Pseudo-introduction: Ce texte hybride prend naissance dans une idée bizarre: Ecrire le contraire de ce que le mot-titre, imposé, m'inspirait initialement. Une sorte de précipité d'impressions... Poison Dans la chambre entièrement tendue de rouge, les lueurs des phares en crevant les vitres allument des reflets de sang.
Il est à demi étendu sur le lit et somnole, les yeux clos ; des éclats de rubis dansent sur son front, sur sa peau nue. Ses bras délicatement disposés autour de lui figurent, au hasard des lumières, des ailes diaphanes, qui se déchirent par intermittence. Des mèches de cheveux glissent doucement sur son visage inquiet, des perles d’eau scintillent au bout de trop longs cils noirs.
Quand il se lève, il n’a jamais quitté l’atmosphère d’impatience, de mouvement saccadé qui passe des murs dans ses veines. La porte baille un peu, grince faiblement. Il pourrait sortir. Il y pense d’ailleurs, oublie. Ce n’est déjà plus cela, l’instant. Les tentures sont exactement de la couleur de la robe qu’elle portait presque toujours. Un bras impatient a refermé la porte qui tranchait d’un rai noir la pureté des couleurs, claqué le bois au nez du monde, ailleurs. Il rit-les images qui voltigent devant ses yeux sont rouges elles aussi- d’un rire un peu chuintant mais pas trop fort ; il est le prince orgueilleux de ce monde qui meurt, veillant à la perfection dans laquelle il s’est retiré. L’armée silencieuse des fantômes, des souvenirs qui s’attachent à ses pas peuple son ombre de traits de feu, d’étoiles factices.
Les ongles sur la vitre composent les premières mesures d’un tango. Son souffle serpente en brumes indistinctes quelques instants, puis quand le hautbois entonne sa danse derrière les yeux clos, la respiration s’affaiblit, le petit nuage s’étiole. Pour cette musique, il faut continuer à croire le rouge ardent. La flûte qu’il enserre de ses doigts minces tinte contre la vitre -le son est trop juste, trop cristallin pour qu’elle soit vide- quelques gouttes tombent à terre, c’est un sacrifice en l’honneur d’un souvenir qu’il fait dans cet écrin de tissu. Et au-dehors, sous ses paupières plissées, au milieu de la blancheur fade des lampes, la silhouette qu’il attend apparaît. Le rire s’éteint, il vacille un instant dans l’air épaissi, jusqu’à ce que la vérité lui revienne. Ce vertige qui le prend n’est pas celui, exquis, qu’il aurait voulu retrouver. Si elle revient avec lui brûler leur illusion, en finir ; il faut que ce qui stagne ici encore soit consumé.
Au creux de ses lèvres, les gouttelettes purpurines s’évanouissent. Incandescence.
Un courant d’air froid fait claquer les rideaux de velours, un sifflement mélancolique s’enroule autour du verre qui s’aiguise. Les dernières notes du tango sont dans ce rire brillant qui éclate dans la nuit.
Le rubis tombé s’étale en flaques scintillantes, goutte à goutte. Dans la chambre entièrement tendue de rouge, les lueurs des phares en crevant les vitres allument des reflets de sang. Dédicaces croisées: _A Cloe. Parce que...Parce que. _A Phalanx. Parce que sa propre dédicace était trop gentille, et que des compliments pareils de la part d'une auteur pareille, c'est trop pour moi, il faut que je poste ^-^ (faiblesse, faiblesse...) _A Slythewyn. Parce que même si maintenant on ne peut plus les voir, ce sont ses textes qui m'ont donné envie de poster celui-là ici. Et qu'elle l'a lu-corrigé en avant première, tadadaaan :p _A Dreamhavre et Alecto qui m'ont elles aussi laissé des review trooop choues sur Lueurs d'Abîmes. Comme vous devez vous en douter, de petits commentaires sont appréciables et appréciés ;) |