Le petit mot du tout début : Premier post... que d'émotions, donnez moi un mouchoir avant que je ne fuite !
Bon, pour l'instant ce roman n'a que quatre chapitres mais j'avance (si, si, promis). C'est une histoire qui, de base, a été inventée à l'époque du lycée, vous dire si ça date... je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai décidé de la ressortir des cartons maintenant, j'ai probablement fait un rêve qui m'y a fait penser.
En tout cas voilà, c'est là ! N'hésitez pas à me donner vos avis, vos conseils, vos remarques (si des fautes s'attardent par-ci, par-là, les vilaines !). Si l'univers plait je verrais à mettre également le Boy's love qui y est lié !
Bonne lecture !
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Chapitre 1 : Bienvenue à Draumstädt
Depuis plusieurs heures le bébé pleurait. Il avait commencé dès le départ, inondant les voyageurs de sa vague sonore : une vague longue, bruyante, et qui variait en fonction des mouvements anarchiques de la mère qui, persuadée que les mouvements calmeraient l'enfant, le faisait sautiller sur ses genoux.
A chaque arrêt Siam priait pour que ce monstre briseur d'oreilles descende et, chaque arrêt, il était déçu. L'insupportable duo semblait bien décidé à aller jusqu'au bout, jusqu'à la capitale. Le terminus.
Finalement exaspéré, le jeune homme s'empara de son bagage et se leva brusquement, essayant de montrer à quel point cette situation le gênait. Son ostensible agacement lui attira quelques regards désapprobateurs. Ces gens pensaient probablement qu'on ne pouvait contrôler les pleurs d'un enfant et qu'il ne servait à rien de s'agacer. Siam n'était pas d'accord sur ce point, peut-être parce qu'il n'aimait pas les enfants. Leurs petites bouilles crasseuses le repoussaient, leurs voix stridentes lui donnaient des envies de meurtre; s'il n'avait tenu qu'à lui il aurait volontiers fait enfermer ces monstres jusqu'à la maturité.
Lui-même ne se souvenait pas de son enfance et pour cause, il n'en avait pas vraiment eu. Les enfants sylvains ne pleuraient pas, ne courraient pas, ne jouaient pas. On les séparait de leurs parents, les isolait dans une partie de la ville où une poignée d'adultes prenait en charge leur éducation. Lire, écrire, apprendre : ils ne faisaient que ça. On les rendait intelligents et forts. La faiblesse était punie, l'innocence était chassée. Pourtant, à coté de cette formation extrême, des qualités essentielles étaient requises chez les jeunes gens : compassion, gentillesse, altruisme et, bien sûr, esprit de communauté. Les enfants d'un même âge et d'un même lieu grandissaient ensemble, toujours soudés, leurs esprits sans cesse connectés. Une fois arrivés à l'adolescence on leur demandait de choisir une profession, un métier dans lequel ils pourraient exceller, se compléter les uns les autres pour mener leur race jusqu'au sommet. Bon nombre de ces jeunes adultes décidaient de s'enrôler dans la « Brigade noire », mais d'autres devenaient artisans, paysans, ou même éducateurs. Chacun trouvait sa voie, aidé par les camarades qui parvenaient à faire ressortir toutes les qualités, tous les talents. Les sylvains d'un même âge ne formaient qu'un seul corps, existants ensemble, rendus vivants par un seul organe essentiel : la race.
Parfois il y avait des exceptions. De très rares enfants ne parvenaient jamais à rejoindre la communauté. Ils restaient sourds à la voix des autres, fermés au monde qu'on leur offrait. Leurs capacités étaient souvent effrayantes, décuplées, mais ils ne pouvaient pas s'intégrer et devenaient alors dangereux. Leurs esprits, coupés des autres, se viciaient avec le temps, ne développant pas les qualités attendues. Ils étaient égoïstes et froids, violents et vindicatifs. On ne leur en voulait pas, ce n'était pas de leur faute. Tous jetaient sur eux des regards chargés de pitié et de désolation : ces jeunes étaient perdus, sans espoir de retrouver un jour le chemin ; plus à plaindre qu'à blâmer.
Siam avait essayé, comme les autres. Il tendait son âme vers ses congénères sans jamais parvenir à les toucher ; il tentait de nouer un lien qui n'avait aucune chance d'aboutir. Arrivé à l'adolescence, il avait fini par abandonner. Par défaut on lui avait proposé d'entrer dans la Brigade noire, mais il n'avait pas pu y rester bien longtemps. La Brigade était composée des meilleurs éléments, ceux dont les identités ne faisaient plus qu'une, puissante, invaincue. Le jeune sylvain avait certes des capacités physiques et mentales hors pair, mais ça ne suffisait pas à entrer dans le groupe si soudé des brigadiers. On l'avait alors rendu à ses parents, le confiant pour qu'ils tentent, par le biais de la cellule familiale, de le reconnecter à la nation. C'était la procédure. Comme d'habitude elle n'avait pas marché.
Après avoir parcouru deux fois les quatre wagons qui composaient l'Adrian express, Siam finit par repérer une petite place contre la porte, à peine un trou, dans lequel il pouvait se caler. Ce n'était pas confortable mais c'était toujours mieux que les hurlements d'un bébé humain. L'odeur des corps et le bruit des discussions le blessaient moins que la rumeur de l'enfance.
Il porta la main à la poche droite de son pantalon, froissant pour la dixième fois le petit papier rose et mauve qui s'y trouvait plié. Il n'arrivait toujours pas à croire qu'on l'ait forcé à se déplacer pour si peu. La capitale sylvaine était à six bonnes heures de train de la capitale nationale, et c'était toujours un enfer de voyager dans ces engins petits, mal aérés, et constamment bondés.
La plupart des voyageurs n'entraient jamais sur le « territoire vert » et descendaient bien avant, vers la ville de Sijribanaka. Les sylvains ne laissaient jamais entrer d'étrangers hormis les membres de l'autorité nationale, et eux-même ne quittaient pas leur lieu de vie. Au final seuls quelques rares marchands et les « exilés » savaient à quoi ressemblait le monde extérieur. Les autres vivaient repliés sur eux-même, désireux de ne rien voir, de ne rien entendre, et de ne rien goûter qui leur était étranger.
Siam avait découvert le reste du pays une année plus tôt, lorsqu'il avait annoncé à sa famille son désir de partir. Il avait fait semblant de ne pas voir le soulagement sur leurs visages et les regards satisfaits qu'ils avaient échangés. Sans rien ajouter de plus il avait fourré ses maigres possessions dans un sac de toile, emprunté de l'argent à son père et filé en direction de Banasérama : le « chemin de l'au-delà ». Il lui avait fallu traverser l'épaisse forêt que fendait le sentier, puis remonter l'échelle de corde qui menait au sommet de Séjéréguanda, la montagne frontière. A ses pieds s'était étalée la plaine nue du Madara, l'espace quasi inhabité qui séparait le territoire sylvain du territoire des Kashis, les nomades chasseurs. Il avait vu, sur la grande carte du salon, les deux traits verticaux qui indiquaient une gare de chemin de fer. Il lui fallait marcher deux bonnes heures pour atteindre la station, mais cet effort physique ne l'inquiétait pas : il n'avait pas été recruté dans la Brigade noire sans raison, il pouvait largement survivre à cette petite promenade.
Un an donc. Le temps était passé beaucoup trop doucement à son goût. Il se rappelait encore de cette nuit venteuse durant laquelle il avait attendu qu'un train arrive. Cette partie du pays était encore sauvage et les Kashis, autant que les sylvains, n'aimaient pas voir la civilisation empiéter sur leurs domaines. Ils avaient accepté la construction d'une ligne de chemin de fer, pour le commerce, mais les trains n'étaient autorisés à circuler qu'une fois tous les deux jours, toujours à la même heure. Siam avait eu de la chance, il n'avait attendu qu'une nuit. Le train s'était présenté en gare dès l'aube et il avait pu prendre son billet auprès d'un responsable avant de choisir sa place. C'était la fin de ligne, il n'y avait presque personne. Le jeune homme ne se souvenait pas du voyage. La capitale nationale se trouvait presque au nord du pays, et le territoire sylvain se logeait à l'extrême sud. Il avait eu l'occasion de voir des paysages magnifiques mais aucun n'avait su allumer en lui le moindre intérêt. Six heures plus tard il avait quitté sa place inconfortable pour débarquer sur les quais bondés de Draumstädt, la grande capitale, la belle industrielle aux reflets d'aciers, à l'odeur de charbon et aux idées de mort.
« Mesdames, messieurs, dans un instant ce train arrivera en gare de Malekela lülü. Prochain arrêt, Malekela lülü. Veuillez attendre l'arrêt complet du train avant de descendre. Tout membre arraché, écrabouillé ou pulvérisé ne saurait être reproché à notre compagnie. Nous vous souhaitons une bonne journée ».
Un gros homme assis à coté de Siam quitta sa place, probablement pour descendre, et le sylvain se décala afin de gagner un peu d'espace. Le séjour dans sa ville natale avait été de très courte durée. Sa famille avait bien tenté de le contacter mais il avait fait la sourde oreille. Il n'appartenait pas à cette communauté, ne se sentait pas lié à elle et ne lui devait rien. L'agence gouvernementale qui l'embauchait désormais ne lui avait pas fait de cadeau en lui demandant d'aller chercher, en personne, le certificat de fin de service que la Brigade noire avait oublié de lui remettre.
En arrivant à Draumstädt, Siam avait découvert quelque chose à laquelle il ne s'était encore jamais confronté : la paperasse. Le moindre élément de la vie des citadins était régi par l'administration, au point que ça en devenait ridicule. Lorsque Siam avait débarqué en ville, il avait à peine eu le temps de poser le pied sur le quai avant de se faire alpaguer par l'un des Régulateurs du gouvernement. Personne ne pouvait circuler librement dans le pays. Dès que le sylvain avait quitté sa patrie, les responsables du territoire avaient aussitôt averti les Régulateurs nationaux, afin que le jeune homme soit rapidement pris en charge. On l'avait conduit dans un bureau secondaire du « service des déplacements internes », souvent abrégé SDI, pour lui créer un dossier, une carte d'identité et implanter la puce de suivi, obligatoire chez tous les habitants de la capitale. Le fonctionnement de la ville n'avait rien à voir avec ce que connaissait le sylvain et, pendant un très court instant, il s'était senti désorienté. Il n'avait encore rien vu.
Siam chassa les souvenirs que provoquaient les paysages. Il tripota une nouvelle fois le papier dans sa poche. Quelqu'un venait de péter dans le wagon et l'odeur était en train de ramper vers toutes les narines. Une femme aux yeux cernés et à la chevelure folle remonta une petite écharpe sur son nez et un homme malingre utilisa sa large main pour s'éventer. Le sylvain repéra une jeune fille, un peu rouge, qui fixait le sol avec une intensité peu naturelle. Coupable trouvée. L'enquête n'avait pas été bien difficile à mener mais elle avait eu l'avantage de lui vider l'esprit.
Le passé était loin, ça ne servait à rien de le ramener. L'exilé n'avait pas toujours prise sur ses ressentis et la mémoire lui jouait parfois des tours, convoquant des souvenirs dont il n'avait que faire. Il n'avait pas changé en un an, ne parvenant toujours pas à se connecter à ses semblables, à les sentir et à les supporter. A la capitale ce n'était pas grave : tout le monde vivait comme ça. Il avait rapidement trouvé sa place parmi les raclures, les magouilleurs et les habituels égoïstes qui peuplaient la ville. Siam se sentait comme un poisson dans l'eau, un grand requin aux crocs acérés qui ne tremblait pas devant les bancs de poissons clowns. Les autres citadins le faisaient rire, un rire amer et cynique, porté par un regard qui jugeait sans bornes.
Se retrouver parmi les siens avait été une torture, il n'avait plus l'habitude. Il avait de nouveau rencontré ce regard plein de peine et de douleur, ce même regard porté par ses instructeurs, ses parents et ses conscrits. Il n'y avait rien de mauvais dans leurs yeux, ni haine ni répulsion. Ils n'étaient ni heureux ni mécontents de le voir. Siam ne supportait pas ce manque de clarté dans leur jugement, cette neutralité imbécile. Il avait quitté les lieux immédiatement après avoir obtenu son papier, ce même si le K8 lui avait offert une bonne semaine de congé. Il les avait prévenu : il n'aurait besoin que de deux jours. Un aller, un retour. Pas plus.
« Mesdames, messieurs, dans un instant ce train arrivera en gare de Ferestädt. Prochain arrêt, Ferestädt. Veuillez attendre l'arrêt complet du train avant de descendre. Tout membre arraché, écrabouillé ou pulvérisé ne saurait être reproché à notre compagnie. Nous vous souhaitons une bonne journée ».
De nombreuses personnes descendirent à l'arrêt et le train resta immobilisé durant de longues minutes. Ferestädt était la banlieue minière de la capitale et de très nombreuses personnes y vivaient. Il y avait bien plus de travail ici que dans le centre mais ce travail était difficile et mal payé. Malgré tout cette zone était moins pauvre que Draumstädt. Le prix des loyers y était peu élevé, il y avait beaucoup d'habitations, et la nourriture arrivait directement des champs situés à l'extérieur, sur le territoire des paysans Kolchoï. Le centre, au contraire, devait payer ces denrées au prix fort. L'état central fixait des taxes outrageusement élevées auxquelles s'ajoutaient le prix du transport et des redevances mises en place par les douanes. Siam se demandait pourquoi la majorité des habitants de la capitale préféraient s'entasser dans une ville sans avenir ni moyens, alors que la banlieue toute proche offrait une alternative plus enviable. Les humains étaient idiots, ça ne faisait aucun doute. Ou alors ils étaient simplement fainéants ce qui, pour le sylvain, était une tare bien pire que la simple stupidité.
Un soubresaut d'agonie agita le train qui se remit péniblement en marche, vidé de la moitié de ses occupants. Ceux qui restaient avaient mauvaise mine. Pour faire des économies, Siam avait choisi de prendre un billet basse catégorie, partageant ainsi le voyage des miséreux et des hommes de la classe moyenne. Il y avait un peu de tout dans le wagon : blonds et blondes, bruns et brunes, roux, yeux bleus, marrons, verts, grands, petits ou moyens, entiers ou amputés, en bonne santé ou malades. La capitale attirait des gens de tous les territoires, de toutes les races, mais principalement des jeunes. Il y avait peu de personnes âgées dans les villes : peut-être parce qu'elles avaient compris que les territoires extérieurs étaient rudes mais accueillants, à leur manière. Peut-être était-ce aussi parce que la majorité des races avaient une durée de vie très courte. Tout le monde n'avait pas la chance d'être un sylvain et de pouvoir vivre plus de 120 ans. Pour Siam cette longévité était une malédiction. C'était dur de vivre aussi longtemps coupé des siens, sans pouvoir les sentir, rassurants, dans un coin de soi.
« Mesdames, messieurs, dans un instant ce train arrivera en gare de Draumstädt sud. Prochain arrêt, Draumstädt sud, avant dernier arrêt de ce train. Une nouvelle fois nous vous rappelons que tout membre arraché, écrabouillé ou pulvérisé ne saurait être reproché à notre compagnie. Nous vous souhaitons une bonne journée ».
Cette fois le jeune homme suivit le mouvement. Ils n'étaient que trois à descendre à la gare sud, ce qui n'avait rien d'anormal. Toute cette partie de la capitale abritait majoritairement les instances administratives de la ville, les tribunaux, les prisons, et surtout l'agence de sécurité nationale : le K10. Il n'y avait pas d'habitations et on n'y venait que pour travailler. Seuls les membres de l'agence étaient hébergés dans des baraquements aux alentours du centre d’entraînement et des bureaux de gestion.
Juste devant lui, Siam reconnut une des filles du service comptable, une petite chose aux longs cheveux roux à laquelle il n'avait jamais porté grand intérêt. Il peinait à trouver les gens du nord beaux. Leur physique n'avait rien à voir avec les traits délicats et doux des sylvains. Ils étaient brusques et primitifs, souvent grands et épais, ou alors petits et râblés. Leurs hommes devenaient bedonnants en vieillissant, les traits de leurs femmes s'affaissaient ainsi que leurs seins, et surtout ils n'avaient pas la possibilité de changer de sexe. Chez les sylvains l'opération était courante : si on ne se sentait pas bien dans sa peau on la changeait, c'était aussi simple que ça. Ici cette idée ne passait pas, considérée comme hérétique et contre nature par les têtes moralement pensantes de cette civilisation. Un sylvain normal n'aurait pas jugé cette pratique différente, Siam la condamnait. Aucune autre façon de penser que la sienne n'était la bonne.
Il descendit sans précautions les marches en métal qui séparaient le train du quai. Un trou béant s'ouvrait encore à quelques centimètres de son pied : aucun quai n'était aux normes. Juste à quelques mètres, à coté d'un kiosque à journaux, un géant barbu le fixait, souriant comme un benêt en attendant que Siam se dirige vers lui. Le sylvain avait bien précisé qu'il n'avait pas besoin d'un chauffeur mais, de toute évidence, la demande n'avait pas atteint le cerveau de leur responsable. Il s'approcha à contrecœur concluant que, quitte à faire, autant profiter du cadeau.
« Tu as fait bon voyage ? lui demanda le quarantenaire sans se départir de ce sourire exaspérant.
— A ton avis ? répondit tranquillement Siam. Tu as déjà voyagé dans ces trucs ? »
Question idiote. Ils avaient tous voyagé au moins une fois dans l'un de ces engins au confort limité. Les membres de son agence avaient l'habitude de beaucoup voyager. Pas toujours dans les meilleurs conditions.
« Nous t'avions laissé une semaine
— Je n'avais demandé que deux jours.
— Tu aurais pu voir ta famille.
—Je n'avais besoin que d'un formulaire, c'est tout. »
Le géant voulut répondre quelque chose mais il fut interrompu par les cris stridents d'une femme.
Siam se retourna, observant, comme tous les autres, la scène terrible qui se déroulait sous ses yeux. La femme de tout à l'heure, celle avec le bébé en pleurs, s'était probablement rendu compte qu'il s'agissait de son arrêt, et avait tenté de descendre alors que le train se remettait en marche. Elle avait perdu l'équilibre, s'était coincé la jambe dans l'espace entre le marche-pied et le quai et se faisait désormais traîner par un train qui ne semblait pas vouloir s'arrêter. Le bébé était sur le quai, inerte. Il ne criait plus.
Le moment de stupeur passa et les autres voyageurs réagirent enfin, se mettant à crier et à gesticuler pour signaler au train de s'arrêter. A la sortie de la gare se trouvait un tunnel, peu large. Quelques secondes et la femme s'écraserait contre le mur. Siam détacha son regard de la scène, le géant barbu aussi.
« On s'arrête pour manger un bout ?
— Ça marche, mais c'est toi qui payes ».
Dans la gare, la voix de l'annonceur déclarait tranquillement :
« Mesdames, messieurs, nous vous rappelons qu'il est interdit de descendre du train en marche. La compagnie ne saurait être tenue responsable des accidents survenus ce jour. Nous vous souhaitons une bonne journée ». |