'avertissement de la première fée : si elle parlait de l'existence de l'artefact à quiconque, celui-ci perdrait tout pouvoir !
Le jeune mendiant était bouleversé, il n'osait pas croire que la chance lui souriait enfin ! Il aimait une jeune fille qui l'aimait en retour. Et cette même jeune fille était une dame de la noblesse et possédait une fortune. Et elle voulait l'épouser lui ! Son aimée lui demanda juste de l'attendre quelques jours, elle devait partir pour des affaires mystérieuses dont elle lui expliquerai la teneur plus tard. Assez surpris, il accepta.
La jeune femme couru presque à la ferme quand elle se rendit compte qu'elle avait une fois de plus égaré son précieux pendentif ! Elle retourna toute sa masure, il ne se trouvait nulle part ! Elle entreprit de chercher la jeune bergère avec qui elle la partageait mais ne trouva trace d'elle nulle part... La maîtresse des lieux lui dit que le jeune bergère était partir très brusquement, prétextant une mère mourante. Elle voulait bien le croire, la petite était partie sans même prendre ses gages !
Tout à coup, le cœur de la comtesse fut pincé par le doute. Elle avait laissé le bijou sur le petit meuble où elle rangeait ses vêtements. Et si la bergère l'avait prit ? Le collier devait valoir une fortune ! Horreur ! Elle n'avait que trois jours pour retrouver la traîtresse, récupérer son collier avant qu'elle ne le vende et aller à la Sources des Fées. Un poids écrasant s'abattit sur ses épaules. Mais elle se reprit bien vite, elle n'avait nullement le temps de se décourager ! Elle parvint à trouver un marchand acceptant de la transporter dans sa carriole. La jeune comtesse avait dans l'idée que la voleuse irait vendre son butin à la capitale du Royaume, seules les bijouteries de cette ville seraient intéressées par un article pareil !
La jeune fille se rendit en premier lieu à la plus prestigieuse d'entre elles et grand bien lui en prit ! Elle aperçu la bergère en train d'insulter le bijoutier qui tentait de la mettre à la porte. Le bijoutier avait le nez fin comme on dit, et avait deviné que le bijou avait été volé. Comment une bergère aurait bien pu posséder pareille merveille ? La comtesse nettoya son visage et ses mains avec application dans une fontaine, remis de l'ordre dans sa tenue avant de s'avancer vers le bijoutier et de se présenter comme la propriétaire légitime du collier.
L'homme failli ne pas la reconnaître dans cette tenue mais l'élégance de son maintient et de son langage lui rappela une commande que le prince lui avait faite pour une jeune comtesse dont il lui avait montré le portrait. Stupéfait, il s'inclina. Mais la voleuse ne l'entendait pas de cette oreille et voulu s'enfuir avec son larcin. Malheureusement pour elle, la comtesse fut plus rapide et sortit le petit miroir avant de le tourner vers la bergère et de s'écrier « Althéia » ! La voleuse se figea et se mit à rapetisser de plus en plus vite jusqu'à devenir un crapaud hideux et pustuleux !
C'est ainsi que la comtesse récupéra son bijou, elle remercia le bijoutier et se mit en route, elle n'avait pas une seconde à perdre !
Elle avait déjà perdu une journée, il ne lui en restait que deux pour atteindre la Source. Elle parvint à l'orée du bois au soir du deuxième jour, elle décida de se reposer pendant la nuit pour reconstituer ses forces mises quelques peu à mal par cette odyssée imprévue. Se levant avec le soleil, elle entra dans la forêt. Au début, elle marchait sur le sentier et avait bon espoir de parvenir à la Source vers midi en continuant d'avancer à ce rythme. Mais cet espoir l'abandonna bien vite quand elle se rendit compte que plus elle s'enfonçait dans la forêt, plus la route devenait impraticable, à tel point qu'elle avait du mal à progresser. Mais pas une fois la jeune comtesse ne baissa les bras, dès qu'elle chutait elle se relevait, elle n'avait cure ni des ronces qui déchiraient le bas de sa jupe et qui lui mordaient les chevilles ni des branches acérées qui lui griffaient le visage. Elle était si proche du but, elle n'allait pas certainement pas abandonner maintenant ! Elle tenta d'estimer l'heure en regardant le soleil mais se rendit bien vite compte que cela était impossible : les branchages des arbres étaient si épais qu'ils ne laissaient passer que de rares rayons de lumière.
La jeune comtesse trébucha sur une racine quand elle déboucha sur une grande clairière. Elle était fourbue et affamée comme jamais elle ne l'avait été, quand son regard se porta vers le ciel dégagé, elle en comprit la raison : la lune était haute dans le ciel. Son cœur saisi par l'effroi, elle pria de toute son âme pour qu'il ne soit pas trop tard ! Elle couru vers la Source aussi vite que ses jambes affaiblies le lui permettaient. Si elle n'était pas aussi pressée, la jeune fille aurait passé des heures à contempler la sublime Source des Fées, un pur joyau de magie. Elle aperçu la fée, entourée d'une aura douce et lumineuse, il n'était pas trop tard !
Sans même prendre le temps de prononcer un seul mot, elle tendit le bijou à la fée avant de tomber à genoux d'épuisement. L'enchanteresse se hâta de plonger le collier dans les eaux turquoises de la Source, il ne restait plus que quelques minutes ! La jeune comtesse vit la fée revenir vers elle, un sourire réconfortant sur les lèvres.
« -Avant toute chose, je te félicite mon enfant. Tu as fais montre de sincérité, de courage et de détermination dans ta quête de l'amour sincère. Je suis fière de toi. Voici le collier, je te le rends. Quel magnifique bijou, je n'en attendais pas tant ! Garde-le toujours sur toi et l'amour qui t'unit à ton soupirant jamais ne se brisera. A présent, je vais te soigner avant de te laisser mais je te donne un ultime conseil, garde toujours en mémoire les paroles de ma consœur, l'Amour marche main dans la main avec la Vérité. »
La jeune fille regagna le village où le mendiant l'attendait, ils partirent ensemble pour la demeure des parents de la comtesse. Ses derniers furent transportés de joie à la vue de leur enfant chérie, saine et sauve franchissant le portail ! Après les avoir longuement étreins et embrassés, elle leur expliqua, ainsi qu'à son soupirant, toute l'histoire. Elle montra pour preuve le collier et le miroir. Tous trois, tant les parents de la comtesse que son soupirant étaient pantois. Le père se ressaisit en premier et accepta de donner sa bénédiction au mariage de sa fille avec ce jeune homme car, même s'il n'était qu'un mendiant, il aimait sa fille le plus sincèrement du monde et celle-ci l'aimait pareillement.
C'est ainsi que la jeune fille qui se méfiait des hommes trouva l'amour sincère, elle épousa son soupirant et ils vécurent heureux aussi longtemps qu'ils vécurent.
« L'amour ne connaît de frontières,
Et il ne saurait être retenu.
Sans sincérité il sera déçu
Aujourd'hui comme hier. » |