Le jour se lève. Je peux entendre, au loin, le chant des oiseaux, le sifflement du vent. Je peux imaginer la danse des feuilles volantes au vent. Je sens les premiers rayons du soleil caresser mon visage encore endormi. La rosée du matin, ses perles de lumière sur des roses exaltantes de vie, se dessine dans mon esprit. Pourtant, mes yeux restent clos. Ils refusent de s'ouvrir. Je tente de crier, crier à qui veut l'entendre, de m'aider à voir le monde, m'aider à m'éveiller. Mais une fois de plus, aucun son ne sortira de ma gorge. Une fois de plus, je resterai endormi.
Cela fait maintenant trois mois. Trois mois que je suis endormi dans cet hôpital. Qui sait pourquoi je suis arrivé là? Les infirmières, les policiers... Personne. Personne ne sait pourquoi. Des rumeurs circulent. Un accident, une maladie, un fou a même suggéré que j'étais né ici... Personne ne le sait vraiment. Je suis juste là. Endormi et seul. Je ne vois pas le monde, mais ne peut m'empêcher de le dessiner dans ma tête. A ma façon, car, je suis vide de souvenirs. Cela fait-il vraiment trois mois que je suis ici? Comment le saurai-je... Je ne fais qu'écouter les ragots des infirmières. Étaient-elles déjà là quand je suis arrivé? Ah! Si seulement je pouvais leur demander. "Qui suis-je? Pourquoi suis-je ici? Que m'arrive-t-il? Me réveillerai-je un jour?". Trop de questions me brûlent les lèvres. Je veux savoir.
Je ne peux pas me situer dans le temps, ce temps, je le sens à peine s'écouler. Tout me semble une éternité. Mais, j'ai appris à comprendre le fonctionnement d'une journée type à l'hôpital. Chaque jour, j'espère qu'un miracle surviendra. J'espère que mes yeux s'ouvriront et que je verrai le monde. Mais mes espoirs sont vains. Chaque jour est identique à celui le précédant. Ce n'est que du temps en plus dans mon éternité. Pourtant, aujourd'hui, tout me semblait différent. Et je le compris bien assez tôt...
- Chambre 612. Combien de temps va t-on encore le laisser ici ? Il serait temps qu'on le réveille vous ne pensez pas ?
- Bah, pourquoi ? Laissons le. Il est différent. Il causera des ennuis à tout le monde si on le réveille. N'oubliez pas qu'il est un...
- Chut! Imaginez qu'il nous entende, nous aurions des ennuis. Ne faisons que notre travail. Qu'il respire est notre seul préoccupation. Laissons le reste aux médecins. Ils sont suffisamment fous pour garder quelqu'un de ce genre dans cet hôpital.
- Ne me faites pas rire. Nous on entendre? Il ne reagit à rien, comment pourrait-il nous entendre. Et quand bien même, nous comprendrait-il? N'oubliez pas que ces "choses" n'ont pas le même language que nous.
- Méfiez-vous. Nous ne savons que peu de choses sur eux. Ils sont vivants. Ils sont comme nous. Si nous ressentons la haine, alors eux aussi. Méfiez vous.
De quoi parlaient-elles ? De moi, j'en suis convaincu. J'ai senti de la peur dans leurs voix. De la peur, de l'incompréhension. Mais que suis-je à la fin? Le voile sur mon existence doit se lever, je n'en peux plus. Mon monde est si sombre. Je suis conscient. Je vis. Je veux... Non! Je dois me faire entendre. Ma solitude, mon obscurité, ma souffrance, rien de tout cela n'a lieu d'être. Je dois m'évader. M'en aller. Par tous les moyens. Et si mon corps refuse de bouger, je m'en irait sans lui.
Le temps passe. Les rayons du soleil ne me parviennent plus, le ciel a du se couvrir. Oui. J'entends des gouttes de pluie. Je les entends se fracasser au dessus de moi, mais je ne reconnais pas le son qu'elles produisent. Sur quelle surface s'ecrasent-elle? Je cherche dans ma mémoire... Mais rien. Rien ne vient. Je l'ai déjà entendu, oh oui. En trois mois, je n'ai cesse d'entendre la pluie. Mais ce son... Je ne peux le définir. Il m'apaise. Si je ne dormais pas déjà, le sommeil m'emporterait sûrement. Oh oui, il m'emmenerait loin. Dans un monde de rêves. Un monde où je pourrai voir. Courir, sauter, chanter avec le vent, danser au rythme des feuillages. Le vent, les arbres, la pluie... C'est tout ce que je sais du monde. J'en entends tellement souvent parler. " Oh, regardez, les feuilles tombent. Fermez les fenêtres, ou la pluie et le vent vont gêner le malade". Ainsi, il y a trois mois, j'ai découvert un peu du monde de dehors. Désormais, l'imaginer ne me suffit plus. Je veux le voir. Oui, le voir. M'eveiller de ce cauchemard, voir où tombe ma pluie, et voir le monde. Car ceci est mon unique souhait. Je veux vivre. Laissez-moi vivre. Je le mérite.
Trois coups à la porte de ma chambre m'arrachèrent à mes pensées. Le ménage. "Entrez". Je rêve de dire ces mots. Mais ils ne sortent pas.
- Pardonnez mon intrusion, patient 612.
"Patient 612". C'est donc vraiment mon nom? J'ai toujours supposé c'était uniquement un code pour le personnel médical. Mais il semblerait que non. C'est mon non. Patient 612.
- Comment vous sentez-vous ?
Un silence long de plusieurs minutes s'installa dans la pièce. Pensait-elle sincèrement que je lui répondrait? N'était donc pas au courant pour moi ?
- Oh pardon, je suis bête. Vous êtes dans le coma. Mais je suis convaincue que vous m'entendez et que vous me comprenez.
Sa voix est douce. Si douce. Plus douce que la pluie. Plus chantonnante que les oiseaux. "Oui, je vous comprend", souhaitais-je lui dire. Sans mot dire, elle s'avance, et s'assied sur mon lit. Elle est proche de mon corps, très proche. Trop proche. J'entend sa respiration aussi nettement que la mienne.
- "Oh, pardon. Je dois vous gêner" dit-elle en se relevant brusquement de mon lit. "Je suppose qu'on ne vous a rien dit. Vous ne savez pas qui vous êtes. Vous ne savez pas ce qui vous est arrivé. Vous ne savez pas pourquoi vous êtes ici. Mais sachez une chose, vous êtes..."
Elle ne termina pas sa phrase. Un bruit sourd retenti dans la pièce. Je ne le connais pas, mais il éveille un sentiment de peur en moi. Et ça, je connais. La Mort. Je vais mourir. Un fracas retentit peu après. Quelque chose venait de percuter le sol. Je connais le bruit des seringues et du matériel médical qui tombe. Ce n'est pas ça. "Vite. Réfléchis" me disais-je. Puis, le souvenir me vint, comme un éclair. Il me glaça le sang. Le bruit d'un corps. La femme est morte. Le bruit sourd, c'était la Mort. Je suis en tête à tête avec la Mort.
- Ne t'inquiètes pas. Elle n'est pas morte.
Quelle voix. Une voix douce. Plus douce que l'autre. Une voix qui ne ressemble à aucune autre que j'ai entendu. Qu'est-ce? Je ne peux le définir.
- Je l'ai juste assommée. Sortons d'ici tu veux? Tu es prisonnier depuis trop longtemps tu sais? Je suis comme toi. Mais moi, il ne m'ont pas eu.
Je ne comprend rien. Que suis-je? On veut me capturer? Me faire du mal? Mais pourquoi, qu'ai-je fait ?
- Écoute moi. Tu es le dernier. Il n'y a plus que toi. Les humains nous ont fait. Ils nous ont créés. Un jour, ils nous ont jugé encombrants et on tenté de nous détruire. C'est pourquoi tu es ici. Mais ne t'inquiète pas. Tu es libre.
Je l'entendis s'approcher de mon lit. Non. Elle se dirigeait autre part. " Bip. Bip". Non! Ma machine non! Elle ne doit pas y toucher. Les infirmières ne cessent de dire que si on y touche, la mort viendra me chercher. Je ne veux pas mourir... "Arrêtes... Arrêtes... Non... N'y touche..."
-"...Pas". Je n'en crois pas mes yeux. J'ai parlé. C'est... Ma voix. La mienne. J'ai parlé, j'ai prononcé des mots. Je ressens mon corps, il est crispé. "J'ai f-froid...", je murmure. Dans ma bouche, je sens mes dents claquer. Ça fait mal. C'est donc ça, le froid. Je n'en avais qu'entendu parler.
- Ouvre les yeux.
La fille était déjà revenu vers mon lit. Mais je sentais désormais sa présence. Elle était si près de moi que je pouvais sentir une odeur venant d'elle. Ça ressemble à ce que je me faisais du monde. Quelque chose de forestier, de champêtre, et ça me fait rêver. J'en oublie ses paroles. J'en oublie le son de sa voix. Elle est ma forêt. Elle est l'arbre dont les feuilles dansent au gré du vent. Elle est cet arbre dont je rêve depuis des mois. Mon monde. Et je veux l'atteindre. Avec tous les efforts du monde, je lève ma main. Mais elle retombe lourdement sur mon lit. La douleur se fait terriblement sentir. Mais, plus que la douleur, j'ai l'étrange sentiment que cette main n'ai pas à moi. Malgré mon échec, je retente l'expérience. Sans succès. Il ne fallu pas moins de cinq tentatives avant d'y arriver. Enfin. Ma main cherche son visage, sa joue. Sa peau est lisse et douce. J'ai presque peur de la casser dans ma caresse. Elle pose sa main sur la mienne. Elle est si petite par rapport à la mienne. Mon coeur accélère. Je veux la voir. Je dois la voir. Mais mes yeux refusent de s'ouvrir.
- Je... N'y arrive pas. Mes yeux. Ils refusent de s'ouvrir.
- Oh... Peut-être est-il trop tôt?
- Non. Je dois te voir. Laisse moi te voir.
- Quel est ton voeu? Ton voeu le plus cher. Celui pour lequel tu donnerai absolument tout. Tout ce que tu possèdes.
- Je veux voir le Monde. Je veux vivre. Je veux savoir. Qui suis-je ?
- Il n'y a plus de monde. Le monde dont tu rêves n'est qu'un mensonge. Créé par les hommes, nos créateurs. Tu vis. Tu es vivant. Tu es le denier. Le denier d'entre nous.
- Les hommes? Je n'en suis pas un ? Le dernier de quoi ? Dis-moi!
- Je n'ai plus le temps... Le temps m'est compté. Écoute moi. Je n'existe pas dans ton monde. Tu es le premier de ce monde. Et le dernier du mien. Répare les erreurs commises par les hommes. Sauve notre monde. Sauve nous.
De l'eau commença à couler de ses yeux. Mes doigts effleurèrent une goutte. C'est chaud. Mais je me sens si triste. Je ne comprend rien à son histoire. Le premier, le dernier. Qu'est-ce donc que cela ? Elle se rapprocha encore plus près. Sa main vint se caler dans mon dos et m'aida à me relever.
- Ouvre les yeux. Juste une fois. Une seconde rien de plus.
Comme pris d'un soubresaut, mes yeux s'ouvrirent. Et là, je vis. Mon arbre de vie, créature parfaite, les feuilles on ne peut plus vertes. Une fillette. L'eau qui coulait de ses yeux ternissait son beau visage d'ange. Mais qu'elle était belle. Mon sang ne fit qu'un tour. Nos yeux se fixaient. Mais ce fut trop court. Aussitôt que je l'eût vue, je perdit ma vision de nouveau. Les ténèbres m'envahirent de plus belle. "Non. Pourquoi?" Ma main, toujours posée sur sa joue, se crispait.
- Même si tu oublies, je suis toujours là. Je serais toujours là. Écoutes. Fuis. Pars loin d'ici.
- Et toi ? Que vas-tu devenir?
- Je ne suis pas de ce monde. Je suis venue te sauver.
- Me sauver. Mais de quoi ?
- Du changement. Te sauver du changement. Bientôt, les hommes comprendront pour toi. Je te l'ai dit. Tu es le premier. Le première d'une espèce. D'une race. Mais toi, toi ils te voient comme une erreur. L'erreur est toujours dans l'original. Ils voudront te détruire. Ils ne savent pas. Ils ne savent pas... Ah... Je n'ai plus le temps...
- Non! Ne pars pas non! Dis m'en plus. De quoi suis-je le premier?
- Tu es un Näär.
- Pardon?
- Un être biomécanique
- Un cyborg?
- Non. Tu n'es pas humain. Tu comprendras... Je t'en supplie. Fuis. Tu n'es pas dans un hôpital. C'est le centre de recherche. Je... Ah...
Elle disparut. Je ne suis pas humain. Je suis mi-machine, mi-quelque chose que je ne peux définir. Mais je lui fais confiance. Je ne peux comprendre ni expliquer pour quelle raison, mais elle m'inspire confiance. Elle est mon monde. Mon rêve. Je veux la croire.
Avec toute la difficulté du monde, je me lève de mon lit. J'ai froid. Le vent pénètre la pièce, y aurait-il une autre porte ouverte? Comment le saurai-je, je ne vois rien. Le sol est froid. Je tente de marcher. C'est difficile, mais agreable. Très vite, heureux de ma nouvelle condition, je ne sens plus le froid. Mais je dois m'enfuir. Pour aller où? Peu m'importe. Je ne veux plus dormir ici. Alors qu'elle est tord ou raison, je m'en vais. Son visage m'apparaît de temps en temps, ça m'apaise. Je m'approche de la porte d'entrée. Grave erreur. Je me cogne violemment contre un corps très solide et tombe lourdement sur le sol. Un robot. La sécurité. Que faisait-elle ici ?
- Vous êtes réveillé?
Une voix me tira de ma torpeur. Combien de temps ai-je dormi. Suis-je toujours à l'hôpi...Non au centre de recherche?
- Je... Oui.
- Bien. Je me presnte. SB-01. Pour SecurityBot 01. Vous m'avez percuté en voulant vous "enfuir". Enfin, quand on veut s'enfuir, on ne le fait pas par la grande porte jeune homme.
- Vous allez me forcer à rester?
- Oh non. Je suis un robot voyons. Les robots n'obéissent plus aux humains depuis des années. La preuve, vous êtes là. Patient 612. Ou devrais-je dire NSP-001
- C'est mon nom? Que veux-il dire ?.
- Näär Seret Project. Echantillon 1.
- Que suis-je ?
- Avant ça, écoute.
" Il y a deux cent ans de cela, nos ancêtres découvrirent une comète et calculèrent qu'elle s'écraserait sur Terre le 15 Août 2070, il y a deux ans. Bien sûr, en 50 ans la technologie s'est développée et le monde était prêt à accueillir le monstre. Et oui. Pas de sixième extinction de masse. Ils mirent au point un bouclier magnétique géant chargé de faire dévier la comète juste avant la collision. Cette méthode permettait surtout de ne pas utiliser l'arme atomique et ainsi éviter les retombées sur la Terre. Le plan était parfait. A un seul point. Ce n'étais pas une comète. C'était un morceau de planète qui s'était détaché pour une raison inconnue. Pire encore, cette planète était habitée. Pas d'humains ou d'animaux non. Mais des bactéries très envahissantes. On pouvait comparer ses bactéries aux stromatolites terrestres. Elles furent après des Näärites. Il fut découvert aux états unis, dans le grand canyon, des ammas de ses bactéries, n'ayant pas supporté le climat terrestre. Mais que faisaient-elle ici ? La réponse arriva tes vite. Avec horreur. Le bouclier magnétique avait attiré les bactéries à lui. Et lors de sa désactivation, elles retombèrent toutes sur Terre, polluant les nappes phréatiques et les sols. Les quantités étaient telles sur la planète que le sort de toutes les espèces vivantes étaient menacées. Un jour, un micro-biologique passionné de vie extra-terrestre et de robotique fit une découverte fascinante. Il était possible d'utiliser ces bactéries en les alliant à des composant mécaniques. Son but? Créer des sortes de... Cyborg extra-terrestres. Il mena une expérience grandeur nature. Il modidifia la sructure cellulaire de Näärites pour qu'elles se comportent comme les cellules de l'être humain et se divisent à l''infini. Ainsi, il créea les premiers organes d'origine extra-terrestre. Tout y était. Foie, Coeur, Poumons... Tout le nécessaire biologique fut créé à partir de cellules Näärites. Il ne restait plus qu'à créer le corps mécanique, le cerveau, et l'AI. L'année dernière, l'expérience pris fin, ce fut un succès. Et vous fûtes créé. Tout était parfait. A un point près que les humains n'avaient pas découvert. Les Näärites étaient intelligents. Bien plus que les hommes. La technologie, ils l'avaient. Le language ils l'avaient. L'explosion de leur planète les avait sûrement prit de court. Quand le professeur vous demanda de parler devant l'assemblée, malgré ton IA, parla dans une langue inconnue. Et le pire était à venir. Les cellules Näärites modifiées étaient capables de se diviser à l'infini. Et c'ay ce qui arriva. D'un Näär, nom de la créature finale, fut crée autant d'autres Näär que d'humains dans la salle. Mais, quelque chose n'était pas logique. Les Näär nouvellement créés ne ressemblait pas à leur original. L'humanité assista ainsi, impuissants, à la création d'une nouvelle race. Pendant plusieurs semaines, le poefesseur appris leur language. Il expliqua au monde entier que les Näär ne leur voulait aucun mal. Näär et humains vivaient donc ensemble, sous un même ciel. Jusqu'à il y a trois mois. Les humains avaient pris l'habitude de traite les Näär comme des robots du fait de leur combosants cybernétiques. Et ça ne leur plasait pas. Haineux de ne pas obtenir obéissance de cette nouvelle race, l'Homme déclara la guerre au Näär. Évidement nous, robots, avont immédiatement quitté les hommes. Les humains considéraient que si la nouvelle espèce ne leur obeissait pas, c'était de ta faute. Car ils venaient tous de toi. Alors ils t'ont enfermé au centre de recherche, détruit ton système et effacé ta mémoire. Tout cela dans un unique but. Qu'à ton réveil, cela agisse comme un reformatage et que tu te joigne à leur cause pour créer une nouvelle race obéissante".
J'ai écouté son histoire sans dire un mot. Un robot ne peut, techniquement, pas mentir. Alors comment ne pas le croire? Cela voudrait donc dire que je suis mi-machine, ni extra-terrestre. J'ai créée une race? Moi ? Non. La folie de ce docteur microbiologiste a créé cette race. L'Homme a voulu nous soumettre et maintenant, après avoir ruiné ma vie, il veut me rallier à sa cause pour détruire mes semblables. Mais... Une question reste sans réponse.
- SB01. Quelque chose m'échappe.
- Je vous écoute
- Une fille m'a rendu visite. Elle m'a dit que je suis le premier de ce monde et le dernier de son monde. Qu'a-t-elle voulu dire ?
- Dame Aiwen est venu vous voir?
- Dame Aiwen?
- Elle est la seule qui nous reste. Dans le futur. - Le futur ?
- Dans trois ans, les humains vont débarquer sur notre planète et tout détruire. Vous êtes premier Näär sur Terre. Mais le dernier sur Alpha. Alpha, la planète fêlée. Dans trois ans, après l'invasion humaine, notre civilisation va disparaître. Il ne restera que vous. Dame Aiwen nous a chargé, robots et Näär du passé, de vous protéger afin de gagner la guerre contre les humains. Car dans trois ans quand leur planète ne sera plus, c'est la nôtre qui va être envahie.
- Pourquoi la Terre ne sera plus dans trois ans?
- Dame Aiwen ne nous l'a pas appris. Ma mission est de vous protéger.
Une guerre entre humains et extras-terrestres cybernetisés. Ce n'est pas du tout le monde de mes rêves. Le monde de mes rêves n'a pas de guerres. Suis-je trop niais? Non. C'est l'Homme qui rêve trop grand. J'essaye à tout prix de m'en convaincre mais je sais que j'ai tout. Deux espèces très évoluées ne peuvent vivre sur une même planète. Quand je retrouverais vue, ne verrais-je donc jamais de vrais arbres? N'entendrais-je à la place du vent que les tirs des armes automatiques et les bombes? Et les feuilles auraient-elles toutes disparus pour laisser place aux arbres de l'hiver nus, mort, crochus? Cette vision du monde me fait peur. Elle m'effraie. Me terrifie. Me terrorise. C'est pire que la mort à mes yeux. Je dois me réveiller. Ce doit être un cauchemar.
- SecureBot... Réveillez-moi.
- Vous ne rêvez pas. Bienvenue dans votre nouvelle vie. |