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La Jeune Fille et la Mort
Par Natalea
Originales  -  Drame/Mystère  -  fr
One Shot - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     1 Review    
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Histoire hautement métaphorique. A ne pas prendre au pied de la lettre. Je ne pense même pas qu'elle est bien écrite, j'ai juste la mauvaise habitude de publier presque tout ce qui sort de ma drôle d'imagination ^^

Enfin si vous avez lu certaines de mes autres fics, vous devez savoir que je verse souvent dans le sombre.

Bonne lecture, donc.

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C’était une froide journée d’octobre. Un de ces jours où la pluie descend sur le monde, comme pour en laver les pêchés et les souvenirs qu’ils y ont laissé. L’odeur des feuilles d'automne se mêlait aux sédiments, à la pierre, la mousse, l’humus en décomposition, éveillant à la vie toutes ces odeurs de mort qui annonçaient l’hiver, la nuit, sans fin.

Dans le cimetière du Père Lachaise, l’eau ruisselait telle des larmes sur les joues des statues, traçait des sillons dans leurs visages érodés, effaçant de la réalité leurs traits et donc, leur identité. Leur existence même retournait à la pierre, à une époque où la main de l’homme les avait laissées intactes, brutes, inaccessibles au royaume des mortels et aveugles envers leurs propres secrets.

Immobile sous la pluie, une enfant observait le goutte-à-goutte dévorer le visage des anges, emportant les noms dans l’oubli, consciente d’avoir là sous les yeux une vision de son propre avenir, et de l’avenir de l’humanité toute entière. Cette vision aurait pu la remplir de tristesse, ou d’angoisse. Et pourtant, la petite fille l’accueillait dans son cœur avec une sérénité religieuse, contemplant la beauté de l’éphémère, l’immuable, la fragilité de l’instant : l’incommensurable beauté de la Mort, tout simplement.

Autour d’elle, une foule revêtue de noir se tenait rassemblée, enfouissant leurs visages derrière des voilettes, des étoffes, des parapluies, autant de remparts entre leur esprit et l’inéluctable vérité qui se déroulait sous leurs yeux. Ils allaient mourir. Tous, autant qu’ils étaient, allaient mourir un jour, exactement comme les corps que l’on mettait en terre aujourd’hui.

La petite fille assistait à la scène, captivée et pourtant comme étrangère au monde, se sentant toute entière livrée à des émotions plus profondes que les abymes de son âme, et plus intenses que ne le lui permettait son jeune âge. Elle dévisageait le défilé de capelines et de manteaux noirs, l’alternance presque poétique des hauts de forme et des joyaux des femmes, prenant conscience, brusquement, de la démonstration vénale de ces gens, même en cet instant.

La voix du prêtre la replongea dans son introspection. Ses mots ne parvenaient pas jusqu’à elle, mais elle percevait leurs remous paisibles, la force accumulée lentement dans les tréfonds du cœur, et déversés ensuite sur le monde, avec justesse et sincérité, la fraîcheur d’une vague emportée par son élan.

Portant une main à son visage, la petite fille écrasa une larme de gel le long de sa joue. Elle n’était pas surprise, en voyant le ciel pluvieux, de trouver aussi de l’eau dans ses yeux, et dans son cœur. Comme les traits des anges et les noms sur les pierres tombales, elle se demanda si son cœur s’érodait lui aussi en son sein, à cet instant même, et si c’était pour cela qu’elle se sentait aussi coupée du monde. Sans le moindre désir, en réalité, d’y retourner un jour.

La voix du prêtre se tut soudain, mais la petite fille ne le remarqua pas. Elle demeurait là, immobile, interrogeant ces profondeurs nouvelles en elle, à peine consciente que son regard sur le monde avait changé et qu’elle ne serait plus jamais la même. Pour le meilleur ou pour le pire, elle n’aurait su le dire. Quelque chose s’effondrait à toute vitesse dans sa poitrine, loin, très loin sous la surface, dans ce cosmos que nul ne pouvait percevoir et qui, pourtant, faisait d’elle ce qu’elle était.

La petite fille était trop jeune pour réaliser qu’elle était brisée. Mais ce vide en elle lui apprenait qu’elle avait perdu quelque chose, et que sa vie, désormais, ne se définissait plus que par cette absence. Ses yeux balayèrent l’horizon, à la recherche d’une explication, d’une réponse, arrêtés par la barrière infranchissable des tombes qui délimitaient son monde.

Deux mains refermèrent soudain leur chaleur sur les siennes, l’arrachant à la paralysie du froid, l’extirpant de ce temps hors du temps où ses pensées l’avaient jetée :

- Désolé pour tes parents, ma petite, fit la voix à laquelle appartenaient les mains.

La petite fille acquiesça sans un mot. On ne lui en tint pas rigueur. Par-delà la foule, par-delà le prêtre et la bière, elle avait aperçu quelque chose, quelque chose qui concentrait toutes ses pensées et les matérialisait en une seule.

C’était un petit garçon. Lui aussi immobile, au milieu de l’assemblée, juste en face d’elle. Ses cheveux bruns dégoulinant de pluie, il la dévisageait sans broncher, comme insensible au froid et à la scène qui se déroulait. Il n’observait qu’elle. Son regard n’était ni compatissant, ni triste, ni agressif. Indéchiffrable, en vérité. Mais en plongeant au fond de ces prunelles grises, inexplicablement, la petite fille sut. Elle sut qu’elle avait sous les yeux la raison de ce vide nouveau au fond d’elle. Elle sut qu’elle ne le reverrait jamais plus. Un battement de paupières, et il avait disparu.

La petite fille grandit, et devint une jeune fille. Le vide en elle demeura. Elle apprit simplement à poser des mots sur ce qu’elle ressentait. Solitude. Barrière. Incompréhension. Et cette certitude, jamais formulée, mais pourtant bien là sous la surface, de ne pas avoir sa place en ce monde. Cette journée au cimetière l’en avait sortie, sortie de l’enfance et de l’innocence, pour toujours.

La jeune fille avait un caractère doux et calme, d’une grande sensibilité, trop sans doute. Elle ressentait ses propres émotions et celles des autres, beaucoup plus qu’aucun de ses congénères. Et plus elle avançait, plus la vie s’imposait à elle, et plus elle réalisait que non, cette existence n’était pas faite pour elle. Pourquoi une telle chose ? Pourquoi cette mélancolie constante au fond d’elle ? Et pourquoi cette incapacité à communier avec d’autres esprits que le sien ?

La jeune fille était une romantique. Dans les mots de Baudelaire et Keats, elle trouvait un écho de sa propre nostalgie, elle se sentait comprise. Comme eux, elle était amoureuse de la Mort, et fascinée par son baiser.

La Mort était présente dans chacune de ses pensées, chacune de ses réflexions sur la vie, l’univers, et le sens de tout ceci. Elle aimait tellement la Mort qu’elle décida d’y consacrer sa vie. D’une nature studieuse, elle se plongea dans l’étude du passé, écoutant le récit d’autres civilisations pour oublier le présent, mais surtout, pour trouver des réponses, découvrir d’autres points de vue, quelque chose qui donnerait un sens à sa vie et à ce vide tout au fond d’elle.

Mais toute raison d’exister semblait s’être enfuie avec le petit garçon du cimetière. La jeune fille pensait souvent à lui. Et un jour, une nuit, elle le revit enfin.

La jeune fille rêvait. Et, libéré des brides de la réalité, son esprit lui montra enfin ce qu’elle cherchait à comprendre depuis si longtemps.

Dans son rêve, le petit garçon était là. Lui aussi avait grandi, ce n’était plus un petit garçon. Il avait un beau visage triste, ses émotions en retrait, comme s’il avait peur de les montrer. Son regard, comme la première fois, ne dévisageait qu’elle. Il ne dit pas un mot. Il n’en avait pas besoin. Sans ouvrir les lèvres, la jeune fille sut qu’elle avait aimé cet être insaisissable toute sa vie. Qu’il y avait un abyme en elle qu’il était le seul à pouvoir épouser parfaitement. Qu’elle n’éprouverait plus jamais un tel sentiment d’osmose pour qui que ce soit d’autre. Et qu’à son réveil, il serait parti, et qu’elle serait à nouveau misérable.

Il était l’unique ambassadeur d’un monde dont elle faisait partie elle aussi. Un monde qui l’appelait des profondeurs de son âme, depuis qu’elle était assez grande pour l’entendre.

Soudain, le jeune garçon s’avança. Il était très pâle. Il lui prit les mains, et sa peau était froide. Lorsque ses lèvres se posèrent sur les siennes, la jeune fille sentit le goût des larmes des anges, sur leurs joues de pierre. Alors, la jeune fille comprit. La réponse avait été là toute sa vie, sans qu’elle puisse la saisir.

Le lendemain à son réveil, elle ne laissa aucune lettre. Ce n’était plus la peine, plus rien ne la retenait. Elle s’ôta la vie, et la réalité, tout ce que l’existence avait d’absurde et de vain, disparurent avec elle.

La jeune fille avait enfin trouvé sa place.

La jeune fille aimait la Mort, et la Mort l’aimait.

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J'espère que ça vous a plu.

Je tiens également à vous dire que si vous aimez ce que je fais, mon premier roman papier, Ezéchiel, est paru aux éditions Edelweiss le 27 janvier 2021 ! 

C'est un roman psychologique qui parle de la frontière entre le rêve et la réalité, et de la façon dont notre subconscient peut nous manipuler. Avec une jolie romance en prime ! ;D

N'hésitez pas à jeter un coup d'œil aux premiers chapitres que j'ai gratuitement mis en ligne sur ce site si vous souhaitez vous en faire une idée, et à en parler autour de vous pour me soutenir dans mon travail et m'encourager !

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Nat'

 

 

 

 

 

 
     
     
 
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