-Fred, George. j'ai un gros problème.
Les jumeaux, qui étaient encore en train de comploter dans leur chambre, se retournèrent d'un seul coup vers Hermione. Debout et droite comme un piquet, dans l'encadrement de la porte, la Gryffondor se tenait juste en face de la fenêtre par laquelle filtraient les derniers rayons du soleil. Des reflets dorés dansaient sur ses boucles brunes qu'elle avait enfin appris à dompter. Ses yeux paraissaient également plus brillants et avaient pris une teinte mordorée qui allait parfaitement bien avec le bronzage qu'elle avait acquis durant les vacances d'été.
-Qu'est ce qui se passe Hermignionne?
La voix de George avait tiré Fred de ses pensées.
-J'ai beau tourner et retourner tout ça dans ma tête, j'en arrive toujours à la même conclusion. J'y réfléchis depuis pas mal de temps et c'est toujours, toujours la même chose.
En disant cela Hermione avait traversé la chambre pour venir s'asseoir sur l'un des lits et s'enfouir la tête dans les mains. Les jumeaux vinrent se placer de part et d'autre de la jeune sorcière et cette fois ce fut Fred qui prit la parole en posant une main dans le dos d'Hermione :
-Si tu ne nous expliques pas ce qui se passe on ne pourra pas t'aider.
La brunette laissa tomber ses mains sur ses genoux et se mit à sangloter. Les deux garçons, désemparés, essayèrent tant bien que mal de la réconforter mais sans succès. Au bout d'un moment elle se décida à parler, mais avec une voix entrecoupée de hoquets:
-Je suis... un monstre. Comment... je peux lui... faire ça? Comment... je peux l'abandonner?
-De quoi tu parles Mione? Demanda George de plus en plus intrigué.
-De Ron, bien sûr ! Répondit cette dernière. Je suis pas amoureuse de lui et je n'arrive pas a savoir comment je vais le lui dire.
En effet, cela faisait 3 ans que Ron avait eu le courage de se déclarer. Trois ans qu'Hermione avait accepté d'être sa petite-amie. Mais depuis quelques semaines elle se rendait compte qu'elle ne l'aimait pas. Elle aurait dû s'en rendre compte plus tôt, voir qu'elle ressentait pour Ron la même profonde amitié que pour Harry et rien de plus. Mais elle avait eu trop peur de se l'avouer jusqu'à maintenant. Trop peur de le faire souffrir.
-Mione, faut pas te mettre dans des états pareils, c'est pas si grave. Je suis sûre qu'il comprendra. Dit Fred.
-Mais vous ne comprenez pas ! Je n'aurais jamais le courage de le quitter mais je ne veux pas non plus rester piégée dans cette relation.
Un éclair de génie traversa les yeux des jumeaux et un sourire complice s'afficha sur leurs visages.
-Mione? Je crois qu'on vient d'avoir une idée géniale. Dit Fred.
-La meilleure du siècle! Renchérit George.
Hermione redressa la tête et les regarda à tour de rôle sans comprendre.
-Qu'est ce qui vous est passé par la tête encore?
-Rien de très grave Miss rabat-joie, répondit George. -Mais si on a bien compris, tu n'as pas le courage de dire à Ron que tu ne l'aime pas. Donc la seule solution est que tu trouves une raison de te disputer avec lui et que dans le feu de l'action tu le quittes, ou il te quitte, enchaîna Fred.
-Mais quelle raison? Il est irréprochable. Il pense à moi à chaque heure de la journée, me réconforte quand ça ne va pas et me dit qu'il m'aime à chaque fois qu'il me voit.
-C'est qu'il est attentionné le frérot! Rigola George.
La Gryffondor se leva brusquement et le fusilla du regard.
-Ce n'est pas drôle, je me sens coupable!
Fred se leva à son tour et vint mettre ses mains sur les épaules d'Hermione.
-Calme-toi Mione. Ce n'est pas si grave que ça. On t'a dit qu'on avait eu une idée de génie alors fais nous confiance.
Elle hésita puis finit par céder:
-D'accord. Alors c'est quoi cette idée?
***
Cela faisait une semaine que l'opération "largage" avait été lancée et Hermione devait bien avouer que les premiers effets du plan se faisaient ressentir. Ron était d'une humeur massacrante, car les trois conspirateurs s'étaient mis d'accord pour que ce soit Fred qui tente de le rendre jaloux par des remarques glissées à l'oreille d'Hermione et des regards plus ou moins discrets accompagnés d'un sourire charmeur. Le rouquin n'avait pas tardé à remarquer leur petit manège et avait pris la décision d'en parler avec Hermione.Ron attendit Hermione dans la salle de métamorphose pendant l'heure du déjeuner, mais ce fût fred qui ouvrit la porte en premier.
-Qu'est ce que tu fiches ici? L'interpella Ron d'un ton cinglant.
-Je viens chercher mon livre de métamorphose, je l'ai oublié au dernier cours. Je peux savoir ce qu'il t'arrive?
Le visage du jeune sorcier vira au rouge et sa colère éclata:
-IL M'ARRIVE QUE CA FAIS UNE SEMAINE QUE TU LANCES DES SOURIRES ET QUE TU FAIS LES YEUX DOUX A MA COPINE!! ET UNE SEMAINE QUE TU LA FAIS RIRE EN LUI CHUCHOTANT JE NE SAIS QUOI A L'OREILLE!!!
-Excuse-moi d'y arriver, moi. Répondit Fred toujours d'un ton calme et en insistant sur le dernier mot.
Ni une ni deux Ron se jeta sur son frère et commença à le frapper. Hermione, qui avait tout entendu et était restée derrière la porte jusqu'à maintenant, se précipita dans la pièce et essaya de séparer les deux frères. Une fois la tache accomplie, elle se posta devant Ron, les mains sur les hanches et le regarda droit dans les yeux.
-Ronald Weasley! Serais-tu devenu fou par hasard?
-Fou? Moi? Pendant une semaine j'ai supporté vos messes basses et vos regards suspects sans rien dire! Maintenant y'en a marre Hermione. Je te quitte et c'est pas la peine de venir pleurer plus tard! Sur ce il sortit en trombe de la pièce.
Hermione se tourna vers Fred, toujours par terre, le regard sévère.
-C'était pas ce qui était prévu. Ce n'était pas à toi de te disputer avec lui.
-Je t'ai donné une raison de rupture au moins.
Dans un soupir elle l'aida à se relever et le guida vers la salle commune des Gryffondor où elle entreprit de soigner ses blessures. Le rouquin l'observait tandis qu'elle s'appliquait à étaler de la pommade, préparée par ses soins, sur les plaies encore ouvertes de son visage.
-Hermione?
-Hum?
-Tu sais que tu es vraiment belle?
Elle s'arrêta net dans ses mouvements et fixa le regard brun de Fred.
-Fred, je...
-Non, laisse moi finir s'il te plait. Il se racla la gorge et poursuivi. Hermione, ça fait tellement longtemps que j'attends de te dire tout ça. 3 ans pour être exacte. Si tu savais à quel point ça m'a fait mal que tu dises oui à Ron quand il t'a posé la question que je n'ai jamais osé te poser. Et si tu savais à quel point ça m'a soulagé de t'entendre dire que tu n'avais pas de sentiments pour lui.
-Je...
-Oui, je sais. tu ne ressens pas la même chose que moi. Et ce n'est pas grave, je comprends. Mais je te demanderais juste une chose, de me laisser t'aimer comme personne ne t'a jamais aimé.
Sur ces derniers mots Hermione se jeta sur les lèvres de son complice et pour la première fois de sa vie cessa de réfléchir, de penser à Ron, aux conséquences de ses actes. Elle ne savait pas où tout cela allait la mener mais elle était certaine d'une chose: elle était là où elle devait être. |